NOUVELLES ET VARIÉTÉS RELIGIEUSES.

Circulaire adressée par M. le Ministre de la Justice et des Cultes.

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La circulaire qui suit vient d’être adressée par M. le Ministre de la Justice et des Cultes à MM. les présidents des consistoires des deux communions protestantes:

Paris, 18 janvier 1837.

Monsieur le président, j’ai remarqué que les formalités prescrites par diverses circulaires de mes prédécesseurs, pour la présentation des pasteurs au Gouvernement, étaient souvent négligées ou incomplètement observées. Au moment où la création de nouvelles places de pasteurs, indépendamment des vacances ordinaires de chaque année, va donner lieu à la vocation d’un plus grand nombre de candidats, il me paraît nécessaire de rappeler aux consistoires les formalités qu’ils ont à remplir pour obtenir la confirmation des nouveaux pasteurs, et les pièces qui doivent accompagner chaque vocation.

Ces pièces sont:

1° Le titre d’élection, ou le procès-verbal de la séance du Consistoire dans laquelle le candidat a été élu;

2° L’acte de naissance du candidat;

3° Son acceptation;

4° Son acte de consécration, conformément aux dispositions de la circulaire du 29 octobre 1832;

5° Son diplôme de bachelier en théologie, constatant ses études dans une faculté française.

Lorsque les consistoires procéderont à l’élection d’un ministre, ils ne doivent pas perdre de vue que le décret du 25 mars 1807 fixe à vingt-cinq ans l’âge de la consécration et celui auquel on peut exercer les fonctions de pasteur. Il serait donc inutile de présenter au Gouvernement des candidats qui n'auraient pas accompli l’âge prescrit par ce décret. Si le ministre proposé a été consacré avant l’âge voulu, il doit justifier de la dispense qui a dû lui être accordée en vertu de la décision royale du 14 août 1822.

Je dois aussi appeler l’attention des consistoires sur la manière dont les procès-verbaux d’élection sont généralement rédigés. La plupart ne contiennent aucun des détails nécessaires pour permettre à l’administration de juger de la validité de l’opération.

L’article 26 de la loi du 18 germinal an X s’est borné à prescrire que les pasteurs seraient élus à la pluralité des suffrages; mais cette disposition ne doit pas être prise dans un sens trop étroit. En effet, s’il n’y avait qu’un petit nombre de membres présents au consistoire, le choix de la pluralité relative ne saurait représenter le vœu réel de ce corps. Il faut donc que la moitié plus un, au moins, des membres qui le composent, concourent à l’opération pour la rendre valide et régulière.

Le premier soin de l’assemblée, qui sera présidée par le président du consistoire, assisté du secrétaire, conformément à l’article 21 de la loi, devra être de constater le nombre des membres convoqués, tant laïques que pasteurs, le nombre des présents et des absents, et, autant que faire se pourra, elle se fera rendre compte des motifs de l’absence de ces derniers. L’élection ne peut avoir lieu qu’au scrutin secret.

Dans un assez grand nombre d’églises, et notamment dans celles de la confession d’Augsbourg, on nomme deux scrutateurs pour le dépouillement du scrutin. Dans d’autres, cette opération est confiée aux soins du président du consistoire. On pourra suivre à cet égard les usages établis, mais, dans tous les cas, le procès-verbal devra mentionner avec soin toutes les formalités qui viennent d’être indiquées, et désigner exactement les noms et prénoms des membres du consistoire présents et absents, la qualité de pasteur ou ancien de chacun, ainsi que sa résidence; il devra également faire mention du nombre de voix obtenues par chaque candidat.

Enfin, si un incident de quelque gravité s’élevait dans le cours de l’opération, il ne faudrait pas négliger de le consigner au procès-verbal. Le Gouvernement ne cherche point à pénétrer, par une investigation déplacée, dans ce qui n’a rapport qu’aux personnes, mais il lui est utile de s’éclairer sur tout ce qui dénote un besoin, signale un abus ou dévoile la tendance des esprits en matière religieuse.

Le procès-verbal d'élection devra être dressé en triple expédition; l’original, signé de tous les membres présents, demeurera dans les archives du consistoire. Deux expéditions, signées du président et du secrétaire, pour copies conformes, seront adressées, avec toutes les pièces à l’appui, au préfet du département, qui retiendra une expédition du procès-verbal et me transmettra toutes les autres pièces avec son avis sur l’opération dont il s’agit, et les titres du candidat élu à la confiance du Gouvernement et des fidèles.

Je vous prie de m’accuser réception de la présente lettre. Agréez, Monsieur le Président, l’assurance de ma considération distinguée.

Le Garde des Sceaux,

Ministre Secrétaire d’État de la Justice et des Cultes,

Signé C. Persil.

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Un culte évangélique régulier, vient d’être établi dans le bagne de Brest. M. le pasteur Le Fourdrey reçut à la fin de l’année dernière une demande par écrit de quelques condamnés, le priant de leur porter les instructions et les consolations de la religion. Il transmit cette demande à M. le préfet maritime en offrant de célébrer chaque dimanche: un service religieux dans l’intérieur du bagne. Le préfet en référa au gouvernement qui approuva ce projet et donna immédiatement les ordres nécessaires pour en faciliter l'accomplissement, et pour qu'un local convenable fût mis à la disposition du pasteur. 

Quarante-neuf condamnés ont déclaré vouloir assister à ce culte, et ce nombre pourra s’augmenter, car l’ordre du gouvernement est d’y admettre tous ceux qui désireront y participer.

Ce culte a été célébré pour la première fois le 1er janvier dernier. Ces exhortations fortes et chrétiennes adressées par M. Le Fourdrey à son nouvel auditoire, furent écoutées avec l’attention la plus soutenue par ces malheureux dont plusieurs, attendris jusqu’aux larmes, lui ont demandé de leur donner des Nouveaux-Testaments. Il leur en a distribué un certain nombre, en français et en allemand, avec des Traités et des Almanachs des Bons Conseils.

Depuis, ils sont venus régulièrement chaque dimanche, et suivent attentivement, leur Nouveau-Testament à la main, la lecture et l’explication de la Parole qui, par la grâce de Dieu, pourra, au milieu des chaînes qui les chargent, les rendre véritablement libres.

M. Le Fourdrey n’a qu’à se louer et se réjouir du bon ordre et du respectueux silence qui règne dans la chapelle tout le temps du service. Que le Seigneur fasse reposer sa puissante bénédiction sur les efforts du pasteur zélé et fidèle qui travaille avec dévouement et avec confiance, à la régénération de ces pauvres criminels! Il sollicite à cet égard le secours des prières des chrétiens, et elles ne lui manqueront pas.

Cet heureux précédent ne pourra-t-il pas être utilisé pour les autres bagnes?

M. Le Fourdrey s’occupe aussi avec beaucoup de zèle, et avec quelques succès de la dissémination de la parole de Dieu parmi les marins.

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Archives du christianisme 1837 02 11