Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ETUDES CHRETIENNES

Devoirs des Anciens, ou membres des consistoires.


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Après avoir donné des conseils aux pasteurs et aux simples membres du troupeau, il ne sera peut-être pas inutile d’adresser aussi quelques paroles d’exhortation à ceux qui occupent, pour ainsi dire, une position intermédiaire entre les pasteurs et les simples fidèles.

Nous emprunterons les fragments qu’on va lire à un discours écrit pour l’installation de quelques nouveaux membres d’un consistoire. Il n’y faut rien chercher de complet, ni même de suffisant sur la matière. Les bornes de notre feuille ne nous permettront que de prendre çà et là quelques paragraphes, qui devront être encore abrégés pour qu’ils n’occupent pas une trop grande place.


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«Lorsque les réformateurs et nos vénérables pères du seizième siècle organisèrent l’Église, ils sentirent le besoin d’y établir ce qu’ils appelaient une police spirituelle (Politiem spiritualem, expression de Calvin), c’est-à-dire un pouvoir qui fut chargé de veiller sur la conduite des membres du troupeau.

Cette autorité ecclésiastique porta le nom de consistoire, et ses membres le nom d'anciens. Les anciens devaient connaître des fautes graves et des scandales qui avaient lieu dans les limites de leur juridiction, et en faire rapport au consistoire, qui prononçait des peines plus ou moins fortes, selon la nature des transgressions.

Ces peines étaient purement ecclésiastiques; elles n’attaquaient ni la liberté ni la propriété des individus, mais elles n'en étaient pas moins redoutables et redoutées.

Les anciens employaient d’abord la voie des réprimandes et des censures particulières auprès de ceux qui avaient failli.

- Quand ces moyens de conciliation ne produisaient aucun résultat, ils suspendaient les pécheurs de la Sainte-Cène.

- Si les pécheurs méprisaient cette suspension et persistaient dans leurs fautes, on procédait contre eux, après une longue attente, par des exhortations publiques.

- Chaque membre de l’église était averti de prier Dieu pour eux, et d’essayer par tous moyens de les amener à la repentance.

- Enfin, s’ils s’obstinaient dans leur endurcissement, le consistoire prononçait contre eux, au bout d’un nombre déterminé de semaines, une sentence d’excommunication, et les retranchait de l’Église.

Ainsi le voulait notre discipline. Les anciens étaient alors de véritables juges, des juges en matière de fautes, de vices et de scandales qui ne sont pas ordinairement punis par les lois humaines.

Il leur était prescrit d’agir avec une grande prudence et une sage réserve, comme aussi de punir avec une juste sévérité les personnes qui déshonoraient publiquement l’église, et qui refusaient d’abandonner leur mauvais train de vie.

Chaque consistoire était un tribunal de religion et de moeurs.

Ces règles furent observées pendant cent cinquante ans, et produisirent de très bons résultats.

Les membres de nos églises réformées se rendirent recommandables, eux et la doctrine qu’ils professaient, par la pureté de leur conduite, par l'austérité de leur vie et par la pratique des bonnes œuvres.

Ils étaient véritablement une lumière pour la France et le sel de la terre.

Mais alors vint l'effroyable catastrophe de la révocation de l’Édit de Nantes.

Six cent mille de nos pères s’éloignèrent du sol natal; d’autres, les plus élevés et les plus riches pour la plupart, se laissèrent subjuguer par la crainte ou séduire par l’or de la puissance temporelle; et les faibles débris de troupeaux qui étaient épars çà et là, n’ayant plus de temples, plus de pasteurs fixes, plus d’assemblées régulières, plus rien de ce qui constitue l’ordre et la force de l’Église, furent contraints de laisser dormir un grand nombre d’articles de la discipline.»

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«Quels sont les devoirs de la charge d’ancien dans l’état actuel de nos mœurs et de nos habitudes?

Pour répondre à cette question, il faut se demander, avant tout, quel est le but de l’établissement de l’Église elle-même; car puisque les anciens sont chargés de la diriger avec les pasteurs, tout ce qui concourt au but de l’Église rentre plus ou moins spécialement dans le cercle de leurs obligations.

L'Église a été établie pour glorifier Dieu par le salut des âmes en Jésus-Christ.

C’est à ce grand objet, à cette fin suprême que tout se rapporte et doit aboutir dans les institutions de l’Église.

La prédication, la dispensation des sacrements, l'instruction de la jeunesse, tout ce qui est enseigné dans nos temples ne peut avoir d’autre but que d’évangéliser les âmes, de les conduire à Christ crucifié, de les préparer pour la vie à venir, et de donner ainsi gloire à Dieu, qui accomplit toutes ces choses en nous par l’efficace du Saint-Esprit.

