Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !


UN PÈRE DE FAMILLE ET L'ÉCOLE DU DIMANCHE

 

Un jour, un voyageur arrivait dans une petite ville du département de..... C'était un samedi. Après avoir informé de son arrivée un de ses amis, qui l'attendait, il se rendit chez une de ses anciennes connaissances qu'il n'avait pas vue depuis des années. Louis M... et sa femme, honnêtes cultivateurs, parurent enchantés de cette marque d'amitié.

- Vous voilà donc, M. Charles, lui dit Louis M...., quel bon vent vous amène ?
Charles. Le désir de vous voir et de vous serrer la main.
Louis. Bien. Femme, tu vois là un de mes anciens camarades d'enfance, et dont les conseils ont toujours été pour moi d'un grand prix. Vous souvient-il, Charles, du jour où, grâce à vos bons avis, j'évitai une perte qui m'aurait réduit à la misère ?

Charles. Je crois m'en souvenir ; c'est qu'aussi vous n'avez pas fermé l'oreille à la voix d'un ami qui ne voulait que votre bien.
Louis. Et je ne m'en repens pas. C'était pour un cautionnement.

Charles. Dites-moi, Louis, et la famille ? elle a grandi depuis que je vous ai vu.
Louis. Oui ! grâce à Dieu, j'ai trois garçons et deux fillettes, tous bien portants, mais qui me donnent déjà du fil à retordre.

Charles. Nos enfants nous rendent ce que nous avons donné nous-mêmes à nos parents : beaucoup de peines.
Louis. C'est vrai ; mais qu'y faire ?

Charles. Où sont-ils vos enfants ?
Marguerite. Les deux plus jeunes, chez une voisine, et les autres s'amusent sur la place.

M. Charles était d'un caractère observateur : Dans ses fréquentes courses, il avait plus d'une fois été peiné à la vue de cette sorte de désarroi qui caractérise les maisons de bien des gens de la campagne et des petites villes. Ici, rien de pareil.
Les engrais étaient soigneusement entassés ; les instruments agricoles à leur place. Dans la cuisine, les vases d'étain, brillant comme de l'argenterie ; au foyer, bien nettoyé, un pot-au-feu, renfermant, sans doute, le souper des enfants qui couraient les rues. Dans la chambre de ménage, servant à double, à triple usage, rien qui dénotât la négligence des habitants. Une certaine aisance, fruit d'un travail soutenu, indiquait une de ces demeures où régnerait le bonheur domestique, s'il n'y manquait pas ce qui seul en fait la base et la force.

Après quelques paroles de son ancien camarade, M. Charles reprit :
- Vous me parliez de vos enfants ; ils vous causent donc bien de la peine ?
Louis. Ce n'est que trop vrai. L'aîné veut faire tout à sa tête, et, parce qu'il a quatorze ans, il se croit déjà un homme. Le second, qui en a douze (je puis bien vous le dire), m'afflige beaucoup ; on ne peut compter sur ce qu'il dit. Tenez, l'autre jour, il a menti... mais, je ne veux pas vous ennuyer de toutes ces misères.
Marguerite. Non, n'en dis rien ; on sait assez que ce ne sont que des enfants ; avec l'âge, ils se corrigeront. Ils ont d'ailleurs le meilleur coeur du monde.
Louis (vivement). Et moi, je ne me gêne pas avec cet ami. Et puis, est-ce la désobéissance, est-ce le mensonge que nous leur avons appris ?

Charles. Et l'autre ?
Louis. Le troisième est peut-être le moins rebelle,  mais il commence déjà à faire comme les aînés.

Charles
. Vous aimez vos enfants, cher Louis, et je lis sur les traits de votre femme qu'elle a pour eux toute l'affection possible ; seulement, je crains qu'elle ne voie pas toute la profondeur du mal et qu'elle ne les excuse trop.
Marguerite. Qu'ai-je de plus cher au monde que mes enfants ? Ne donnerais-je pas ma vie cour eux ?

Charles
. Je n'en doute pas, et vous seriez, j'en suis presque assuré, tout disposés l'un et l'autre à recourir à un moyen que je veux vous proposer, pour arrêter vos enfants dans la mauvaise voie qu'ils suivent et leur en faire prendre une autre.
Louis. Certainement ; mais quel moyen ? Je serais curieux de le connaître ; avez-vous quelque secret ?

