Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉTUDES CHRÉTIENNES.

Du devoir de travailler à la conversion des pécheurs (1).

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La connaissance de votre propre cœur et l’étude de la Bible vous ont donné la conviction que l’homme est, par sa nature, destitué de toute justice, ennemi de Dieu, et par cela même exposé à une éternelle perdition.

En voyant autour de vous tant d’êtres humains placés dans ce misérable état, et en vous rappelant qu’il y a sur la face du globe des centaines de millions de créatures immortelles qui vivent dans l’ignorance du salut en Christ, vous avez été saisi d’une vive compassion; et quelquefois peut-être vous avez emprunté l’énergique langage des écrivains sacrés, qui désiraient que leurs yeux fussent changés en ruisseaux d’eau, pour pleurer sur la ruine du peuple d’Israël, et qui même s’écriaient qu’ils consentiraient à devenir anathème pour sauver les âmes de leurs frères.

Avec de telles pensées et de tels désirs, vous avez été naturellement conduit à vous demander ce que vous pouviez faire pour le salut de ceux qui vous entourent, de ceux auprès desquels vous avez accès, et sur qui vous exercez une certaine influence. Comme LA CONVERSION DU CŒUR EST UNE ŒUVRE QUI DÉPEND ENTIÈREMENT DE DIEU, avez-vous dit peut-être en vous-même, puis-je espérer d’y être utile en quelque chose? ou bien dois-je m'asseoir devant ces os secs, et attendre paisiblement que Dieu leur donne, quand il lui plaira, la vie, le mouvement et la force?

À cette question la Bible a répondu que c’est le bon plaisir de Dieu de voir ses enfants, bien qu’ils n’aient par eux-mêmes aucune puissance pour une telle œuvre, travailler à l’avancement de son règne, «Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde,» disait Jésus à ses disciples, montrant par là qu’ils avaient une grande mission à remplir au milieu des hommes, et de précieuses bénédictions à leur apporter, sous la grâce et avec l’appui du Seigneur.

«Mes frères, disait l’apôtre Saint-Jacques, si quelqu’un d’entre vous s’écarte de la vérité, et que quelqu’un le redresse, qu’il sache que celui qui aura ramené un pécheur de son égarement, sauvera une âme de la mort, et couvrira une multitude de péchés.» Il est donc incontestable que, outre le devoir de la prière pour tous les hommes, nous avons quelque chose à faire pour la conversion et le salut de notre prochain.

Il y a divers moyens à employer; mais ne perdez jamais de vue que toute entreprise de ce genre doit être faite avec une profonde conviction de notre impuissance et de notre dépendance, en regardant constamment à Dieu pour être dirigés, et en veillant sur notre cœur avec une sainte jalousie, de peur que nous ne soyons tentés de nous attribuer à nous-mêmes une partie de la gloire qui n’est due qu’au Tout-Puissant.

S’il est vrai, comme le racontent quelques auteurs de l’antiquité, qu’un général païen fut malheureux depuis le jour où il eut dit: «Les dieux et moi, nous avons gagné une glorieuse victoire,» combien plus attireriez-vous sur votre tête l’indignation du Très-Haut, si vous prétendiez partager avec lui l'honneur d’amener les hommes, à l'obéissance de la foi!


La première chose que je vous indiquerai, si vous souhaitez de coopérer sérieusement aux progrès du règne de Christ, c’est d’exhorter, autant qu'il est en vous, les pécheurs et les indifférents à mettre à profit les moyens de grâce qui leur sont offerts. Dans tous les pays chrétiens, il y a une multitude de gens qui négligent habituellement le culte public, et qui, par cela seul, encourent la punition de ceux qui méprisent les ordonnances de Dieu. C’est là un danger et un mal que nous sommes appelés à combattre avec un zèle persévérant.

Ceux qui vont écouter la parole ne se convertissent pas tous, à la vérité, mais on doit attendre encore beaucoup moins de ceux qui se tiennent à l’écart du ministère de l’Évangile.

