Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE II

LA TERRE

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« La terre était sans forme (ou : chaos) et vide et les ténèbres étaient sur la face de l'abîme, et l'Esprit de Dieu se mouvait (ou : planait) sur la surface des eaux ». (Gen. I, 2.)


Les résultats de la science sont d'accord avec ces paroles de l'Écriture. Les savants et les astronomes disent que le globe terrestre, avant d'être solidifié, flottait dans l'espace à l'état de sphère d'abord gazeuse, puis incandescente, mais enveloppée d'épaisses vapeurs. À mesure que la terre se refroidissait, ces vapeurs durent se condenser et former l'Océan, mais il en restait encore assez pour que le globe terrestre fût enveloppé « de ténèbres sur la face de l'abîme », comme le dit le second verset de la Bible. De grands et terribles phénomènes marquèrent cette naissance d'un monde habitable, auquel Dieu « donnait la nuée pour couverture et l'obscurité pour langes » (XXXVIII, 9) ; « quand les fils de Dieu (Job II, 1 et XXXVIII, 7) chantaient en triomphe ». Cet abîme bouillonnant sur lequel roulaient d'épaisses nuées, couvert de ténèbres impénétrables, devait être bouleversé jusque dans ses profondeurs par des forces tumultueuses ; aussi le mot hébreu : abîme ou profondeur, signifie-t-il aussi des « eaux profondes, agitées, mugissantes ». Et dans ces ténèbres se mouvait, planait, mystérieux comme un aigle divin aux vastes ailes, l'Esprit de Dieu, couvant la tempête et vivifiant l'abîme. Nous avons dans l'oeuf une image de cette action vivifiante. Le contenu de l'oeuf est un liquide aussi, enfermé dans l'obscurité. La chaleur en dégage les forces mystérieuses de la vie et en fait une création admirable. De même l'Esprit de Dieu se mouvant (le mot hébreu renferme aussi l'idée de couver) sur les eaux, infusait à la matière les germes des forces que maintenant nous voyons en jeu sur la terre. Tel qu'un artiste, sculpteur ou architecte, qui veut entreprendre une grande oeuvre en détermine mentalement d'avance les formes, les dimensions, les proportions et voit en esprit l'ouvrage achevé, avant même qu'en soient posés les premiers fondements, tel l'Esprit de Dieu, se mouvant sur les eaux, inspirait à ces eaux et à la terre, par une action indéfinissable, les forces, les qualités et les quantités nécessaires, afin qu'au commandement divin cette terre pût plus tard (produire l'herbe et la plante et des âmes vivantes selon leur espèce ». « Et la terre produisit » (Gen. I, 11 et 24). « J'exaucerai les cieux, dit aussi le prophète Osée (ch. II, 23 et 24), et eux exauceront la terre, et la terre exaucera le froment et le moût et l'huile ».

Il est évidemment question ici de forces vitales que nous ne connaissons pas. Mais savons-nous ce que c'est qu'une force, et y a-t-il une matière sans force et une force sans matière ? Nous ne connaissons de la matière que les phénomènes que nous offrent ses forces et son mouvement. Non seulement un morceau de plomb est soumis à des mouvements incessants de dilatation et de contraction par la température ambiante toujours variable ; mais la chimie nous dit que tous ses atomes, peut-être relativement aussi éloignés les uns des autres que les corps célestes, tourbillonnent incessamment les uns autour des autres. Une matière sans mouvement serait une matière morte et absolument imperceptible à nos sens ; en d'autres termes, elle n'existerait pas pour nous. Nous ignorons leur rapport et l'union intime de la matière et de la force. La matière nous est une chose aussi inconnue que l'esprit ! Nous la voyons autour de nous sous mille et mille apparences, nous nous en servons continuellement, nous ne pouvons vivre sans elle et sommes nous-mêmes matière quant au corps. L'enfant joue avec elle ; l'homme la force à le servir, la transforme, la fond ou la volatilise, la rend solide ou liquide ou gazeuse et lui fait prendre toutes les formes voulues pour servir à ses desseins. Mais quand il essaie de la saisir par l'esprit et d'en pénétrer la nature, elle s'y refuse et lui échappe. Nous avons inventé l'atome pour nous aider à comprendre la matière, mais nous n'avons fait en cela que nous poser de nouvelles énigmes.