Charles. Ce n'est pas un secret, mais quelque chose qui a fort bien réussi ailleurs. Voulez-vous que je vous le dise ?
Louis. Mais sans doute. Je sais bien comment on s'y prend pour faire porter de bons fruits à un mauvais pommier ou pour renouveler une vigne ; mais, pour faire changer de conduite à des enfants désobéissants, menteurs, je n'en connais pas d'autres que la verge, à moins que le bon Dieu n'y mette la main.

Charles
. C'est précisément de ce dernier moyen, trop peu connu, que je veux vous parler. Dites-moi, que font-ils le dimanche ?
Louis. Le dimanche, c'est le jour où ils sont le plus insupportables. Dans la semaine, ils sont du moins à l'école et ils n'ont guère le temps de courir. Mais le dimanche, j'ai de la peine à les faire aller à l'église, et puis, quand ils y ont été, on ne les revoit plus qu'aux repas, et encore à peine.

Charles
. Lisez-vous avec eux la Parole de Dieu ?
Louis (embarrassé). Oui, comme çà, de temps en temps.

Charles
. Priez-vous avec eux ?
Louis. Quand le pourrait-on ? Au point du jour, ne faut-il pas soigner son bétail, courir au champ ou à la vigne, tenir tout en ordre ; et la femme, n'a-t-elle pas son ménage ?

Charles
. Et le soir ?
Louis. Le soir ! vous le voyez, les enfants vous échappent, et, dès qu'ils rentrent, ils mangent leur soupe et vont au lit.

Charles
. Et quand ils vous désobéissent, vous mentent, que faites-vous ?
Louis. Je vous l'avoue, la moutarde me monte au nez, et j'ai là un objet dont plus d'une fois leur dos a senti l'effet.

Charles
. Et vous trouvez que c'est ainsi qu'on doit les élever et les laisser grandir ? Vous soignez admirablement bien votre bétail et vous ne soignez pas mieux vos enfants ? Louis, j'aime votre franchise ; mais votre franchise vous fera supporter la mienne, et puisque, autre fois, vous avez suivi mon conseil, qui vous a épargné une ruine désastreuse, voulez-vous suivre celui que je vais vous donner au sujet de vos enfants ?
Louis. Voyons ! quel est-il ?

Charles
. Vous me l'avez vous-même indiqué : chercher à faire dans leurs coeurs ce que vous faites si bien à un mauvais arbre ou à une mauvaise vigne.
Louis. Comment donc ?

Charles. Je vais vous le dire. Je connais un village dans lequel les enfants étaient, pour la plupart, aussi méchants que les vôtres. Ces enfants suivaient l'école de la semaine et n'étaient pas moins avancés que ceux des autres communes. L'instituteur se donnait toutes les peines du monde pour les instruire ; de son côté, le pasteur faisait tout son possible, surtout envers les plus grands, pour leur enseigner les principes chrétiens. Malgré tout cela, le mal s'accroissait : les jurements, les mensonges, le maraudage, l'insubordination envers leurs parents ; chez les aînés, le goût de la boisson, et d'autres vices encore souillaient cette jeunesse.
Désobéissants envers Dieu, comment ne l'auraient-ils pas été envers pères et mères ? Ceux-ci, même les moins religieux, s'alarmaient avec raison de la conduite de leurs enfants. Quelle digue pouvait-on opposer au torrent ? Vous allez voir.

Il y avait dans ce village un brave père de famille, nommé Claude J..., un de ces bons et solides chrétiens qui puisent dans la Parole de Dieu leur règle de foi et de vie. Ses enfants, par ses soins vigilants, avaient été préservés de ces vices auxquels la plupart de leurs camarades se livraient.
Ce n'était pas assez pour lui : il avait voulu que ses enfants apprissent de bonne heure à connaître leur état de péché et le salut qui n'est qu'en Jésus-Christ.
Dans ce but, outre son culte journalier fait chez lui avec sa femme et ses enfants, il consacrait, chaque dimanche, au moins une heure à les entretenir de la Parole du Seigneur. Un de ses voisins, étonné de la bonne conduite des enfants de Claude, lui demanda de permettre aux siens de prendre part à ses bonnes instructions. Claude ne demandait pas mieux. Peu à peu le nombre de ses élèves s'accrut. Quelques-uns se dégoûtèrent bien vite ; d'autres persévérèrent et y prirent un vrai plaisir.
Marguerite. Mais, c'est comme chez François D..., qui tient ce qu'il appelle une école du dimanche !