Si Zachée n’était pas venu se mettre sur le chemin par lequel devait passer le Seigneur, nous n’avons aucune raison de croire qu’il aurait obtenu miséricorde.

«Il a plu à Dieu, nous dit l’apôtre, de sauver par la folie de la prédication ceux qui croient.» — «Comment invoqueront-ils celui auquel ils n’ont point cru? et comment croiront-ils en celui duquel ils n’ont point ouï parler? et comment en entendront-ils parler, s’il n’y a quelqu’un qui le leur prêche?... La foi vient donc de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la Parole de Dieu.»

HONOREZ PAR VOTRE PROPRE EXEMPLE, d’abord, l’institution divine de la prédication, en assistant régulièrement au service divin; ensuite, invitez vos semblables par les plus pressantes sollicitations à faire de même.

Dites-leur souvent que le ministère de la Parole doit durer jusqu’à la fin des siècles, et que Christ l’a établi pour éclairer et relever les pécheurs.

Combattez les faux prétextes et les vaines excuses qu’on allègue pour se dispenser de remplir ce devoir.

En admettant qu’il se présente des cas extraordinaires où l’on ne puisse pas assister au culte public, il n’y a jamais de raison solide qui autorise l’homme à s’en abstenir habituellement.


Un deuxième moyen de concourir à l’œuvre du Seigneur, c’est de distribuer des traités religieux et d’autres publications chrétiennes. La presse est un puissant instrument de moralisation ou de corruption. C’est un messager qui vole avec tous les vents, et qui répand au loin des fruits salutaires ou empoisonnés.

Autant les gens du monde et les impies emploient la presse pour disséminer l’erreur, autant les amis de la justice doivent s’en servir pour propager la connaissance de la vérité.

Que le livre ou la brochure qui renferme l’antidote du scepticisme arrive dans chaque maison, s’il est possible, avant le pamphlet, dit philosophique, ou du moins qu’il le suive immédiatement, de sorte que la lutte s’ouvre partout entre l’incrédulité qui veut tuer les âmes et l’Évangile qui veut les sauver.

On pourrait citer des milliers d’exemples qui attestent l’heureuse influence des traités religieux; ces exemples se sont reproduits sur tous les points du globe où l’on a fait usage de ce moyen d’évangélisation. Riches et pauvres, artisans et laboureurs, négociants et matelots, moqueurs et pharisaïstes, combien d’êtres humains ont été avertis par ces silencieux messagers d’amour, et conduits à réfléchir sur la nécessité de croire au Dieu Sauveur!

Vous pouvez avoir entre les mains des traités qui s’adressent à tous les âges et aux différentes conditions de la vie sociale. Ces écrits vous permettront souvent d'entrer en conversation avec des personnes que vous ne sauriez comment aborder sans eux. S’il vous est impossible d’ouvrir un entretien sérieux et prolongé, ils parleront pour vous, et n’exciteront pas l’opposition qui suit fréquemment un appel direct et personnel.

Apportez à cette œuvre tout à la fois du zèle et de la prudence. Le zèle vous est nécessaire pour n’être pas découragé par les obstacles, ni intimidé par les moqueries ou les expressions de dédain. La prudence vous est également indispensable, parce qu'elle vous empêche d’irriter ceux que vous devez gagner au Sauveur, ou de prendre pour une conversion réelle ce qui n’en a que les dehors. Il y a des gens qui s’imaginent que tout ce qui reluit dans la religion est de l’or pur, que le bruit est la vie et que la fumée est la flamme allumée par le souffle de Dieu. Il faut prendre soigneusement garde à ces illusions qui flattent l’orgueil humain, et entraînent à de funestes erreurs. Soyez donc prudent et circonspect dans vos jugements aussi bien que dans vos travaux.


Un troisième moyen d’évangélisation consiste à s’occuper des écoles du dimanche. Si vous êtes réellement pieux, vous pouvez faire beaucoup de bien dans les fonctions d’instituteur.

Les instituteurs manquent en plusieurs lieux, et je ne suppose pas que vous ayez des motifs valables devant Dieu pour vous dispenser de cette tâche. L’œuvre en elle-même est très importante et très utile.

