Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

BIOGRAPHIE RELIGIEUSE.

DERNIERS MOMENTS DE QUELQUES IDOLÂTRES CONVERTIS.

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Nous avons recueilli dans les lettres de quelques missionnaires les détails qu’on va lire.

Il nous a paru que ceux qui portent depuis leur naissance le nom de chrétiens, pouvaient prendre exemple sur ces pauvres païens qui n'ont pas eu les mêmes privilèges que nous, et qui nous surpassent bien souvent par la simplicité de leur foi, par l’humilité de leurs sentiments et par leur ferme espérance en Jésus crucifié.


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1. NIDEERAM, indien converti.

Au mois d’août dernier, il revint à Serampore, écrivent les missionnaires, mais il était tout épuisé par de longs et fréquents accès de fièvre. On employa inutilement tous les remèdes possibles pour le rétablir; il succomba au bout de quelques semaines.

C’était un homme qui, dans ses jeunes années, avait été l’esclave de l’avarice et d’autres honteuses passions. Mais un changement remarquable s’était opéré en lui, et la crainte de Dieu présida plus tard à toutes ses actions.

Sa manière d’être était sérieuse, sa conduite réfléchie et son cœur humble.

L’ange de la mort s’approcha de lui à pas lents, mais le courage qu’il avait puisé dans la foi chrétienne ne le quitta point, il possédait cette paisible et ferme confiance en Christ que l’Esprit de Dieu fait naître dans l'âme du pécheur converti; son amour était grand, et sa patience inépuisable, parce qu’il savait qu’il lui avait été beaucoup pardonné; sa foi était profonde et inébranlable, parce qu’il savait en qui il avait cru.

Un jour, comme l’un de nous avait prononcé une prière près de son lit, il murmura d’une voix faible: Voilà ma nourriture! Et craignant qu’on ne l’eût pas entendu, il ajouta d'une voix plus forte: La prière est la nourriture de mon âme!

Dans les moments où ses douleurs n’étaient pas trop vives, il glorifiait la grâce et la bonté de Dieu, et le bénissait avec effusion de ce qu’il consolait son âme et ôtait à la mort son aiguillon.

C’était une bonne chose que de se trouver auprès de la couche de Nideeram; ses discours, son état de paix et ses espérances ont produit la plus salutaire impression sur ses frères et ses sœurs indigènes.


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2. RAMDAS, indien converti.

Le frère Ramdas n’est plus, écrit le missionnaire Smith; il a rendu le dernier soupir le 16 octobre. Il laisse une femme et trois enfants. J’ai été le voir, le 15, dans la soirée, et j’ai eu un long entretien avec lui sur les choses qui regardaient la paix de son âme.

Il m’a paru tout à fait résigné à la volonté de Dieu, et quoiqu’il ressentit de très vives douleurs dans la poitrine, il s’écria:

«Mes souffrances ne sont point comparables à celles de mon Seigneur Jésus-Christ, sur qui repose toute mon espérance du salut. Avec quelle bonté admirable il m’a affranchi des liens de l’idolâtrie! C’est là ce qui me console, m’affermit, et me donne l’assurance qu’il ne m’abandonnera point»

Non, certes, lui répondis-je, il a promis de ne pas mettre dehors ceux qui viennent à lui.

Quelques heures avant son départ (c’était vers deux heures après minuit), il pria avec ferveur pour sa femme, et la recommanda, ainsi que ses enfants, à la miséricordieuse protection du Seigneur.

Lorsqu’il eut cessé de prier, il exhorta encore sa femme de la manière la plus pressante à se consacrer entièrement au Seigneur Jésus-Christ, le seul Ami des pécheurs, le Père des orphelins et l’Appui des veuves.

«Pour moi, ajouta-t-il, je ne resterai plus que quelques instants dans ce monde. Le Seigneur s’est souvenu de moi dans sa grâce; il m’appelle, et je vais le suivre là où finiront toutes mes peines; le bonheur éternel m’est promis.»

