Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉTUDES CHRÉTIENNES

POINT DE VUE DU CARACTERE DE JESUS-CHRIST


***


Jésus-Christ, dans son humanité, était, à quelques égards, l’homme le plus ferme, le plus énergique, le plus courageux qui ait jamais vécu, et, à d’autres égards, le plus doux, le plus patient, le plus soumis.

Comment ces qualités qui semblent opposées pouvaient-elles se réunir dans le même être?

L’explication est facile pour qui connaît l’histoire de Jésus.

- Quand il s’agissait de la gloire de Dieu et de l'œuvre que son Père céleste lui avait donnée à faire, Jésus-Christ ne craignait aucune opposition, ne reculait devant aucun obstacle, ne se laissait détourner de sa route par aucune barrière.

- Quand il s’agissait uniquement de lui-même, de son bien-être personnel, il n’y avait pas d’injures qu’il ne put supporter, pas de privations ni de douleurs auxquelles il ne se soumît sans murmure.


Selon la cause qu’il était appelé à défendre, celle de son Père ou la sienne, il était plus ferme que le lion qui résiste à une armée, ou plus doux que l’agneau qui se laisse mener à la tuerie sans ouvrir la bouche.

Remarquez avec quel indomptable courage il attaque les Pharisiens orgueilleux et hypocrites qui dominaient alors sur la Judée. Il les suit au milieu de la multitude, il les regarde face à face, et arrache de leurs fronts le masque imposteur dont ils se couvrent.

Dans l’enceinte même de Jérusalem, au centre de leur influence, il les accuse avec une foudroyante sévérité, qui n’eut jamais d’égale dans les paroles de l’éloquence humaine. ALORS IL SOUTENAIT LA CAUSE DE SON PÈRE.

Mais lorsque Judas, coupable de la plus indigne trahison, vient, à minuit, avec des gens armés, pour se saisir de lui, Jésus ne lui fait sentir le crime qu’il commet que par le reproche le plus doux et le plus tendre qui se puisse imaginer dans la langue des hommes.

IL N’AVAIT ALORS QUE SA CAUSE PERSONNELLE À DÉFENDRE.

En voyant le temple de Dieu profané par des marchands, il se fit un fouet pour les chasser, et il les jeta hors du lieu saint avec une rigueur presque militaire.

Mais dans la cour du grand-prêtre Caïphe, mais devant le prétoire de Pilate, lorsqu’il n’avait à venger que ses injures personnelles, il ne semblait pas même les entendre.


Il était également prêt à employer le fouet pour la cause de son Père,

et à le subir pour la sienne.


Un jour, lorsqu’il parlait au milieu des Prêtres et des Lévites, il leur raconta l’histoire du bon Samaritain. Aucun récit ne pouvait les frapper d’un trait plus aigu. Les Prêtres haïssaient les Samaritains parce qu’ils ne voulaient pas venir adorer à Jérusalem, et ils étaient fiers, eux, de leur piété, parce qu’ils offraient leurs adorations là où ils devaient les offrir.

Mais Jésus attaque de front leurs plus amers préjugés; il le fait sans détour, sans périphrase, avec toute la clarté possible.

Quelque temps après, il se voit lui-même en contact avec les Samaritains, qui ne veulent pas le recevoir parce qu’il allait à Jérusalem. Dans cette occasion, le préjugé qui divise les sectes rivales n’atteint que lui seul. Aussi n’y prend-il point garde, et il poursuit sa route. Ses Disciples s’irritent de ce mauvais accueil, mais il les appaise et se retire du pays des Samaritains.

Le sermon qu’il prononça sur la montagne est encore un exemple frappant du plus sublime courage moral.

Une immense multitude entoure Jésus-Christ. Là sont des représentants de la Judée, province du sud, et de la Galilée, province du nord; là sont des envoyés venus de la rive occidentale et de la rive orientale du Jourdain. D’une extrémité du pays à l’autre, cette multitude, attirée par le bruit des miracles du Sauveur, s’est assemblée pour entendre ce qu’avait à leur dire Celui qui s’annonçait comme l’envoyé de Dieu.

En outre, c'est la première fois, ou du moins l'une des premières fois que Jésus-Christ enseigne publiquement les grands principes de l’Évangile. En attaquant d'une manière si directe et avec tant d’énergie les fausses idées qui régnaient alors en matière de religion et de morale, le Sauveur n’ignore pas qu’il pose le fondement de cette implacable inimitié qui doit enfin le conduire à la mort.

Mais est-il arrêté par cette sombre perspective?

Cache-t-il ou consent-il seulement à adoucir le moindre trait de la vérité?

Ne compare-t-il point les erreurs dominantes à cette époque avec les maximes si pures et si saintes de sa religion?

Et les expressions qu’il emploie ne sont-elles pas choisies de telle sorte qu’elles puissent graver son discours dans la mémoire des hommes, et le répandre au loin dans toute la Palestine?

IL S’ACQUITTAIT EN CE MOMENT D'UN DEVOIR DE SA MISSION.

Mais lorsqu’il se trouva devant le gouverneur romain, lorsque sa réputation était seule attaquée par de lâches calomniateurs, lorsque sa vie était seule exposée, et que le devoir, s'il y en avait un, ne se rapportait qu'à lui-même, Jésus reste impassible devant toutes les insultes;

- il accepte avec résignation les plus indignes traitements,

- il courbe docilement la tête sous des outrages inouïs;

- il prend et il porte le bois sur lequel il doit être suspendu;

- pas une seule plainte ne sort de ses lèvres, et ses dernières paroles sont une prière pour ses bourreaux.

Quel courage et quelle douceur!

Quelle puissante énergie et quelle résignation à toute épreuve!

Sa voix retentit comme le tonnerre dans la nue, quand il faut soutenir les intérêts de Dieu;

elle s’abaisse et s’éteint, quand il ne faut plaider que pour ses propres intérêts.


***


Si nous comparons ce point de vue du caractère de Jésus-Christ avec cette partie de notre conduite qui devrait y correspondre, ne sommes-nous pas forcés d’avouer avec honte que nous agissons d’une manière précisément opposée à celle de Christ?


Nous sommes timides et lâches dans la cause de Dieu,

courageux et prompts dans notre cause.


Sommes-nous appelés à défendre les intérêts du Seigneur, nous n’avons plus de voix, plus d’énergie.

Sommes-nous appelés à défendre nos propres intérêts, la voix et l'énergie nous reviennent.

Lorsqu’on attaque l’Évangile en notre présence, et qu’on se raille des choses les plus saintes, nous nous sentons le cœur faillir, et trop souvent nous craignons de confesser le Sauveur; mais lorsqu’on nous attaque nous-mêmes, quelle indignation nous anime! et comme les paroles s’échappent avec impétuosité de nos lèvres!


On peut dire qu’il y a aussi en nous un mélange de courage et de douceur; mais ces deux qualités s'appliquent d'une manière précisément contraire à l’exemple que le Seigneur nous a donné.

Notre douceur se manifeste dans les choses qui concernent Dieu; notre courage, dans les choses qui nous concernent nous-mêmes.


Or, sachons-le bien: CES DEUX QUALITÉS CHANGENT ALORS DE NOM ET DEVIENNENT DES VICES:

- la douceur n’est plus que de la lâcheté,

- et le courage n’est plus que de l’orgueil.


Archives du christianisme 1834 12 13



- Table des matières -