Comment un atome peut-il avoir une certaine grandeur et pourtant être indivisible ? Comment « un absolu » peut-il différer d'un autre ? En quoi, et comment et pourquoi un atome d'or n'est-il pas un atome de fer ? Ici déjà apparaît la personnalité ? Comment ces atomes inaltérables et indivisibles peuvent-ils par leur seule position relative former des corps absolument différents, et pourquoi enfin ces affinités entre eux ? Un atome d'oxygène se jette avec passion sur un atome de fer et dédaigne l'atome d'or. Que de mystères !

Avec ces atomes et les molécules qu'ils composent, nous arrivons déjà par suite de diverses observations à des chiffres effrayants. Une goutte d'eau, disent les savants, est faite de quelque chose comme 64 mille billions de molécules. D'après Gaudin, une tête d'épingle en laiton contient au moins 8 mille millions de millions d'atomes. Si donc on en ôtait chaque seconde mille millions, on ne finirait que dans 250,000 ans ! Et le soleil, pour comparer le petit au grand, contient autant de kilomètres cubes que cette tête d'épingles d'atomes ! (Flammarion, Astronomie populaire, p. 303.)

Mais que parlons-nous d'atomes ou même de molécules ? Ils ne sont plus le dernier mot de la chimie. « Pour nous, disent J. Perrin, J. -J. Thompson, le Dr W. Meyer et d'autres savants, un atome est maintenant un soleil simple, double ou multiple, autour duquel évoluent avec la vitesse de la lumière, c'est-à-dire 300,000 kilomètres par seconde, des milliers de planètes ou ions, qui sont en grandeur ou plutôt en petitesse à un bacille invisible à l'oeil nu ce que ce bacille est à la terre entière ! Cela explique comment, quoique quelques éléments, par exemple le radium, lancent incessamment dans l'espace des millions de ces ions, ils ne paraissent absolument rien perdre de leur poids. J.-J. Perrin a évalué à un quatrillionième de seconde le temps de révolution ou l'année d'une pareille planète autour d'un atome ou soleil d'aluminium ! et plusieurs savants estiment que 288 quatrillions de molécules d'hydrogène pèsent un gramme. (Revue des Deux Mondes, janvier 1904.) Mais savons-nous maintenant ce que sont ces ions ou les terribles forces qui les agitent ? Non. Et de ces infiniments petits, à jamais invisibles et insaisissables, est construit le monde visible tout entier; la terre avec ses montagnes et ses plantes, ses mers et tous ses animaux et les corps de seize cent millions d'humains, et au ciel les soleils, les étoiles, les nébuleuses, les comètes! Immensités de Dieu dans l'infiniment petit et dans l'infiniment grand, qui vous saisira ?

« Le fait indiscutable », dit H. Dominique (Die Woche 1907, p. 1529), « qu'un milligramme de radium puisse avec le temps produire autant de lumière, de chaleur, de force que la combustion de la charge de houille de 25 wagons, est quelque chose qui dépasse toutes nos conceptions et contredit toutes nos théories sur la force et la matière ». « Ce qu'il y a ici d'absolument inexplicable », dit le Dr Köthner du radium, « c'est la production permanente de nouvelles quantités de matière et de force par une matière élémentaire, dont les atomes peuvent produire d'autres éléments ! » Donc possibilité après de longs espaces de temps d'un monde absolument nouveau et absolument inconcevable. Les savants anglais, Rutherford et Sir William Ramsay, ont émis une nouvelle et grandiose hypothèse pour expliquer l'univers actuel, en s'appuyant sur les expériences des chimistes allemands, Elster et Gestel, qui croient avoir décomposé l'atome de cuivre. D'après ces savants, une immense force, une énergie absolument incalculable aurait lié, coagulé - il y a peut-être cent mille millions d'années, des quantités d'éther et en aurait fait des atomes, c'est-à-dire des mondes composés de millions de ions, et de ces ions elle aurait édifié la nature actuelle.

