Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

BIOGRAPHIE RELIGIEUSE

LEANG-AFA,

Chinois converti, maintenant évangéliste en Chine.


***

Leang-Afa est né en 1787 de parents pauvres, dans la province de Kwan-tung, à vingt lieues de Canton. Il passa les dix premières années de sa vie, comme font la plupart des autres enfants de ce pays, dans une complète ignorance.

À l’âge de onze ans il entra dans une école où il apprit par cœur les livres consacrés qui renferment les éléments de la morale, de l'économie politique et des arts de la Chine; il sortit de ses classes au bout de trois ans, la mémoire meublée d’une multitude de connaissances qu’il ne comprenait guère, et contraint d’apprendre un état pour gagner ses moyens de subsistance.

Il se rendit à Canton où il s’instruisit d’abord dans le métier de faiseur de pinceaux; ensuite il se mit à tailler et à graver des caractères d'imprimerie pour la publication des livres chinois.

C’est ce genre de profession qui le conduisit, sous la grâce de Dieu, à former des relations avec celui qui devait lui annoncer la bonne nouvelle du salut.

Le docteur Milne résolut d’établir, de concert avec le docteur Morrison, une station missionnaire à Malacca, et comme il était essentiel, pour y réussir, de publier la Bible et des traités religieux, dans les langues du pays, il alla chercher à Canton un habile ouvrier d’imprimerie. Leang-Afa lui fut recommandé, et M. Milne l’engagea définitivement à son service. C’était en 1814.

Vers cette époque, Leang-Afa commença, pour la première fois, à sentir sa responsabilité morale. Me voici, disait-il en lui-même pendant qu’on attendait le moment de s’embarquer, me voici âgé de vingt-sept ans.

Qu’ai-je fait depuis ma sortie de l'école?

Rien de plus que d’errer de lieu en lieu, de me lier avec de mauvais compagnons, et de dépenser dans l’intempérance et dans le jeu tout l’argent que j’ai pu gagner. Je n'ai rien fait de bon, et comment puis-je mériter le nom d’homme?

Je vais aller à Malacca et quitter mes mauvais amis.

Pourquoi ne renoncerais-je pas en même temps à mes vices, et ne m’efforcerais-je pas de devenir homme de bien?

Le moment arriva de s'embarquer pour le lieu de sa destination. Durant les douze premiers mois, il vécut à Malacca dans la maison de M. Milne. Celui-ci le faisait assister, matin et soir, au culte domestique, et l'engageait fortement à lire les Saintes Écritures.

Je ne comprenais pas, raconte aujourd’hui Leang-Afa, pourquoi le missionnaire insistait si souvent sur ce point; je ne lisais la Bible que pour lui complaire; le sens des paroles de ce Livre m'était caché; les explications du docteur me paraissaient également inintelligibles, et en voyant qu’il n’employait dans ses exercices religieux ni papier doré, ni encens, ni flambeaux, ni figures de bois ou de pierre, je ne pouvais m’imaginer quelle espèce de religion il avait, ni quelle sorte de divinité il adorait.

Cependant Leang-Afa était intérieurement travaillé par des remords de conscience; il sentait que ses vices l’avaient suivi dans sa nouvelle demeure, et qu’il était tout aussi mauvais, aussi menteur, aussi déréglé qu’auparavant.

Il résolut donc, comme il le dit, de se repentir, de jeter au loin ses habitudes de péché et d’être homme de bien. C’est pourquoi, lorsqu'il fut installé dans sa propre maison, il brûla de l’encens à quatre heures du matin, le 1er et le 15 de chaque mois, et il s’agenouilla devant la porte de sa chambre en adressant de longues prières à Bouddha et aux autres dieux de la Chine. Mais toutes ces pratiques ne chassaient pas les mauvaises pensées de son cœur, ni les mauvaises paroles de ses lèvres, ni les mauvaises actions de sa conduite. Il continuait à être fourbe, intempérant, colère, et il avait pris une si grande inimitié contre la doctrine du salut qu’il se moquait, avec ses compagnons, du docteur Milne et de ses enseignements.

