Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

BIOGRAPHIE RELIGIEUSE

LOUIS HANSTEIN.


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Jean-Auguste-Louis Hanstein naquit en 1771, à Magdebourg où son père était jurisconsulte. Il passa ses premières années sous l’heureuse influence des exemples de piété et de charité du toit paternel. Il fit ses études de théologie dans la ville de Halle, devint ensuite aumônier d’un régiment d’infanterie en Prusse, et lorsque les malheurs de la guerre eurent détruit ce régiment, il fut appelé à la tête d’une église.

Il y avait déjà près de vingt ans que Hanstein était entré dans la carrière pastorale. Il avait goûté, pendant ce laps de temps, les joies du monde et il en avait connu l’instabilité; le torrent des calamités publiques avait englouti sa fortune; la mort avait brisé les doux liens qui l'unissaient à quelques êtres chéris; il avait porté tout le fardeau des peines d'ici-bas; il avait éprouvé ce qu’il y a, dans cette vie, de plus douloureux et de plus humiliant, la trahison dans l’amitié; il pouvait dire en gémissant, avec David: «Même celui qui avait la paix avec moi et en qui je me fiais, a levé le talon contre moi» (Ps. 41)» lorsqu’il fut appelé à être pasteur de l’église de Saint-Nicolas, à Potsdam.

Et c’est à Potsdam qu’il trouva la vie, la vie en abondance et le repos de son âme en Jésus-Christ notre Sauveur, Hanstein avait offert toutes ses forces au monde, et avait demandé au monde toutes ses jouissances; à Potsdam il apprit enfin «qu'une seule chose est nécessaire» et que nous pouvons tout trouver en Christ, «Dieu l'ayant établi sur toutes choses» (Eph. 1. 22).


Oh! que l’œuvre de la conversion est une chose réjouissante et sacrée, quoique profondément mystérieuse!

Dans l'âme de Hanstein elle s’était opérée silencieusement, à travers de longues années et de rudes combats. Être ministre de l'Évangile, pasteur fidèle et dévoué, voilà à quoi devaient aboutir désormais tous ses efforts; voilà ce qui devint comme le centre, le foyer de sa vie spirituelle.

La Parole de Dieu devint le pain quotidien de son âme. Plus il pénétra avant dans la connaissance de cette Parole, plus aussi il y découvrit le conseil de l'Éternel à l’égard de la misère de l'homme, dans la Rédemption faite par le Seigneur Jésus, et plus aussi il connut et il crut que Jésus est «le Christ, le Fils du Dieu vivant» (Jean VI. 69).


Son bonheur fut de croître dans la grâce et dans la connaissance de Christ, et d'avouer, avec la plus aimable candeur, qu’il avait marché jusque-là dans les ténèbres, mais que son jour était maintenant venu. Il se retira de plus en plus du monde, tout en s'efforçant d'étendre davantage dans le monde la salutaire influence de l'Évangile.

Les seuls plaisirs qu’il ambitionnait encore, et certes c’étaient les plus purs, furent ceux du foyer domestique, de l’intimité de famille. Sa femme l’avait suivi dans le chemin de la conversion; et Hanstein instruisait ses enfants, dès «l'entrée de leur vie,» sachant que «si quelqu'un ne prend pas soin des siens, il a renié la foi.» (1 Tim. V, 8.)


Quoiqu'il fût d’une constitution très fragile et que les fonctions de son ministère fussent vraiment innombrables, Hanstein y suffit cependant; il vivait de prière, et son âme était incessamment recueillie en présence du Seigneur.

Pasteur d’un troupeau qui exigeait de plus en plus les soins de son guide spirituel, parce que l’esprit de repentance et de loi s’y propageait de plus en plus, Hanstein donnait huit ou dix leçons de religion, par semaine, à ses nombreux catéchumènes, et prêchait au moins deux fois chaque dimanche.

Outre cela, il était le membre le plus actif d’une foule de sociétés philanthropiques ou morales auxquelles il imprima une marche évangélique; il était le dépositaire des charités de beaucoup de membres de son église, consacrant une partie de ses matinées au soin des pauvres qui venaient de toutes parts lui demander assistance dans leurs besoins et consolation dans leur misère.

Mais ce qui devint surtout l’objet de son attention, de ses travaux et de ses prières, ce fut le culte domestique; il en donna l’exemple le plus touchant dans sa propre maison.

Ici de tristes souvenirs nous viennent dans la pensée!

Combien de presbytères avons-nous visités où ce culte n’est pas en honneur; combien en connaissons-nous où il n’est pas pratiqué!

Pasteurs qui vivez sans Dieu dans vos maisons; vous, dont la lumière doit luire devant les hommes, afin que ceux qui vous sont confiés «glorifient votre Père qui est dans le ciel,» de grâce!

Songez donc que vous devez servir d'exemple par vos paroles, par votre conduite, par votre charité, par l’esprit et la foi qui vous animent;

Songez que vous avez votre âme immortelle à sauver,

que charge d’âmes vous est commise,

que vous n’avez pour vous que le moment présent, car l'avenir n’appartient qu’à Dieu;


Songez-y, et Dieu veuille que, saisis d’une componction sincère, vous puissiez, prosternés devant sa face, prendre l’engagement de choisir le Seigneur pour «la force de votre vie,» et d’annoncer avec Josué que «pour vous et votre maison, vous servirez l'Éternel!»


