Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !


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Regard

Septembre 2016

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L’AFFECTION DE L'ESPRIT.

Instruction familière

Donnée le 16 décembre 1832, aux catéchumènes et au troupeau, dans la chapelle du Témoignage près de Genève

Par C: MALAN, D. D.,

MINISTRE DU SAINT EVANGILE

L'Instruction suivante, écrite par un ami, pendant que je la donnais aux Catéchumènes et au Troupeau de l'Église que je pais, est publiée telle qu'elle fut reçue, à l'exception de quelques mots ajoutés ou changés. Le lecteur voudra donc n'y voir que l'entretien familier d'un père avec ses enfants, et d'un pasteur avec ses brebis.

C.M.


INSTRUCTION FAMILIÈRE,

Sur ces paroles:


Ceux qui sont selon la chair, sont affectionnés aux choses de la chair; mais ceux qui sont selon l'Esprit, sont affectionnés aux choses de l'Esprit. (Rom. VIII, 5.)

Nous avons déjà vu souvent, que, quoiqu'on ait reçu le baptême d'eau dans l'Église visible, et qu'on ait part à tous les privilèges qui sont renfermés dans ce sacrement, on n'est pas Chrétien, cependant, si l'on n'a pas été baptisé du Saint-Esprit; si le cœur n'a pas été renouvelé par la création céleste qui est en Jésus.

Déjà, plusieurs fois, j'ai dû vous faire observer que les habitudes religieuses qu'on peut prendre chez soi, ou dans une église; que la lecture ou l'ouïe de la Parole de Dieu; qu'un langage chrétien; qu'un changement dans les mœurs; qu'une réforme, même sévère, dans toute la conduite; si ces choses ne sont qu'une dévotion produite par une volonté naturelle, que des pratiques par lesquelles on prétende se former soi-même pour le ciel, ne mettent aucune différence, aux yeux de Dieu, entre l'âme qui s'adonne à cette sagesse-là, qu'elle nomme chrétienne, et l'âme d'un Païen qui cherche aussi la sagesse puisque ces deux âmes n'agissent ainsi que par leur volonté propre, que parce qu'elles y trouvent leur agrément, ou leur propre estime.

Quelle différence, en effet, y aurait-il devant Dieu, entre l'âme de ce philosophe païen, qui, selon le choix qu'il a fait d'une vie intellectuelle et régulière, se détourne de la voie de la multitude, et mène aux yeux des hommes une conduite remarquable, et l'âme d'un Chrétien extérieur et d'habitude d'un homme, qui, étant né dans l'Église visible, y ayant été baptisé d'eau, ayant été enseigné dans une famille pieuse, ou dans un troupeau bien dirigé, et s'étant accoutumé, dès l'enfance, aux cérémonies du culte évangélique, a voulu choisir aussi, dans son propre sentiment, la sagesse du Livre des Chrétiens et la forme extérieure de leur vie?

Ces deux hommes, si l'on y fait attention, sont absolument les mêmes devant Dieu.

L'un prend son plaisir dans une certaine dévotion qu'il rend à son intelligence; l'autre prend son plaisir, aussi, dans une autre dévotion, qu'il rend de même à son intelligence.

Le philosophe païen aime la philosophie païenne: Le philosophe chrétien aime la philosophie chrétienne.

Tous deux s'adonnent à ce qui leur plaît; à la science dans laquelle ils voient un gain pour leur entendement; et l'un et l'autre professent le formalisme naturel, je veux dire une sagesse ou un culte qui suit la forme de leur esprit.

Ces deux hommes se cherchent donc eux-mêmes, et non pas Dieu, ils sont donc conduits par une volonté terrestre, et non par la volonté céleste, ils sont donc, l'un et l'autre, morts spirituellement, quoique, l'un et l'autre, ils agissent avec beaucoup d'activité pour ce monde.

D'où je conclus, comme je l'ai fait déjà bien souvent, Que vous devez examiner avec la plus sérieuse attention, vous, enfants de familles chrétiennes, et vous, Membres d'un troupeau évangélique, si vous êtes des Enfants de Dieu, ou seulement des Enfants de Chrétiens; et si vous êtestés les Disciples du Saint-Esprit, ou seulement les élèves d'un Ministre.

Car il s'agit, en cela, de la chose: de toutes la plus importante pour vous, puis que c'est de l'enfer éternel, ou de l'éternelle gloire.

Il s'agit, ou d'aller dans le ciel, par le chemin de la vie, qui est le renouvellement opéré par le Saint-Esprit dans une Âme; ou bien d'aller dans l'enfer, «avec le diable et ses anges», par un chemin où l'on se persuade d'être Chrétien, et où, cependant, l'on n'est après tout, que «l'homme animal,» que l'homme charnel, «qui ne verra pas le Seigneur.» (Les mots renfermés entra deux guillemets, ici et ailleurs, sont cités de la Parole de Dieu, ou expressément, ou seulement selon le sens; et la place des principaux passages était indiquée aux Catéchumènes, qui les cherchaient dans leurs Bibles.)

