Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'A. B. C.

DE LA FOI

César Malan (père)

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(.... ou savoir tenir compte de la lettre que Dieu nous a donnée*)


À peu de distance de Verviers, en Belgique, est une maisonnette posée vis-à-vis de la grande route, au-dessus de la rivière et près d'un taillis. Tout près de cette chaumière est aussi un rocher noirâtre, derrière lequel croissent quelques hauts buissons. Ce fut là que, dans un jour d'été et d'assez bonne heure, un promeneur étranger aperçut deux jeunes filles qui lui semblèrent occupées à une lecture intéressante. Il s'approcha d'elles, et voici l'entretien qui eut lieu d'abord entre cet étranger et les deux sœurs, Olympe et Fanny.

C'est quelque bien joli petit livre que vous lisez, mes Enfants? leur dit l'étranger, en s'arrêtant devant elles.

Elles le regardèrent avec surprise; et ce ne fut qu'après qu'elles le virent assis à côté d'elles, et qu'il leur eut dit quelques mots d'affection, que l'aînée lui répondit:

C'est notre alphabet, Monsieur, que je tiens; et j'en faisais lire quelque chose à ma sœur Fanny: car toute grande qu'elle est, elle ne sait pas encore lire bien couramment. Elle a été si longtemps malade!

Le Promeneur. Quelle bonne chose que vous lui appreniez à lire!

Olympe. C'est bien sûr! Si on ne sait pas lire, on ne peut pas même voir ce que dit l'almanach

Fanny, vivement: Et aussi, quand on va au marché, on ne sait pas ce qui est affiché partout.


Le Promeneur. Et puis encore, supposé que vous soyez en voyage, ou placées dans une ville étrangère, si vous ne savez pas lire, vous ne pouvez pas recevoir de lettres de chez vous.

Olympe. Ah! c'est encore là ce qu'il y aurait de plus fâcheux. Figurez-vous que mon frère, qui est à Valenciennes, ne sût pas lire, il n'aurait pas même reçu la lettre de papa, qui lui dit de revenir en automne: et ainsi, peut-être, que nous ne le reverrions pas cette année.


Le Promeneur. Sans doute... Mais si votre frère, ayant reçu cette lettre de votre papa, et sachant bien de qui elle lui venait, et aussi pouvant la lire, cependant ne l'ouvrait pas, ou qu'il ne la regardât qu'à peine, à quoi lui servirait-il de savoir lire?

Fanny, avec décision: Oh! Robert n'est pas fait comme cela? Ce n'est pas lui qui n'ouvrirait pas une lettre de papa, ou qui ne la lirait qu'à peine!

Olympe. Moi, je suis sûre qu'il sait par cœur cette lettre-là, et aussi les deux autres que maman lui a écrites. Ah! c'est un bon cœur, que Robert! N'ayez pas peur qu'il ne nous aime pas!

Fanny. Et quand on aime son père et sa mère, on ne reçoit pas de leurs nouvelles sans y faire attention!


Le Promeneur. Alors donc, mes Enfants, si nous ne lisons pas les lettres que Dieu nous a écrites, nous n'aimons pas Dieu?

Les deux enfants regardèrent l'étranger tout ébahies; et ce fut presque en ayant peur de lui, qu'Olympe dit:

Je ne sais pas, Monsieur, ce que vous voulez dire! Est-ce que jamais le bon Dieu nous a écrit une seule lettre?

Fanny. Papa nous a dit que nous ne devons jamais écouter les diseurs de bonne aventure. Et peut-être en êtes-vous un?


Le Promeneur. Point du tout, je vous assure. Mais, si je vous demande si Dieu ne nous a pas donné un livre où il nous parle, est-ce que vous ne me répondrez pas que oui?

Olympe. Oh! si c'est comme cela, bien sûr. C'est la Bible que Dieu nous a donnée. Maman, qui nous la lit presque chaque dimanche, nous a toujours dit que ce livre est la Parole même de Dieu.


Le Promeneur. Eh bien! c'est ce que j'ai voulu dire aussi, quand j'ai parlé de lettres que Dieu nous aurait écrites.

Fanny, d'un air entendue: Je comprends! Je comprends! Vous avez voulu dire que la Bible est pour nous comme est pour mon frère une lettre de la maison?


