Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉTUDES CHRÉTIENNES.

EXPÉRIENCE DU DOCTEUR CHALMERS SUR L’EFFICACITÉ DE LA PRÉDICATION ÉVANGÉLIQUE.

***

Nous traduisons ce fragment d’un discours adressé par le célèbre prédicateur écossais aux habitants de la paroisse de Kilmany, lorsqu’il les quitta pour aller occuper une chaire dans la ville de Glasgow.

On verra dans ces lignes;

combien la prédication est impuissante, quand elle se borne à développer des points de morale,

et combien, au contraire, elle est efficace, quand elle annonce avec force et simplicité le salut gratuit par le sang de Christ.


C’est là un fait évident, si l’on veut; c’est un lieu commun dans l’histoire de la chaire chrétienne; mais il est nécessaire de le rappeler aux jeunes ministres de l'Évangile, et surtout à beaucoup de membres de nos troupeaux qui demandent toujours qu’on leur prêche la morale, comme si la morale séparée du dogme, ou seulement placée au-dessus du dogme, pouvait être autre chose qu’un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit.


* * * *

Pendant les douze ans que j’ai passés au milieu de vous, j’ai fait une expérience que je ne cherchais point, mais qui me paraît très-importante, et mérite de vous être signalée.

Je me suis particulièrement occupé, durant la plus grande partie de ce temps, d’enseigner la morale;

j’ai parlé avec toute l’énergie dont je suis capable:

sur la laideur de l’immoralité,

sur la bassesse du mensonge,

sur les méprisables artifices de la calomnie,

en un mot, sur toutes les difformités de caractère et de conduite qui provoquent l’indignation du cœur humain.


Si j’eusse réussi, par le moyen de ces pressantes exhortations, à empêcher le larron de dérober, le médisant de déchirer son prochain, le menteur de trahir la vérité, j'aurais cru avoir atteint le dernier et suprême but de mon ministère, et je me serais assis dans un joyeux repos.


Il ne me venait pas alors dans l’esprit que j’aurais pu obtenir ces résultats, et laisser pourtant l’âme de tous mes auditeurs dans une complète inimitié contre Dieu; je ne pensais pas que lors même que j’eusse inspiré au larron une telle horreur du vol, qu’il s’abstînt désormais de tout acte semblable, il aurait pu conserver un cœur aussi complètement éloigné de Dieu, aussi étranger à l’amour de Dieu qu’auparavant.

Je ne savais pas que si j’étais parvenu même à faire de lui un homme droit et honorable, il n’aurait pas pour cela possédé un seul vrai sentiment chrétien de plus. C’ÉTAIT LÀ UNE GRANDE IGNORANCE.

Mais pour en venir au fait, je dois avouer que pendant toute cette période, je n’ai jamais entendu dire qu’une seule personne se soit corrigée dans le troupeau.


Oui, aussi longtemps que je n’ai pas attaqué l’inimitié naturelle du cœur de l’homme contre Dieu,

aussi longtemps que je n’ai pas montré le moyen de déraciner cette inimitié, en offrant, d’une part, le salut gratuit de l’Évangile, et en insistant, de l’autre, sur le devoir de l’accepter par la foi;

aussi longtemps que j’ai dépouillé Christ de son caractère de Rédempteur, et que je n’ai point parlé de son sang répandu pour la rémission des péchés, ou que, du moins, je n’en ai parlé que rarement et faiblement; jusque-là,

TOUS MES EFFORTS, MES APPELS, MES AVERTISSEMENTS,

SI PRESSANTS QU’ILS FUSSENT, ONT ÉTÉ VAINS ET INUTILES.


Si quelque réforme a eu lieu, je n’en ai jamais rien appris. Je ne crois pas que toute la véhémence de mes exhortations en faveur des vertus et des devoirs de la vie sociale ait produit le moindre effet sur les habitudes morales de mes paroissiens (Le docteur Chalmers emploie une expression énergique qu’il est impossible de rendre en français. Voici sa phrase: «I am not sensible that all the vehemcnee with which I urged the virtues and the propriéties of social life, had the weight of a feaiher ou the moral habits of my parishioners.»).


C’est seulement.

lorsque je compris moi-même l’entier éloignement du cœur, de tous ses désirs et de toutes ses affections à l’égard de Dieu;

lorsque le devoir de la réconciliation avec Dieu devint l’objet essentiel et prééminent de ma prédication;

lorsque j'employai la méthode scripturaire qui montre comment l’homme peut rentrer en grâce auprès du Seigneur;

lorsque je présentai à l’acceptation de mes auditeurs l’offre gratuite du pardon par le sang de Christ, et la promesse du Saint-Esprit par la médiation de Christ faite à tous ceux qui le demandent;

c’est seulement, en un mot, lorsque les méditations du troupeau furent tournées vers les grands sujets, vers les choses fondamentales qui intéressent les âmes dans leurs rapports avec Dieu et avec l’éternité,

que j'entendis parler de ces réformes subordonnées, de ces changements moraux qui étaient auparavant l'unique objet de mes discours.


Vous, serviteurs, dont la scrupuleuse fidélité a maintenant attiré l'attention de vos maîtres, vous sur qui j’ai reçu de si réjouissants témoignages, quelle différence de votre conduite présente avec celle d’autrefois!

Vous pensiez que le zèle pour le culte et pour les sacrements pouvait être accompagné de mille négligences dans vos devoirs, et même de ces fraudes que l’habitude semble permettre.

Mais l’amour que vous avez pour le Père céleste qui tient continuellement les yeux fixés sur vos actions et vos sentiments les plus secrets, vous a placés sous une tout autre influence.

Vous rendez maintenant la doctrine du Dieu-Sauveur honorable en toutes choses; vous êtes, quoique pauvres, des instruments pour amener les grands de la terre à l’Évangile, et


vous m'avez appris que la prédication de Christ crucifié

est le seul moyen d’enseigner la morale

dans toute son étendue et toute sa puissance!


O vous qui êtes pauvres selon le monde, j’ai puisé dans vos humbles chaumières une leçon que je n’oublierai jamais!

Je prie Dieu de me rendre capable de porter cette leçon dans toute sa simplicité sur un plus grand théâtre, cl de l’employer à combattre les vices d’une plus nombreuse et plus opulente population.

Archives du christianisme 1835 10 24



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