Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

BIOGRAPHIE RELIGIEUSE.

DERNIÈRES PAROLES DE QUELQUES HOMMES PIEUX.

***

POLYCARPE évêque de Smyrne, était un fidèle ministre du Seigneur, il souffrit le martyre dans sa quatre-vingt-quinzième année.

Lorsqu'il fut amené devant le tribunal, le proconsul lui dit:

Renie ton Christ, et je te remettrai en liberté.

Voilà quatre-vingt-six ans, répondit Polycarpe , que je suis le serviteur et le ministre de Jésus-Christ; il a toujours été un bon Maître pour moi, et je ne me suis pas une seule fois repenti d’être à son service; comment donc pourrais-je blasphémer mon Roi et mon Sauveur?

Jure par le génie de l’empereur, et offre-lui de l’encens, cria le Romain irrité.

Non, non, dit le martyr, je suis chrétien, et je ne puis le faire.

Abjure le Christianisme, ou tu seras livré aux bêtes féroces!

Fais ce que tu voudras; nous, chrétiens, nous ne sommes pas habitués à revenir en arrière, mais à marcher en avant.

Tu seras brûlé vif!....

Polycarpe fixa les jeux sur le proconsul, et dit:

Le feu de ton bûcher s'éteindra dans une heure, mais le feu réservé aux apostats est éternel.

Au moment de sa mort, il pria ainsi:

O Dieu des anges, des puissances célestes et de tous les justes qui vivent devant ta face, je te bénis de ce que tu m'as jugé digne de voir ce jour et cette heure, et de ce que tu m'as élevé au rang des saints martyrs.

Accorde-moi la grâce de pouvoir te présenter aujourd’hui un service agréable, conformément à ta volonté. Seigneur, je t’adore pour toutes tes miséricordes; je te rends grâces, je glorifie ton nom, par ton Fils unique, l’Éternel souverain sacrificateur, Jésus-Christ!....

Et lorsqu'il eut crié amen à haute voix, le feu fut allumé. Polycarpe mourut en paix, avec courage et constance.


* * *

JEAN HUSS, le martyr de la Bohême, fut brûlé vif en 1415.

Étant arrivé au lieu de l'exécution, il se mit à genoux et chanta un psaume; puis, levant les yeux au ciel, il prononça cette prière d’une voix calme et forte:

Seigneur, je remets mon esprit entre tes mains. Tu m'as racheté, ô Dieu infiniment bon et fidèle! Seigneur Jésus, assiste-moi, afin que je conserve, par ta grâce toute puissante, une âme ferme et résignée en souffrant ce cruel supplice, auquel j'ai été condamné pour avoir prêché ton Saint Évangile. Amen!

Lorsqu’on lui mit une chaîne autour du cou, il dit en souriant: J’accepte volontiers cette chaîne pour l’amour de Christ.

Lorsque le bois eut été élevé jusqu’à la hauteur de sa tête, le duc de Bavière lui cria d'une manière brutale d'abjurer et de se soumettre.

Non, non, dit le martyr, je prends Dieu à témoin que je n'ai rien prêché d’autre que sa pure doctrine, et ce que j'ai enseigné, je suis prêt à le sceller de mon sang.

Le feu étant allumé, Jean Huss chanta un hymne que l'on entendait à travers le pétillement et le bruit des flammes. Quand il eut fini de chanter, il cria à haute voix: Jésus, Fils du Dieu vivant, aie pitié de moi! Et au même moment, il tomba dans les flammes et mourut.


* * *

JÉRÔME DE PRAGUE, compagnon et ami de Jean Huss, le suivit sur le bûcher quelque temps après. Il montra le même courage et le même dévouement que le réformateur de la Bohême. Le bourreau ayant voulu allumer le feu par derrière, il lui dit:

Apporte ta torche devant moi, et fais ton office sous mes yeux; si j'avais craint la mort, il m'était facile de l'éviter.

Il mourut, comme Jean Huss, en chantant et en priant.


* * *

MÉLANCTON termina sa glorieuse carrière par une heureuse mort.

Se voyant près de mourir, il se dressa sur son lit, et s’écria avec une sainte joie:

Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?

Comme ses amis lui demandaient s’il avait besoin de quelque chose.

Il ne me manque rien répondit-il, que le ciel!

Et posant sa tête sur son oreiller, il s’endormit en Jésus-Christ.


* * *

THÉODORE DE BÈZE, le collègue et le successeur de Calvin, étant sur son lit de mort, repassa les promesses contenues dans le psaume quatre-vingt-onzième; puis, récapitulant les principaux événements de sa vie, et les délivrances qu'il avait obtenues, il montra de quelle manière admirable Dieu avait accompli envers lui toutes ses promesses.