Charles. C'est cela : une école du dimanche, ou, si vous aimez mieux, une réunion du dimanche pour l'éducation morale et chrétienne des enfants.
Ceux qui continuèrent à se rendre chez Claude, ont appris et senti ce qu'ils ignoraient et ce qu'ils ne sentaient pas ; c'est que, pauvres pécheurs, ils devaient se convertir et croire que Jésus-Christ est leur Sauveur. En y croyant, plusieurs ont appris à l'aimer et à lui obéir.
Sur quatre enfants de Claude, il y en a trois qui sont devenus chrétiens dans le bon sens du mot. Son école réunit bientôt une quarantaine d'élèves. Il est encouragé par le pasteur, par l'instituteur.
Le premier, s'y rend de temps en temps, soit pour remercier Claude du bien qu'il fait, soit pour exhorter les enfants à en profiter. Aujourd'hui, ce même village, où les enfants étaient tristement connus par leur mauvaise conduite, possède le meilleur moyen pour agir, comme je vous le disais, sur leur conscience, sur leur coeur : la greffe est posée, une sève nouvelle circule et déjà des fruits se montrent.
Un jour, un de ces enfants arrive tout abattu chez Claude, un peu avant l'heure de l'école ; celui-ci l'aborde avec douceur : Qu'as-tu, mon ami ? Tu as pleuré.
L'enfant n'ouvre pas la bouche. As-tu quelque chagrin ? Enfin, ému de cette bonté de son instituteur, il lui dit : Oui, j'ai eu un grand chagrin. - Lequel ?
- Vous ne savez pas : après la leçon de dimanche passé, je m'étais bien promis de ne plus désobéir à ma mère, et voilà que, hier, j'ai désobéi. J'en ai pleuré encore ce matin. - Tu as donc bien compris ces paroles : « Enfants, obéissez à vos pères et à vos mères, selon le Seigneur ; car cela est juste. » (Eph. VI, 1.) - Oui !
- Eh bien ! rappelle-toi cette autre parole : « Si quelqu'un a péché, nous avons un avocat (un défenseur) auprès du Père, Jésus-Christ, le juste. » (1 Jean II, 1). Confesse-lui ton péché et il te donnera, avec l'assurance du pardon, la force de n'y plus retomber. Reconnais-le aussi auprès de ta mère et elle te pardonnera.

Une autre fois, un des élèves de Claude avait dérobé du fruit dans le verger d'un voisin. Découvert par son père, qui en informa Claude, l'enfant dut aller chez le propriétaire du verger et lui avouer sa faute. Cet homme, assez mal disposé envers l'école du dimanche, fut fort touché de cette démarche. - Qui t'a envoyé vers moi, dit-il à l'enfant ? - C'est M. Claude. - Tu vas donc à son école ? - Oui ! - C'est bon. Aussitôt il fait venir ses deux enfants et leur dit : Vous irez dès demain à l'école du dimanche de M. Claude. Il vous apprendra quels sont vos devoirs.

Louis. Mais c'est excellent, et comment avons-nous fait, Marguerite, de ne pas envoyer les nôtres à l'école du dimanche, nouvellement ouverte près de chez nous ?
Marguerite. Ils n'auraient pas voulu, nos enfants ; je les connais.

Charles. Demain, faites une chose ; accompagnez-moi tous deux, à une heure, chez M. François D... ; amenez-y vos enfants et vous jugerez par vous-même ce qu'est une école du dimanche.
Louis. Soit, nous le voulons bien.

M. Charles avait prévenu à temps le directeur de l'école du dimanche, et celui-ci avait recommandé aux enfants de prier leurs parents de s'y rendre.
Cette école se tenait dans une salle de la maison de François D... A la salle étaient attenants deux cabinets et une vaste cuisine. Dans la grande pièce étaient des bancs symétriquement rangés ; en face, une table sur une petite estrade ; à droite, les filles, sous les soins de quatre dames ; à gauche, les garçons, ayant pour moniteurs, à la tête de chaque groupe, des membres de l'Union chrétienne des jeunes gens ; entre chaque groupe, un intervalle.
Une soixantaine d'enfants de cinq à seize ans, les plus jeunes près de l'estrade, occupaient les bancs. Dans les deux pièces attenantes à la cuisine, se pressaient des pères, des mères, des amis des enfants, accourus pour voir cette réunion d'un nouveau genre dans cette localité, et pour entendre le visiteur.

