Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE IV

L'ATMOSPHÈRE

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« Et Dieu dit : Qu'il y ait une étendue entre les eaux et qu'elle sépare les eaux d'avec les eaux. Et Dieu fit l'étendue et sépara les eaux qui sont au-dessous de l'étendue d'avec les eaux qui sont au-dessus de l'étendue. Et il fût ainsi. Et Dieu appela l'étendue Cieux. Et il y eut soir, et il y eut matin : - second jour. » (Gen. I, 6-8).

 

Quels sont les cieux dont il est question dans le passage ci-dessus ? Ce ne sont évidemment pas les cieux habités par Dieu et ses anges et dont il est dit : « les cieux des cieux ne sauraient le contenir » ; mais c'est de l'atmosphère qu'il s'agit, de la couche d'air qui entoure le globe terrestre. Le terme hébreu « rakiah » signifie firmament ou étendue. La désignation « cieux » ou « ciel » que Dieu lui a donnée et qui a passé dans presque toutes les langues doit rappeler sans cesse à l'homme qu'il n'appartient pas uniquement à la terre, que le sol foulé par ses pieds et les choses qui l'entourent ne représentent pas tout son domaine, mais qu'il existe au-dessus de lui un univers immense, un monde de lumière. Il nous semble tout naturel qu'il y ait au-dessus de nous cette couche d'air, qu'on ne saurait considérer comme une création spéciale. Mais la lune, par exemple, ne possède point ou presque point d'atmosphère. Si nous nous y trouvions, nous ne verrions pas sur nos têtes ce bleu céleste qui fait le charme de nos belles journées ; rien qu'un vide infini et de noires ténèbres, sur lesquelles tranche, avec une intensité éblouissante, l'éclat du soleil et des autres astres.

Soyons reconnaissants de ce qu'au-dessus de nous il y a cette splendide voûte azurée, pavillon de beauté et de gloire étendu par des mains d'amour sur notre petit globe terrestre. Sur ce point du reste, la science est encore d'accord avec la Bible, et dit : Il est hors de doute que pendant une longue période, la terre en voie de formation était entourée d'une immense couche de vapeurs denses, impénétrables, de sorte que les ténèbres régnaient à sa surface. Puis, à mesure que ces vapeurs se refroidissaient, nombre d'éléments contenus auparavant en dissolution dans l'atmosphère lourde et chaude, se condensèrent et tombèrent en torrents de pluie. Par conséquent, l'air se raréfiait graduellement et bientôt il devint transparent ; le ciel bleu apparut et les nuages purent se former. Il était nécessaire que la création de cette atmosphère précédât celle des plantes et des animaux ; sa constitution et sa richesse en acide carbonique furent particulièrement favorables au développement d'une immense et luxuriante végétation.

Cette atmosphère, cette couche d'air si léger, disons-nous, qui enveloppe la terre comme un manteau ouaté, nous paraît matériellement peu de chose. Mais ici aussi nous nous faisons illusion, sa masse est énorme. Composée, comme chacun sait, d'oxygène, d'hydrogène et d'azote - un peu moins, un peu plus de l'un de ces éléments, quelle catastrophe pour tous les êtres ! - elle contient en outre quelques centièmes d'acide carbonique. Eh bien ! ce gaz à lui seul pèse dans notre air 2350 milliards de kilogrammes ! Cet air que nous croyons si léger, produit sur un homme fait une pression d'environ 10,000 kilos à raison de 1 k. 033 par centimètre carré ; c'est-à-dire que le poids total effrayant de notre atmosphère est de plus de cinq milliards de milliards de kilogrammes !

Quel est le but de cette atmosphère, ou « étendue ? » C'est tout d'abord, nous dit la Bible, d'effectuer une séparation entre les eaux d'en haut, les nuages, et les eaux d'en bas, les mers. Sans elle, la masse aqueuse, au lieu de planer au-dessus de nous, s'étendrait sur la surface de la terre et des mers à l'état de brouillard épais, qui nous cacherait le firmament étoilé avec ses révélations sublimes et nous laisserait même ignorer la configuration du pays que nous habitons ; toute notre existence matérielle et intellectuelle en souffrirait. Quelle triste existence alors, humide, grise et froide, que celle de l'humanité ! Sans la moindre connaissance des corps célestes, même, sans doute, l'alternance d'un jour blafard et de la nuit lui fût restée une énigme insoluble ! Et dans cet air opaque et brumeux, rien de ce que nous appelons perspective, panorama enchanteur, belle vue ! Notre horizon intellectuel et spirituel n'aurait pas été plus étendu que l'horizon visuel !