Le prosélytisme est un des caractères fondamentaux du Christianisme. Hanstein avait profondément senti cette grande vérité. Il avait cru, c’est pourquoi il parla; il ne se borna point à établir le culte domestique dans sa maison, mais il usa aussi de toute son influence pour engager les membres de son église à suivre son exemple, les encourageant ainsi à aller au-devant des expériences spirituelles que le Seigneur lui avait fait faire à lui-même.

Un soir de chaque mois, Hanstein réunissait chez lui les jeunes gens des deux sexes qui avaient été ses catéchumènes; il leur lisait la Parole de Dieu, priant avec eux et pour eux, et les exhortant à sonder continuellement les Écritures et à prier sans cesse.

CES RÉUNIONS ÉTAIENT TRÈS SUIVIES; notre ami savait mettre tant d’onction dans tous ses discours, tant de douceur et de simplicité dans chacune de ses paroles!

Outre ces réunions, il en tenait d’autres encore, qui étaient habituellement consacrées à une étude plus approfondie et plus savante des Saintes Écritures. Répandre la Bible, en propager l’esprit, en faire goûter l’excellence à tous, et les persuader à tous que l'Évangile est une puissance de Dieu pour le salut de ceux qui croient; prêcher la foi et exhorter à la repentance, en donnant autorité à ses paroles par l’exemple d’une vie austère, humble et toute consacrée au service du Seigneur, voilà à quoi aboutirent les pensées et les efforts de Hanstein depuis sa conversion.

Et Celui qui avait commencé en lui cette bonne œuvre daigna aussi l’achever!

Hanstein, de son propre aveu, marcha de joie en joie et de lumière en lumière.

LA BIBLE ET LA PRIÈRE FURENT LES DEUX ASTRES QUI ÉCLAIRÈRENT LE CHEMIN DE SA VIE, à compter du temps où cette vie s'était renouvelée en Jésus le Sauveur.

Et ne sont-ce pas là les deux astres que le Seigneur fait luire sur chacun de ses élus?


Par la Bible, Dieu nous parle,

et par la prière nous parlons à Dieu.


Douce et sainte communion! puisses-tu bientôt être comprise, recherchée et trouvée par tous les hommes!

Hanstein aurait volontiers écrit l’histoire de sa conversion; il aurait voulu apprendre à ses frères dans la foi par quelles expériences le Seigneur l’avait amené à se convertir à Dieu; il aurait aussi voulu donner un recueil de sermons; mais ces vœux ne furent point remplis.

Chaque jour apportait à Hanstein un surcroît de travail, et son dernier jour devait venir de si bonne heure! Ce dernier jour le surpris travaillant avec amour et simplicité à l’œuvre du Seigneur, et sa mort fut une preuve nouvelle de la gratuité dont son Maître avait usé envers le fidèle ministre.

Notre ami mourut sans douleur et, selon qu’il l’avait souvent demandé à Dieu, au milieu de ses travaux évangéliques, avec une pleine et entière connaissance.

Après avoir prié avec sa femme et ses enfants, et après les avoir bénis, il avait travaillé jusqu'après minuit sans éprouver le moindre malaise, et il s’apprêtait à se recueillir de nouveau devant le Seigneur pour chercher ensuite lui-même le repos, lorsqu’il se sentit saisi subitement d’un douloureux vertige; à peine s’il lui resta assez de force pour aller éveiller sa fille aînée; celle-ci lui prodigua pendant une demi-heure tous les soins possibles, mais un vain; la vie de Hanstein s’éteignit doucement.

Son agonie fut une prière; il expira le 7 juillet 1830, à une heure du matin.

Nous voudrions que tous nos lecteurs pussent lire les deux volumes de sermons que quelques amis de Hanstein ont publiés après sa mort; ils en seraient, certes, réjouis et édifiés.

Ces discours sont l’expression claire et complète des pensées de Hanstein; toute l’âme de ce bon et fidèle pasteur, âme si forte de foi et si riche de charité, s’épanchait dans les prédications qu’il faisait devant sa chère église.

La foi fut pour Hanstein le bien suprême et la seule chose nécessaire; il était attaché à la sienne avec d’autant plus de force et de courage qu’il ne pouvait oublier ce qu’il lui en avait coûté pour l’obtenir.

Notre ami avait été à l’entrée de sa carrière, plein de présomption et d’espérances mondaines; il avait sondé les profondeurs du savoir, et il avait acquis tout ce qu’une application opiniâtre peut donner; mais ce que le monde ne pourra jamais donner, et ce que notre propre cœur nous refusera toujours, c’est la paix, et Hanstein la trouva là où elle sera éternellement, dans la grâce de Dieu en Jésus-Christ, notre Sauveur.

Il vécut dans cette paix et selon cette grâce jusqu’à son dernier moment; aussi l’inimitié du monde ne lui manqua point, et l’opprobre de la croix rejaillit plus d’une fois sur le fidèle confesseur du Crucifié; mais Hanstein n’oublia pas que son Maître avait été haï avant lui et, quoique angoissé quelquefois, il eut toujours bon courage, sachant que le Seigneur Jésus a vaincu le monde.

C’est en Jésus que Hanstein avait mis son espérance pour la vie présente comme pour la vie à venir, et CETTE ESPÉRANCE-LÀ NE CONFOND POINT.

Archives du christianisme 1834 11 22




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