Quand M. Charles entra, avec Louis et sa famille, tous les élèves étaient à leurs places. Le directeur prononça une prière simple, brève, mais fervente et indiqua un chant. Toutes ces voix enfantines, déjà bien exercées, s'élevaient vers le ciel en hymnes de louanges. Les chefs de groupe s'assurèrent si chaque élève avait correctement appris les passages expliqués le dimanche précédent ; puis ils leur adressèrent des questions, des conseils pratiques sur ces passages.
L'attention était soutenue ; les yeux des enfants fixés sur leurs moniteurs : rien de tendu, d'ennuyeux ; quelques anecdotes à l'appui de la leçon du jour intéressaient vivement et les élèves et les instructeurs. Au bout d'une demi-heure, silence absolu ; puis, encore un chant. Toute la nombreuse assistance des parents paraissait charmée de l'ordre, de l'entrain qui régnait dans cette école.

Après le chant, M. Charles monta sur la modeste estrade et s'exprima en ces termes :
« Mes jeunes amis, je suis fort réjoui de vous voir réunis ici en grand nombre, tout comme d'y voir vos parents et les amis de cette bonne oeuvre. S'il y avait ici quelqu'un qui se demandât : « Qu'est-ce qu'une école du dimanche, » je lui dirais : « Voyez ! en voilà une. » Mais ce ne serait pas assez. Il y a peut-être ici des enfants ou des parents qui n'en comprennent ni l'absolue nécessité, ni les bienfaits. Je vais tâcher de vous les démontrer.

« Je dis d'abord que l'école du dimanche est nécessaire, c'est-à-dire, qu'on ne peut s'en passer, à moins que les parents ne veuillent que leurs enfants grandissent dans l'indifférence et restent sans Dieu et sans espérance en ce monde. Mais, je vous entends dire tout bas : N'avons-nous pas les écoles de la semaine et l'instruction religieuse des pasteurs ? J'apprécie autant que qui que ce soit les écoles de la semaine ; elles sont indispensables pour apprendre aux enfants à lire, à écrire, à compter ; mais chacun sait que ces objets, fort utiles sans doute, ne sont pas l'essentiel dans la grande question de notre salut, et qu'un enfant pourrait être bon lecteur, bon arithméticien et être en même temps un malheureux impie.

« Chacun devrait aussi savoir que la religion n'est pas une science, mais une vie, un lien, qui nous relie à Dieu. L'école primaire a pour but principal le développement de l'intelligence, tandis que l'école du dimanche s'adresse à la conscience, au coeur.
Les instituteurs les plus capables peuvent vous dire que le temps qu'ils consacrent à la partie religieuse dans leurs écoles, est fort peu de chose.
Et l'instruction donnée par les pasteurs ?
Elle aussi est nécessaire et peut faire beaucoup de bien ; mais, d'abord, tous les enfants n'y sont pas admis, et de respectables pasteurs assurent qu'elle ne peut suffire. Prenez dix enfants qui ont fréquenté une école du dimanche, depuis l'âge de cinq ou six ans, et dix autres qui n'y auront jamais été. Ces vingt enfants, parvenus à l'âge de treize ou quatorze ans, vont suivre l'instruction du pasteur.
Lesquels y seront le mieux préparés ?
Lesquels auront acquis des notions préliminaires, simples, saines, si précieuses pour recevoir une instruction plus développée ?
Et que sera-ce encore, si, comme on le voit dans tant de familles, ces pauvres enfants ne respirent, sous le toit paternel, qu'une atmosphère irréligieuse ?
Quel travail aride, souvent infructueux, pour un pasteur chargé d'amener de tels élèves à Jésus-Christ ! Quel sol ingrat, déjà tout couvert des ronces de l'incrédulité et du vice ! Comment la bonne semence y prendra-t-elle racine ?