« Au commencement Dieu créa les cieux et la terre ». Actuellement commencerait la dissociation, la ruine de l'univers. Les atomes tombent en pièces, se désagrègent en lançant dans l'espace et perdant ainsi des milliards de ions ; et d'un atome de radium il ne restera avec le temps qu'un résidu de hélium. Quand celui-ci se dissoudra aussi, l'univers redeviendra pur éther, c'est-à-dire qu'il aura cessé d'exister : « Les cieux et la terre passeront. » Plus nous étudions la matière et ses forces, plus elles nous deviennent inexplicables. Celui qui l'a créée, s'est réservé de la connaître.

Pourtant nous connaissons maintenant avec étonnement quelque peu des forces terribles, grandioses, incalculables que l'Esprit de Dieu infusa, insuffla un jour dans la matière ; mais, parce que l'homme déchu les emploie toujours plus à nuire à son semblable, elles deviennent inquiétantes et même sinistres. Pour les anciens, pour les Romains et les Grecs, cette matière était quelque chose d'inerte, de docile qui obéissait à tous les caprices de l'homme, qui la forgeait ou la sculptait à son gré.

Pour nous, elle devient toujours plus une chose qui a des colères terribles, qui est pleine de mystères effrayants, qui frémit dans ses chaînes. Des poudres toujours plus violentes jettent à huit kilomètres d'énormes projectiles, ou font sauter les plus gros canons ; quelques litres d'un liquide jaunâtre, par leur combustion, poussent contre vent et marée une lourde barque chargée de huit cents quintaux de pierres, ou lancent par monts et par vaux une automobile et ses voyageurs ; la vapeur, ce peu d'air invisible, elle aussi, s'impatiente quelquefois et brise chaudière et machine. Quelques prises d'une poudre blanchâtre pulvérisent par leur explosion une maison et ses habitants : dynamite, mélinite, poudre-coton, mines sous-marines, torpilles, bombes infernales! ces noms seuls nous remplissent d'effroi. « Une goutte d'eau, dit H. Drysdale (Modern Puritan, 1907, p. 276.), contient toutes les forces d'un éclair » ; quels amas de foudres ne renferment donc pas les océans pour le jour où la terre et tout ce qui est en elle périra par le feu ?

La première manifestation de la vie sur la terre, lorsque l'Esprit de Dieu se mouvait sur les eaux, dut être une grande cristallisation de diverses matières, jusqu'alors en suspension dans la mer chaude. C'est une belle chose que le cristal, si universellement répandu sur la terre ; nos montagnes, nos rochers, sont des cristaux ; les glaces, qui couvrent les pôles, sont de l'eau cristallisée, et les plantes mêmes contiennent des cristaux dans leurs cellules. Astreints à des lois inflexibles, ils croissent et meurent ; mais où réside la force individuelle qui contraint des milliers d'atomes à bâtir, sans varier d'un centième de millimètre, ces formes si diverses ? La chaux carbonatée, par exemple, cristallise en deux cents formes différentes, mais pas une ne peut s'égarer dans un autre système. Le cristal est la forme normale de la matière, et celle à laquelle elle tend sans cesse, ainsi une barre de fer ou l'essieu d'un wagon, finissent toujours par se cristalliser. La neige qui couvre en une nuit des pays entiers, se compose de cristaux dont tout le monde connaît par la gravure les formes élégantes, appartenant toutes, sans exception, au système hexagonal. Ce sont là les formes de l'eau ; quelles richesses de formes et de forces ne renferme donc pas le verre d'eau que nous buvons ! Et, comme une forme inférieure de la création renferme toujours en germe la forme suivante et plus parfaite, le cristal, qui croît lui aussi, annonce la plante dans ses ramifications, par exemple dans les fougères et les palmes que la gelée dessine sur nos vitres.