À quoi j'ajouterai, que cet examen est d'autant plus important, que nous avons reçu de graves leçons sur la fausse apparence de christianisme chez plusieurs disciples de nom.

Les Apôtres, aussi, avaient reçu de semblables leçons, et ils durent dire de certaines gens, «Ils sont sortis du milieu de nous, parce qu'ils n'étaient pas des nôtres;» et dans tous les siècles, l'Église a reçu de même ces avertissements, et vu paraître au milieu d'elle des hypocrites, qui «avaient bien l'apparence d'être au Seigneur, mais qui, finalement, le renient par leurs œuvres.» Il n'est donc pas surprenant que, nous aussi, nous ayons eu le chagrin de voir des âmes, sur lesquelles il avait d'abord semblé que «le sceau de Dieu» était empreint, manifester par une conduite mondaine, par «les affections de la chair», que jamais elles n'avaient connu Celui qui «est d'en haut.»

Mais si ce mal n'est pas surprenant, il n'en doit pas moins vous faire sentir, à vous tous qui «avez des oreilles pour entendre ce que l'Esprit dit aux églises,» combien il vous est indispensable de rechercher, quelle est la marque essentielle à laquelle une âme doit reconnaître qu'elle est «baptisée du Saint-Esprit;» qu'elle est «née de nouveau;» qu'elle a été «créée en Christ;» et qu'ainsi elle est vivante devant Dieu j en sorte, qu'en quittant cette première existence, elle n'aura pas la confusion de «tomber dans les ténèbres du dehors», mais qu'au contraire, elle aura l'inexprimable joie de recevoir «une couronne immarcessible de gloire,» dans la demeure du Père, à la droite du Fils, et par l'efficace de l'Esprit de grâce.

Or, c'est la Parole que je viens de vous lire qui vous dit à quoi l'on peut reconnaître si l'on est «né de l'Esprit,» ou si l'on n'est converti qu'à l'extérieur; si l'on est un des «membres du corps vivant dont Christ est la tête,» ou bien si l'on est, il est vrai, membre de l'Église visible et matérielle, mais un membre encore mort, quant à l'Église invisible des cieux.

Et voici cette Parole, voici ce caractère unique et irrécusable auquel on peut reconnaître qu'on a l'Esprit de Dieu; qu'on est renouvelé pour le ciel; qu'on est Chrétien de fait; c'est-à-dire, qu'on est une Âme unie à Jésus, par l'indissoluble lien «du mariage éternel de l'Époux céleste avec son Épouse, du Fils bien-aimé du Père, avec son élu:» Ce caractère est, que Ceux qui sont selon, la chair, ceux qui ne sont Chrétiens que de forme et qu'au dehors sont encore affectionnés aux de choses de la chair; mais que ceux qui sont selon l'Esprit, les Chrétiens véritables, les hommes qui verront Dieu sont affectionnés aux choses de l'Esprit.

Telle est la marque à laquelle tout homme sérieux, «en s'examinant et s'éprouvant soi-même,» connaîtra sans erreur, s'il est «né de nouveau,» ou s’il ne l'est pas; s'il est actuellement «un avec Dieu en Christ,» ou s'il n'est qu'enseigné dans son intelligence naturelle, dans sa raison; si son cœur est «ce cœur de chair, que le Saint-Esprit a vivifié» ou bien si son cœur encore «de pierre» pour les choses de Dieu, n'a reçu, quant aux vérités de l'Évangile, que des impressions du dehors.

Ce principe est donc posé pour nous, selon la Sainte Bible, «Que l'homme qui est né d'en haut, qui est né de Dieu, par l'opération de l'Esprit créateur qui est en Christ, est affectionné aux choses de l'Esprit; mais que l'homme qui n'est pas tel, quelque Chrétien qu'il puisse être en apparence, soit par l'éducation qu'il a reçue, soit par les habitudes qu'il s'est données, est étranger à la vie de Dieu, et qu'il le montre par l'affection qu'il a pour les choses de la chair.»

Ce caractère, déterminé qu'il est par Celui qui voit et sonde les coeurs, n'est connu, vous le sentez, que de la conscience qui le porte.

Il est évident que c'est elle seule qui doit rechercher et reconnaître, et entre elle-même et Dieu, ce qu'il en est pour elle. Il ne s'agit ici ni de demander à ses parents ou à un Ministre de Dieu si l'on est converti; ni de dire avec.assurance, Je le suis: car j'ai fait la confession de ma foi devant l'Église; je suis admis à la Sainte Cène; je suis membre d'un troupeau fidèle, et même depuis douze ou vingt années I

Il ne s'agit pas non plus, de dire:

Ma maison est ouverte aux enfants de Dieu; j'y reçois les amis de l'Évangile, et nous y avons des Réunions de piété.

