Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉTUDES CHRÉTIENNES.

Conseils aux Prédicateurs


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(Les réflexions qu’on va lire sont extraites en abrégé d’un pieux écrivain du dix-septième siècle.)

Ne vous contentez pas de prêcher, mais faites ce que vous dites.

Pour que le flambeau de la vérité brille dans vos discours, il faut le tenir à la main. J’aime les prédicateurs qu'on admire plus après LES AVOIR VUS QU’APRÈS LES AVOIR ENTENDUS.

Quand Jésus voulut faire à ses disciples une leçon d’humilité et de charité, il la leur donna premièrement par son exemple en leur lavant les pieds.

C’est parce qu'on manque a ceci que nous voyons si peu de fruits de tant de prédications. Doctrine, capacité, véhémence de paroles et d’action, rien ne manque à beaucoup de prédicateurs, mais ils manquent eux-mêmes de sainteté de vie.

Je conclus ce point, disant que le prédicateur doit toujours se souvenir de ce qui arriva à Origène qui, ne pouvant plus supporter la confusion qu'il recevait dans Alexandrie, à cause de sa déplorable chute, s’en alla à Jérusalem où les prêtres, lui ayant présenté les Écritures avec prière d’en lire et expliquer quelque chose au peuple, après les avoir prises et ouvertes, il tomba sur ce passage de David: Dieu dit au méchant: Est-ce à toi de réciter mes statuts et de prendre mon alliance en ta bouche (Ps. 50, 16)?

Ces paroles lui touchèrent si vivement le cœur, voyant qu’elles s’adressaient à lui, qu'il ferma le livre et se mit à pleurer, sans pouvoir prononcer un seul mot. Excellent discours que celui-là, et plus éloquent que nul autre!


Mon second avis est que le prédicateur doit s'adonner beaucoup à la prière.

On apprend au pied de la croix et dans l'oraison autant et plus que dans les livres, c'est là qu'il faut considérer les vérités chrétiennes, les goûter, s'en pénétrer, s’en nourrir.

Le prédicateur ne doit prêcher que des choses qu’il a lui-même contemplées et savourées. Voyez notre Seigneur qui se retira quarante jours en solitude avant de prêcher l’Évangile.

Quand le prédicateur procède de cette sorte, toutes ses paroles sont autant de rayons du soleil qui l'illumine intérieurement, ou autant d’étincelles du feu dont il est embrasé.

Le prédicateur doit prier en composant son discours, en le récitant, et encore après.

CAR SI LE SAINT-ESPRIT N’ENSEIGNE LUI-MÊME AU-DEDANS ET NE PARLE À L'OREILLE DU CŒUR, ce sera en vain que le prédicateur criera aux oreilles du corps.

Un orateur peut exciter, par son art et industrie les mouvements naturels de la piété, de la crainte, de l'admiration, mais les mouvements surnaturels de la douleur à cause du péché et de la foi en Christ, il ne le peut point:


Il faut une puissance plus haute que la sienne, savoir la grâce du Saint-Esprit.


J'ai entendu parler d'un grand prédicateur qui ne montait jamais en chaire qu’il n’eut fait auparavant plusieurs heures d'oraison, dans laquelle il priait Dieu si ardemment qu’on a trouvé souvent le pavé trempé de ses larmes.

Que le prédicateur fasse son devoir d’apprendre ce qu’il doit dire au peuple et la façon de bien le dire; mais quand il est là pour le débiter, qu’il se souvienne plutôt de ce dont notre Seigneur nous avertit:

Quand vous comparaîtrez devant les juges et les puissances de ce monde, ne vous mettez point en peine de ce que vous direz ni comment vous le direz; car c’est l’Esprit de notre Père qui parlera par votre bouche.


Le troisième avis est que le prédicateur doit être doué d'une profonde humilité.

Cette vertu lui est particulièrement nécessaire entre toutes les autres, soit pour rapporter fidèlement à Dieu les fruits de ses travaux, soit pour ne point se perdre dans l’éclat des louanges qui lui seront données ou dans les disgrâces qui lui pourront arriver, soit enfin pour donner à ses auditeurs l'exemple de cette vertu fondamentale du Christianisme.

Notre Seigneur, avant de s’employer à l’exercice de la prédication, voulut s’abaisser devant son Précurseur, se faisant baptiser de sa main, pour nous apprendre que la pureté de l'âme et l’humilité doivent marcher avant la prédication.

Celle qui était réputée stérile, dit Anne, en a enfanté sept, et celle qui avait beaucoup de fils est tombée dans la langueur (I. Sam. 2,5).

C'est ainsi qu’un pauvre frère qui, d’office, n’est point employé dans l’Église a produire des enfants spirituels, se verra toutefois au jour du jugement en avoir engendré plusieurs, tandis que le prédicateur fameux qui a toujours son Église pleine, et qui croit avoir attiré beaucoup d’âmes à notre Seigneur Jésus-Christ, connaîtra peut-être alors qu’il n’en était rien, et à cause de la vanité et des autres intentions obliques qu’il aura mêlées à ses travaux, au lieu de la louange et du salaire qu’il en attendait, il n’en recevra que du châtiment.


Le quatrième avis est que le prédicateur doit nécessairement avoir du zèle et du courage.

Il doit en avoir, tant pour porter les travaux de la prédication et souffrir les diverses disgrâces qui l'accompagnent, que pour prêcher sans crainte en tout lieu et à toutes sortes de gens.

Il faut avouer que la prédication est un emploi fort laborieux, et qu'on y trouve bien de quoi endurer.

Le prédicateur doit combattre, s'il réussit, les louanges et la vanité; s’il ne réussit pas, le découragement et le dégoût. Quand il a peu d’auditeurs, il doit parler avec autant de soin et de force que s’il en avait un grand nombre.


À vrai dire, si notre Seigneur a catéchisé avec tant d'affection la Samaritaine SEULE,

Le prédicateur ne doit pas s’attrister ni se décourager,

lors même qu'il ne parle que devant quelques personnes.


Archives du christianisme 1836 08 27

 
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