Il pourrait paraître étrange, en comparaison des énormes masses d'eau qui remplissent les bassins des mers, de désigner, en opposition avec elles, comme « les eaux d'en haut » les quelques nuages qui planent parfois sur nos têtes. Mais sur la côte de l'Alaska par exemple, dans l'Amérique du Nord, où des torrents diluviens s'épanchent presque sans interruption toute l'année sur la terre, nous aurions bientôt une autre impression de la quantité d'eau emmagasinée au-dessus de nous. Un peu de raisonnement du reste suffit à nous la faire apprécier. N'est-ce pas de la pluie et de la neige qui tombent des nuages que naissent tous les ruisseaux, les torrents qui forment à leur tour les rivières et les fleuves ? Le Rhin, le Danube, la Volga sont déjà des fleuves respectables et pourtant insignifiants en comparaison des grands cours d'eau d'autres continents, par exemple celui des Amazones dans l'Amérique du Sud. Une trentaine de lieues avant son embouchure il est déjà si large qu'on ne voit plus d'une rive à l'autre, et avec cela il a 200 mètres de profondeur. Cette énorme masse d'eau se jette dans la mer avec tant d'impétuosité que le navigateur étonné, en approchant de la côte se trouve, avant de la voir, entouré d'eau douce. Presque aussi grands sont l'Orénoque, le Rio de la Plata et le Mississipi en Amérique, la Léna, le Yantsekiang et le Gange en Asie, le Nil, le Congo, le Niger en Afrique.

Or réfléchissons que ces prodigieuses quantités d'eau viennent toutes d'en haut, et qu'avant de pouvoir descendre il faut qu'auparavant elles soient montées de la terre au ciel. Sous l'influence des rayons solaires, il se forme à la surface des eaux de petites bulles remplies d'air, invisibles à l'oeil nu. Cet air, échauffé par le soleil, se dilate et devient plus léger que l'air ambiant ; alors ces bulles montent comme des ballons et forment les nuages dont un seul contient quelquefois des milliers de tonnes d'eau. C'est ainsi que Dieu opère en silence de grandes choses et obtient d'immenses résultats par des moyens si peu apparents qu'ils échappent à notre observation. Il lui eût été facile d'installer, aux quatre coins du globe, de gigantesques machines qui, avec un fracas assourdissant, auraient pompé le contenu des mers pour le déverser ensuite sur les continents ; et devant un tel spectacle toute l'humanité eût été frappée d'admiration. Mais que sans bruit et sans ostentation, Dieu ait pourvu, par la création d'une atmosphère presque invisible, à ce que chaque minute, des milliers de tonnes d'eau montent au ciel, d'où les vents les dispersent sur toute la terre pour l'arroser, nous ne voyons là rien que de très naturel, et l'action divine et créatrice nous échappe ! L'astronome Arago a calculé que, si tous les habitants de la terre, hommes, femmes et enfants, puisaient incessamment l'eau de la mer, il leur faudrait 70 mille ans pour en retirer une quantité égale à celle que, sans effort, le soleil pompe dans le courant d'une seule année. Quelle image de la souveraine action de Dieu, comparée aux résultats de l'activité humaine !

Comme les mers du globe sont parcourues par d'immenses courants qui empêchent leurs eaux de devenir stagnantes, de même l'atmosphère est rafraîchie, brassée, purifiée et vivifiée par des courants continuels, par des vents qui en agitent constamment les couches supérieures, et dont la première cause est la révolution de la terre autour de son axe. D'immenses forces bienfaisantes sont engendrées ainsi. Ces vents sont absolument nécessaires à la répartition des nuages et de la pluie, qui sans cela inonderait certains pays et en laisserait d'autres desséchés. Enfin, comme le vent a pendant des siècles poussé les navires d'un continent et d'une île à l'autre, et rapproché les peuples, ce symbole de l'esprit, qui souffle où il veut, répand aussi des millions de semences de vie sur des pays, des plateaux, des rochers, des sommets qui sans lui resteraient toujours privés de la plante.