Seigneur, dit-il alors, tu m’as souvent délivré des pièges des méchants, et garanti des fléaux qui exerçaient leurs ravages autour de moi.

Tu as été mon refuge et ma forteresse, tandis que des milliers tombaient à droite et à gauche sur le champ de bataille où je combattais avec mes frères protestants.....

Le Seigneur a donné à ses anges la charge de veiller sur moi, et maintenant que je suis rassasié de jours, je n’attends plus que l’accomplissement des dernières paroles du psaume: Je lui ferai voir ma délivrance!


* * *

Lorsque LATIMER ET RIDLEY , fidèles serviteurs de Christ en Angleterre, furent brûlés à Oxford, sous le règne de la sanglante Marie , le premier mourut en peu de moments; mais le vent écartait les flammes des principales parties du corps de Ridley , en sorte que ses souffrances furent atroces; car toute la portion inférieure de son corps fut brûlée, avant qu’il eût la joie de rendre le dernier soupir.

Ces deux martyrs s’encouragèrent l'un l’autre avec une sainte résignation et une héroïque fermeté.

Aie bon courage, cria Ridley, car Dieu diminuera la furie des flammes, ou il nous rendra capables de la supporter.

Console-toi, mon frère, répondit Latimer, car la flamme de notre bûcher allume aujourd'hui un flambeau qui, par la grâce de Dieu, ne s’éteindra jamais en Angleterre.


* * *

L’archevêque CRANMER, avant eu la faiblesse de signer une rétractation, se repentit bientôt, et fut condamné à être brûle vif.

Étant venu devant le bûcher, il posa dans les flammes la main qui avait signé la rétractation, et dit:

Cette main, cette indigne main a commis la faute!

Il ne la retira point des flammes, sauf une seule fois pour essuyer la sueur d’agonie qui coulait sur son visage. Quand sa main fut consumée, et qu'il se sentit près de mourir, il s’écria: Seigneur Jésus, reçois mon esprit!


* * *

OLYMPIA FULVIA MORATA était une jeune femme élevée à la cour de Ferrare en Italie.

Ses talents et sa science étaient remarquables; elle parlait le grec et le latin comme sa langue maternelle.

Ayant épousé un médecin allemand, elle fut amenée par lui à embrasser la religion réformée. Dans sa dernière maladie, elle pria son époux de la consoler par la lecture de la Bible, par la prière, et par des entretiens sur le bonheur du ciel. Puis elle dit avec un doux sourire:

Je souhaite de déloger pour être avec Christ. Je suis remplie de joie, oui, d'une joie ineffable.

J’éprouve une paix que je ne puis exprimer, et je me repose, pleine de confiance, en mon Sauveur Jésus-Christ.


* * *

JOHN BUNYAN, l’illustre auteur du Pèlerinage du Chrétien, mourut en fidèle disciple de Christ.

Il exhorta tous ceux qui l'entouraient à vivre dans la foi et dans la sainteté, et à prier sans cesse. Voici ses dernières paroles:

Ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes. Car, pour moi, je m’en vais auprès du Père des miséricordes, qui me recevra, quoique pécheur, dans ses tabernacles éternels, par la médiation de notre Seigneur Jésus-Christ; et là, j’espère que nous nous reverrons bientôt pour chanter le cantique nouveau, et pour être heureux pendant toute l’éternité. Amen.

* * *

LORD WILLIAM RUSSEL, fils du duc de Bedford, périt victime de la tyrannie de Charles II; en 1683.

Étant sorti de sa dernière entrevue avec la comtesse, sa femme, il dit: L'amertume de la mort est déjà passée. C’était la veille de son exécution.

Au moment d'être décapité, il prononça ces mots:

Je possède l’assurance de l’amour et de la miséricorde de Dieu, par la médiation de mon bien heureux Rédempteur, en qui je mets ma confiance. J'ai le ferme espoir d'aller partager sa joie, et cette pensée me console tellement que je regarde cette heure comme la plus heureuse de ma vie, quoique d’autres puissent la regarder connue la plus malheureuse.


* * *

SAMUEL RUTHERFORD, l'une des plus brillantes lumières de l’église d’Écosse, était professeur en théologie à l'université de Saint-André.

Lorsque le parlement écossais le somma de comparaître devant lui, parce qu’il avait soutenu la cause de la liberté religieuse, il était sur son lit de mort.

Allez dire au parlement, répondit-il au messager d'état, que j'ai reçu une plus haute sommation que la sienne, et que je dois comparaître devant un tribunal plus élevé; quand le jour de la citation du parlement sera venu, je serai dans un lieu où peu de ses membres obtiennent la faveur d’entrer.