Quand commencèrent à croître les superbes cristaux dans les grottes de nos Alpes, cristaux dont quelques-uns pèsent jusqu'à trois quintaux et ceux encore plus gros, de vingt pieds (sept mètres) de longueur, dont le professeur Quenstedt dit qu'ils étincellent au soleil sur les rochers inaccessibles de Madagascar ? Nous l'ignorons. Si nous pouvions sonder l'intérieur des montagnes et descendre, comme dit Job, jusqu'aux racines de la terre, nous découvririons, probablement, dans ces profondeurs des grottes plus grandes encore que celle d'Attendorf en Westphalie, avec ses belles stalactites de diverses couleurs ou celles d'Adelsberg, en sel de roche, de soixante-dix kilomètres de longueur ; nous y trouverions d'immenses palais souterrains, aux voûtes tapissées de magnifiques et énormes cristaux de toute espèce et de couleurs différentes, de malachite et de fluorspath, peut-être aussi de topazes et d'émeraudes, d'opales et de rubis.

N'est-ce pas chose étrange que l'indifférence de l'homme déchu, non seulement pour les choses divines, mais pour les phénomènes naturels qui l'entourent ? Combien de millions d'êtres humains peuplent la terre ? C'est le domicile qui leur est assigné et la mère qui les alimente. Tirés de la poussière, c'est à la poussière que tôt ou tard ils retourneront tous ; et, pourtant, comme sont peu nombreux ceux qui s'intéressent à cette grande et sublime création dont ils font partie, ou qui réfléchissent à leur origine et à leur destinée future ! Ils vaquent fiévreusement à leurs affaires et à leurs plaisirs et préfèrent les plus fades divertissements, les bavardages les plus insipides, une partie de cartes ou de billard à l'étude des grands faits et gestes du Dieu Créateur. Ils voudraient presque tous aller un jour au ciel ; mais la principale occupation des bienheureux est de louer Dieu et d'admirer ses oeuvres (Apoc. IV, 11 ; V, 13 ; VII, 12 ; XIX, 7). Alors ils feraient bien de s'y préparer déjà ici et d'étudier cette création dans laquelle Dieu les a placés, afin d'y chercher le Créateur. « Car ce qu'on peut connaître de Dieu, dit l'apôtre Paul dans son épître aux Romains, est devenu manifeste, Dieu l'ayant révélé, attendu que ses perfections invisibles, sa puissance éternelle et sa divinité se voient comme à l'oeil depuis la création du monde, quand on le considère dans ses ouvrages. » (Rom. I, 20.)

Qu'il est vaste ce domicile assigné à l'homme ! Ce point dans l'espace qui, de Saturne ou Neptune nous serait invisible, est un globe énorme, volant autour du soleil dans une orbite de neuf cent trente millions de kilomètres. Il ne nous est guère possible de nous figurer un monde de quarante mille kilomètres de circuit et de nous représenter tout ce qu'il porte à sa surface ! Des océans sur lesquels des vaisseaux peuvent naviguer pendant des semaines et des mois, sans voir autre chose que le ciel et l'eau ; puis des déserts, autres étendues où le chameau, ce navire du désert, avance pendant des semaines sans en atteindre la limite ; et, sous d'autres cieux, d'immenses steppes, des prairies, où paissent en liberté des millions d'animaux sauvages ; enfin, aux deux pôles, des espaces grands comme l'Europe, couverts de neiges et de glaces éternelles, et de nombreux pays habités, et des chaînes de montagnes, des glaciers, des lacs, des fleuves ! Et tout cela flotte librement dans le vide et à travers l'incommensurable espace ! Job déjà le savait : « Il suspend la terre sur le néant. » (Job, XXVI, 7.) Mais, ici encore, notre savoir est superficiel et ne pénètre pas jusqu'à l'intérieur des choses. Nous croyons la connaître cette terre, notre demeure, et peu d'entre nous ont vu la cent millième partie de sa surface. Mais qu'est-ce que cela en comparaison de son immense intérieur de mille fois mille millions de kilomètres cubes ? Que nous cachera-t-il toujours ? Des océans de lave, de métaux, de fer, d'or liquides, d'immenses cavernes cristallines, dont les voûtes en s'écroulant font trembler l'écorce que nous habitons, des lacs, des fleuves, des cataractes d'eaux bouillonnantes, d'où jaillissent nos sources minérales ; ou tout cela ensemble ? « Es-tu allé, demande Dieu à Job, aux sources de la mer et t'es-tu promené dans les profondeurs de l'abîme ? Les portes de la mort se sont-elles découvertes à toi et as-tu vu les entrées de l'ombre de la mort ? Ton regard a-t-il pénétré jusque dans les vastes espaces de la terre ? Dis-le, si tu connais tout cela ? » (Job, XXXVIII, 16-18.)

