ÉTUDES CHRÉTIENNES.

UNE OBLIGATION POUR TOUS:

ÉVANGÉLISER!

1834

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Le Seigneur est infiniment divers dans les moyens qu’il emploie pour convertir les âmes, et souvent il choisit les instruments les plus faibles en apparence pour briser les plus grands obstacles.

Un journal étranger contient à ce sujet le récit d’une conversion qui nous a paru bien remarquable.

Il y avait un homme simple, mais pieux, qui désirait ardemment de voir un célèbre jurisconsulte arriver à la connaissance de l’Évangile. L'humble chrétien, le pauvre en esprit était incapable de soutenir une discussion approfondie avec l’habile et savant légiste; mais chaque fois qu’il le rencontrait, il lui redisait avec l’accent d’une profonde affection: Oh! plut à Dieu que vous fussiez chrétien! combien je désire que vous deveniez chrétien! Il n’ajoutait pas un seul mot de plus; mais il priait beaucoup, il aimait beaucoup, et ces paroles d’amour qu’il ne cessait de répéter produisirent sur le cœur de l’homme de loi une impression plus forte que n’auraient pu faire les plus solides arguments de l’apologétique.

Ce jurisconsulte, travaillé malgré lui par le vœu si fraternel de son ami chrétien, essaya d’abord d’éviter sa rencontre; mais bientôt il se sentit saisi d’une si violente agonie d’esprit qu’il envoya chercher le pauvre homme, et le supplia de prier Dieu pour lui, afin qu’il pût devenir ce qu’il lui avait tant de fois souhaité, c’est-à-dire chrétien!

Ce fait, qui a eu lieu tout récemment, en rappelle beaucoup d’autres du même genre. On a vu, dans le nord de la France, de pauvres ouvriers qui ne connaissaient que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié, travailler avec puissance à l’œuvre de l’évangélisation.

Dans un pays qui avoisine nos frontières, on cite un ouvrier tailleur dont les exhortations sans art, mais non sans ferveur, ont été plus abondamment bénies que n’avaient pu l’être jusqu’alors les prédications des pasteurs les plus instruits et les plus fidèles.

QUE FAUT-IL CONCLURE?

C’est que tout chrétien, si pauvre et illettré qu’il soit, est sans excuse, lorsqu’il néglige de travailler, pour sa part, à l’avancement du règne de Christ.

Il alléguerait en vain son peu d’études, son manque d’influence, la bassesse de sa position, et d’autres motifs semblables; on devra toujours lui répondre:

Savez-vous si Dieu ne bénira point vos efforts, s’il ne donnera point à votre parole une plus grande puissance qu’aux discours des sages?

Non; vous ne le savez pas; mais ce que vous savez parfaitement, c’est que Dieu vous ordonne de confesser le nom de Christ devant les hommes, et de répandre autour de vous la bonne odeur de l’Évangile.

Voyez combien de disciples de Jésus, qui n’avaient pas plus de lumières que vous, ni plus de crédit, ni plus d’éloquence mondaine, ont pourtant réussi dans l’œuvre de l’évangélisation! Pourquoi donc ne réussiriez-vous pas comme eux, en apportant à cette œuvre le même esprit de prière, les mêmes sentiments d’amour, le même zèle et la même persévérance?

Un homme, qui a composé un des livres les plus bénis peut-être, après la Bible, un des hommes qui ont le plus fait pour la conversion des âmes, depuis les apôtres, cet homme était un artisan obscur et méprisé, John Bunyan!

Beaucoup de chrétiens, en France, ont le malheur de croire que l’obligation d’évangéliser ne regarde que les ecclésiastiques: c’est un vieux reste du levain des superstitions romaines. Au moyen-âge, en effet, le sacerdoce prétendait avoir seul mission d’instruire et d’exhorter; il avait creusé un vaste et profond abîme entre lui et les laïques.

Mais la réforme, ou plutôt la Bible que la réforme nous a rendue, a comblé cet abîme et brisé les barrières qu’avait élevées l’orgueil humain. Dans un sens, il n’y a plus de sacerdoce; dans un autre sens, les privilèges et les devoirs du sacerdoce appartiennent à toutes les âmes converties.

Jésus-Christ s’adressait à tous ses disciples, lorsqu’il disait: «Vous êtes le sel de la terre.»

Les chrétiens sont tous «sacrificateurs et rois,» pour «annoncer les vertus de Celui qui les a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière.»

L’obligation d’évangéliser est donc une obligation pour tous.