Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉTUDES CHRÉTIENNES

Ce que nous devons demander à Dieu dans la prière.


***


PREMIER ARTICLE.


– Pénétré du sentiment de son néant, dont chaque jour lui fournît quelque nouveau témoignage;

– entouré de ténèbres qui semblent parfois envelopper toutes choses et ne lui permettre d’avancer qu’à tâtons;

– surprenant incessamment son cœur en flagrant délit d'incrédulité;

– s’étonnant lui-même du degré d’insensibilité où le laissent les récits de l'amour du Sauveur;

– ne pouvant descendre dans les profondeurs de sa conscience; que dis-je? ne pouvant l’effleurer du regard sans découvrir des idoles dans le sanctuaire qui doit être consacré au Saint-Esprit;

– entendant tourner autour de lui le monde qui se moque ou qui séduit, et le prince du monde dont l’œil ne se ferme pas, mais qui cherche et l'épie sans relâche;

– voulant combattre, puis retombant sous la conviction de sa faiblesse et sous le sentiment qu’il y a au-dedans de lui des trahisons;

désirant secrètement tendre la main à l’ennemi du dehors...


D’où vient que dans cet étal le chrétien ne désespère pas?

C’est qu’il lui reste une arme, un secours, un refuge, C’EST QU’IL LUI RESTE LA PRIÈRE.

Anéanti, il sait que de ce néant même il peut crier à Dieu et sortir vainqueur.

Pressé entre les tentations du dehors et celles du dedans, ne voyant plus d’issue, il se rappelle qu’il n’a qu’à jeter un cri d’angoisse vers son Sauveur pour renaître à la paix.

La Prière! le souffle de la vie religieuse, le pain de l'âme, la source de ses expériences, la voie par laquelle elle marche en avant, son refuge éternel, son refuge contre tout!

Qu’on se rappelle les promesses faites à la prière, puis qu’on se représente le secret du cabinet de chaque chrétien, et l’Église universelle et spirituelle combattant dans la poudre et marchait, à genoux à la conquête du monde, on verra dans la mystérieuse grandeur de ce spectacle un motif d’espérance, un gage de triomphe et l’explication de tout ce qui peut se trouver de bon sur la terre.

Mais qu’on se représente aussi quelle est la prière à laquelle les promesses sont faites, et quelles sont les imperfections de la prière de chacun;


on comprendra pourquoi le règne de Dieu n’avance pas plus rapidement dans le cœur des individus et dans le monde en général.


Le précepte de l’Évangile à cet égard est de «prier sans cesse

Il nous est aussi parlé de CEUX QUI DEMANDENT ET NE REÇOIVENT PAS «parce qu’ils demandent mal.»

Notre prière doit donc avoir pour premier objet l’esprit de prière et la science de la prière.

Pour apprendre à prier sans cesse, il ne suffit pas de se répéter à soi-même l’exhortation apostolique:


IL FAUT ÊTRE PERSONNELLEMENT CONVAINCU DE L’EFFICACE DE LA PRIÈRE,

IL FAUT EN SENTIR LE BESOIN.


Or, le moyen d’arriver au sentiment de ce besoin c’est, avant tout, de tâcher de réaliser la dépendance continuelle, universelle, absolue où nous sommes de Dieu.

– Nous ne réfléchissons pas assez, à sa Providence particulière;

– nous ne nous considérons pas assez comme placés dans la paume de sa main;

– nous ne le voyons pas assez dans tout ce qui nous entoure, dans tout ce qui nous arrive, dans les petites comme dans les grandes choses.

– Nous le cherchons dans nos pesantes épreuves, mais non dans nos contrariétés;

 – nous voyons sa bonté dans quelque grande délivrance, non dans notre pain quotidien; sa puissance dans les mondes, non dans le brin d’herbe.

– Nous ne pensons pas assez qu’il nous entoure, nous connaît, sait quand nous nous asseyons et nous levons, nous dispense chaque souffle que nous respirons, nous suggère toute bonne pensée, toute bonne parole, toute bonne œuvre.

Il faut combattre cette disposition, se placer à chaque instant sous son regard, et du moment où nous sentirons que nous tenons tout de lui, la prière nous deviendra facile.

Nous éprouverons le besoin de nous approcher plus habituellement de l’Auteur de toute grâce, de le bénir du bienfait reçu et de lui en demander de nouveaux, de le louer pour le passé et de le prier pour l’avenir.


Qu’est-ce que prier?

N’est-ce pas demander, demander pour recevoir?

De sorte que la prière est à la fois:

1. une profession du sentiment de notre misère,

2. du désir d’en être délivré,

3. et enfin de la confiance que celui auquel nous nous adressons nous en délivrera.

HélasI quand nous fléchissons les genoux, nous disons-nous toujours bien qu’il s’agit de demander?

Est-ce dans le dessein de recevoir que nous accomplissons cet acte de culte?

Combien de fois arrive-t-il que nous le faisons sans nous être rendu compte des besoins dont nous venons en apparence implorer le soulagement?

Combien de fois surtout, tout en ouvrant les yeux sur ces besoins, n’éprouvons-nous d’ailleurs aucun désir que Dieu y subvienne?

Il y a plus.

Contraints pour ainsi dire par la nature de l’acte auquel nous nous livrons et par un demi-retour sur nous-mêmes, nous demandons à Dieu sa grâce, son amour, plus de sainteté, plus de vie; et cependant la chair se rebelle en même temps, nos convoitises réclament, nous frémissons intérieurement à la pensée d’obtenir réellement ce que nous implorons des lèvres, et nous nous débattons ainsi dans un conflit de la conscience et de l’hypocrisie.

Si enfin nous examinons quelle est notre espérance d’être entendus, notre assurance d’être exaucés, nous éprouverons avec confusion qu’à cet égard encore nos prières ne sont souvent que des semblants de prière.

Douloureusement surpris en entrevoyant ainsi les abîmes de ruse et de malice de nos cœurs, nous relèverons-nous, renoncerons-nous à la prière que nous avons ainsi tant de fois profanée?

Oh! non, non! plutôt redoublons d’instances et d’importunités!

Prions contre nous-mêmes, prions contre cette hypocrisie même et cette incrédulité.


Demandons la conscience de notre dépendance du Seigneur, la réalisation de nos besoins, le désir d’être exaucés, l’assurance que nous le serons.

Seigneur, ouvre toi-même nos bouches, puis remplis-les, excite toi-même nos désirs et réponds-y, METS TOI-MÊME EN NOUS LA PRIÈRE QUE TU VEUX EXAUCER, fournis-nous des armes contre nous-mêmes, étouffe, étouffe ces réclamations secrètes de la chair qui nous poursuivent jusqu’au pied de ton trône;


apprends-nous à prier sans cesse,

apprends-nous à bien prier:

C’EST LÀ NOTRE PREMIÈRE PRIÈRE!


Archives du christianisme 1836 12 10


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