Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉTUDES CHRÉTIENNES

LE DÉCALOGUE JUGÉ PAR UN AVOCAT.

***

On lit le fait suivant dans l'un des derniers numéros du Magasin religieux d'Abbot:

Un jurisconsulte, distingué par sa science et par ses talents, habitait une ville des États du Nord. Je ne sais pas quel était son caractère moral, mais il était notoirement blasphémateur.

Il avait un domestique nègre contre lequel on l’entendait jurer fréquemment avec une extrême violence. Un jour, cependant, il alla trouver un membre du consistoire de l’Église presbytérienne, lequel était aussi jurisconsulte, et lui dit:


Je désire, Monsieur, examiner si la religion chrétienne est vraie. Quels livres me conseillez-vous de lire sur cette matière?

Il est un peu tard, répondit l'ancien, surpris de cette question, pour commencer à étudier un sujet si important. Comment avez-vous pu attendre jusqu’au terme de votre âge mûr pour vous en occuper?

C’est vrai, il est bien tard, mais j'ai toujours eu d’autres affaires qui m’ont pris tout mon temps. J’ai supposé, d'ailleurs, jusqu’à présent que le Christianisme était rejeté par la grande majorité des hommes instruits. Je veux pourtant examiner la chose par moi-même, et sérieusement. Quels sont donc les livres que je dois lire?

La Bible, répartit l’ancien.

Il me semble que vous ne me comprenez pas; c'est la vérité du Christianisme que je veux examiner.

Sans doute, et c’est précisément pour cela que je vous conseille de lire la Bible. Voici mes raisons: 


1. La plupart des incrédules ignorent complètement le contenu des Saintes Écritures. Mais pour se former un avis sur un sujet, il faut savoir nettement de quoi il s’agit.

2. Outre cela, je crois que l’évidence interne de l’Écriture est plus forte que l’évidence externe.


Et par où dois-je commencer cette lecture? Par le Nouveau-Testament? –

Non, commencez la Bible par le commencement de la Bible, par la Genèse.


* * * *

L’incrédule se procura un exemplaire du Livre saint et un commentaire; puis, il se mit à étudier sérieusement l’Écriture. Il y appliqua toute la force de son attention et toute la rigueur de sa dialectique.

Le membre de l’Église presbytérienne venait le voir de temps à autre, et l’incrédule lui exprimait franchement ses doutes et ses objections. Tel passage lui semblait sublime, tel autre frappant, mais il y en avait un troisième ou un quatrième qu’il ne pouvait pas accepter comme vrai.


Le presbytérien, étant revenu un soir dans son cabinet, le trouva se promenant avec agitation, et l’esprit absorbé dans une méditation profonde. Le jurisconsulte continuait à marcher et à revenir sur ses pas, sans s’apercevoir même de la présence de son confrère. Celui-ci lui dit enfin:

Vous paraissez occupé de réflexions bien sérieuses. Est-il permis de vous en demander le sujet?

Je viens de lire, répondit l’incrédule, le décalogue, la loi morale donnée par Moïse.

Eh bien! qu’en pensez-vous?

Je vous dirai, d’abord, ce que j’en pensais, il n’y a pas encore longtemps. Je supposais que Moïse avait été le conducteur d’une horde de bandits; qu’il avait acquis une grande influence sur ce peuple superstitieux par la force de son esprit et par la fermeté de son caractère; qu’il avait représenté, sur le mont Sinaï, une sorte de feu d’artifice pour émerveiller ses ignorants adeptes, et que la prétendue origine céleste de sa loi n’était fondée que sur un mélange de ruse, de superstition et de terreur.

Mais que pensez-vous maintenant de cette loi? demanda l'ancien.

Je cherchais dans cet instant même, répondit l’avocat, si je pouvais en retrancher ou y ajouter quelque chose pour la rendre meilleure. Mais c'est impossible, Monsieur, CETTE LOI EST PARFAITE.