Maintenant la question que doit s’adresser un ancien pour connaître ses devoirs est facile à poser.

Il se dira:

Je suis devenu l’un des conducteurs de l’Église, et l’Église est établie pour le salut des âmes; qu’est-ce donc que je puis faire, dans les limites de mes attributions, pour concourir a ce grand but?

- Que ferai-je pour arracher les incrédules à leurs maximes impies, et les indifférents à leur sommeil de mort?

- Que ferai-je pour répandre autour de moi la pure et vivifiante lumière de l’Évangile?

- Que ferai-je pour ramener à la maison de Dieu ceux qui ont le malheur de s’en tenir éloignés?

- Que ferai-je, en un mot, pour contribuer à la prospérité de l’Église, de cette église qui n’est prospère que lorsqu’elle renferme un grand nombre d'âmes sauvées?

La réponse, il faut d’abord la chercher dans votre conscience éclairée par la Bible.

Elle vous dira que vous pouvez faire quelque chose, faire beaucoup pour le salut des âmes. Elle vous indiquera des moyens à essayer, des mesures à prendre, des efforts à tenter, des discours à tenir, des sacrifices à supporter, pour accroître, sous la bénédiction de Dieu, la vie religieuse dans le troupeau.

Ah! n’en doutons point: pour qui veut travailler sincèrement et fidèlement aux progrès du règne de Christ, surtout quand il est revêtu de la charge honorable de membre du consistoire, il y a toujours des portes ouvertes, des routes aplanies, des cœurs favorablement disposés, des âmes prêtes à écouter la Parole de l’Évangile, et une moisson qui n’attend que la faucille du moissonneur.

Quelle vaste et salutaire influence peuvent exercer des anciens vraiment pieux par leurs lumières, par leur position sociale, par l'estime dont ils sont justement environnés, par l'autorité qu’ils possèdent au dedans et au dehors de l’Église!

Sous un certain rapport, ils peuvent même plus que le pasteur, parce qu’on ne soupçonnera point qu’ils obéissent à un autre intérêt qu’à celui de leurs convictions religieuses, quand ils cherchent à propager la foi et les œuvres de la foi.

Hélas! notre siècle si profondément égoïste suppose volontiers de l’égoïsme à ceux qui sont particulièrement chargés de lui montrer la voie du salut; et notre génération si grossièrement impie aime à ne voir qu’un calcul ignoble dans la piété des ministres de Christ.

Mais de tels soupçons n’ont plus les mêmes prétextes, quand les anciens évangélisent le troupeau de maison en maison.


Il faut aussi, pour être éclairés sur la route que vous devez suivre, interroger Dieu par la prière.

Dieu répond à ceux qui le prient avec sincérité et humilité de cœur; il leur enseigne ce qu'ils doivent dire, comment ils doivent agir, et ce qu’ils peuvent faire pour accomplir fidèlement les devoirs de leur charge.

Un ancien doit être, dans toute l’étendue de cette expression, un homme de prière; s’il ne l’est pas, il sera certainement un serviteur négligent et infidèle.

La prière le rendra plus fort, en attirant sur lui une plus abondante mesure de bénédictions, et elle rendra aussi sa tâche plus facile, en appelant la bienveillance de Dieu sur le troupeau.»


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«Indiquons enfin un autre moyen d’action très puissant, un moyen dont la force ne s'use pas, et que I’on n’emploie jamais en vain: c’est l’exemple.

L’exemple est une prédication vivante; c'est une voix qui crie plus haut et qui pénètre plus avant que toutes les paroles d’exhortation.

L’exemple a une éloquence forte, parce qu’elle est simple et accessible à toutes les intelligences.

L’exemple est un levier qui remue les masses dont l'inertie avait résisté à toutes les autres tentatives d'évangélisation.

Et, il faut l’ajouter, dans notre siècle où les usages et les mœurs ne permettent que dans d'étroites limites les censures directes et individuelles, quand les liens intimes et les rapports de fraternité qui unissaient autrefois les fidèles sont presque entièrement rompus, aune époque enfin où l’autorité consistoriale ne prononce plus, ou ne prononce que très rarement, des peines spirituelles contre les pécheurs et les impies, que reste-t-il aux anciens pour exercer une action forte et généralement sentie sur le troupeau? Il leur reste l’exemple.

Les anciens doivent être en exemple, d'abord,

- dans la maison de Dieu, par leur assiduité aux saintes assemblées, par leur attention grave et pieuse

- dans les exercices du culte,

- et par leur présence à la table sacrée.