Il retomba sans voix sur sa couche. Sa femme et ses enfants sanglotaient autour de lui. Je m’approchai de Ramdas, et après avoir chanté un cantique et prié, je lui dis:

«Jésus est ton meilleur ami; il est mort pour toi sur la croix; il t’a préparé une place dans le ciel.»

Le mourant leva les mains en haut, et me remercia par un regard où se peignait la plus vive affection; car il ne pouvait plus parler. Il demeura dans cet état jusqu’à heures du matin; alors son âme, quittant son enveloppe de poussière, monta dans celle maison éternelle qui n’a point été faite par la main des hommes.


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3. CODRON, indien converti.

Notre cher frère Codron vient d’achever sa course et son travail, écrit le missionnaire Robinson, en date du mois de septembre; il est mort, dimanche dernier, à onze heures de la nuit.

Hier, j’ai prononcé un discours sur sa tombe, en présence d’un grand nombre d’auditeurs. Nos chères sœurs qui l’entendaient prêcher avec tant d’édification , pleuraient amèrement sa perte, et il faut avouer, en effet, que ce fidèle serviteur de Christ sera difficilement remplacé.

Il est tombé malade, il n’y a que peu de jours, et jusqu’au moment de sa mort, il a été dans le délire. Il lui a donc été impossible de rendre témoignage à Jésus-Christ sur son lit de mort, mais toute sa vie et toutes ses œuvres sont des témoins suffisants de sa conversion.

Mardi dernier, il adressait encore les plus ferventes exhortations à une femme indigène qui se présentait pour être baptisée, et le lundi suivant, j'accompagnais sa dépouille mortelle à sa dernière demeure!

Il avait un grand zèle dans ses travaux, et savait exciter à un haut degré l’attention des indigènes, qui manquaient rarement de lui témoigner, en de telles occasions, leur satisfaction et leur reconnaissance. Il avait été instruit par le missionnaire Pearson, et ce fidèle ministre de Christ avait mis tous ses soins à l’instruire dans la connaissance de la vérité pour en faire un ouvrier utile dans la moisson du Seigneur.

Quand je vins à Calcutta, il y a environ sept ans, je trouvai Codron établi en qualité de prédicateur indigène, et il a été jusqu'à la fin mon digne collaborateur dans l’œuvre de l’évangélisation; ses efforts étaient abondamment bénis. Il est mort à l’âge de 35 ans. Sa conduite a toujours été exemplaire; il était rangé, attentif à ses devoirs, plein de retenue en toutes choses, et tellement tempérant qu’il s’abstenait même des jouissances les plus permises, disant qu’il devait, comme missionnaire, s’accoutumer aux privations, et se préparer à soutenir de rudes combats.

Pendant les deux dernières années, il a particulièrement travaillé dans les villages environnants; je voulais quelquefois l’en détourner, parce que celle contrée est fort insalubre; mais il n'écoutait que l’appel de son dévouement, et la mort l’a surpris dans ses infatigables travaux.


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4. BARTIMÉE, insulaire aveugle des îles Sandwich.

J'ai été voir récemment, écrit le missionnaire Gelick un aveugle nommé Bartimée. Comme je l’interrogeais sur sa position, il me répondit que, malgré les douleurs continuelles qu’il ressentait dans les yeux, il ne s’occupait point de son corps, mais que ses pensées et son cœur étaient sans cesse tournés vers Christ.

En l’écoutant, cette réflexion me vint aussitôt:

Combien cet homme est heureux dans toute sa pauvreté et dans toutes ses souffrances! Il ne commit pas, à la vérité, les jouissances de la vie civilisée; sa vue est couverte d’une nuit perpétuelle; il habite une misérable hutte, et couche sur un sol à peine recouvert de deux vieilles nattes; il n’a rien de ce qui fait la douceur et le charme de notre existence, mais il découvre l’éternité par l’œil de la foi, et se réjouit à l’aspect du soleil de justice qui porte la santé, la paix, le bonheur dans ses rayons....


Aujourd’hui, dans l’après-midi, j’ai été appelé auprès de Bartimée, je l’ai trouvé bien faible et bien souffrant. Je lui ai demandé s’il éprouvait quelque crainte. Non, m’a-t-il répondu, je n’ai aucune crainte. Ç’a été la dernière parole qui soit sortie de sa bouche.