Le Promeneur. Justement! Et c'est pourquoi je dis que si nous ne lisons pas, et même souvent, cette lettre de Dieu, c'est, comme vous l'avez dit, parce que nous n'aimons pas Dieu. — Je comprends bien que ceux qui ne savent pas lire ne peuvent pas le faire eux-mêmes: mais encore ils peuvent, s'ils en ont envie, se faire lire cette lettre du ciel par quelqu'un qui le sache. Mais je dis aussi que pour ceux qui savent lire, ne pas lire, pour eux-mêmes, la lettre de Dieu, c'est une preuve qu'ils n'aiment pas Celui qui l'a écrite. Qu'en pensez-vous, mes Enfants?

Réponds, toi, Olympe, dit Fanny. Tu sais cela mieux que moi.

Olympe. Je ne sais que répondre! Ce que vous dites, Monsieur, m'étonne tout à fait. Je n'avais jamais pensé que la Bible soit comme une lettre que Dieu nous a écrite?


Le Promeneur. C'est pourtant bien cela. Nous sommes dans ce monde bien plus loin de la maison de Dieu, que ne l'est Robert de chez vous, à Valenciennes. Nous ne pouvons pas savoir, nous, ce qui se passe dans le ciel; bien moins encore que votre frère ne sait ce qu'on fait chez votre père. Si donc Dieu ne nous a pas écrit ce qu'il en est du ciel, et aussi ce que Dieu a fait déjà, ou ce qu'il veut faire ensuite, pour nous, d'où pourrons-nous le savoir? Vous sentez que nous ne pouvons pas l'inventer.

Olympe. Hé! c'est clair!... Pas plus que nous ne pouvons inventer ce qui se passe, par exemple, dans ce pays tout d'or qu'on a trouvé en Amérique!


Le Promeneur. C'est pourquoi, si Dieu, dans sa lettre, qui s'appelle la Bible, nous dit ce qu'est, non pas la Californie et ses mines d'or, mais le ciel, le ciel même et sa félicité, il est évident que nous devons nous estimer bien heureux d'avoir cette lettre, et que la lire et la relire encore doit être notre plus grand plaisir.

Fanny. Alors donc, Monsieur, pourquoi chacun ne lit-il pas, et chaque jour, la Bible, si ce que vous dites est vrai?


Le Promeneur. Je le répète: c'est assurément parce qu'on n'aime pas Celui qui a écrit cette lettre; et qu'alors on ne se soucie pas de connaître le pays où il habite, ni le moyen d'y aller et d'en posséder les richesses.

Olympe. C'est singulier, Monsieur, mais il me semble que ce que vous dites est une accusation. Ce n'est pourtant pas pour nous gronder que vous dites cela, n'est-ce pas?


Le Promeneur. Moi, vous gronder, Olympe! Mais qu'est-ce qui vous le fait craindre?

Olympe. C'est que, il me semble,... que vous nous dites que nous ne lisons pas assez la Bible.

Fanny. Ce n'est pourtant pas notre faute, puisque ce n'est que le dimanche, et même pas toujours, que maman la lit.


Le Promeneur. Cependant, n'est-ce pas, Robert ne lit pas les lettres de vos parents seulement comme en passant, ni seulement une fois dans la semaine?

En ce moment s'est fait entendre la voix de la mère, qui, du pas de sa porte, appelait Fanny.

Celle-ci aussitôt a couru vers sa mère, et bientôt elle est revenue, en disant à sa sœur: Maman va venir aussi, dans un instant!


Le Promeneur. Sait-elle que je suis ici?

Fanny. C'était pour me demander avec qui nous causions, qu'elle m'a appelée; et quand je lui ai dit que vous nous parliez de la Bible, elle m'a dit: Eh bien! j'y vais aller aussi.

En effet la mère est venue, et elle a salué l'étranger, tout en lui disant: Je vous remercie, Monsieur, de ce que vous parlez de la Bible à mes enfants.


Le Promeneur. Cela vous fait donc plaisir, Madame?

La Mère, en s'asseyant: Très plaisir! Et je viens en profiter aussi.

Le Promeneur. Eh bien! je disais à ces enfants que puisque leur frère Robert aime à lire vos lettres, parce qu'il vous aime, nous aussi nous devons aimer à lire la Bible, si nous aimons Dieu: puisque sa Parole est comme la lettre qu'il nous a écrite du ciel.

