« C'est le levier
d'Archimède avec lequel vous pourrez
soulever le monde. »
Pendant bien des années, mon
âme a été dans la nuit à
cause du péché. Ces éternels
problèmes de la vie, la
prospérité des méchants, le
fait que les innocents souffrent à cause des
coupables, ces torts qui ne sont jamais
redressés, et la vue de ces multitudes qui
ne semblent avoir été
créées que pour se perdre,
s'élevaient comme un nuage devant mes yeux.
Le péché serait-il donc la loi du
monde ? Dieu peut-Il supporter ce qui se passe
devant Lui ? est-ce qu'Il ne se soucie pas de
ses créatures ? Toutes ces questions se
pressaient dans mon esprit et la colère
remplissait mon coeur. De génération
en génération le même cri monte
vers le ciel, les maux
augmentent, mais Il reste silencieux dans le calme
éternel de son infini d'azur.
Cette pensée que Dieu ne se
soucie pas de nous, que le coeur de celui qui nous
a rachetés reste froid en face de nos
souffrances est terrible, elle est fatale à
notre espérance, à notre foi et
à notre amour. Et cependant, je puis dire
que chez moi elle ne produisit ni le
découragement ni
l'indifférence ; mon coeur, ma
conscience, mon âme se
révoltèrent. Je me levai devant Dieu
et je lui dis que je ne pouvais pas l'aimer s'Il
consentait à toutes ces injustices, à
toutes ces iniquités, tandis qu'un seul acte
de sa volonté pouvait rétablir
l'ordre.
À cette heure-là, je me
penchai au-dessus de cet abîme dont ceux qui
y tombent ne ressortent jamais.
Alors je criai à l'Éternel
dans ma détresse, et Il me délivra de
mon angoisse.
Mon orgueil et mon esprit de
révolte cédèrent devant une
profonde tristesse qui envahit mon coeur, et du
fond de ma douleur je criai encore au Seigneur. Je
ne lui demandais qu'une chose, c'est qu'il me
révélât son coeur, qu'il me
fît comprendre, dans la mesure où un
ver de terre peut saisir l'Infini, quelle est sa
sympathie pour ce monde. Dussé-je
périr, car il est dit que nul ne peut voir
Dieu et vivre, je demandais à
pénétrer ce mystère, à concevoir ne
fût-ce qu'une minute, les pensées du
Seigneur à l'égard des hommes.
Jour et nuit, avec patience et
persévérance, je
répétai cette même
requête, et le Dieu qui écoute nos
prières eut pitié de moi.
Je ne veux pas dire que le
problème fût résolu ni que ma
tristesse disparut, non, mais les doutes, les
heures sombres prirent fin, j'avais trouvé
la porte de l'espérance.
Et maintenant, lorsque mon coeur est
ému à la vue de cette multitude qui
remplit nos grandes villes, je sais que la
sympathie que je ressens pour elle n'est qu'une
ombre bien faible de la tendresse de Dieu à
son égard, je sais que mon affection pour
ces pauvres créatures qui souffrent n'est
qu'une goutte d'eau dans l'océan de l'amour
divin, cet amour qui voudrait embrasser
l'humanité entière, mais en
vain !
Vous ne savez pas, amis, tout ce que
Christ peut révéler à
l'âme qui, dans sa douleur, lui demande
à comprendre son coeur. Faites-lui cette
requête et vous verrez que sa réponse
résoudra en partie les tristes
problèmes de la terre, les questions qui
blessent votre coeur, le mystère de votre
propre individualité si merveilleuse et si
incompréhensible dans sa formation.
« Il souffla sur eux et leur
dit : Recevez le Saint-Esprit. » Que
recevons-nous avec cet Esprit qui est la vie
même de Jésus-Christ, notre
Sauveur ? De divines pensées, des
aspirations vers Dieu ? Oui, mais il me semble
que nous recevons dans une mesure encore plus
abondante, une plus grande capacité de
sympathie humaine, un amour pour les hommes que
nous n'avions encore jamais ressenti à ce
degré. Le souffle que nous recevons est
celui de Jésus, l'Homme de douleur, notre
frère, celui qui a donné sa vie pour
ses amis.
Le coeur de celui à qui il aura
révélé son amour pour
l'humanité, sera rempli de cet amour, il
embrassera le monde entier dans une douloureuse
sympathie.
Voilà ce que c'est que l'amour,
et si vous l'aviez compris, vous ne pourriez plus
profaner ce mot en le prononçant
légèrement.
