La famille, du pasteur C.-E. Babut s'est
résolue à publier un certain nombre
des prédications qu'il a données
à Nîmes pendant les deux
premières années de la guerre.
(1)
Le présent volume, qu'un second
suivra de près, renferme onze sermons
inédits, prêchés en 1914-1915.
Les éditeurs y ont joint d'après le
voeu d'un ami, un discours sur la Défense
Nationale, datant d'octobre 1870 et qui,
imprimé à cette époque, est
devenu introuvable. Une autre demande de
réimpression concernait un sermon
intitulé : Le premier fruit de
l'Esprit (d'après Gal.
V, 22), et contemporain de ceux
qu'on lira ci-après La disette du papier est
venue malheureusement entraver l'exécution
de ce désir. (2)
Est-il nécessaire, maintenant, de
justifier notre publication ?
En dehors de quelques discours de
circonstance, prononcés notamment pour des consécrations
pastorales,
notre père n'avait fait paraître que
deux volumes de sermons, en 1889 et 1891. Une
troisième série
intitulée : Sermons choisis, et
publiée en 1913,
(3)
était
due, comme l'indiquent le sous-titre et une
première préface, à
l'initiative de la « Commission du
Cinquantenaire », (4), et dans
la préface de
l'auteur, on pouvait lire : « Sous
la poussière où dorment mes vieux
manuscrits, trouvera-t-on quelque chose d'utile
à publier et d'approprié aux besoins
de la génération contemporaine ?
On en jugera après ma mort, si l'on pense
qu'il vaut la peine de remuer et de fouiller ce
bagage de plus d'un millier de
sermons. »
Mais, depuis lors, la guerre est
intervenue.... Elle devait miner les
énergies physiques de notre père,
mais sans atteindre ses énergies
spirituelles, ne faisant au contraire que les
stimuler et les exalter sans cesse. Dès les
premiers jours de la villégiature
ardéchoise où il se trouvait alors,
il adressait au prédicateur de la Cour de
Berlin, Dr Dryander, la lettre appelée (sans
qu'il l'eût, certes, prévu) à
un si grand retentissement. Puis il allait
reprendre à Nîmes le poste qu'il ne
devait plus quitter - sauf pour un mois de
vacances, en juillet 1916 (5) -
jusqu'à sa
dernière et courte maladie. Jamais il ne
s'est donné plus complètement : ceux qu'il
a exhortés, visités, soutenus par sa
parole ou par ses lettres en peuvent
témoigner comme les membres de sa famille.
Amaigri, affaibli, parfois défaillant
dès qu'il montait en chaire, il était
comme transfiguré et sa voix, son geste
dénotaient une surprenante vigueur. On sait
comment, dominant sa douleur, il voulut
prêcher, le dimanche qui suivit la mort de
son second fils, le professeur Ernest Babut,
tombé au champ d'honneur en Belgique, le 28
février 1916, et l'on se souvient qu'en
cette circonstance l'immense auditoire était
moins maître de son émotion que le
prédicateur. (6)
Dans cette soif d'action qui le
dévorait, notre père a volontiers
fait paraître ses sermons toutes les fois
qu'on le lui a demandé pendant la guerre, et
nous savons qu'il projetait la publication plus
étendue que nous avons entreprise.
Cette publication, nous avons la confiance
qu'elle sera bien accueillie et portera des fruits
pour le salut des âmes et le service de la
Patrie. Parmi les témoignages de sympathie
que nous avons reçus à l'occasion de
la mise en souscription des Sermons de la guerre,
on me permettra de citer cet extrait de la lettre
d'un pasteur :
« Je ne saurais dire quelle joie m'a
causée la nouvelle de la prochaine
impression de deux volumes de
sermons de votre vénéré
père. Je ne connais aucun autre sermonnaire
dont les sermons soient aussi riches de sève
biblique. Ils sont essentiellement bibliques. Ils
font sortir du texte tout ce qu'il y a. Quel
respect de la pure Parole de Dieu ils
proclament ! Et pour la forme, quelle
beauté, quelle clarté et quelle
simplicité ! Vous devez à
l'Eglise de ne pas laisser perdre ce trésor
d'édification, que votre cher père a
accumulé pendant une cinquantaine
d'années. Dans le millier de sermons qu'il a
composés, vous trouverez, j'en suis
sûr, la matière de plusieurs volumes
qui suivront ces deux premiers, ne contenant que
des sermons composés pendant la
guerre ».
En transcrivant ces dernières lignes,
où je vois une réponse à
l'interrogation de mon père, citée
plus haut, sur le sort réservé
à ses manuscrits, j'ai conscience de la
responsabilité que j'assume, de concert avec
les miens, et je compte que les encouragements et
les conseils de nombreux amis nous aideront
à la porter.
HENRY BABUT.
Alais, 12 Avril 1917.
(1) C'est le 18 Septembre 1916 que mon père a été rappelé à Dieu.
(2) On trouvera ce discours dans la série Pendant la guerre, publié en volumes à 1 franc à la librairie Fischbacher. D'autres sermons du pasteur C.-E. Babut ont déjà paru, ou sont en cours de publication, soit dans cette même collection, soit dans les Méditations évangéliques (publication hebdomadaire de la Librairie générale et protestante, 48, rue de Lille, Parie), soit enfin en tirage séparé (à la « Laborieuse » ou à l'Imprimerie « Chastanier », 12, rue Pradier, à Nîmes.)
(3) Le volume se vend actuellement 2 francs au profit et au siège de la Société des Missions évangéliques de Paris, 102, boulevard Arago.
(4) Cinquantenaire pastoral de M. C-E. Babut, 1862-1912.
(5) C'est pendant ce mois de vacances que, dans une douce retraite familiale, à Montpellier, mon père a dicté ses deux derniers sermons sur La mort de Jésus-Christ, sacrifice de Dieu à l'homme et sacrifice de l'homme à Dieu, sermons qui n'ont pu être prêchés, mais furent lus, dans l'un ou l'autre des temples de Nîmes, par M. le pasteur G. Merle, puis publiés dans une brochure In Memoriam avec les allocutions prononcées aux funérailles et divers messages de circonstance, par les soins du Conseil presbytéral de l'Eglise chrétienne réformée de Nîmes.
(6) Ce sermon a été imprimé à la Laborieuse sous le titre «Nos Deuils».
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