« Les dix autres, au contraire, élèves assidus de l'école du dimanche, passeront sous les soins du pasteur avec un fond de connaissances, peut-être de salutaires impressions qui, avec la grâce de Dieu, produiront d'excellents fruits.
Depuis l'âge de cinq ou six ans et chaque dimanche, ils auront entendu une voix céleste, celle de Dieu, qui nous parle dans son Évangile ; les premiers germes de la foi, de l'amour du Seigneur, auront pu éclore dans ces jeunes âmes. Quelle bonne école préparatoire pour ces chers enfants qui sont appelés à devenir membres de l'Église de Christ ! Comme elle facilitera l'oeuvre du pasteur !

« Il en est ici exactement de même que pour l'entrée dans nos écoles primaires. Un enfant qui a appris à l'école enfantine ou auprès de ses parents, les lettres, les syllabes, les mots, les chiffres et surtout l'obéissance, la ponctualité, ne donne-t-il pas infiniment moins de peine à l'instituteur primaire qu'un enfant de sept ans qui ne sait ni a ni b ?
Demandez-le à nos maîtres d'école. Il y a donc une différence énorme entre les enfants de quatorze ans, élèves de l'école du dimanche, et ceux du même âge qui ne la fréquentent pas. Comme je vous le disais : les pasteurs le sentent et reconnaissent que, pour agir sur le coeur des enfants, pour les conduire au Sauveur, il faut s'y prendre de fort bonne heure, et qu'un moyen direct, facile, à la portée de tous], c'est l'école du dimanche.

« En effet, ne pensez-vous pas, pères et mères, que la première chose dont vos enfants aient besoin, c'est de connaître leur propre coeur ? Aussi longtemps qu'ils ne verront pas que le mal habite en eux et qu'il leur faut un Sauveur, ils resteront dans la voie de la perdition. Or, dans une réunion telle que celle-ci, on les met en présence de Dieu, de sa Parole ; par des entretiens familiers avec eux, des applications de cette divine Parole, on fait vibrer une corde qui, peut-être, ne rendait aucun son distinct, celle de la conscience, de cette conscience qu'il s'agit de convaincre de péché.
C'est le premier pas à faire dans la route conduisant au salut. Pour cela, il faut que la lumière soit mise à leur portée et qu'on leur tienne un langage en rapport avec leur âge. Rien de plus précieux pour cela qu'une école du dimanche.

« Ne faut-il pas aussi, chers enfants, que vous appreniez de bonne heure quel est Celui qui est venu chercher et sauver ce qui était perdu ? Dites-moi, mes amis, pourriez-vous me dire ce que le Seigneur enseignait un jour à une femme nommée Marthe ?
« Un Enfant. On le lit dans saint Luc, chapitre dix.
« M. Charles. Lisez-le nous.

« Un Enfant. Marthe, Marthe, une seule chose est nécessaire.
« M. Charles. Qu'entendait-il par là ?

« Un Autre Enfant. C'est d'être racheté par Lui, de recevoir et de pratiquer sa Parole.
« M. Charles. Très bien ! De deux choses l'une : ou bien les parents s'appliquent chez eux à amener leurs enfants à cette foi vivante et pratique, ou bien ils n'y songent pas.
Dans le premier cas, qu'ils doivent s'estimer heureux d'avoir pour fidèle auxiliaire une école du dimanche ! Dans le second cas, leurs enfants n'ont-ils pas le plus pressant besoin de ce moyen-là, puisque, sous le toit paternel, on ne leur parle pas de Jésus-Christ ?

« L'école du dimanche n'est-elle pas indispensable pour que vous compreniez, déjà à votre âge, que le dimanche est bien le jour du Seigneur ? Ici, est le culte pour les enfants ; vous priez, vous adorez Dieu, vous entendez sa Parole ; vous apprenez à mettre à part, selon la volonté du Créateur, un jour sur sept, et à le sanctifier. Y aurait-il tant de gens qui foulent aux pieds le dimanche, en l'employant au travail ou à de criminels, ou à de frivoles plaisirs, s'ils avaient eu, dès leur enfance, un culte selon leur âge, une réunion du genre de celle-ci ?

« N'est-elle pas aussi nécessaire pour inculquer dans vos jeunes coeurs cette greffe divine qui les renouvellera ? L'Esprit Saint peut seul opérer cette oeuvre, et, en l'opérant, il vous donnera d'aimer Celui qui vous a tant aimés, et de remplir vos devoirs d'enfants, puis, plus tard, ceux de l'âge mûr.