Mais cette terre ne repose pas immobile dans l'espace. Non ! cet énorme globe, avec son poids inconcevable de 5,875 sextillions de kilogrammes (Flammarion, Astron. pop., p. 306.), vole sans trêve dans l'orbite, dans le sentier que Dieu lui a assigné. Qu'est-ce que la rapidité d'un boulet lancé de la gueule d'un canon en comparaison de la vitesse de cette immense boule ? Ce globe que nous habitons avec 1,600 millions d'êtres humains et qui renferme une énorme fournaise toujours active, dont nous ne sommes séparés que par une croûte relativement mince, ce globe, avec ses mers et ses continents, ses fleuves et ses montagnes, dévore l'espace de deux millions et demi de kilomètres par jour, vole mille fois plus vite qu'un train express, cinquante fois plus vite qu'un boulet de canon, et pourtant sa course est si tranquille, si égale, que nous ne nous apercevons nullement de ce déplacement continuel. Et sa course si rapide autour du soleil n'est qu'une fraction du grand voyage à travers l'immensité qu'accomplit sans relâche la terre entraînée par le soleil vers un but inconnu. À quelle distance prodigieuse un homme âgé de 50 ans a-t-il laissé derrière lui le point de l'espace où il est né, et où il ne retournera jamais ?

Quel spectacle s'offrirait à nos yeux si, placés en dehors de notre planète, nous pouvions assister à cette course vertigineuse ! ... Tout d'abord nous verrions poindre dans le lointain la terre comme une petite étoile qui grandirait toujours, occuperait bientôt la moitié du firmament et se rapprocherait encore. Alors, devant nos regards étonnés, effrayés, passerait comme un tourbillon notre monde, océans houleux et continents, sommets majestueux, neiges éternelles, sombres forêts, villes populeuses, campagnes verdoyantes et déserts. Tout cela roulerait, tournerait dans une atmosphère brumeuse ou ensoleillée, passerait en quatre à cinq minutes devant nous, puis s'éloignerait de nouveau en diminuant graduellement jusqu'à redevenir peu à peu le petit astre que nous avions vu poindre à l'horizon et disparaîtrait enfin dans les abîmes de l'immensité : une des innombrables oeuvres de Dieu aurait passé devant nous.

Une seulement, car, de même que notre sphère terrestre, des milliers et des milliers de mondes et de soleils circulent dans l'espace, volant avec une vitesse effrayante dans les orbites tracées par le Créateur et dont la moindre déviation occasionnerait d'épouvantables catastrophes.

L'homme, cet être doué d'intelligence et de raison, ne devrait-il pas s'appliquer à considérer ces merveilles de la création, à méditer la grandeur infinie du Créateur, en répétant avec le psalmiste : « Qu'est-ce que l'homme mortel que tu te souviennes de lui ? » plutôt que de se laisser absorber par tant de petitesses, d'intérêts puérils, d'occupations mesquines ou nuisibles, qui tiennent captif l'esprit auquel pourtant Dieu a prêté des ailes.