La Mère. C'est bien vrai!... Si on en avait toujours le temps!... Mais on a tant à faire; du matin au soir!


Le Promeneur. Je suis bien sûr que Robert ne manque pas d'ouvrage, chez le maître où il est?

La Mère. Non, non, qu'il n'en manque pas! Il y est depuis quatre heures du matin, tous les jours. Mais pas le dimanche, ça va sans dire.

Le Promeneur. Et pensez-vous qu'il ne lise vos lettres que le dimanche?

La Mère. Ah! le brave enfant!... il nous dit qu'il les lit souvent deux fois par jour. Ah! c'est qu'il faut savoir comme il nous aime!


Le Promeneur. C'est ce que je disais aux enfants. Si nous aimions Dieu, nous saurions bien trouver le temps pour lire sa Parole. Il faut donc que le cœur n'y soit pas, quand on la lit si peu!

Les deux enfants regardaient leur mère, comme pour lui dire: «C'est bien vrai!» et la mère a repris:

La Mère. Il y a ici quelque chose de tout à fait vrai. Je n'y avais pas bien pris garde... Car, à vous parler tout franchement, je ne lis guère la Bible avec les enfants que le dimanche.

Et pas toujours! a dit Fanny, en serrant contre elle un des bras de sa mère, et en la regardant avec beaucoup d'amour.

La Mère. C'est vrai! Non; pas toujours encore!


Le Promeneur. Et cependant je suis sûr que vous désirez de tout votre cœur qu'Olympe et Fanny, et toute la maison avec elles, aillent finalement vers Dieu, dans le ciel?

La Mère. Hé! cher Monsieur, que puis-je demander de mieux pour tous mes enfants, et pour nous tous?


Le Promeneur. Alors donc, bonne Maman, puisqu'il n'y a que la Bible qui nous dise, de la part de Dieu, quel est le moyen d'aller au ciel, comment se fait-il que vous la lisiez si peu, si rarement, à ces enfants?

La Mère. Oh! je leur ai bien dit, et souvent, comment on peut aller au ciel! N'est-ce pas Olympe?

Olympe. Oh! je crois bien! C'est en étant sage, n'est-ce pas, et en se recommandant à Dieu?

La Mère. Vous voyez donc, Monsieur, qu'elles le savent.


Le Promeneur. Oui, bonne Maman, elles savent ce que vous leur avez dit: mais la lettre de Dieu, la Bible, ne dit pas la même chose.

La Mère. Pas possible!.... Que dit-elle donc, s'il vous plaît?


Le Promeneur. Dites-moi, Fanny, si vous tombiez dans la rivière, et qu'en y tombant vous fussiez évanouie, que pourriez-vous faire pour vous tirer de l'eau?

Fanny. Hé! je ne pourrais rien faire, puisque je serais évanouie.


Le Promeneur. Et alors donc, ce serait fini? Vous péririez tout à fait?

Olympe, en posant une main sur le bras du promeneur: A moins que papa, qui nage comme un canard, ne se jetât à l'eau et n'en tirât Fanny.


Le Promeneur. Alors donc le papa aurait été le sauveur de votre sœur?

Olympe. C'est bien clair, puisqu'elle était évanouie!


Le Promeneur. Ce qui veut dire, n'est-ce pas, que le papa aurait fait tout, lui, et que Fanny n'aurait rien fait.

La Mère. Vous comprenez bien cela, n'est-ce pas, Olympe?

Fanny. Mais c'est tout simple. Quand quelqu'un nous tirerait ainsi de la rivière, il est clair que c'est lui qui ferait tout.


Le Promeneur. Aussi l'appellerait-on un sauveur, et non pas seulement un aide. Le papa n'eût été qu'un aide, si Fanny se fût accrochée à une branche d'arbre, et que le papa fût venu la prendre et Fa soutenir jusqu'à ce qu'elle se trouvât sur le sec. Mais puisque Fanny était évanouie, c'est-à-dire comme morte, il est clair qu'elle ne pouvait rien faire. Voilà pourquoi, dans ce cas-là, le papa aurait été son sauveur.

La Mère. C'est clair!... Mais pourquoi nous dites-vous cela?