« Sous tous ces rapports, l'école du dimanche nous parait d'une incontestable nécessité. Reconnaissez-le, parents de ces enfants, et vous ne tarderez pas à en voir les bienfaits.

Il y avait, dans un village de notre pays, un homme qui ne voulait pas qu'on lui parlât de l'Évangile. Deux de ses fils marchaient sur ses traces ; ils devinrent bientôt, comme lui, blasphémateurs, joueurs, ivrognes. Ce malheureux, dont la femme était morte par suite des mauvais traitements qu'elle en avait reçus, ne vivait que des débris d'un patrimoine bientôt épuisé par ses excès.
Un jour, il tombe malade, et sa misère est à son comble. Ses deux aînés, élevés à son image, l'abandonnent dans son triste état. Le cadet, avait eu l'avantage d'entrer assez jeune, comme petit valet de ferme, dans une maison chrétienne d'une ville voisine. D'abord paresseux, menteur, il ne causait que du chagrin à ses maîtres. Mais ceux-ci, comprenant qu'ils avaient un important devoir à remplir envers l'âme de cet enfant, l'envoyèrent à l'école du dimanche de cet endroit. Il la suivit pendant deux ou trois ans ; les mauvais plis s'effacèrent, et peu à peu, il devint un être nouveau.
À seize ans il avait quelques épargnes. Ce fut alors que son père tomba malade. Avec la permission de ses maîtres, il court auprès de lui, le trouve seul, dans un pauvre grabat. À cette vue, le jeune homme fond en larmes, remet le précieux pécule à son père et le soigne avec toute la tendresse qu'un enfant chrétien doit à l'auteur de ses jours.
On rapporte que ses prières, ses paroles brûlantes d'amour opérèrent un changement complet dans le coeur du malade, et que celui-ci, ayant reconnu avec larmes, son inconduite, mourut en invoquant le nom de Jésus-Christ. Qu'étaient devenus les deux aînés ? L'un était mort par suite de son ivrognerie, et l'autre était en prison pour vol.

« Je sais bien que tous les élèves des écoles du dimanche n'en retirent pas toujours de salutaires effets. Vous-mêmes vous savez que toute la graine que vous jetez en terre, que tous les ceps que vous cultivez ne produisent pas tous les fruits que vous en attendez. Cela ne vous empêche pas d'ensemencer vos champs et de cultiver vos vignes.
N'y a-t-il pas plus d'espoir d'une bonne récolte en une terre bien préparée, qu'en celle où vous ne sèmeriez rien du tout et où vous laisseriez croître des épines et des chardons ? C'est évident.

Eh bien ! le coeur de vos enfants est comme un sol plein de mauvais germes qu'il s'agit d'arracher et où il importe hautement, sous peine de perdition, et pour vous et pour eux, de répandre la pure semence de la Parole de Dieu. Plusieurs grains seront perdus ; mais d'autres lèveront, et quels bons fruits que ceux qui en sortiront ! Quelle admirable récolte ! Le trait que je viens de vous raconter le prouve. Le père coupable récolta ce qu'il avait semé dans deux de ses fils. Si d'autres n'eussent pas fait envers le cadet, ce qu'il était lui-même incapable de faire, l'aurait-il eu près de son chevet au moment suprême, et aurait-il pu, comme le brigand converti, jeter les yeux sur le Sauveur de nos âmes ?
L'école du dimanche enseigne donc aux enfants à respecter, aimer, soutenir leurs parents, parce qu'elle puise toutes ces règles de la vie dans la Bible, qui nous révèle la volonté de Dieu. Quel bienfait !

« L'école du dimanche met les enfants sur la voie du salut, non seulement d'un salut, d'un pardon pour la vie à venir, mais encore du salut dans la vie actuelle. En les instruisant selon le Seigneur, et s'ils en profitent, elle leur fera faire l'expérience de cette belle parole : « La piété a la promesse de la vie présente, aussi bien que de celle qui est à venir. » (1, Tim. IV, 8.)
Et comment cela ? C'est bien simple : vos enfants grandissent et avec eux les tentations, les pièges. Si Dieu vous les conserve, les voilà bientôt lancés sur l'Océan de la vie. tout parsemé d'écueils. Sans une foi réelle au Seigneur, ils seront comme une nacelle privée de gouvernail et à la merci des flots. Au contraire, avec un coeur régénéré, plein de soumission, de confiance en Jésus-Christ, ils vogueront en paix et arriveront au port. L'école du dimanche leur montre la route à suivre. Quel bienfait !