La circulation de l'eau au moyen de l'atmosphère est, selon les desseins de Dieu, un trésor de force qu'Il a préparé pour l'homme. De la force ! voilà ce que demande aujourd'hui cette faible créature. Eh bien ! les vents seuls lui en donneront déjà autant qu'elle voudra, quand elle saura une fois l'emmagasiner, peut-être à l'aide de l'électricité. L'ouragan du 5 au 7 octobre 1844 sur Cuba a en trois jours développé, pour mouvoir les masses d'air, une énergie de 472 millions de chevaux-vapeur, ou, dit le physicien qui a fait ce calcul, plus que, dans ce même espace de temps, toutes les machines et tous les hommes du monde. Et quelle source inépuisable de force que les fleuves ! Le Doubs, dit E. Reclus, développe près de Besançon, avec une chute de 75 mètres, sur un cours de 70 kilomètres, une force de 3,400,000 chevaux. Que dire de l'Amazone ou du Mississipi, ou du Nil dans ses cataractes ?

Toutes ces forces de la création sont le souffle du Dieu qui s'appelle : El Gibbor ! le Dieu fort. « Éternel, mon Dieu ! tu es merveilleusement grand, tu es revêtu de majesté et de magnificence ! Toi qui t'enveloppes de lumière comme d'un manteau ; qui étends les cieux comme une tenture ; tu joins les poutres de tes chambres hautes dans les eaux ; tu fais des nuées ton char ; tu te promènes sur les ailes du vent ; tu fais de tes anges des vents et tes serviteurs des flammes de feu ! » (Ps. CIV, 1-4.)

Quelle chose grandiose et magnifique que cette circulation de l'air autour de la terre, et de l'eau sur et dans la terre, analogue à celle du sang dans notre corps ! Par une force douce et irrésistible, le soleil attire à lui les eaux des fleuves, des lacs, des mers qui montent invisibles vers lui et vont former les nuages. Les vents s'en saisissent, les dispersent, et ces nuages laissent tomber la pluie. Qu'elle est bonne et bienfaisante, quand elle désaltère la terre desséchée et comme la plante revit et reverdit par elle en peu d'heures ! Puis une force invisible saisit chaque gouttelette qui découle du glacier, qui suinte du rocher ou dégoutte de la mousse, et elle se fraye lentement son chemin et va aider à former les ruisseaux, les torrents, les rivières, les fleuves et grossir l'océan, sans qu'il déborde jamais, pour en remonter sans cesse et recommencer son voyage éternel. « Le vent va vers le midi et il tourne vers le nord ; il tourne et il retourne et le vent revient sur ses circuits. Toutes les rivières vont vers la mer, et la mer n'est pas remplie ; au lieu d'où les rivières venaient, là elles vont de nouveau. Toutes choses travaillent, plus que l'homme ne peut le dire » (Eccl. I, 6-8). Et Dieu veille sans cesse par la grande compensation de toutes ces forces à l'équilibre du monde. Il faut que les vents répartissent également sur la terre les gaz qui se forment dans l'air ; que les orages dispensent et dépensent l'électricité nécessaire ; que les courants égalisent sans cesse la température, la pression, la salure de l'eau dans les mers ; que la circulation des eaux distribue à tous les continents l'humidité nécessaire. La moindre inégalité des forces qui se correspondent, un léger manque de l'un des éléments, le plus petit arrêt dans l'action incessante et dans le fonctionnement du tout, une légère prépondérance d'une force aux dépens de l'autre, et c'en est fait de la vie sur notre planète.