Il ne s'agit pas davantage de dire, J'emploie mon temps, mes forces et mes biens, aux choses du royaume de Dieu; aux sociétés de la Bible, des missions, des traités religieux.

Il ne s'agirait pas même de dire, Je donne mon corps et ma vie pour cette piété et pour cette profession: je suis martyr pour cette croyance-là; je meurs pour soutenir la profession que j'en ai faite;

non, il ne s'agit pas de cela, mais de tout autre chose; savoir, dit le Seigneur Jésus dans son entretien là-dessus avec le sénateur et docteur Nicodème, «d'être né de nouveau par le Saint-Esprit;» c'est-à-dire, comme sa Parole l'explique ailleurs, d'être «une création nouvelle,» une autre plante que la plante naturelle qu'on est de naissance; d'être «engendré, non pas du sang et de la volonté de l'homme, mais par la semence incorruptible de la Parole de Dieu, laquelle est vivante et permanente à toujours.»

Il s'agit donc absolument ici, d'avoir été «dans le bon plaisir du Père;» d'avoir été «enseigné par lui; d'avoir cru de bon cœur à son témoignage» et au moyen de réconciliation qui est venu de son sein, de s'être ainsi «soumis à la justice éternelle des siècles» qui est par la foi au sang de Jésus, et d'avoir en conséquence été scellé du sceau divin et irrécusable, que la seule main de l'Éternel appose: «de l'Esprit de la Promesse; de cet Esprit d'adoption,» qui est mis sur l'Église vivante, et qui est pour elle «les arrhes de son héritage,» jusqu'à ce qu'elle triomphe dans les cieux. — Voilà de quoi il s'agit.

En sorte donc, nous dit Dieu, que toutes les prétentions qu'on peut avoir d'être Chrétien; toutes les flatteries qu'on peut s'adresser à cet égard; toutes les complaisances secrètes qu'on peut mettre en certains sentiments, en certaines dispositions, en certaines pratiques, sont ici toutes de faux aloi; qu'une seule circonstance est admise: la régénération par le Saint-Esprit; et qu'un homme, quel qu'il soit, fût-il le plus savant, le plus estime, le plus poli, le plus aimable de tous, s'il n'est que «l'homme naturel», est encore dans la souillure et les ténèbres, dans la mort de son âme; dans la condamnation du péché; sur la grande et large route de la géhenne, et déjà tout près de la sombre porte où se lisent ces mots: «Ce qui est né de la chair, est chair; et la chair et le sang n'hériteront pas le Royaume des cieux.»

Cela étant ainsi, ô mes Semblables!, et Dieu prenant la peine, en quelque manière, de vous interroger un par un, et de vous dire individuellement et de sa propre bouche, «Si tu n'es pas né de nouveau, par le Saint-Esprit, tu ne verras pas Dieu.» Si tu n'as pas l'Esprit de Christ, (ce qui ne veut pas dire une idée, une vue, une impression ou un désir des choses de Christ; mais l'Esprit de Christ, le Saint-Esprit, qui est le Seigneur: un avec le Père et le Fils,) si tu n'as pas en toi cet Esprit, tu n'es pas à Christ; et «si tu n'es pas à Christ, la colère de Dieu demeure encore sur toi;»

Dieu vous disant cela, à chacun de vous,... que voulez-vous faire?

Irez-vous, comme je l'ai dit tout à l'heure, consulter un parent, un intime ami, un Ministre de Jésus, pour qu'il vous dise, si vous avez ou non l'Esprit de Christ?
Ou bien, vous rendant compte à vous-mêmes de votre propre foi, répondrez-vous, sous le regard de Dieu, à la question que sa Parole va vous faire, et qui s'adresse à votre conscience?

«Votre affection,» vous demande-t-elle, c'est-à-dire, votre premier et principal désir, le premier choix de votre coeur, est-il pour Dieu? Est-il pour Jésus? Est-il pour les choses du Saint-Esprit?

Ou bien, cette affection, cette tendresse de votre coeur, est-elle, de préférence, pour ce monde; pour ce qui vous attire en lui; pour ce qui vous y distingue et vous y relève; pour ses biens, pour son savoir, pour ses délassements; pour ses lectures, pour ses entretiens, pour son repos, pour ses promesses.

Dites, Enfants des hommes! à qui est votre première pensée? À qui est votre amour? A qui?

Est-ce à Dieu? Oui ou non?