« Mais le plus grand de tous, c'est que le bonheur, la gloire à venir peuvent être leur partage. Nous touchons tous aux portes de l'éternité : parents, enfants, maîtres, disciples, jeunes et vieux, encore un moment et nous sommes lancés dans ce monde futur. Quelle sera la part de vos enfants ? l'enfer ou le ciel ?
L'enfer, s'ils ne sont pas à Christ, en Christ. Le ciel, s'ils sont à Christ, en Christ. Point d'autre alternative.
Laquelle voulez-vous pour vous, pour vos enfants, si tendrement aimés ?
Si c'est le ciel, ne les en détournez pas, en les détournant de ce qui peut les y préparer. L'école du dimanche, pour ceux qui en retirent du fruit, les fait entrer dans ce chemin. Quel bienfait !

« Considérez encore, parents, que, si vos enfants se perdaient par votre négligence, vous vous perdriez avec eux, vous vous perdriez sans retour ; vous deviendriez les auteurs ou les complices de cet épouvantable malheur.

« Vous le voyez, l'école du dimanche peut être riche en bons résultats pour vos enfants, pour vous-mêmes ; nous devons ajouter, pour le pays, pour l'église. Que, dans un pays, l'enfance, la jeunesse, soient livrées à l'empire du mal ; qu'aucune digue ne soit opposée au torrent dévastateur du péché ; ce pays-là, quelles que soient la fertilité de son sol, la prospérité de son commerce, l'abondance de ses récoltes, est un pays où l'immoralité, les vices iront en grandissant. Et l'église que devient-elle, si on ne lui prépare pas de bonnes recrues ? un corps sans vie, un cadavre.

« C'est ce qu'ont bien compris les pays, les églises les plus prospères. Savez-vous ce qui place au premier rang des peuples civilisés et chrétiens : l'Écosse, l'Angleterre, plusieurs des États-Unis d'Amérique, quelques portions de la France, de la Suisse et d'autres nations de la terre ?
Ce ne sont pas les forces de leurs armées, l'étendue de leur commerce ou de leur industrie ; c'est la base solide sur laquelle reposent les moeurs d'une bonne partie de ces populations.
Les écoles du dimanche ont une large part dans cette oeuvre régénératrice, et plus celle-ci progresse, plus aussi s'accroît le nombre de ces bienfaisantes institutions.
On compte aux États-Unis des milliers d'écoles du dimanche pour les enfants de toute classe ; la Grande-Bretagne en possède aussi un nombre fort considérable. En France, dans plusieurs cantons de la Suisse, et dans d'autres pays, le chiffre va chaque année en augmentant. Ici, dans cette ville, vous voilà à l'oeuvre ; j'en bénis le Seigneur ; si vous n'y étiez pas, je vous conjurerais de vous y mettre. Voilà une soixantaine d'enfants. Voyons, mes amis, nous voudrions savoir si vous êtes contents de venir à l'école du dimanche. Nous pourrions, comme cela s'est fait ailleurs, vous demander de manifester. votre pensée en levant la main ; mais quelques-uns n'oseraient peut-être pas dire : « Non, je ne suis pas bien aise d'être venu ici. » Vous vous y prendrez donc autrement.
Voici de petits morceaux de papier ; vos chefs de groupe voudront bien en remettre un à chacun des élèves qui savent écrire le mot oui ou le mot non. Ils vous remettront aussi des crayons. Ceux d'entre vous qui n'aiment pas l'école du dimanche écriront sur leur petit bulletin le mot : non. Ceux qui viennent ici avec plaisir, écriront le mot : oui. Vous ne mettrez que l'un ou l'autre de ces mots ; pas de signature.
(Les moniteurs distribuent, par groupe, papiers et crayons ; chaque enfant écrit, sauf deux ou trois des plus petits ; les bulletins sont recueillis. Le tout n'a pas pris plus de deux minutes).

