Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

BULLETIN RELIGIEUX, MORAL ET LITTÉRAIRE.

Le Dernier Mot.


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Un homme riche et fort considéré dans le monde, se trouvant un jour en société avec feu le pasteur Schœaer de Nuremberg, lui annonça qu’il venait de temps à autre à ses prédications.

«Et permettez-moi de vous dire ce que j’y trouve de blâmable, continua l'homme riche, vos sermons ne traitent depuis longtemps que le même sujet, la misère naturelle de l’homme et la rédemption en Christ. Les Évangiles et les Épîtres contiennent tant et de si belles matières à développer en chaire, que je m’étonne quelquefois de vous voir arriver dans chacun de vos discours, au moins dans la péroraison, à votre thème favori, dont vous rattachez ensuite le développement aux propositions souvent les plus éloignées.»

L’humble et fidèle ministre répondit:

«Je me souviens d'avoir lu qu’un pasteur qui prêchait beaucoup, parlait, dans chacun de ses sermons, du chemin de la vie, et du salut offert en Christ aux pécheurs. Car, disait ce pasteur, chacun de mes sermons pourrait être le dernier, pour moi ou pour tel ou tel membre de mon troupeau, JE NE VEUX DONC PAS PERDRE LA DERNIÈRE OCCASION D’EXCITER UN PÉCHEUR À LA REPENTANCE et de lui rappeler son Sauveur, afin de ne pas être accusé un jour devant le tribunal de Dieu par une des âmes qui m’avaient été confiées, et qui pourrait me faire entendre cet affreux reproche: J’ai assisté à ton dernier sermon; j’y ai assisté le cœur rempli de cette question: Que faut-il que je fasse pour être sauvé? et tu n'as pas répondu à ma question!

Ces paroles, ajouta Schœner, je les ai recueillies, et j’y suis fidèle; je ne rattache pas, comme vous le pensez, la pierre angulaire de la croyance chrétienne à chacune de mes prédications, mais c’est sur elle que toutes mes prédications sont basées.

On dit quelquefois d’un homme qui ne veut jamais avoir tort qu’il veut avoir le dernier mot; or, je m’efforce autant qu’il est en moi à ce que celui qui seul n’a jamais tort ait le dernier mot, et puisse le faire entendre au pécheur mourant. Ce n’est qu'auprès du pécheur mourant que l’on peut voir ce que ce dernier mot, le mot du péché et le mot de la grâce, renferme de vrai et de consolant.»

L’homme riche se tut, et revint dès lors plus volontiers aux prédications du vieux pasteur.

(S. , Altes und Neues.)


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L’HOMME DOUBLE DE COEUR EST INCONSTANT DANS TOUTES SES VOIES.

Quel chrétien n’a senti souvent la profonde vérité de cette parole?

Cette position oscillatoire entre Christ et le monde, est la plus malheureuse de toutes, parce que cet état, ou plutôt cette négation d’état n’a rien, absolument rien pour remplir le cœur de l’homme.

L’homme dévoué au monde a les joies du monde!

L’homme dévoué à Dieu a les joies de Dieu!

Mais l’homme partagé se tient entre ces deux sortes de joies, sans oser toucher ni aux unes ni aux autres, de peur de perdre ou celles-ci, ou celles-là; et sa vie n’est qu’une suite d’inquiétudes et de vacillations, de hauts et de bas, de marches et de contremarches qui le fatiguent, l’énervent, le consument, le tout sans aucune espèce de compensation.

Par une fatalité attachée à ce moyen terme, il prend pour lui tous les désavantages de l’un et de l'autre parti, et rejette leurs compensations: tous les soucis mondains, sans les délices du péché, et toutes les souffrances chrétiennes, sans les consolations ineffables du royaume des cieux.

C’est un homme qui se tient dans l’intervalle qui sépare les deux armées ennemies, et qui reçoit les traits des deux côtés.

Désormais donc, soyons plus sages et choisissons!


TOUT AU MONDE OU TOUT À DIEU!

SAINT, OU INCRÉDULE!


Abandon sans scrupule et sans arrière-pensée à la pente naturelle de notre coeur,

ou dévouement à Christ, sans réserve et sans partage.

C’est un simple calcul d’arithmétique à faire, deux additions dont il faut comparer les sommes pour choisir la plus grosse; MAIS IL FAUT CHOISIR! car il est clair que l’une quelconque des deux vaut mieux que rien du tout.

Choisissons, choisissons, il est temps, et qu’à défaut de la foi et de l’amour, la force des choses, la logique, le bon sens NOUS ENTRAÎNENT VERS DIEU!


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LES BÉQUILLES.


Me trouvant dernièrement en Omnibus avec un homme d’un certain âge dont la béquille posée à côté de lui annonçait l’infirmité, je fus frappé de l’effet que produisait chez les autres et chez lui la connaissance de cette misère.

Il se montra reconnaissant de l'empressement avec lequel on s’offrit à faire passer son argent pour lui éviter un mouvement qui aurait pu lui être pénible, et lorsqu'il se leva du fond de la voiture pour descendre, il s’excusa à plusieurs reprises de ce qu’il était obligé d’aller si lentement.


D’où viennent, me demandai-je alors, cette prévenance et cette humilité, si ce n’est de ce que cet infirme reconnaît sa misère, et cherche par sa politesse à la rendre moins incommode pour les autres, qui, de leur côté, désirent le dédommager par leurs égards de ce qu’il a lui-même a en souffrir?

Supposons qu'au lieu de cette infirmité corporelle, sur laquelle on ne peut se faire illusion, ce même homme eût un défaut moral tout aussi pénible pour ceux avec lesquels il vit, mais dont il ne voulut pas convenir; au lieu de le rendre humble et poli, il le rendrait probablement irritable et difficile à vivre, et il exciterait chez les autres l’humeur et la colère, au lieu de la compassion.

Si nous voulons être vraiment humbles et doux, et rendre nos défauts supportables aux autres, APPLIQUONS-NOUS DONC À CONNAÎTRE NOS MISÈRES, ou plutôt NOTRE MISÈRE SPIRITUELLE; ne craignons pas de laisser voir aux autres nos béquilles, c’est-à-dire de leur avouer que nous sentons notre corruption et notre faiblesse,

et le besoin que nous avons d’un appui que nous cherchons dans un Dieu Sauveur,

et au lieu de souffrir de ces froissements d’amour-propre qui rendent la vie si difficile, nous serons alors entourés d’une atmosphère de paix et d’amour.

Archives du christianisme 1834 10 25



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