Cet amour est le seul qui puisse sauver
ces âmes passionnées exposées
à tous les naufrages ; sans lui, non
seulement elles ne seraient jamais satisfaites,
mais un péril constant les menacerait
à toute heure. En face de cet amour, la
passion humaine la plus profonde, malgré sa
beauté, sa puissance, sa douceur et son
dévouement, n'est que la lumière
vacillante d'un lumignon comparé au soleil du
midi. Y a-t-il sur terre
un
coeur si consumé par le besoin d'aimer, si
embrasé d'amour, que cet amour parfait ne
puisse satisfaire, comme l'a si bien exprimé
saint Augustin ; cet amour de Christ par
lequel nous ne faisons qu'un avec lui dans l'amour
qu'il ressent pour le monde entier, cet amour qui
est si profondément tendre, si humain et si
divin tout à la fois ?
Il y a des âmes qui, vivant
toujours dans la solitude au milieu du monde, sont
affamées de sympathie, soupirent
après un coeur qui batte à l'unisson
du leur, dont l'être tout entier aspire
à une unité parfaite avec un autre
être.
Ce désir de l'union, de
l'unité, terrible dans ses
conséquences, et qui se détruit
parfois lui-même en voulant se satisfaire sur
la terre, est cependant susceptible de recevoir une
saine direction.
Il peut trouver son apaisement dans la
communion des saints et dans l'union avec le
céleste époux. C'est la note
dominante dans les écrits de l'Apôtre
de l'amour. Notre Sauveur reconnaît ce
profond désir du coeur de l'homme que Dieu
lui-même a mis en lui.
« Père saint, garde en ton nom
ceux que tu m'as donnés, afin qu'ils soient
un comme nous. »
D'autres natures tout à fait
exceptionnelles, et qui semblent
être comme une erreur dans l'oeuvre de Dieu,
sont pareilles à des instruments de musique
qui peuvent rendre les sons les plus doux ou les
plus discordants. Ceux qui sont ainsi, acceptent
bien et comprennent le salut pour le monde entier,
mais non pour eux-mêmes. Les conseils qui
leur sont donnés à bonne intention
sont impuissants à les guérir. Ce
qu'il y a de plus élevé et de plus
bas est si intimement uni dans leur être, que
la vie est pour eux une lutte terrible. Il suffit
de la musique, de la belle nature, d'un beau
visage, pour éveiller en eux cette faim de
l'âme qui devrait les conduire à Dieu,
mais qui, hélas ! ne les mènera
qu'à des tentations terrestres tant qu'ils
n'auront pas le secret d'une vie plus profonde. Ce
qui au début était une noble
aspiration les fera tomber de degré en
degré jusqu'à ces plaisirs sensuels
qui détruisent non seulement l'âme,
mais aussi ce que la nature terrestre a de plus
fini et de plus élevé.
Qu'ils prennent garde.
Tôt ou tard, si Dieu
n'étend pas son bras pour les sauver, ils
seront précipités dans la nuit
éternelle.
Oh ! c'est à ces âmes
que je voudrais apporter cet amour. Quand elles
l'auront goûté, elles s'écrieront. Sauve-moi
pour toujours, du fantôme de l'amour et
remplis-moi de l'amour vrai,
éternel !
Espérez, espérez, coeurs
ardents, pour qui la vie, si elle n'est pas un
abandon de vous-mêmes qui conduit à la
mort, ne peut être qu'une lutte douloureuse.
Espérez ! C'est en étant
ballottés de vague en vague sur une mer
orageuse que vous arriverez au port.
Vivez d'une vie profonde en Dieu. Ce que
vous lisez dans des livres, ce que les hommes vous
disent, est insuffisant pour rassurer votre
âme, je le sais, mais Dieu est infini.
Le Dieu du ciel serait-il trop peu de
chose pour vous ? Le pensez-vous capable
d'avoir créé une faim et une soif
qu'il soit incapable de satisfaire ? Aurait-il
créé une nature humaine si
compliquée, que lui-même n'en
comprendrait pas les sentiments ?
Lorsqu'il fit le plan du monde et de la
rédemption de l'homme, son esprit
éternel embrassa d'un regard les
siècles passés et les siècles
futurs, et, prévoyant les maux de toutes les
époques, il leur assura un remède qui
fût efficace jusque dans
l'éternité.
Oh ! croyez qu'il peut vous
sauver ! Croyez qu'il peut se servir de ce feu
qui vous dévore, en faire une puissance capable
d'accomplir les plus grandes et les plus saintes
choses sur la terre.