Le Promeneur. Parce que la Bible, et partout, appelle-le Seigneur Jésus un sauveur, et non pas un aide. Cela veut donc dire, positivement, que le Seigneur Jésus a, lui, fait tout, dans notre salut; et que, par conséquent, avoir l'idée que pour nous sauver, nous devions aussi, de notre côté, faire quelque chose, c'est dire, en tout autant de termes, que le Seigneur Jésus n'a pas été un sauveur, mais qu'il a été seulement un aide.

La Mère. Est-ce qu'Olympe a répondu cela?


Le Promeneur. Olympe a dit que pour qu'elle aille finalement au ciel il faut que d'abord elle soit sage et qu'elle se recommande à Dieu. Elle a donc dit qu'il faut qu'elle fasse, elle-même, plusieurs choses pour se gagner, ou se mériter, le ciel. Cela veut donc dire que le Seigneur Jésus n'a pas fait absolument tout ce qu'il fallait. Et s'il n'a pas fait, lui seul, tout ce qu'il fallait, il est clair qu'il n'a pas été un sauveur: pas plus que le papa de Fanny ne e serait, si Fanny tombée dans la rivière, pouvait, elle, faire quelque chose pour s'en retirer. Dans ce cas-là, le papa, en venant à son secours, l'aiderait bien, et peut-être beaucoup, mais enfin il ne la sauverait pas, puisqu'elle aurait fait, de son côté, quelque chose.

La Mère. Alors donc, Monsieur, pour aller au ciel, il n'est pas nécessaire qu'on soit sage et qu'on prie? On ira dans le paradis, quoi que ce soit qu'on fasse?


Le Promeneur. La Bible dit (et c'est ici l'A. B. C. de la foi chrétienne), que Dieu adonné au monde son Fils unique, le Seigneur Jésus, non pas pour qu'il n'y fût qu'un aide, mais pour qu'il y fût un sauveur. Elle dit donc, n'est-ce pas, que tout le salut, depuis la pensée que Dieu en a eue le premier, jusqu'à son achèvement total au ciel, a été mis en Jésus, afin que Jésus le fit en entier. Mais je dis en entier, ma Bonne, et non pas seulement en partie. Et c'est pour cela que dans ce salut se trouve la sagesse et la sainteté, tout aussi bien que le pardon des péchés. Jésus, dit la Bible, a été fait sanctification, pour ceux qu'il a sauvés, tout autant que sagesse et pardon. Si donc quelqu'un reçoit de Dieu ce salut, il reçoit le désir d'être sage et saint tout autant que la certitude de tout son pardon, par Jésus.

Fanny. J'ai toujours cru, moi, qu'il fallait que je fusse d'abord sage, pour qu'ensuite Dieu veuille bien me pardonner. Ne le crois-tu pas aussi, Olympe?

Olympe. Mais c'est bien sûr! Quand j'ai été sotte, papa ne me pardonne jamais que si je lui promets d'être plus sage.


Le Promeneur. Eh bien! mes Enfants, Dieu fait tout autre chose. Il nous pardonne d'abord, puis ensuite, et de plus, il nous rend plus sages. Vous voyez donc bien qu'il nous aime beaucoup plus que ne vous aime votre papa.

La Mère. Et alors, cher Monsieur, quand moi, par exemple, j'ai fait un péché, je n'ai qu'à rester tranquille, et voilà que Dieu me pardonne?


Le Promeneur. Savez-vous, ma Bonne, ce qu'on appelle une caution, en justice?

La Mère. C'est bien sûr que je le sais, puisque mon mari en a trouvé une, il y a au plus six mois.


Le Promeneur. Puis-je savoir comment et pourquoi?

La Mère. Je vous le dirai. Mon mari est marchand de bestiaux, et aujourd'hui même il est allé, à la foire pour y vendre notre vache. Eh bien! l'année dernière il avait acheté deux chevaux, mais à crédit. Il avait compté les revendre bientôt et avoir alors de quoi payer. Mais un de ces chevaux devint morveux et périt, et l'autre se vendit mal. Quand donc il nous fallut les payer, nous n'avions pas le quart de la somme; et mon mari fut condamné; et on devait venir le prendre pour le mettre en prison.

Olympe. Te rappelles-tu, Maman, comme il était malheureux, et comme tu pleurais, ce dimanche soir où tu sus que le lendemain on allait prendre papa?

La Mère. Il y avait bien de quoi; et il eût bien été pris et emprisonné, si notre bon voisin, le fermier Michel, qui savait toute l'affaire, n'eût cautionné mon pauvre mari; et même sans nous le dire, que quand tout fut fini.