Lui dites-vous, — car il vous entend! «Ta gratuité pour moi est meilleure que la vie! O Dieu! tu es mon Dieu fort! Je te cherche dès le point du jour. Mon âme a soif de toi, ma chair te souhaite en cette terre déserte, oh je suis altéré et sans eau. Oui, je désire voir ta face et ta gloire! Mes lèvres aussi te loueront, et je te bénirai durant ma vie, et j'élèverai mes mains en ton Nom. Oui, mon âme est rassasiée comme de moelle et de graisse, et ma bouche te loue avec un chant de réjouissance, quand je médite sur toi durant les veilles de la nuit. Tu as été mon secours: c'est pourquoi je me réjouirai à l'ombre de tes ailes.»

Parlez-vous ainsi; et cette affection qui était celle de l'Esprit dans le cœur d'un enfant de Dieu, dans le cœur de David, est-elle aussi dans le votre. Ou bien votre première pensée est-elle à un autre qu'au Seigneur; et vous sentez-vous contraints d'avouer, qu'ici le droit de Dieu a été par vous méconnu?

Car ce droit est positif; il découle du fait même de votre création. Dieu vous a faits: il doit donc être le premier pour vous; si du moins votre cœur est pour lui. C'est là son droit; et vos consciences le reconnaissent. Mais qu'il soit ou non reconnu, toujours ce droit se fait-il sentir.

Le Saint-Esprit n'est pas inconséquent; et cet Esprit n'est ni du monde, ni de l'Adam terrestre. Il est de Dieu; il est du ciel; il est la vérité, la sainteté, la vie. C'est donc avec ces choses-là que cet Esprit est en rapport, comme c'est avec les choses terrestres que l'esprit de l'homme terrestre est en rapport. C'est pourquoi je vous ai dit: L'esprit qui est au dedans de vous, la préférence de votre cœur, son attachement principal, ses plus chères espérances tendent-ils vers le ciel ou bien regardent-ils à la terre? Voyez-le, ajouté-je, et sachez par-là ce que vous êtes: si «vous êtes du monde ou si vous êtes de Dieu;» si votre âme est «morte, encore, dans ses fautes et dans ses péchés,» ou si elle est «née pour le ciel, par la grâce et l'Esprit du Père.. »

Toutefois il est juste qu'ici je vous demande une chose: Avez-vous, à l'ouïe de ces déclarations, du chagrin dans le coeur, et vous condamnez-vous vous-mêmes, en comparant ce psaume 63 que je viens de lire, avec vos, sentiments?

Vous dites-vous avec douleur, Ce n'est pas là ce que je pense; non, je ne trouve pas que la gratuité de Dieu me soit meilleure que la vie; non, quand je ne puis dormir en la nuit, ce ne sont pas les choses du ciel qui m'occupent: mon âme, hélas! est plutôt surchargée d'intérêts, de plans et de souvenirs terrestres!

Gémissez-vous ainsi, et vous blâmez-vous de ce que l'affection de votre âme n'est pas assez céleste; de ce que Dieu n'est pas son premier bien, sa plus chère possession; de ce que le Seigneur n'est pas la joie et la gloire de votre intelligence?

Si telle est votre douleur, rendez grâce à Dieu, car il vous a bénis. Oui, soyez heureux de cette affliction, car elle n'est pas autre chose que l'amour de Dieu.

Heureux l'enfant qui gémit de ne pas aimer assez son père!

Heureux êtes-vous aussi, vous qui vous attristez d'être à cette grande distance de la perfection; vous qui pleurez d'être si peu touchés de la chanté de Jésus, et d'estimer si peu le ciel et sa sainte espérance; et prenant courage en ce Seigneur, que vous voudriez mieux connaître et mieux servir, ouvrez, déployez vos bras avec force, et repoussez les liens qui vous retiennent encore.

Ici, Chrétiens! soyez droits, soyez simples devant votre Sauveur et votre Dieu, et soyez loyaux au Saint-Esprit. Déjà cet Esprit vous a fait sentir sa puissance: c'est lui qui vous enseigna ce qu'est le ciel, ce qu'est pour vous Jésus: c'est lui qui vous donne ces soupirs, ces ennuis et ces regrets: c'est lui qui met en vos cœurs ce désir de ne plus pécher, et de n'être plus ingrats. C'est une œuvre de Dieu, que toutes ces choses: vous n'êtes donc pas des âmes mortes, mais il y a chez vous de la vie.

Agissez dans cette vie que vous avez. Soyez fidèles à ce que vous avez reçu; et qu'il y ait en vous, par votre sincère recours à Jésus, comme un ressort d'obéissance qui soit tendu de nouveau, et qui «vous relève d'entre les morts, afin que Christ vous éclaire.» Car c'est à Christ que vous appartenez, vous qui vous humiliez et vous repentez de votre peu d'amour pour lui, et c'est son Esprit qui vous anime, vous qui déplorez la faiblesse de votre affection pour les choses de l'Esprit!