Bartimée avait passé les deux derniers mois dans l’attente de la mort. Il me raconta que ses premières impressions religieuses lui étaient venues du discours de notre gouverneur, lorsqu’il accompagna M. Whilhney dans cette île. C’était, je crois, en 1820.

Ses convictions devinrent plus profondes, lorsqu'il entendit un missionnaire indigène lui lire quelques traités, entre autres celui qui a pour titre: Extraits des Saintes Écritures. Il me parla aussi du sermon de la montagne.

J'étais allé, en 1828, présider l’examen d’une école dans son voisinage, et l’instituteur me le présenta à la fin de la séance, en me disant que cet homme aveugle désirait me réciter les dix commandements. J’accueillis la proposition avec joie.

La manière grave et solennelle dont Bartimée prononça les commandements de Dieu me fit espérer qu’ils avaient déjà pénétré dans son cœur, et les relations que j’eus plus tard avec lui me confirmèrent dans cette idée. Il vint nous visiter fréquemment, tant qu’il resta dans les limites de notre station, et il paraissait prendre un intérêt toujours croissant aux choses spirituelles.

Son beau-frère, qui l'avait assisté dans ses derniers jours, m’a dit que Bartimée l’avait exhorté, peu d’heures avant de mourir, à se convertir au Seigneur et à s’appuyer entièrement sur les mérites de son expiation.

Quand on venait le voir, il ne se plaignait jamais de ses souffrances, MAIS IL PARLAIT SOUVENT DE CELLES DE CHRIST, et disait qu’il s’y confiait pleinement.

J’ai connu bien peu d’âmes qui aient donné autant de preuves de leur intime union avec Christ, que ce pauvre insulaire aveugle, et j’ai l’espérance qu’il est maintenant assis dans rassemblée des élus avec tous les rachetés qui chantent le cantique de l’Agneau.


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5. RAMZAN, mahométan converti dans les Indes orientales

Le missionnaire Sandys écrit de Calcutta:

Au printemps de 1831, Ramzan s’était présenté comme candidat pour se préparer à recevoir le baptême. Il semblait éprouver déjà une vive impression de la vérité et connaître la voie du salut. Les instructions régulières qu’il reçut avec d’autres indigènes furent bénies pour son cœur. Il devint toujours plus sérieux, et consacra, non seulement une grande partie de ses journées, mais encore plusieurs heures de ses nuits à lire le Nouveau-Testament.

Sa foi jeta des racines toujours plus fortes et plus profondes; il sentit la puissance de Dieu opérant en lui la volonté et l’exécution selon son bon plaisir, et forma des vœux toujours plus ardents pour être admis dans le sein de l’Église chrétienne.

Son désir fut enfin accompli, et le 30 octobre 1821 il reçut le baptême du Seigneur. Depuis lors il a marché fidèlement dans le chemin de l’Évangile, et toute sa conduite a rendu témoignage de la sincérité de sa conversion.

Mais il a été atteint d’une fièvre maligne au commencement de cette année, et pendant huit mois il a lutté contre cet opiniâtre ennemi. Les moyens employés pour le guérir ont été inutiles, et la mort s’est approchée pas à pas de lui.

Comme ses forces étaient abattues, et qu’il ne pouvait plus, selon son habitude, lire le Nouveau Testament, il n’éprouvait pas de joie plus vive que celle d’entendre faire la lecture du livre inspiré par les personnes qui venaient le voir.

La dernière fois que je l’ai vu, il répondit à mes questions sur l’état de son âme, qu’il s’appuyait uniquement et complètement sur le Seigneur Jésus-Christ mort pour les pécheurs, et qu’il était assuré que le Rédempteur l’affranchirait de tout mal et lui donnerait place parmi les siens.

Je ne l’ai plus revu, mais le chrétien indigène, dans la maison duquel il est mort, m’a dit que Ramzan a passé ses derniers moments dans la prière, et que le nom de Jésus-Christ est sorti de ses lèvres avec son dernier soupir.

Archives du christianisme 1835 07 25



 
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