Plus d’un enfant, et même plus d’un pécheur endurci a été amené dans les écoles du dimanche à sentir sa misère et à chercher le salut qui est en Christ.

Plus d’un réveil religieux a commencé dans ces écoles, pour s’étendre ensuite à la plus grande partie d’un troupeau, et l’on n’exagérerait rien en disant que la génération nouvelle doit à cette institution plus qu’à tout autre moyen les lumières qu’elle possède sur les révélations de Dieu. Quelquefois le grain semé dans le cœur des enfants y demeure comme enseveli; mais il peut lever plus tard, et l’on a vu au bout d’un demi-siècle la bonne semence croître dans des cœurs où on la croyait étouffée pour jamais!

Voulez-vous être un instituteur utile, préparez-vous par la méditation et par la prière! Il en est beaucoup qui ne paraissent pas sentir l’importance de cette préparation; il leur suffit d’être assurés qu’ils en savent plus que les enfants, et ils se rendent à leur classe avec des esprits distraits et des cœurs froids. Que suit-il de là? C’est qu’ils disent alors beaucoup de choses insignifiantes, et n’émeuvent pas le cœur de leurs élèves.

Procurez-vous les meilleurs ouvrages qui existent sur les objets de vos leçons; étudiez, autant qu’il vous est possible, tout ce qui se rapporte à la géographie et à l’histoire de la Bible; car vous y puiserez souvent de vives lumières sur des passages obscurs, et même des explications édifiantes. Cherchez dans chaque passage tout ce qu’il renferme; à mesure que l’on creuse, on trouve des trésors plus précieux; les meilleures choses sont rarement à la surface. Faites toujours marcher ensemble l'instruction doctrinale et l’instruction pratique; l’une éclaircit l’autre, et elles ne deviennent complètes que lorsqu'elles sont réunies.

Ce serait peu de savoir ce qu’on doit enseigner; il faut aussi savoir l’enseigner. Efforcez-vous de captiver l’attention, et mieux encore, l’intérêt de cœur de vos élèves. Les abstractions, si belles et si justes qu’elles soient, ne vont guère aux enfants; ce sont pour eux des images confuses et nébuleuses. Présentez-leur plus fréquemment des exemples choisis dans les choses habituelles, dans les réalités vulgaires, dans les joies et les peines de leur âge. Appelez à votre aide leur expérience plutôt que la vôtre; ils ne comprennent bien que ce qu’ils sentent. Une histoire agréablement racontée les touche, les intéresse, et les éclaire sans les fatiguer.

Soyez affectueux et sérieux. Le poète romain disait: Pleure toi-même, si tu veux que je pleure! Si nous voulons que les enfants soient graves, et qu'ils reconnaissent l'importance des vérités religieuses, nous devons leur en donner l’exemple. Ce n’est pas que nous deviens être sans cesse dans un état de ferveur ou d’exaltation, qui nuirait à la solidité de renseignement, et serait contraire à la nature des êtres que nous nous proposons d’instruire; mais nous devons mettre toujours de la vie dans nos exhortations, et employer dans certains moments une véhémence qui prouve que nous connaissons le prix des âmes.

Comment se fait-il, disait un prédicateur à un acteur, que l'on soit plus touché de vos fictions que des vérités que nous enseignons dans la chaire chrétienne?

C’est que, répondit l’acteur, nous présentons nos fictions avec l’accent de la vérité, et que vous présentez souvent la vérité avec la froideur qu’on mettrait à raconter des fictions.» La chaleur de l’âme est contagieuse; elle passe, comme l’étincelle électrique, d’un cœur à l’autre.

Tâchez enfin d’être utile dans vos visites, dans vos conversations, dans vos lettres; usez de toutes les occasions qui vous sont offertes d'exhorter, d’avertir, de corriger, de convaincre, et vos efforts ne seront pas perdus.

Quiconque fait diligemment l’œuvre de Christ est premièrement béni lui-même, et devient une bénédiction pour tous ceux dont il est entouré.

Archives du christianisme 1837 11 25

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