Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

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La rédemption. - Son histoire. (Suite)

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38. V. Pendant le temps si long dont nous venons de résumer brièvement l'histoire, le Fils Éternel du Très Haut, Celui qui devait opérer l'œuvre de la rédemption, s'était manifesté de temps à autre sous une forme visible: à Abraham (1), à Agar (2), à Jacob (3), à Moïse (4), à Josué (5), à Gédéon (6), à Manoah (7), à Ésaïe (8), à Jérémie (9), à Ézéchiel (10), à Daniel (11): c'est ce qu'on appelle des théophanies; mais sa venue sur la terre, selon les prophéties, n'eut proprement lieu que quatre siècles environ après la clôture de l'Ancien Testament.

C'est alors que Jésus naît de Marie , dans la famille de David, à Bethléem, sous l'empire d'Auguste César, et dans un temps de paix universelle. Il vient au monde revêtu d'une nature tout à fait semblable à la nôtre, sauf le péché, ayant été formé «par le Saint-Esprit dans le sein de la femme. C'est le second Adam (12).

1) Gen. XIV, 18-24; XVIII.

2) Gen. XVI, 7-14

3) Gen. XXXII, 24-30.

4) Ex. III; XXXIII. 11.

5) Jos. V, 13; VI, 2.

6) Jug. VI, 11-25.

7) Jug. XIII.

8) Ésa. VI.

9) Jér. I.

10) Ezéch. I, 26-II, 1-7. 

11) Dan. VII, 13, 14.

12) 1 Cor. XV, 45.


39. Jésus donc naît dans l'humiliation. Néanmoins, la gloire du “soleil de justice” brille dès son aurore. Les anges, les bergers, les mages, Siméon, Anne la prophétesse, Hérode même sont chargés de rehausser cet humble avènement du Fils de Dieu (1).

1) Luc II; Math. II.


40. Oint du Saint-Esprit à son baptême (1), il est bientôt tenté par l'Adversaire, appelé Satan ou le Diable, comme le fut le premier Adam; mais il sort victorieux de cette lutte (2).

C'est ainsi qu'il commence à relever en sa personne l'humanité déchue et à manifester la gloire de Dieu.

1) Luc III, 22.

2) Luc IV, 1-13.


41. Puis il va de lieu en lieu expliquant les Écritures et s'en faisant l'application (1), pardonnant les péchés (2), guérissant des malades (3), chassant les démons (4), rendant la vie à des morts (5), multipliant le pain à la multitude affamée (6), parlant aux ennemis de Dieu comme il convenait à Celui qui, venu une première fois pour sauver les élus, doit revenir un jour pour juger le monde (7).

1) Luc IV, 16-21; XXIV, 5-27.

2) Luc V, 20; VII, 48, 50.

3) Math. IV, 24.

4) Luc XIII, 32.

5) Jean XI, 43.

6) Jean VI, 10-13.

7) Math. XXIII, 24.


42. VI. Satan , furieux à l'approche de l'heure pour laquelle Christ est venu (1), ligue les siens contre ce second Adam qu'il n'a pu vaincre et qui est son Seigneur. Celui-ci, trahi par Judas (2), faussement accusé par les pharisiens, condamné par l'inique Sanhédrin, lâchement abandonné par Pilate, insulté par Hérode et par la populace de Jérusalem, délaissé de presque tous ses disciples, est enfin cloué sur une croix infâme, où il donne sa vie pour des pécheurs; c'est-à-dire à cause d'eux, à leur place et en leur faveur (3).

1) Jean XII, 27; XIII, 1; Luc XXII, 53.

2) Jean XIII 2.

3) 1 Pier. II, 12, 24.


43. L'humiliation et les souffrances du Rédempteur avaient commencé dès sa naissance; mais elles atteignirent leur plus haut point dans le jardin de Gethsémané et lorsqu'il fut près d'expirer sur la croix. Souffrances mystérieuses et indicibles (1). Cependant, même à cette heure lugubre, Jésus-Christ demeure évidemment l'homme comme il n'y en eut point, le Fils de Dieu. Une foule de prophéties ont leur accomplissement; d'éclatants témoignages sont donnés à son infinie grandeur (2).

1) Math. XXVI, 38; Marc XV, 35; Ésa. LIII, 10.

2) Math. XXVII, 50-54.


44. Après que son corps eût été déposé dans la terre (1) et réduit à l'état des morts (ce qu'on a voulu exprimer par ces mots du Symbole dit des Apôtres: “Il est descendu aux enfers”), il reprit la vie selon les anciens oracles et comme il l'avait annoncé lui-même. Puis il monta au Ciel, où il vit maintenant dans la gloire du Père (2), intercédant pour les pécheurs (3) et donnant aux siens le Saint-Esprit (4).