Le premier commandement, continua-t-il, ordonne de respecter et d'adorer Dieu. Cela est juste. S'il est notre Créateur, notre Conservateur et notre Bienfaiteur suprême, nous devons l’honorer comme tel, et nul autre que lui.

Le deuxième commandement défend l’idolâtrie. Cela est certainement juste.

Le troisième commandement défend le blasphème.

Le quatrième fixe un temps spécial pour le service religieux. S'il y a un Dieu, il doit sans nul doute être servi.


Il est convenable que notre adoration intérieure se manifeste par des hommages extérieurs; il n'est pas moins convenable qu’il y ait un temps, un jour, mis à part pour cet effet, en sorte que tous puissent servir Dieu ensemble et sans interruption. Un jour sur sept, ce n'est pas trop, et je ne crois pas non plus que ce soit trop peu.


Le cinquième commandement définit les devoirs qui résultent de nos relations de famille.


Ensuite les fautes contre le prochain sont classées dans la loi morale d’une manière admirable. Elles sont divisées en offenses contre la vie, la pureté, la propriété et la réputation.


Je remarque, ajouta le jurisconsulte dans son langage de légiste, que le cas le plus grave est expressément défendu dans chaque série de délits contre le prochain.

Ainsi, la plus grande offense:

- contre la vie, c'est le meurtre;

- contre la chasteté, c’est l'adultère;

- contre la propriété, c'est le vol;

- contre la réputation, c’est le faux témoignage.


Or, il est clair que la plus grande offense renferme les autres de la même espèce. La défense du meurtre emporte avec elle la défense de tout ce qui peut compromettre ou abréger la vie; la défense de l’adultère emporte la défense de tout ce qui peut blesser la pureté, et ainsi de suite. Enfin, ce code moral se termine parfaitement bien par un commandement qui défend tout mauvais désir à l’égard du prochain.

Je cherchais aussi, poursuivit l’avocat, d’où Moïse a pu prendre cette loi. J’ai lu l'histoire et je n’y vois rien de pareil.

Les Égyptiens et les nations voisines étaient idolâtres; de même les Grecs et les Romains; et les plus sages d’entre les Grecs et les Romains n’ont jamais donné un code qui approche de celui-là.


Où donc Moïse a-t-il puisé cette loi, qui est plus sage que la sagesse des siècles les plus éclairés?

Il vivait à une époque relativement ignorante et barbare, et il a donné une loi dans laquelle la science et la sagacité de tous les temps postérieurs ne peuvent trouver un seul défaut. Se serait-il élevé, par les seules forces de son intelligence, tellement au-dessus de ses contemporains?

Cela me paraît impossible. Cette loi, il ne l’a pas puisée en lui-même. Je sais de qui il l’a obtenue; elle lui a été donnée d’en haut. Monsieur, JE CROIS MAINTENANT QUE LA RELIGION ENSEIGNÉE DANS LA BIBLE EST VRAIE ET DIVINE.


* * * *

Cet avocat garda jusqu’à la mort une ferme croyance à la vérité du Christianisme. Il vécut encore environ trois ans, et poursuivit avec zèle l’étude de la Bible, qui lui donna des idées toujours plus claires et plus correctes sur la religion chrétienne. Il cessa de proférer des jurements. Ce péché lui était devenu aussi odieux qu’il lui était habituel auparavant, et il reprenait sévèrement ses amis, lorsqu’ils y tombaient...

J’ai appris toutes ces particularités du membre de l’Église presbytérienne. Il s’est glissé peut-être quelques légères inexactitudes dans la forme du récit, mais toutes les idées et l’ensemble du fait sont de la plus rigoureuse exactitude.

Que le lecteur médite sur cette histoire; car elle est riche en instructions pratiques. Il y verra surtout que la loi morale est un monument vénérable, un code sublime ,


UNE ŒUVRE QUI N’EST PAS SORTIE DE LA MAIN DE L'HOMME,

MAIS

DE LA MAIN DE DIEU.


Archives du christianisme 1835 06 27


 

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