C'est par ce baptême du feu et de
la souffrance que vous arriverez à
comprendre le secret de la sympathie douloureuse du
Christ pour l'homme, et que vous serez
transformés peu à peu pour arriver
à être semblables à lui.
Tant que nous sommes dans ce monde,
l'amour dont je parle doit trouver son emploi sur
cette terre.
Le démoniaque que Christ
délivra désirait suivre son Sauveur
partout, mais Jésus lui dit :
« Va-t'en dans ta maison vers tes parents
et raconte-leur les grandes choses que le Seigneur
t'a faites et comment il a eu pitié de
toi, » Cette réponse, Christ nous
l'adresse aussi. Nos parents, nos amis, ce ne sont
pas encore les anges ni les saints
glorifiés, ce sont des hommes et des femmes
et non seulement ceux qui aiment le Seigneur, mais
les indifférents, les endurcis, les
misérables et les débauchés.
Ma maison ! elle n'est pas encore au
ciel ; elle est sur cette terre aimée
et maudite jusqu'au jour où j'entendrai la
voix du Sauveur qui, dominant le bruit des pleurs
de la terre, me dira : « Le
maître est là qui
t'appelle. »
Ne croyez pas que pour devenir les
disciples de Christ vous deviez
rejeter ce qui constitue votre humanité. Ce
qui est humain dans le sens le plus
élevé sera encore vivifié par
cet amour.
Vous aimerez les hommes d'une
manière plus intense et plus
élevée. L'amour renverse toutes les
barrières, et, tout en sanctifiant vos
affections privées, il dissipera vos
antipathies, vos craintes, vos antagonismes. Il
vous donnera le désir de porter à
chaque âme humaine la bonne nouvelle.
Lorsqu'il nous a révélé les
secrets de son coeur, Christ nous marque de son
sceau et nous renvoie dans le monde pour lequel il
a donné sa vie, afin que nous lui donnions
aussi la nôtre.
Si j'ai osé vous adresser ces
paroles, c'est que je les dis au nom de l'amour de
Christ. Je ne sais rien d'autre que ce que j'ai
appris à genoux devant Lui, et c'est de cela
seulement que je vous parle.
Acceptez mon message, il vient de Dieu.
Celui qui vous le transmet n'est qu'un
misérable instrument sans valeur, mais
voici, si le grand musicien l'approche de sa bouche
il rendra des sons célestes et le pauvre
voyageur qui traverse le désert, entendra
résonner à son oreille un de ces doux
refrains, une de ces mélodies de l'enfance
qui lui parleront d'un amour lointain et
oublié, d'une patrie
abandonnée !
Dieu répandra son amour sur vous,
non pas dans la proportion où vous en
êtes dignes, mais dans la mesure où
vous serez capables d'aimer à votre tour,
c'est pourquoi, même pour le disciple qui est
rempli de la joie de Dieu, il ne peut y avoir de
repos sur cette terre. Il travaillera sans cesse
pour ces âmes qui sont à Christ, qu'il
a rachetées par sa mort, mais qui ne sont
pas encore rassemblées autour de lui.
C'est après avoir
été longtemps en présence de
Dieu qu'il m'a donné un message pour vous,
pour chacun de ceux qui lisent ces lignes. C'est
à vous personnellement que je m'adresse et
que je dis : « Dieu vous aime. Il
vous aime tant qu'il quitte ceux qui sont à
lui pour aller chercher sa brebis perdue, il a
hâte de la trouver pour la mettre sur son
épaule et l'emporter dans sa bergerie.
Espérez contre toute espérance !
Croyez envers et contre tous ! Ne regardez ni
à droite, ni à gauche,
détournez-vous de la nuit et marchez du
côté du soleil levant ! Sa main
est sur vous. Il ne vous abandonnera jamais et sera
votre guide jusqu'à ce que l'ombre se
dissipe et que le jour vienne ! Alors Dieu
répandra sur la terre son esprit en
abondance. Le fond du coeur de chacun sera
dévoilé. Plusieurs qui n'ont jamais
pleuré répandront de
saintes larmes ; ceux
qui
n'avaient pas encore prié seront remplis de
l'esprit de « grâce et de
supplications ».
Un esprit de prophétie
règne déjà parmi nous. Ne
sont-ils pas prophètes sans s'en douter,
ceux qui, en parlant de leurs propres
expériences, expriment les douleurs et les
besoins du monde entier ? Leur
espérance en un avenir meilleur n'est-il pas
l'écho des promesses de Dieu ? Une
profonde lassitude, un dégoût du monde
et du mal qui existe dans le monde, se fait sentir
partout, et bien des âmes qui sont
étrangères à la vraie
contrition éprouvent cependant une sorte
d'anxiété et aspirent à un
état meilleur.