Le Promeneur. Dites-moi cela, s'il vous plaît. Comment cela se fit-il?

La Mère. Ce bon et brave ami partit pour Liège de grand matin, et il alla lui-même chez celui à qui mon mari devait encore sept cents francs....

Oui, Monsieur, sept cents francs! Et pensez qu'il s'engagea à les payer, et même avec tous les frais de justice. Ah! c'est là un ami! Aussi est-ce sûr que, pour lui, mon mari, s'il le fallait, se jetterait dans le feu!


Le Promeneur. Mais comment sûtes-vous que ce brave Michel avait fait cela?

La Mère. C'était vers le soir. Nous étions tous ici, et mon pauvre mari regardait à tous moments vers le haut de la route, s'attendant à voir venir des gendarmes pour le mener à la ville. Mais voilà que le fils aîné du fermier vient tout seul, et quand il est devant nous, il dit à mon mari: Cher voisin! mon père m'envoie vous dire que vous dormiez tranquille. Il est allé ce matin à Liège, et il a tout arrangé.

Que voulez-vous dire? s'écria mon mari, en se levant, et en s'avançant vers le jeune homme.

Mon père vous fait dire, reprit-il, qu'il a répondu pour vous, ce matin, et qu'ainsi vous ne devez plus rien, vous, à ce marchand de Liège. Il vous fait dire aussi qu'il arrangera, plus tard, avec vous, tout cela.

Mon pauvre mari, cher Monsieur, fut si ému, qu'il se mit à pleurer, et qu'il ne put rien dire au jeune homme, qui, d'ailleurs, disparut tout à coup.

Mais enfin, vous le voyez, ce cher monsieur Michel s'était fait notre caution; et même ensuite il paya tout. Et à présent, il ne veut pas que mon mari le lui rende encore. Mais si la vache se vend bien, on fera déjà quelque chose.


Le Promeneur. Et, je vous prie, vous fûtes ainsi tout tranquilles, sur le simple dire de ce jeune homme? Hé! s'il vous eût trompé? S'il n'eût fait ce récit que pour vous calmer un moment?

Fanny, vivement: Jamais ni M. Michel, ni son fils Léonard ne mentent. On est donc bien sûr de tout ce qu'ils disent.


Le Promeneur. Alors donc vous fûtes tout à fait tranquilles? .

La Mère. Hé! qui ne l'eût pas été! Puisque toute notre dette était comme payée, il n'y avait plus de souci à se faire là-dessus. M. Michel ne s'était-il pas mis à notre place?


Le Promeneur. Cependant vous ne l'aviez pas vu signer son engagement?

La Mère. Mais, Monsieur, puisqu'il nous le faisait dire, et qu'il ne mentait pas, ne devions-nous pas être sûrs de la chose?

Le Promeneur. Quoi, ma Bonne, sans que vous eussiez rien fait pour le mériter? Sans que vous eussiez ni prié M. Michel de vous sauver, ni promis au juge que vous ne feriez plus de dettes?

Olympe. Mais, Monsieur, vous n'avez donc pas compris que ce cher M. Michel fit cela par pure bonté, par pure compassion pour nous?


Le Promeneur. Et alors, Olympe, pourquoi me dites-vous qu'il faut que vous fassiez plusieurs choses, — comme, par exemple, que vous soyez plus sage et que vous vous recommandiez à Dieu, — avant que le Seigneur Jésus paie la dette de votre, âme: c'est-à-dire avant qu'il vous sauve de la grande et longue prison de l'enfer?

La Mère. Mais, Monsieur, est-ce la même chose?


Le Promeneur. Hé! je vous prie, quelle différence y voyez-vous? Voyons, Fanny, répondez-moi. N'avons-nous pas des péchés sur notre conscience?

Fanny, en baissant la tête: Oh! pour ça, nous n'en avons que trop.


Le Promeneur. Et Dieu ne dit-il pas que nos péchés méritent la punition?

Olympe. C'est l'enfer qu'ils méritent: n'est-ce pas, Maman?

La Mère. C'est ce que la Bible dit: et je crois que la Bible dit vrai.


Le Promeneur. Hé! bien la Bible ne dit-elle pas aussi que le Seigneur Jésus-Christ a pris sur lui, sur son âme et sur son corps, les péchés de tous ceux qu'il voulait sauver?