Quand le troupeau les voit fréquenter régulièrement le temple, il devient lui-même plus régulier.

Quand il les voit recueillis, il montre lui-même plus de recueillement.

Quand il les voit s’approcher avec respect du sacrement de l'Eucharistie, il se dispose lui-même à y participer.

C’est de l’enceinte du consistoire, comme d’un foyer de vie, que le mouvement doit se communiquer de proche en proche à toute l'assemblée. Et non seulement les anciens doivent servir d'exemple dans la maison du Seigneur, mais ils le doivent aussi dans leurs maisons, dans le sein de leurs familles. Qu’ils élèvent leurs enfants dans la crainte de Dieu, dans la fidélité à ses commandements, dans l’exercice des devoirs de la piété, et le troupeau ne fermera pas les yeux à un si excellent modèle.....


Enfin, les membres d’un consistoire doivent offrir un bon exemple dans les rapports qu’ils soutiennent avec les autres hommes, «Il faut, disait Saint Paul, que les diacres soient graves, qu’ils ne soient ni doubles en paroles, ni adonnés aux excès du vin, ni portés au gain déshonnête, mais qu'ils conservent le mystère de la foi avec une conscience pure.»

La gravité, la sincérité, la tempérance, le désintéressement, la droiture en toutes choses, voilà donc ce que l’on doit constamment trouver chez les conducteurs de l’Église, et c’est ainsi qu’ils répandront au loin la bonne odeur de l'Évangile.»


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«Ces obligations sont grandes, il est vrai, mais les fruits en peuvent être si doux! et les travaux de ceux qui dirigent l'Église peuvent être accompagnés de si abondantes bénédictions!

N’est-ce pas la plus haute vocation, le plus noble but que se puisse proposer une créature humaine, que de réveiller autour de soi de salutaires croyances, des sentiments d’amour et de fraternité?

Est-il ici-bas une plus glorieuse mission que celle de concourir à former des hommes religieux, fidèles à l'Évangile de Christ, droits dans leur conduite, intègres dans leurs relations, heureux dans l’intérieur de leurs familles, et préparés à entrer dans leur nouvelle patrie?

Mais la pratique de ces devoirs, ne l'oublions pas, exige des qualités spéciales, et tout particulièrement celle que réclamaient les apôtres, en demandant que les diacres fussent pleins du Saint-Esprit.

IL FAUT que les anciens connaissent l’Évangile, croient à l’Évangile, professent hautement l’Évangile, et observent les commandements de l’Évangile.

II FAUT qu’ils soient convertis et nés de nouveau par l’efficace du Saint-Esprit;

IL FAUT qu’ils soient réellement chrétiens.

Sinon, que pourraient-ils faire pour avancer le règne du Seigneur dans l’Église?

Comment exhorteraient-ils Ieurs frères à se approcher de Christ s’ils ne s'étaient pas eux-mêmes approchés de lui?

Comment inspireraient-ils des habitudes pieuses, s'ils n’avaient eux-mêmes que des habitudes mondaines?

Un ancien qui n’a pas reçu le Saint-Esprit ne peut remplir que les moindres attributions de sa charge; mais il sera incapable de s’acquitter des choses essentielles dans l’œuvre qui lui est confiée.

Il administrera sans doute avec intégrité les deniers des pauvres; il aura peut-être du zèle pour ce qui regarde la partie matérielle du culte; mais à tous les autres égards, il restera en arrière de ce qu'on doit attendre d’un fidèle conducteur de l’Église.

Non seulement il n’accomplira point ses principales obligations, mais il n’en aura même aucune idée claire cl précise. Il pensera n’avoir rien omis des devoirs que sa charge lui impose, tandis qu’il n’aura rien fait, au contraire, pour y répondre dignement. Et il peut même arriver qu’il devienne, par son opposition aux doctrines fondamentales du Christianisme, le fléau d’une église dont il était appelé à être le soutien et le bienfaiteur.

Que les hommes choisis pour entrer dans un consistoire soient donc remplis du Saint-Esprit! C’est là une condition qu’aucune autre ne remplace, mais qui peut en remplacer beaucoup d’autres.

La science et la fortune sont utiles; mais combien plus utile et plus précieuse est la science qui nous est enseignée par l’Esprit de Dieu!

Quel trésor égalerait celui de la foi chrétienne?

POUR UN ANCIEN COMME POUR TOUT VÉRITABLE MEMBRE DE L’ÉGLISE, UNE SEULE CHOSE EST NÉCESSAIRE...

Archives du christianisme 1836 10 22




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