À sa dernière heure, il dit aux pasteurs qui l’entouraient:

O mes chers frères, priez pour le règne de Christ; prêchez Christ; faites tout pour Christ; nourrissez le troupeau de Christ, et gardez-vous de chercher la gloire qui vient des hommes.

Oh! quelle joie! quelle joie! s'écria-t-il un moment après; je suis nourri d'une manne céleste. Mes yeux verront mon Rédempteur, et je demeurerai éternellement avec lui. J’ai été un grand pécheur, mais je suis dans l’état le plus heureux.

Christ est à moi, et je suis à lui. Gloire, gloire à jamais à mon Créateur et à mon Sauveur! il continua de bénir le nom de Jésus jusqu'il ce qu’il rendit le dernier soupir.


* * *

Le PASTEUR CLAUDE mourut dans l'exil, avant été banni de France par les édits intolérants de Louis XIV.

Ses derniers moments furent solennels et pleins d’édification. Il donna sa bénédiction à sa femme, à son fils (alors ministre de l'Évangile), et à une vieille servante, qui étaient tous trois à genoux près de son lit, et les ayant confiés au Dieu de la veuve et de l’orphelin, il prononça ces mots:

La maladie m’oppresse tellement que je ne puis fixer mon esprit que sur les grandes vérités de la religion, savoir la miséricorde de Dieu en Christ et la grâce du Saint-Esprit qui vient à mon aide.

Je sais en qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’il est assez puissant pour garder mon dépôt jusque-là.

Notre Seigneur Jésus-Christ est ma seule justice.


* * *

HERVEY, le pieux auteur des Méditations, termina sa vie par cette prière:

Combien je te remercie, Seigneur, d'avoir envoyé la mort près de moi! La mort est un heureux passage à la vie éternelle. O mort, sois la bienvenue! Tu peux être comptée parmi les grâces que reçoit le chrétien.

Christ est ma vie, et la mort m’est un gain. Seigneur, laisse maintenant aller ton serviteur en paix; car mes yeux ont vu ton salut.


* * *

L’immortel JOHN LOCKE se livra à une étude assidue de la Bible pendant les quatorze dernières années de sa vie.

Il dit à un jeune homme d’une noble famille:

Si vous voulez parvenir à une exacte connaissance de la religion chrétienne, étudiez la Bible, et en particulier le Nouveau Testament.

La Bible a Dieu pour auteur, la vérité sans aucun mélange d'erreur pour contenu, et notre salut pour fin.

Sur son lit de mort il exhortait tous ceux qui étaient près de lui à étudier la Parole de Dieu.

Béni soit le Seigneur, s’écria-t-il, de ce qu'il a donné sa loi aux hommes; béni soit son nom de ce qu’il les justifie par la foi en Christ; et grâces te soient rendues, ô mon Dieu, de ce que tu m'as appelé à la connaissance de mon divin Sauveur!


* * *

BAXTER acheva sa course dans la joie du Saint-Esprit. Il dt à quelques pasteurs qui le consolaient:

Je souffre; on ne peut pas nier la souffrance du corps; mais j’ai la paix, j’ai la paix!

Vous vous approchez maintenant de votre chère patrie, dit un des assistants.

Je le crois, je le crois, répondit Baxter.

Et sur la question qui lui fut faite: Comment êtes-vous? Il répliqua aussitôt: à peu près bien.

il dit à un ami qui entrait dans sa chambre:

Je vous remercie d’être venu me voir; puis, fixant les yeux sur lui, il ajouta: que le Seigneur vous apprenne à mourir! Ce furent ses dernières paroles.


* * *

Le président EDWARDS mourut avec autant de calme et de tranquillité que celui qui ferme les yeux pour dormir.

Il garda jusqu’à la fin le complet usage de sa raison, et porta son regard vers l’éternité comme un fils qui contemple la maison paternelle. Jamais, a dit son médecin, jamais personne n’a donné un plus parfait témoignage de la sincérité de sa foi par une résignation paisible, patiente, joyeuse à la volonté de Dieu. Pas un murmure, pas une plainte; mais une inaltérable tranquillité.

Comme on gémissait autour de lui de l'immense perte que l'église et l’université allaient éprouver par sa mort, il souleva ses paupières appesanties et dit:

Confiez-vous en Dieu, et vous n'aurez rien à craindre.

Un moment après il mourut.

* * *

Oh! que je meure de la mort des justes, et que ma fin soit semblable à la leur!

Archives du christianisme 1836 08 13


 

- Table des matières -