Mais si vous ne connaissez pas ces déplaisirs; et ici, Enfants et Jeunes Gens! que votre oreille soit très attentive, car c'est de vous, peut-être, que je vais parler;... si, dis-je, vous n'éprouvez pas ce chagrin; si, au contraire, l'étude ou la contemplation des choses du ciel est pour vous comme une tâche, et le culte du Seigneur comme un fardeau; et si vous dites, avec les Juifs d'autrefois, «Quand seront passés ces sabbats et ces nouvelles lunes, afin que nous vendions notre froment,» si vous trouvez que les enseignements de Jésus-Christ sont trop graves, trop sévères, pour votre âge, pour vos goûts, pour vos habitudes; si vous dites donc avec impatience, si ce n'est même avec dépit, ll y a temps pour tout: on ne peut pas toujours prier, toujours lire la Bible, toujours être à l'église, toujours penser au ciel; — ah! si c'est ainsi que vous pensez et que vous parlez dans le secret, faites-le donc ouvertement, montrez le fond de votre cœur, et dites, sans réserve, Je déteste les choses du ciel, et je hais qu'on m'en parle, Oh t que cette Bible me fatigue! Que j'aimerais m'en débarrasser!

Oui, parlez ainsi, et vous serez sincères; et au lieu de quelques simagrées de piété, vous aurez du moins la franchise de l'impiété, et l'on saura ce que vous êtes.

Mais plutôt, Jeunes Gens! détestant de telles pensées, recherchez attentivement vos cœurs, pour savoir, avec piété, si vous êtes ou non à Jésus. Pour cela, voyez si ce beau Nom de Jésus, à qui toutes les choses de l'Esprit se rapportent, si ce Nom qui est au-dessus de tout nom, est en effet pour votre vue «l'Admirable;» s'il est cher à votre coeur, et si c'est avec joie que votre bouche le fait entendre.

Dites-moi, Jeunes Gens! aimez-vous entendre quelqu’un prononcer ce grand Nom, et vous-mêmes, le répétez-vous avec amour?

Ou bien l'évitez-vous, et ne se trouve-t-il jamais sur vos lèvres?
Ou bien Jésus vous paraît-il sombre et importun, et ne vous semble-t-il être qu'un maître austère, qu'un exacteur, qui vous ôte tantôt un plaisir, tantôt une espérance? Dites, Jeunes Gens! «le Nom de Jésus est-il pour vos âmes comme un doux parfum qui s'exhale,» ou bien est-il pour elles ce qu'il était pour ceux qui s'écriaient à son approche, «Viens-tu nous tourmenter avant le temps?»

Vous allez à l'extrême, direz-vous. Le Nom de Jésus peut bien ne nous être pas aussi précieux, qu'il l'est à d'autres Chrétiens, qu'il l'était aux saints dont parle l'Écriture, et cependant n'être pas détesté!

Vous vous trompez, Jeunes Gens! vous dirai-je à mon tour. Vous ne connaissez rien au cœur de l'homme, et vous oubliez aussi ce que dit ce Seigneur Jésus lui-même: Que «ce coeur ne sert pas deux maîtres; car, déclare-t-il, s'il aime l'un, il hait l'autre; s'il s'attache à l'un, il méprise l'autre.» Ce qui veut dire, n'est-ce pas, que celui qui n'est pas aimé est haï: que si l'on n'aime pas Jésus, on hait Jésus.
Oh! vous écrierez-vous encore, quelle horrible, quelle effrayante conséquence!

Eh! mes Amis, m'écrierai-je aussi, c'est la conséquence que tire le Seigneur: c'est Dieu qui l'a dit, et c'est ce que démontre l'affection de l'Esprit, dans toute âme qui en est émue. «L'Esprit de Dieu est un avec Jésus:» son affection est- elle donc d'être indifférent pour Jésus, ou bien de l'aimer?

Jésus, qui est «d'en haut, qui est l'Envoyé du Père, est venu en Esprit vivifiant, et a été baptisé du Saint-Esprit sans mesure:», l'affection de cet Esprit ne sera-t-elle donc pas d'honorer Jésus? Et cette affection, je vous prie, serait-elle douteuse?
Quand cet Esprit, au commencement, a créé les choses que nous voyons, les a-t-il créées à demi? N'a-t-il pas achevé son ouvrage? Et quand ce même Esprit crée dans une âme la révélation et la vie de Christ, et qu'il unit ainsi cette âme à son Sauveur, manque-t-il alors son oeuvre? Y fait-il quelque chose et non pas tout? et cette âme reçoit-elle ainsi de lui une certaine affection pour Jésus, et non pas une affection réelle?