Sur ces entrefaites vint s’établir près de la maison où il demeurait un prêtre de Bouddha, qui arrivait des provinces occidentales de la Chine, et qui appela aussitôt les indigènes à bâtir un nouveau temple. Leang-Afa, toujours poursuivi d’un sentiment de malaise intérieur, s’en alla interroger le prêtre sur les croyances et les devoirs des véritables Bouddhistes.

Quel est le profit, lui demanda-t-il, qui reviendrait à un homme pour avoir embrassé votre religion?

Les doctrines et les pratiques des Bouddhistes sont extrêmement importantes, lui répondit le prêtre.

Si quelqu’un abandonne le monde, se joint à notre secte et adore Bouddha, il est certain de recevoir, non seulement le pardon de ses propres péchés, mais encore le pardon des péchés de toute sa famille.

Et quel est le moyen d’obtenir ces grandes bénédictions?

Nous répétons, chaque jour, le contenu des livres sacrés, culte très agréable à notre aïeul Bouddha. C’est ce que chacun doit faire. Si quelqu’un y ajoute une contribution pour le temple et pour celui qui l’occupe, le prêtre priera pour lui, de sorte qu’après sa mort il reviendra dans le monde, et qu’i naîtra d’une riche et puissante famille.

Sera-ce une œuvre méritoire pour moi de brûler de l’encens, et de réciter des prières à Bouddha?

Sans contredit, et même très méritoire. Prenez ce livre, ajouta le prêtre; la lecture d’une seule page réduira le nombre de vos péchés; mais si vous en répétez la valeur de mille millions de pages, tous vos péchés seront alors effacés; aucune souffrance ne vous atteindra plus, et après une seconde naissance dans ce monde, vous irez jouir pendant des siècles d’un bonheur suprême dans les régions occidentales du ciel.


Toutes ces promesses réjouirent beaucoup Leang-Afa. Il prit le livre et remplit exactement la prescription d’en réciter chaque jour un grand nombre de pages. Il y persista durant quelques semaines; mais se trouvant seul un soir, il se dit: J’ai passé l’âge de vingt-huit ans, et toutes mes pensées, toutes mes paroles, toutes mes actions ont été mauvaises; me voilà aujourd’hui prononçant des prières à Bouddha, et n’essayant pas même de faire une bonne action. Comment donc pourrais-je obtenir le pardon de mes péchés?

- Il commença dès lors à s’effrayer des conséquences de sa vie précédente;

- il conçut des doutes sur l’utilité de ses pratiques actuelles;

- il abandonna la récitation des livres sacrés et n’alla plus s’asseoir dans le temple du prêtre de Bouddha.

Le docteur Milne avait continué à instruire Leang-Afa dans la connaissance de l’Évangile, malgré l’endurcissement qu’il témoignait à l’ouïe de ses exhortations. Le jour se leva enfin où la persévérance du pieux missionnaire devait être bénie d’en haut.

Leang-Afa écouta volontiers la prédication de la Parole de Dieu. Il lut la Bible avec un profond intérêt dans ses heures de loisir, et il remarqua spécialement les passages qui condamnaient ses propres défauts, le mensonge, la dissimulation, la fausseté, l’idolâtrie.

Il parvint ainsi à comprendre de plus en plus le sens des Écritures, et à sentir toute la force des commandements du Seigneur. Les souffrances et la mort produisirent sur son esprit la plus vive impression.

Il découvrit de quelle manière les péchés de l’homme peuvent être pardonnés.

Il goûta de la joie à célébrer le jour du Seigneur et à se joindre aux fidèles pour adorer le vrai Dieu.

Quand il rencontrait des passages difficiles, il en demandait l’explication au docteur Milne qui s’empressait de lui enseigner les grandes choses que le Dieu vivant, Père, Fils et Saint-Esprit, a faites pour notre salut.

Leang-Afa reçut la semence de la Parole dans un cœur bien préparé; il apprit à sentir de plus en plus ses misères; il plaça toute son espérance dans le sacrifice expiatoire du Sauveur, et après avoir mûrement calculé avec lui-même, il demanda le baptême comme le signe de sa conversion et de son entrée dans l’Église.