Revenons à la terre dans sa forme primitive, c'est-à-dire vide et déserte encore, enveloppée d'épaisses ténèbres sur l'abîme, et déjà cependant objet d'admiration pour les fils de Dieu et les étoiles du matin d'après la question de Dieu à Job : « Où étais-tu, quand je fondais la terre ? Lorsque les étoiles du matin poussaient des cris de joie et que les fils de Dieu chantaient en triomphe ? » (Job XXXVIII, 4, 7.) Aujourd'hui la terre poursuit la même course, mais elle nous offre un aspect bien différent. Alors, à l'état de sombre chaos et sans un être vivant ; aujourd'hui, une merveille de beauté et partout le spectacle d'une vie étonnamment variée ; seize cent millions d'êtres humains sur sa surface, dans les airs des milliers d'oiseaux et dans les profondeurs des eaux d'innombrables poissons ! Et toutes ces créatures, Dieu les voit. Le Créateur connaît sa création ; il serait insensé d'en douter. Oui, dans cet instant même, Il lit sur cette terre que son souffle lance à travers l'espace, jusqu'au fond de ton coeur et du mien et de celui des millions d'êtres qui habitent l'autre hémisphère et que nous appelons nos antipodes. Son oeil repose sur le sauvage Africain, poursuivant avec ses flèches empoisonnées quelque proie féroce ou inoffensive et sur l'Esquimau qui chasse la baleine ou le phoque embarqué sur l'Océan orageux dans son frêle cajak. Et pendant qu'Il sonde nos coeurs et nos reins, lisant nos plus secrètes pensées, Il sait ce qui se passe au fond de l'âme de chacun des 400 millions d'êtres qui peuplent la Chine et le Japon, et connaît mieux qu'eux-mêmes tout leur passé. Toujours ses yeux contemplent sur cette terre volant, roulant à travers les mondes, les pauvres dans leur détresse, les riches dans leur abondance, les rois sur leurs trônes, les mendiants dans leur misère, ceux qui luttent, ceux qui souffrent, ceux qui travaillent, les paresseux, les malfaiteurs, les criminels.... Il entend toute parole, les chants et les prières, les louanges et les supplications, les propos joyeux et les plaintes douloureuses, les accents de gratitude et les jurements, les blasphèmes et les imprécations ; aucun soupir ne lui échappe, ni aucune de ces paroles inutiles dont l'homme devra rendre compte au jour du jugement.

Mais qui de nous réalise ces choses et y réfléchit ? Dieu enveloppe le monde entier de sa présence. Il voit le lion au désert, l'oiseau dans son nid, l'insecte qui bourdonne dans l'air et le poisson dans les mers les plus profondes, et il les compte tous. Il voit la fleur s'épanouir et se colorer, connaît la forme de chacune des feuilles de nos arbres, compte les cheveux sur notre tête et veille au destin de chaque passereau. Et tandis qu'Il gouverne et nourrit cette immense création avec tout ce qu'elle contient, Il voit dans chaque goutte d'eau les milliers d'animalcules que l'oeil humain ne discerne qu'à l'aide du microscope, et leur fournit à eux aussi leur pâture ; car « c'est par Lui que toutes choses ont la vie, le mouvement et l'être ». (Actes XVII, 28.)

Et ce regard divin, ces yeux de flamme (Apoc. 1, 14) ne contemplent pas seulement les choses de notre terre, ils plongent dans les espaces infinis, dans leurs moindres détails, dans chacun de leurs atomes et considèrent les myriades de corps célestes, planètes, soleils et étoiles, qui s'y croisent et s'y entrecroisent. Pendant que ce Créateur entend le chant incessant des chérubins : Saint, Saint, Saint est l'Éternel ! Il considère les Trônes, les Seigneuries, les Puissances célestes (Col. I, 16) dans leur force et leur majesté et « l'immense multitude des anges » qui l'adorent. Il voit, à la fois, sur la terre l'enfant qui joue au bord du ruisseau et les princes de la lumière qui conduisent la grande Ourse et ses petits et les soleils de l'Orion dans leurs orbites éternelles. « Les yeux de l'Éternel sont en tout lieu contemplant les bons et les méchants » (Prov. XV, 3 ) « ses yeux observent les nations » (Ps. LXVI, 7 ), et, du plus haut des cieux, ils pénètrent jusqu'au plus profond des enfers et y voient la rage impuissante de ses adversaires.

Adorons donc ce Dieu dont l'Esprit de vie planait au commencement sur la face des eaux bouillonnantes, alors que la terre était sans forme et vide.

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