« Deux de ces pères de famille, dit M. Charles, voudront bien, avec le directeur de l'école, dépouiller ce scrutin. Pendant ce temps-là, l'école va chanter ce beau cantique de votre recueil  (Cantique 29 du Recueil à l'usage des écoles du dimanche - Paris) ; j'aime à penser que vous pouvez tous dire :

Voici revenir le beau jour
Qu'au travail on retranche ;
Pour le Ciel travaille à son tour
L'école du dimanche.
En ce saint lieu,
Près de mon Dieu,
Nourri de sa Parole,
De quel bonheur
Jouit mon coeur,
Que j'aime mon école !

Ici, surmontant la frayeur
Du danger qui me presse.
Je vois éclater du Sauveur
La force en ma faiblesse.
En ce saint lieu, etc.

Ici les moments sont trop courts,
Pleins de paix et de joie ;
Puissent couler ainsi mes jours
Dans cette heureuse voie t
En ce saint lieu, etc.

Sois béni, mon Dieu, pour ce jour
Qu'au travail on retranche ;
Pour ce présent de ton amour,
L'école du dimanche.
Dans ce saint lieu,
Près de mon Dieu,
Nourri de sa Parole,
De quelle ardeur
Brûle mon coeur,
Que j'aime mon école !


Après ce chant, un des scrutateurs communique à M. Charles le résultat de la votation : sur soixante-deux présents, il y a cinquante-neuf oui. Trois enfants ont dit qu'ils ne savent pas encore écrire.

« Eh bien ! mes amis, en écrivant le mot oui, vous avez dit que vous êtes heureux de pouvoir fréquenter cette bonne réunion ; vous montrerez dans la suite que ce oui est bien sincère, et en y venant assidûment, vous demanderez à notre Père céleste de graver dans vos coeurs sa divine Parole.

« Maintenant, je m'adresse à vous, pères et mères de ces enfants : permettez-moi de vous faire part de quelques conseils dictés par une expérience déjà longue et par le vif intérêt que je porte à leur véritable bien et au vôtre. Vous voyez ce qu'est une école du dimanche, le prix qu'y mettent vos enfants, le besoin qu'ils ont d'une institution pareille ; je vous ai montré quels bienfaits elle peut produire.

« Mon premier conseil est donc celui-ci : Pénétrez-vous de l'incontestable nécessité de l'école du dimanche. Plus vous l'apprécierez, plus vous serez dans le vrai !
Considérez-la comme un indispensable auxiliaire de l'éducation domestique, de l'instruction offerte dans les écoles hebdomadaires et auprès du pasteur. Pour plusieurs enfants, c'est peut-être la seule source mise à leur portée, à laquelle ils puisent l'eau de \a vie.
Vous êtes, avec raison, très soigneux à donner aux vôtres des directions pour les préserver d'accidents nuisibles ; dans leurs maladies, quelle n'est pas votre sollicitude !
Et vous n'en auriez pas pour le moins autant en présence de l'affreuse maladie dont ils sont tous atteints, la maladie du péché et ses terribles suites ! Non ; impossible. Maintenant que vous savez quels sont les avantages que présente une école du dimanche, vous ne les dédaignerez pas ; c'est mon premier conseil.

« Voici le second : Envoyez régulièrement vos enfants à l'école du dimanche et, si vous le pouvez, accompagnez-les-y. La régularité dans la fréquentation est aussi nécessaire que l'école elle-même ; si un enfant ne s'y rend pas, ou seulement s'il s'y rend de temps en temps ou trop tard, c'est ordinairement la faute des parents.
Au contraire, l'enfant qui sait que son père ou sa mère met une sérieuse importance à l'assiduité, se sent soutenu contre la négligence, la légèreté si commune à cet âge. Une école manquée sans raison plausible, c'est un morceau du pain spirituel dont il se prive ; c'est une infraction au devoir.

« Mon troisième conseil est celui-ci : Veillez à ce qu'ils s'y rendent bien préparés. Vous coûterait-il beaucoup de vous assurer par vous-mêmes s'ils ont appris les passages qu'on leur indique, et s'ils ont lu les bons livres qu'on leur remet ?

« Je connais quelques pères et mères de famille qui ont la bonne coutume de demander à leurs enfants, chaque fois que ceux-ci reviennent de l'école du dimanche : Voyons, qu'avez-vous à apprendre pour dimanche prochain ? Puis ils se mettent, ce même jour, à lire avec eux cette portion des Écritures ; dans le courant de la semaine, ils la répètent encore : traités, livres religieux remis aux enfants, rien ne leur échappe.

Faites de même.


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