Olympe. C'est ce que tu nous as lu dimanche dernier, bonne Maman. Tu sais, dans l'Évangile; vers la fin.


Le Promeneur. Et rien n'est aussi vrai que cela. Comme aussi l'Évangile ne dit-il pas que le Seigneur Jésus a souffert, lui-même, tout le châtiment que tous ces péchés-là méritaient?

Fanny. Alors donc, Monsieur, le Sauveur a pris sur lui, par exemple, le mensonge que j'ai fait, l'autre jour, et pour lequel papa m'a tant grondée?


Le Promeneur. Et si, de plus, le Sauveur a souffert à votre place la colère de Dieu que ce mensonge a méritée, est-ce que vous voudriez en faire encore un?

Fanny alla se mettre derrière sa mère, en disant à voix basse: C'est bien sûr que non! Quelle horreur... de se moquer ainsi du Sauveur!

La Mère. Mais, cher Monsieur, pardonnez-moi si je vous demande comment je puis être tout à fait sûre que le Seigneur Jésus a pris sur lui mes péchés, tous mes péchés?


Le Promeneur. Ne m'avez-vous pas dit que quand le fils du fermier vous eut fait le message de son père, vous fûtes tout à fait sûre que toute votre dette était ôtée de dessus-vous?

La Mère. Mais, Monsieur, puisqu'il nous le disait lui-même, et que c'était à nous aussi qu'il parlait, comment en eussions-nous douté?


Le Promeneur. Eh bien! donc, puisque l'Apôtre St-Jean vous dit, dans sa première Épître, au chapitre cinquième, que si nous croyons les hommes, à plus forte raison nous devons croire Dieu, ne devez-vous pas être sûre que Jésus-Christ a pris sur lui tous vos péchés, si c'est lui-même qui vous le dit?

La Mère. Mais... est-ce bien à moi, est-ce à mon mari, est-ce à Robert ou à mes autres enfants, qu'il le dit?


Le Promeneur. Tenez, voici le Nouveau Testament, l'Évangile. Je l'ouvre au troisième chapitre de l'Évangile selon St-Jean, et voici ce que je lis au verset quatorzième: «Comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi faut-il que le Fils de l'Homme soit élevé, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle

Fanny, à l'oreille de sa mère: Qu'est-ce que c'est que cette histoire du serpent?


Le Promeneur, qui a entendu Fanny: Voici ce que c'est. Le peuple d'Israël, dans le désert, avait murmuré méchamment contre Dieu, et Dieu, pour le punir, avait envoyé, contre le peuple, des serpents très-venimeux qui mordirent les Israélites et qui en firent périr un grand nombre.

Alors le peuple se repentit, et il supplia Moïse d'obtenir de Dieu que les serpents se retirassent. Mais Dieu, qui voulait que les Israélites crussent ce qu'il leur dirait, commanda à Moïse de faire, en airain, la figure d'un des serpents, et d'élever cette figure, au milieu du camp, sur une perche; et il promit que tout Israélite, quel qu'il fût, qui regarderait vers le serpent d'airain, serait* aussitôt guéri de la morsure que lui aurait faite un des serpents.

Olympe. Vraiment, Monsieur! Rien qu'en regardant?... Et cela se fit-il?


Le Promeneur. C'est bien sûr! Dieu l'avait promis, cela se fit donc. Et en effet, quand un Israélite était mordu d'un des serpents, il n'avait qu'à regarder vers le serpent d'airain, et sur le moment même il était guéri.

Fanny. Quelle belle histoire! Je ne l'avais jamais encore entendue.


Le Promeneur. Eh bien! Fanny, qu'auriez-vous répondu à un de ces Israélites qui vous eût dit: Mais comment suis-je sûr que c'est pour moi, pour moi-même, que le serpent d'airain a été élevé?

Fanny, humblement: Mais il me semble que puisque Dieu avait dit que c'était pour tout le monde, personne ne pouvait dire que ce n'était pas pour lui.


Le Promeneur, à la mère: Alors donc, bonne Maman, si le Seigneur Jésus dit que quiconque croit en Lui ne périra pas, mais qu'il aura tout le pardon de ses péchés, personne ne peut même penser que ce n'est pas pour lui que le Sauveur a été crucifié, ou, comme il dit, élevé?