Ah! si vous voulez être intelligent, même selon le monde, vous comprendrez que le Créateur, quand il fait une créature, la crée en effet et non pas à peu près; et qu'ainsi «la créature nouvelle que l'Esprit de Christ forme dans une âme régénérée,» n'est pas une ébauche de création, mais une existence complète, un être qui est et qui agit, et dont la vie est d'aimer «Celui en qui et pour qui elle a été faite.»

Il est donc impossible que dans un coeur régénéré par l'Esprit de Christ, ne se trouve pas l'amour pour Christ. Aussi, soyez assurés, Enfants! que si vous évitez, secrètement la pensée et le Nom du Sauveur, que, si c'est pour vous une fatigue d'être avec lui, de parler de lui, d'entendre raconter ses bienfaits et prêcher son amour et sa gloire; que si vous avez peur de vous déclarer pour lui devant d'autres enfants; si vous rougissez d'être reconnus pour ses disciples, et que vous ayez honte des sobriquets ou des railleries des mondains; vous êtes encore étrangers à l'Esprit de Jésus, et que c'est pour cela que, loin d'être à votre aise en sa présence, vous n'avez que défiance à son égard, et que vous ne le regardez que comme de c6té ou d'un air farouche.

Ici donc, vous aussi, Enfants! connaissez ce qu'est votre cœur, et sachez s'il est ou non, renouvelé.

Aimez-vous les choses de l'Esprit? — et dans Jésus elles sont toutes réunies, — vous êtes nés de nouveau.
N'aimez-vous pas les choses de l'Esprit? vous sont-elles importunes, et ne vous y appliquez-vous que parce qu'on vous l'ordonne? — votre âme est encore morte, et Jésus ne vous est pas encore connu; à moins que, Enfants! (et je le répète, afin de consoler, peut-être, plusieurs de vous,) à moins que vous, ne soyez chagrins de votre tiédeur, de votre indifférence, et que votre voeu ne soit que Dieu vous change le cœur et vous fasse aimer son Fils.

Ce désir d'être changé, si vous l'avez, prouve que déjà vous l'êtes: ce désir vient du Père, et sa grâce y répondra.

Mais que nul de vous qui entendez ceci, ne s'abuse à cet égard, et ne prenne quelque illusion de sentiment pour cette affection céleste. Si des habitudes de piété, si la forme et la discipline d'une église ne sont pas la nouvelle naissance, quelques émotions religieuses, quelques attraits de l'Évangile, quelque admiration, quelque sensibilité pour Celui qui nous l'apporta, ne sont pas non plus le mariage d'une âme avec le Fils de Dieu.

On peut être touché de l'incomparable beauté du caractère de Jésus, et de la gloire de l'Évangile, et s'écrier avec un philosophe bien connu, que rien ne leur est semblable, et cependant demeurer aussi étranger à la vie de Dieu, que des rêveries le sont au Saint-Esprit, que des nerfs émus le sont à la grâce.

Qu'on soit donc sincère, oh! qu'on soit sincère!

C'est du ciel ou de l'enfer qu'il s'agit. Que l'imagination se taise donc ici: Qu'a-t-elle à faire au salut? L'Évangile est-il une fable? Est-il un vil roman?
C'est le cœur, le cœur, qui est ici requis de parler. C'est le cœur qu'il faut rechercher, qu'il faut interroger, et c'est lui seul qui doit répondre et dire, s'il aime ou non Jésus; s'il a ou non son Esprit. C'est aussi lui qui doit être humble.

Malheur à l'homme qui, satisfait de ce qu'il pourrait avoir appris de ces choses, dirait avec fierté, Ces avis ne me concernent pas «Je suis riche et dans l'abondance et je n'ai besoin de rien.»

Ce n'est pas à moi qu'il faut demander si j'ai ou non l'Esprit de Dieu: si je suis ou non régénéré.

Ah! l'est-il en effet, le cœur qui parle ainsi?
N'est-il pas au contraire, dans l'humilité, dans un profond abaissement devant l'Éternel, que se tient le cœur, que l'Esprit de Jésus a renouvelé; et l'affection de cet Esprit ne lui fait-elle pas sentir sa misère et dire avec larmes:

«O Seigneur! crée au dedans de moi, par ta toute-puissance, cette volonté nouvelle que tu nous as promise!»

O Seigneur! que cette vie des cieux, qui est en Jésus, se manifeste à mon entendement, à ma volonté, à tout mon être! Seigneur, qui m'as aimé, qui m'as déjà béni! oh! que l'efficace de ton Esprit vienne se déployer en moi, afin que «je sois spirituel, et que je vive seulement de ta vie!»

N'est-ce pas là, selon l'Écriture, le langage d'un cour régénéré?

