Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉTUDES CHRÉTIENNES

ÉPREUVES ET DIFFICULTÉS DU MINISTÈRE ÉVANGÉLIQUE.

***


(On a résumé dans cet article un chapitre de l’excellent ouvrage anglais du Rév. Ch. Bridges, intitulé: The Christian Ministry.)


Le précepte du Seigneur qu’il faut S’ASSEOIR PREMIÈREMENT ET CALCULER LA DÉPENSE, avant de commencer à bâtir une tour, s’applique tout spécialement à la carrière pastorale.

Combien qui se sont repentis ou qui sont tombés, pour n’avoir pas fait ce sage calcul! L’apôtre Saint Paul, vieil athlète dans cette carrière, écrivait à son jeune disciple: «Toi donc, supporte les travaux, comme un bon soldat de Jésus-Christ.»

L’église extérieure, le monde, la puissance de Satan et nous-mêmes: telles sont les principales sources des épreuves du ministre de Christ.


D’abord, l'église.

Quelle charge importante, compliquée et difficile de nourrir les âmes de tout un troupeau, de supporter les faibles avec patience, d’avertir avec douceur ceux qui s’égarent, de donner à propos un bon avertissement à ceux qui doutent ou qui chancellent, de veiller sur tous et de prier pour tous, au milieu de mécomptes journaliers et de tribulations perpétuelles, sans jamais se décourager ni faillira sa mission!

Et quelle immense responsabilité! quel compte à rendre! Avec quelle anxiété ne devons-nous pas craindre d’être une occasion de scandale ou de chute pour plusieurs! C’était la pensée de celte terrible responsabilité qui faisait dire à Saint Paul: «Qui est suffisant pour ces choses?»

Nul ne peut comprendre la grandeur d'une pareille tâche, s’il n’a connu par son expérience personnelle le prix infini de l’âme et de l’éternité.


Ensuite, le monde.

Comment échapper à la haine plus ou moins déclarée du monde, à moins d’être infidèle aux ordres de notre divin Maître? Les pécheurs nous regardent non comme leurs amis, mais comme leurs ennemis, par cela seul que nous leur disons la vérité (Gal. 4, 16: Suis-je devenu votre ennemi en vous disant la vérité?).

La condamnation du péché, le sacrifice des passions les plus chéries que nous demandons au nom du Seigneur, l’obligation de se convertir, l’exposition même des joies célestes qui excitent d'autant plus la répugnance de l’homme animal qu’elles sont plus pures; toutes ces différentes parties de notre message soulèvent les inimitiés des mondains.

Nos souvenirs ne nous fourniraient-ils pas des preuves malheureusement trop nombreuses de cette observation?

Prêcher l’Évangile, disait Luther, ce n’est pas autre chose que d’exciter contre soi la fureur du monde. Mais il arrive aussi quelquefois que le monde, au lieu de nous poursuivre de ses ressentiments, nous environne de séductions, et cherche à nous rapprocher de lui par ses flatteries.

Nouvelle épreuve plus dangereuse peut-être que la précédente. On craint alors de perdre ces hommages et de s’aliéner ces amis par une franchise qui pourrait déplaire; on enveloppe sa pensée de voiles qui la rendent méconnaissable.

Il faut un rare assemblage de fermeté, de foi, de sagesse, d’esprit de prière pour résister aux perfides caresses du monde. Sa bienveillance est plus à craindre que son inimitié.


En troisième lieu, la puissance de Satan.

C’est un mot de Calvin que le ministère ecclésiastique n'est pas une profession aisée et molle, mais un rude et pénible combat, dans lequel Satan use de toutes ses forces pour nous dompter, et jette sur notre chemin toutes les pierres qu’il rencontre. Il réussit trop souvent à répandre sur l’âme du pasteur les sombres nuages du doute, à refroidir son zèle par la fausse perspective du manque de succès, ou à le détourner de son œuvre par les pensées vaines et les inquiétudes de la vie.

Mais, après tout, l’adversaire qui nous suscite les plus graves difficultés, c’est notre propre cœur, c’est nous-mêmes.

Nos travaux spirituels ne nous mettent pas plus à l’abri de nos misères que toute autre occupation.

Nous avons besoin d’un grand effort sur nos inclinaisons naturelles, pour ne pas nous abandonner à notre amour instinctif du repos, pour avoir le courage d'enseigner des vérités mal reçues, et pour vivre une vie de dévouement.


Si notre œuvre est accompagnée de grandes bénédictions, l’orgueil est à la porte, et nous sommes en danger de nous perdre par la confiance en nous-mêmes.

Si, au contraire, nous n’obtenons aucun succès, le découragement est prompt à nous saisir; notre zèle se refroidit, et nos mains tombent de lassitude.


Ce n'est pas tout. Il faut que nous parlions de choses spirituelles, MÊME QUAND NOTRE CŒUR EST COUVERT DE TÉNÈBRES ET PRIVÉ DE LA COMMUNION DE DIEU. Quelle épreuve! et comme il est facile alors de se laisser entraîner à l'hypocrisie!

Cela doit apprendre aux jeunes gens qui se préparent à entrer dans la carrière pastorale que, si quelqu’un désire d'être évêque, il désire, non seulement une œuvre excellente, mais une œuvre de grand et continuel labeur, de renoncement et de combat.


Comme Néhémie, le ministre de Christ

doit tenir la truelle d’une main, et de l’autre l’épée.


Ces réflexions doivent aussi apprendre à ceux qui sont déjà entrés dans la carrière, qu’ils ne peuvent la parcourir qu’en s'appuyant sur le bras du Seigneur, et en prenant toutes les armes de Dieu.

La vigilance et la prière sont absolument indispensables au serviteur de Christ.

L’Esprit le soulage dans ses faiblesses, quand il le supplie avec ferveur de venir à son aide; la foi lui fait surmonter les plus grands obstacles.

Et quand il est sorti victorieux de toutes les attaques de ses ennemis, il puise dans la nécessité même de combattre sans cesse une nouvelle énergie et une plus profonde confiance dans la protection du Chef de l’Église, qui a promis d’être avec nous jusqu’à la fin du monde.

Archives du christianisme 1835 07 25


 


- Table des matières -