Les eaux supérieures, dont parle la Genèse, les nuages, constituent un monde à part. Pour bien les observer il faut, comme les marins, les étudier non sur la terre ferme, mais au-dessus de la mer, à leur lieu de naissance. - On en distingue 4 formes principales : les cumulus, qui montent souvent en été au ciel comme de magnifiques coupoles de neige éblouissantes sur un fond gris, annonçant l'orage ; les stratus qu'on voit souvent, avant le coucher du soleil, barrer de longues lignes toute l'étendue de l'horizon ; les cirrus, flottant comme des flocons de laine effilochée dans l'air froid à des hauteurs de 10,000 mètres et plus ; ce sont les plus élevés, et ils se composent, disent les physiciens, de fines aiguilles de glace. Enfin les nimbus, vrais réservoirs de pluie, enveloppent les montagnes et voilent l'horizon de leurs linceuls vagues et gris.

Cependant, pour connaître dans toute sa beauté ce monde encore peu exploré, il faut le visiter au moyen d'un aérostat, comme le fit un officier anglais. Par un temps gris et pluvieux il quitta la terre pour s'élever dans les airs. Ayant atteint la zone des nuages, il se vit enveloppé de brumes et de vapeurs qu'il traversa rapidement pour atteindre un océan limpide de flocons lumineux qui nageaient autour de lui. Mais ce fut à une plus grande hauteur que s'offrit à lui un spectacle d'une beauté si saisissante qu'il se déclara incapable de rendre l'impression ressentie : au-dessus de lui s'étendait le dôme céleste, d'un bleu profond, intense, et autour de lui des « Monts-Blancs » et des « Himalaya » de nuages blancs comme la neige, resplendissants de lumière, changeant incessamment et silencieusement de formes et de contours. « Dans ce monde nouveau, splendide, grandiose, écrit-il, c'est à peine si j'osais respirer ou me mouvoir, craignant d'interrompre le silence solennel qui m'entourait, et me sentant, comme jamais auparavant, seul avec Dieu ! »

Que sera-ce donc lorsqu'un jour Celui dont nous attendons l'avènement glorieux, apparaîtra « sur les nuées avec puissance, au son de la trompette de l'archange », accompagné de la triomphante escorte de ses saints rachetés !

L'air est le domaine, le royaume de la température, cette chose complexe dont parle l'habitant des villes, de laquelle dépend le pain quotidien de l'homme des champs et souvent la vie du marin et du pécheur. La pluie et le soleil, la neige et la grêle, la gelée et le givre, l'éclair la foudre, l'orage, le cyclone sont de grandes et belles choses que nous cherchons à coordonner et à expliquer avec des maximas et des minimas de pression et dont nous ignorons les causes ; car pourquoi une année est-elle pluvieuse et froide, et la suivante sèche et chaude, puisque la terre décrit toujours la même orbite autour du soleil ? Ici, comme partout, la Bible remonte dans sa haute sagesse à la cause des causes. « Dieu tonne merveilleusement de sa voix, faisant de grandes choses que nous ne comprenons pas. » (Job. XXXVII, 5. Voir Jean XII, 29 ; Apoc. X, 3-4.) « Voici, Il retient les eaux et elles tarissent ; puis il les envoie et elles bouleversent la terre. » Ce Dieu demande à l'homme : « Es-tu allé aux amas de la neige et as-tu vu les trésors de la grêle, que j'ai mis en réserve pour le temps de la détresse, pour le jour du combat et de la guerre ? (voir Apoc. XVI, 21.) Peux-tu élever ta voix jusqu'aux nuées, afin que des torrents d'eau te couvrent ? As-tu lancé la foudre ensorte qu'elle soit allée et ait dit : me voilà ! Connais-tu les lois des cieux et leur empire sur la terre ? » (Job. XXXVIII.)

Comme à la création matérielle correspond toujours la création spirituelle, qui en est la cause, il y a aussi une température de l'âme, régie par les forces célestes, les anges, et par les esprits qui sont dans les airs (Eph. II, 2). L'âme a également son soleil vivifiant et des nuages, qui le cachent, ses pluies fertilisantes de larmes et ses longues sécheresses ; elle connaît les jours de calme, les orages des passions et les furieux cyclones où Satan et ses anges lui crient dans les ténèbres : « Où est ton Dieu ? Maudis-le et meurs ! » Parfois les flots de l'affliction la submergent, elle enfonce et ne peut plus même s'écrier : « Seigneur, sauve-moi ! Je péris ! »