Que penser donc de vous qui pourriez dire, Je n'ai pas besoin qu'on me le rappelle!
Mais il est peut-être parmi vous des âmes, qui, loin de se faire ces illusions, et reconnaissant, au contraire, que l'affection de l'Esprit n'est pas en elles, désirent savoir ce qu'elles ont à faire pour mériter de l'obtenir. «L'Esprit-Saint, dit la Parole, souffle où il
veut,» et jamais il ne fut mérité. Jamais la grâce de Dieu ne fut prévenue par aucun pécheur. Jamais «personne ne donna le premier quelque chose à Dieu, pour que Dieu le lui rendît.» Non; jamais! C'est pourquoi, à cette question, Que faut-il que l'homme fasse pour mériter le don du Saint-Esprit? — la Parole de la grâce répond, L'homme n'a rien à faire.

Dieu, s'il le trouve bon, le créera de nouveau: c'est ici l'œuvre et le bon gré du Souverain. Et si l'homme reprend la parole, et dit encore: Que faut-il donc que je fasse, moi? Comme Ministre de la Parole de cette grâce, je lui dirais: Parles-tu sérieusement? Dis-tu cela de ton cœur, ou bien le dis-tu par dépit contre Dieu?

Est-ce réellement avec conviction et dans ton âme, que tu demandes ce que tu dois faire pour que l'Esprit de Jésus te soit donné et que, par lui tu sois arraché à la mort seconde, et scellé pour le dernier jour et pour la vie?»

Oui, répond cet homme; c'est de tout mon cœur et de toute mon âme, que je le pense et le demande.
Eh bien! lui répondrai-je aussi de tout mon cœur et de toute mon âme, tu n'es pas mort, toi qui parles ainsi; car un mort, je l'ai dit déjà, ne souhaite pas la vie.

Celui qui fait cette demande, croit à la chose qu'il désire; et celui qui croit au Saint-Esprit, n'est pas étranger à l'Esprit: celui qui croit qu'il faut vivre en Jésus, pour aller à Jésus, n'est pas retranché de Jésus. Ce savoir-là ne vient que du Père: «cet homme a donc été enseigné du Père;» et la seule réponse qu'il faille lui donner est celle-ci: «Crois de plus en plus à ce Jésus, à cet Esprit que tu réclames. Crois de tout ton cœur en ce Nom que tu invoques déjà.

«Reçois tout le témoignage de Dieu, tout ce qu'il te dit de son Fils; et te soumettant à être justifié par sa grâce, par pure faveur, et pour le seul amour du Seigneur Jésus, renonce enfin à ta sagesse, ô Homme pécheur! à la j justice de, tes œuvres, à la bonne opinion de toi-même; désiste-toi de toutes prétentions à mériter le salut; jette-les au pied de la croix du Sauveur; reçois-y son sang, par la foi, sur ton âme; et sois ainsi trouvé devant l'Agneau immolé, comme ce pauvre brigand qui lui demanda sa grâce, et qui la reçut de son immense amour.

Alors, ô Pécheur, disciple de Jésus! tu ne feras plus ta question. Non, tu ne diras plus, Que dois-je faire pour obtenir l'Esprit-Saint? mais tu diras, avec tous tes frères, «Béni soit mon Dieu, qui m'a visité d'en haut par sa grâce!» Béni soit cet Esprit qui m'a fait croire et connaître que Jésus est vivant; que les choses de son ciel sont préférables à celles de la terre; que je suis baptisé de sa vie, et que je marche ici-bas comme celui qui bientôt dois m'en aller vers lui!

C'est donc la foi au Seigneur Jésus, ô mon Frère encore faible! qu'il vous faut affermir en votre cœur, pour que ce cœur éprouve la douce et puissante affection de son Esprit. C'est à Jésus, à Jésus même, que votre âme doit s'adresser, pour qu'elle reçoive de lui cette joyeuse et consolante réponse: «Tu es à moi comme je suis à toi. Que ton cœur ne soit ni troublé, ni craintif. Que ma paix soit ta force, et ma fidélité ton repos!»

Oh! je vous supplie donc, Vous tous à qui je parle! qui que vous soyez, habitués ou non que vous êtes à la voix de l'Évangile, avancés ou non que vous êtes dans les choses du ciel, ne négligez pas l'examen de votre cœur et la recherche de l'affection de l'Esprit de Christ en vous. Aimez! aimez donc vos âmes! car elles sont votre vie; et pour cela, je vous en conjure, de tout mon pouvoir, renoncez à vous-mêmes, et, par la foi, contemplez Jésus et vous donnez à lui! Oui, donnez-vous, abandonnez-vous à Jésus, et à tout ce que son Esprit voudra faire en vous. Ne craignez pas qu'il fasse trop: qu'il soit trop saint, qu'il soit trop céleste et trop peu du monde. Sans doute pour le cœur charnel, pour votre nature terrestre, cet Esprit semble trop exiger, et son fardeau vous accable. Mais ne craignez pas qu'enfin le vieil homme en vous soit écrasé.