Les missionnaires le soumirent à un examen sérieux et prolongé, et l’ayant trouvé ferme dans son désir de renoncer au monde pour se consacrer à Jésus-Christ, ils le baptisèrent le 5 novembre 1816. Au moment du baptême, les questions suivantes lui furent adressées:

1. Avez-vous sincèrement abandonné le culte des idoles pour adorer et servir le seul et vrai Dieu, le Créateur du ciel, de la terre et de tout ce qu’ils renferment?

C’est le désir de mon cœur.

2. Savez-vous et sentez-vous que vous êtes une créature pécheresse, entièrement incapable de se sauver par elle-même?

Je le sais.

3. Croyez-vous réellement, et du fond de votre cœur, que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, le Sauveur du monde? et placez-vous en lui seul votre attente du salut?

C’est le désir de mon cœur.

4. Cherchez-vous un avantage terrestre, un gain, un profit quel qu'il soit, en demandant à être chrétien?

Non, je demande le baptême, parce que je le regarde comme un devoir.

5. Êtes-vous résolu de vivre dès à présent et jusqu’à l’heure de votre mort dans l’obéissance à tous les commandements de Dieu, dans la justice et la droiture devant les hommes?

C’est ma résolution, mais je crains que ma force n’y suffise.


Leang-Afa demeura encore quatre ans à Malacca, puis il alla revoir, en Chine, ses parents et ses amis. Il fut vivement touché de leur état d’ignorance, et pour les amener à la connaissance du Sauveur, il prépara un petit traité dans lequel il citait les passages les plus clairs et les plus frappants de la Bible sur l'idolâtrie, sur la nécessité de la repentance et de la foi en Christ, etc.

Il soumit ce travail à l'approbation du docteur Morrison; puis il grava des caractères d'imprimerie, et tira deux cents exemplaires de ce traité pour le répandre parmi ses relations. Mais tout à coup des gens de police vinrent le saisir, lui, ses brochures et ses caractères. Leang-Afa fut mené en prison; les caractères et les livres furent détruits. Il se mit à réfléchir sur sa nouvelle situation, et il reconnut qu’il devait poursuivre sa course malgré tous les obstacles, et que ses souffrances actuelles n’étaient rien auprès des transgressions de sa vie passée ni auprès de ses espérances de la vie à venir.


M. Morrison, ayant appris son emprisonnement, intercéda pour lui avec quelques négociants domiciliés à Canton; mais Leang-Afa ne sortit de prison qu'après avoir reçu trente coups de bambou; le sang lui ruisselait par tout le corps. Celte persécution ne le rebuta point; au contraire, elle le rendit encore plus humble et plus dévoué pour la cause de Christ.


La femme de Leang-Afa partagea ses convictions et fut baptisée par lui.

Depuis lors, dit-il, nous n’avons été qu’un cœur et qu’une âme dans le service du Dieu vivant, du Créateur des cieux et de la terre, et nous avons uni nos efforts pour arracher ceux qui nous entourent à l’adoration des idoles.

Les deux enfants de Leang-Afa reçurent également le baptême. Quand son fils eut atteint l’âge de deux ans, il le conduisit dans la demeure de M. Morrison, et le consacra au Seigneur avec l’espérance, ajouta-t-il, qu'il s’instruirait dans la connaissance des Écritures, qu’il prêcherait un jour à ses concitoyens Jésus-Christ crucifié.

Cet enfant a maintenant douze ans; il lit la Bible en chinois et en anglais; il a même commencé l’étude de l'hébreu. Son père prend le plus grand soin de son éducation, et il prie assidûment le Seigneur de le préparer à être un messager de bonnes nouvelles dans cette contrée qui est encore assise à l’ombre de la mort.

Leang-Afa continue à marcher fidèlement dans la route où il est entré. Il s’occupe sans cesse à prêcher l’Évangile et à répandre des livres chrétiens.

Pendant longtemps sa femme avait été seule à recevoir la grâce qui est en Christ; mais dernièrement dix personnes ont été converties par l’Esprit de Dieu, et plusieurs autres cherchent sérieusement la voie du salut. Dans l’espace de cinq mois, Leang-Afa a distribué dans la ville de Canton et dans les campagnes environnantes plus de 15.000 exemplaires de traités religieux; et maintenant c’est le désir de son cœur que la semence prenne racine, qu’elle croisse, et porte beaucoup de fruits pour la vie éternelle.

Archives du christianisme 1834 12 13



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