1) Ps. XVI, 10; Ésa. LllI.10.

2) Act. I. 9; III, 21.

3) Rom., VIII, 33; Héb. VII, 25; 1 Jean II, 1.

4) Jean XVI, 7.


45. VII. Pendant son ministère, le Rédempteur s'était fait habituellement accompagner de quelques hommes qu'il avait nommés apôtres ou envoyés. Ce fut eux qu'il chargea d'annoncer la bonne nouvelle ou l'Évangile à toutes les nations (1)

Ces prophètes de la nouvelle alliance, animés de l'Esprit de Christ, ainsi que l'avait été leurs prédécesseurs (2) et revêtus de pouvoirs miraculeux, sont méprisés, haïs, persécutés jusqu'à la mort par le monde (3): ils n'en deviennent pas moins, au milieu du monde, les fondateurs d'un peuple nouveau, continuation de l`ancien peuple, au point de vue spirituel.
Jésus leur avait prédit toutes ces choses (4).

1) Math. XXVIII, 19.

2) 1 Pier.I, 11.

3) Act. IV, VII. XII; 2 Cor. IX, 24-27.

4) Jean XV, 20; XVI, 1, 2; Math. XVI, 18; XXI, 43.


46. Ce peuple nouveau, composé de tous ceux qui embrassaient la doctrine du salut (1), tant païens que Juifs (2), fut, dès l'entrée, désigné sous le nom d'Église (3), expression qui renferme les trois sens réunis de convocation, d'assemblée et de société. Ceux qui répondaient à la convocation ou aux appels de la parole, étaient baptisés; c'est-à-dire ou lavés dans l'eau, ou plongés dans l'eau, pour le nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (4), ou en vue du Dieu ineffable révélé par l'Évangile. Puis ils se réunissaient fréquemment afln de s'édifier en commun et de rompre le pain , répétant ainsi la dernière cène, ou le dernier souper du Seigneur, en mémoire de ses souffrances expiatoires (4). C'est ce qui avait lieu surtout le premier jour de la semaine, jour où le Seigneur est ressuscité (5). Enfin, pour que tout se fît avec ordre, il y avait, dans les églises, divers ministères et certains modes d'administration, selon qu'il était convenable à une société de cette nature.

1) Act. II, 41.

2) Act. II, 39.

3) Act. II, 47.

4) Math. XXVIII, 19; Act. II, 41.

5) Act. II, 42, 46.

6) Act. XX, 7.


47. VIII. L'Église ayant, par ses progrès mêmes, attiré dans son sein un monde qu'elle ne sut pas repousser par les moyens spirituels dont elle dispose, ne tarda pas à rencontrer la corruption qui lui avait été prédite (1). Le mal devint tel qu'il ne fut plus possible de reconnaître l'Église dans la société qui se donnait exclusivement ce titre. Alors se fit une Réformation, au XVe siècle. On revint à la Bible, et l'on posa de nouveau comme doctrine fondamentale, le salut gratuit et la justification du pécheur par la foi.

1) 2 Thes. II, 3, 6; 1 Tim. IV, 1-4; Apoc. XVII.


48. Mais s'il a été donné à nos réformateurs de remettre en lumière les dogmes du salut méconnus ou défigurés, ils ont, à beaucoup d'égards, laissé l'Église dans une condition qui lui rend souvent impossible sa tâche au milieu du monde et le rassemblement des élus de Dieu. Cependant le Seigneur est avec son peuple, et il amène l'accomplissement de chaque chose en son temps. Déjà nous voyons la Parole de sa grâce se répandre avec rapidité sur toute la face de la terre; les fidèles se rattachent de plus en plus à Jésus-Christ comme à leur seul chef, et quant au résultat final, ils portent leurs regards avec espérance sur le glorieux avenir promis au peuple chrétien, comme achèvement de la rédemption (1).

1) 2 Thes. I, 7-11; 2 Pier. III, 12, 13; Eph. IV, 11-16.


49. Pour conclure, il faut noter que, si l'œuvre générale, de la Rédemption, commencée il y a tant de siècles, poursuivie lentement par le Dieu éternel, n'est, dans un certain sens, pas encore arrivée à son terme; cette œuvre, pour ce qui tient au salut de chaque fidèle, est non seulement complète depuis que Jésus est mort sur la croix et qu'il est ressuscité, mais qu'elle l'était déjà, dans le conseil de Dieu, avant que l'homme fût créé. Si bien que, depuis Abel le juste, tout pécheur qui a reçu dans son cœur la promesse de rédemption faite au premier homme, qu’il appartînt au peuple de l'alliance comme David ou qu’il fût étranger comme Job, a obtenu de Dieu une pleine délivrance par le sang de Christ; ou, ce qui est la même chose, le salut éternel de son âme, et aussi la rédemption de son corps.

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