Ne craignez pas, lépreux! que votre lèpre soit entièrement ôtée. Captif! ne craignez pas que «les fondements de votre prison s'ébranlent, que vos fers tombent, et que toute porte soit devant vous ouverte!» Non, ne craignez pas,

Vous qui jusqu'à présent avez erré dans le chemin du doute, et par conséquent de la vanité, d'y rencontrer tout à coup Jésus, de vous trouver tout seuls en face de lui, et de vous voir dépouillés, par «l'Esprit qui sort de sa bouche,» de votre manteau de pharisaïsme, pour être revêtus de celui de sa sainteté.

Ne craignez pas, ne craignez donc pas, qu'il avance sa main, qu'il saisisse votre cœur, qu'il le presse et le serre comme une masse impure, et qu'il en fasse sortir les iniquités qu'il recèle.

Ne le craignez pas, Vous qui voulez vivre l car «les affections de la chair sont la mort, et celles de l'Esprit sont Ia vie et la paix!»

Voyez donc, Jeunes Gens, voyez vous tous, Frères bien-aimés, et calculez sagement. C'est en cela qu'est votre sûreté. Encore quelque peu d'années, et ce que maintenant vous préférez à Jésus, ne sera plus: non, ne sera plus!

Non, vous n'aurez plus votre or, vos possessions, vos travaux, vos projets, vos études, votre savoir, votre gaieté, vos illusions: tout cela, tout, absolument tout, aura péri, aura cessé d'être; aussi bien que l'estime des hommes, la crainte des hommes, le monde et tout son bruit de gloire, et son faux air de bonheur, et ses vaines promesses de repos.

Il faut, mes Amis, il faut nécessairement que vous avanciez dans ce «chemin de toute la terre» où vos pieds sont placés et que vous arriviez finalement, où sont nos pères; et certes, nos pères n'ont plus ces choses! ils sont silencieux dans le sépulcre, dans l'ombre de mort: ils sont réduits à des os gisant dans la poudre. Et cette poudre vous attend, vous, Jeune Fille brillante de santé, tout aussi bien que vous, son Aïeul, déjà courbé vers la tombe! et vous y descendrez seuls: tout seuls.

Ni votre affection secrète des choses de la chair, ni votre secret amour de ses vanités, ni vos souillures secrètes, ni vos secrètes idolâtries, ne vous y suivront; pas plus, ô esprits légers et profanes! que votre mondanité, que cette, indifférence, que ce dédain, pour l'Évangile, que vous osez afficher.

Par conséquent, Chrétiens, qui avez horreur de ces souillures, et qui «vous réjouissez dans l'espérance, d'en être un jour lavés! le plus tôt que vous en serez affranchis et nettoyés, le plus tôt aussi, ne jouirez-vous pas du ciel?

Le plus vite que vous repousserez ces liens de paresse, «ces fardeaux et ces pièges qui nous enlacent si aisément,» le plus promptement aussi n'atteindrez-vous pas ce but, où «Jésus, le Chef et le Consommateur de votre foi, vous présente la couronne?»

Oh! quelle lutte et quelle course, que celles, qui s'accomplissent ainsi dans la carrière de sainteté, sous le regard de l'Éternel! Oh! quelle marche, que celle qui se fait dans la force de l'Esprit-Saint, «aux sentiers des témoignages de Dieu!»

Rappelez-vous, Amis du Sauveur! «les disciples au chemin d'Emmaüs.» Si vous y êtes avec eux, votre «cœur ne brûlera-t-il pas aussi au dedans de vous pendant que vous cheminerez? Ne serez-vous pas aussi avec Jésus quand «il rompra pour vous son pain; quand il ouvrira vos yeux; quand vous le verrez dans sa gloire?


Courage donc! vous dirai-je, en vous «suppliant par les compassions de Celui dont l'amour est ineffable.»Cessez, et tout à fait, de vous contenter, ou de mots, ou d'habitudes, ou de formes de piété. L'affection de l'Esprit: voilà pour vous le réel. Cela seul est de Dieu cela seul doit demeurer.Laissez donc, oh! laissez l'indolence. Si quelque chose requiert de l'activité, n'est-ce pas la recherche et la possession de la paix de Dieu?

Laissez aussi tout délai. — Si c'est promptement, si c'est aujourd'hui même qu'il faut agir, n'est-ce pas quand c'est Dieu qu'il faut chercher; quand c'est Jésus qu'on doit rencontrer; quand c'est son Esprit qu'on va recevoir; quand c'est pour le ciel qu'on veut vivre?

FIN



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