L'atmosphère, cette enveloppe aérienne, n'a pas seulement pour but de séparer les eaux d'en haut des eaux d'en bas ; chacun sait qu'elle est nécessaire à la respiration. Mais ce qu'on sait moins, c'est qu'elle est aussi indispensable à la vision. Si l'atmosphère ne diffusait pas les rayons solaires, de manière que les objets soient éclairés de tous les côtés, nous n'apercevrions de ces objets que le côté éclairé, tandis que l'autre serait absolument noir, comme cela doit se passer dans la lune par exemple. C'est à l'atmosphère que nous devons l'harmonie des teintes, les gammes graduées de nuances, passant du plus clair au plus sombre, au lieu que sans elle nous n'aurions que des contrastes heurtés de lumière éblouissante et d'ombre du noir le plus profond. Elle sert encore d'enveloppe protectrice à la terre et à ses habitants contre les rigueurs du froid de l'espace, auquel rien ne saurait résister. Les rayons solaires sont réchauffants, il est vrai, et même parfois torrides, mais sans l'atmosphère nous verrions se produire le même phénomène signalé plus haut à propos de la lumière, c'est-à-dire que toujours un côté seulement des objets serait exposé à la chaleur, tandis que l'autre, plongé dans l'ombre, subirait l'action du froid de l'espace sidéral, c'est-à-dire une température de 2730 au-dessous de zéro, nous serions donc d'un côté grillés par la chaleur et de l'autre congelés. Mais grâce à l'atmosphère, les dards du feu décochés par le soleil sont émoussés, et la chaleur dont elle est pénétrée elle-même, se répartit dans toutes les directions.

Un monde sans air serait sans force, sans vents ni nuages, ni fleuves, ni sources d'eau, sans règne végétal, ni animal ; un globe de pierre immobile, une momie.

Remarquons enfin que cette étendue, préparée au second jour pour la vie organique qui allait naître, remplit encore un but de souveraine importance. Elle rend possible le son, elle transmet la parole, ces vagues invisibles qui portent la pensée d'une âme à l'autre. Sans air un silence absolu, éternel, envelopperait la terre, emportée silencieusement à travers l'espace, peuplée de millions d'animaux sans voix, d'oiseaux sans chant, d'ombres muettes ! Et l'homme, lui-même sans parole, sans rire et sans pleurs, sans chant ni soupirs, s'efforcerait vainement de faire comprendre par gestes à son semblable pourquoi il s'attriste ou se réjouit ; chacun irait son chemin, solitaire et désolé.

De nouveaux appareils, le téléphone, le phonographe, le gramophone, nous révèlent toujours plus les merveilles du son. Qu'une ligne légèrement sinueuse tracée sur un disque de métal puisse exprimer les paroles, la voix individuelle, rendre le timbre, l'accent d'un homme, un cri déchirant ou suppliant, un rire joyeux ou moqueur, voilà ce qui dépasse toute compréhension ! Et Dieu, qui sait à quelle minute précise de l'histoire du monde et de l'humanité telle découverte ou invention doit avoir lieu, accorde, à notre génération la conquête de forces inexplicables, mystérieuses, comme contre-poids au culte de la matière, à l'orgueil croissant de l'homme. Il nous les donne aussi comme un avertissement sérieux, car nos paroles, que nous estimons si peu, que nous prononçons souvent si à la légère, se gravent dans le phonographe de la création et sortiront au jour du jugement du grand gramophone. « Je vous dis que les hommes rendront compte au jour du jugement de toute parole oiseuse qu'ils auront dite ; car par tes paroles tu seras justifié et par tes paroles tu seras condamné » ( Matth. XII, 36, 37).

Voilà quelques-unes des merveilles de cette création du second jour, absolument nécessaire elle aussi à la vie organique et à la préparation d'un monde habitable. L'air que nous respirons ne proclame pas moins la souveraine sagesse de Dieu que la lumière, création du premier jour.

« Quand Dieu donnait à l'air son poids et aux eaux leur juste mesure, quand il prescrivait une loi à la pluie et un chemin à l'éclair des tonnerres, Il vit alors la sagesse... puis Il dit à l'homme : Voici, craindre l'Éternel, voilà la sagesse, et s'éloigner du mal, voilà l'intelligence. » (Job XXVIII. 25.)

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