La Mère. Je suis donc, moi, bien sûre, que si je crois au Seigneur Jésus, mes péchés me seront tous pardonnes?


Le Promeneur. Puisque Dieu, qui ne peut mentir, vous le certifie, comment en pourriez-vous douter; ou plutôt, comment l'oseriez-vous?

La Mère. Oh! quelle belle et bonne chose c'est donc que de croire en Jésus!

Olympe. Mais, bonne Maman, tu n'as pas demandé à Monsieur ce que c'est, positivement, que croire en Jésus. Je vois bien ce que c'était que regarder vers le serpent d'airain; mais je ne vois pas si bien ce que c'est que croire en Jésus.


Le Promeneur. Quand vous m'avez dit, Olympe, que pour aller en paradis, il vous fallait être sage et vous recommander à Dieu, vous avez alors cru en votre sagesse et en vos prières: ce qui veut dire que vous avez pensé que ce serait ainsi que vous obtiendriez de Dieu le pardon de vos péchés.

À présent, si au lieu de croire à ce que vous, mon Enfant, vous feriez, vous croyez, au contraire, à ce que le Seigneur Jésus a fait, et qu'ainsi vous vous confiiez en lui, — à peu près comme votre papa se confia, quant à sa dette, en ce qu'avait fait M. Michel, — Dieu vous promet que, pour l'amour de son Fils et de ce que ce puissant Sauveur a fait, il vous remettra et pardonnera tous vos péchés.

Olympe, en regardant fixement le promeneur: Sans que moi, Monsieur, j'aie rien fait?


Le Promeneur. Non, rien! Pas plus qu'il ne demandait que l'Israélite mordu d'un des serpents fit la moindre chose pour être guéri, sinon qu'il regardât vers le serpent d'airain, en croyant Dieu.

La Mère. Vois-tu, ma fille, c'est... je commence à le comprendre!... ce que l'Évangile appelle la grâce. Cela ne se mérite pas; c'est un pur don de Dieu.


Le Promeneur. À présent, vous voyez la chose! Oui, c'est ce que l'Évangile appelle la grâce; ce qui veut dire que Dieu, par son pur amour, «nous a donné la vie éternelle comme dit encore St Jean, au cinquième chapitre de Sa première Épître, et que «cette vie est en son Fils.» — Et alors il ajoute que «celui qui a le Fils de Dieu, a aussi la vie éternelle

Olympe. Alors, Monsieur, pour avoir le Fils de Dieu, que fait-on?


Le Promeneur. Hé! ma chère Fille, on croit en lui! On croit donc sincèrement que le Seigneur Jésus est le Fils même de Dieu; on le lui dit, à lui-même, et on se confie, de cœur et véritablement, en ce qu'il a fait.

Fanny, à sa mère: Je voudrais bien lire tout cela dans la lettre de Dieu, comme ce monsieur nous a dit qu'est la Bible.


Le Promeneur. Eh bien! Fanny, dépêchez-vous d'apprendre à bien lire; et jusque-là, priez votre bonne maman de vous lire la Bible, non plus chaque dimanche, mais, sans y manquer, chaque jour.

Veux-tu, bonne Maman? dit Fanny, en embrassant sa mère.

Je te le promets, de tout mon cœur! dit la maman.

Sur quoi le promeneur, prenant congé de la mère et de ses filles, leur dit encore avec affection: Bonnes Amies, croyez que c'est de Dieu même que vous vient, aujourd'hui, ce bon désir. Soyez-en donc heureuses, et reconnaissantes aussi; et surtout, ne lisez jamais la Bible sans demander sincèrement à Dieu de l'accompagner, dans votre cœur, de l'efficace du Saint-Esprit.

Olympe, avec sentiment: Et alors, n'est-ce pas, Monsieur, nous deviendrons toujours plus sages?


Le Promeneur. Dieu nous a promis, ma chère Enfant, que si nous soumettons notre cœur à son saint Fils Jésus-Christ, nous serons alors les vraies brebis de ce Bon Berger, et que son Esprit nous rendra chaque jour plus désireux et plus capables d'écouter sa voix et de la suivre.

La Mère, tout en prenant une main du monsieur, et en la baisant avec respect: Amen! Que notre bon Dieu le fasse!


FIN.


* Sous-titre: Bibliothèque Regard


Verset



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