Parfois chez des êtres qui ont
souffert personnellement de l'injustice, il y a
autre chose que du ressentiment. À mesure
que leur esprit s'apaise et que leurs
pensées se recueillent, une grande
mélancolie s'empare de leur âme ;
les griefs privés disparaissent
derrière le sentiment du mal en
lui-même et de l'étonnement douloureux
qu'ils éprouvent en face d'un monde qui a
perdu toute balance morale. De plus d'un coeur
s'élève ce cri : « Qui
nous fera jouir du bien ? Fais lever sur nous
la lumière de ta force, ô
Éternel ! »
Ils sont des prophètes aussi,
ceux dont la foi est si vive qu'ils saisissent
déjà ici-bas « ces choses que nous
espérons ». Leurs yeux ont
été oints, et ils voient au loin le
royaume du Rédempteur qui s'avance. Leurs
oreilles ont été ouvertes et ils
entendent quelques accents du dernier chant de la
grande moisson avec le bruit des pas joyeux de ceux
qui rentrent à la maison. Le temps des
semailles a été long et froid, bien
des larmes sont tombées dans le sillon, mais
voici, à cette heure glacée qui
précède l'aurore, des milliers de
regards cherchent à percer l'horizon, des
milliers de voix crient :
« Sentinelle, que dis-tu de la
nuit ? » et la réponse
viendra bientôt. « Voici le
matin ; la nuit est avancée, le jour
est proche. »
L'étendard d'une sainte
révolution est levé. Le cri de
révolte de la femme qui s'insurge contre le
libertinage de l'homme, dont elle est devenue
l'esclave, et contre les mensonges au nom desquels
on veut maintenir le plus grand de nos maux
sociaux, a éveillé un écho
dans toutes les parties du monde et a secoué
la conscience endormie des Églises de la
chrétienté.
Lorsque le coeur et l'esprit des nations
sont remués jusque dans leurs fondements, il
ne peut manquer d'en sortir de bons fruits.
« Tout ce qui arrive dans le
monde a son signe qui le précède.
Lorsque le soleil est près de se lever, l'horizon
se colore
de
mille nuances, et l'Orient paraît tout en
feu. Lorsque la tempête vient, on entend sur
le rivage un sourd bruissement, et les flots
s'agitent comme d'eux-mêmes. Les innombrables
pensées diverses qui se croisent et se
mêlent à l'horizon du monde spirituel
sont le signe qui annonce le lever du soleil des
intelligences. Le murmure confus et le mouvement
intérieur des peuples en émoi sont le
signe précurseur de la tempête qui
passera bientôt sur les nations tremblantes.
Tenez-vous prêts, car les temps approchent
(1). »
Oui, la tempête approche, l'aurore
ne se lèvera pas sur une terre paisible et
sur un océan sans vagues.
De tous côtés la lutte se
prépare, les principes opposés
grandissent ; dans les deux camps le
combattant aiguise sa lance. Aux rayons de soleil
de justice, les exhalaisons impures de la nature
humaine corrompue vont s'élever de tous
côtés. L'orgueil, la cruauté,
la haine, l'esprit de vengeance et de
débauche vont grandir de plus en plus.
Cette prophétie vous fait
trembler ; et vous demandez comment celui qui
croit à la toute-puissance de l'amour peut
la prononcer. L'expérience ne prouvera que trop sa
vérité. L'influence du mal est aussi
fatale que la grâce divine est puissante. La
haine de certains hommes pour ce qui s'oppose
à leur convoitise devient quelque chose de
pire qu'une passion humaine. Si par le secours
divin les saints arrivent à un degré
d'amour vraiment héroïque et
accomplissent des actions qui sont positivement
au-dessus des forces de la nature, les ennemis de
la pureté, dans leur lutte contre la
sainteté, arrivent à un degré
de haine qui les entraîne bien plus loin que
ne le feraient la chair et le sang. Cette haine
n'est le produit ni du raisonnement ni de
l'intelligence. C'est le résultat de
l'action d'une force naturelle agissant sur les
mauvaises passions de l'homme. C'est l'oeuvre du
grand ennemi de l'homme et de Dieu, du prince des
ténèbres, de « l'Accusateur
» et du « Destructeur ». L'homme, en
se livrant à ses mauvais instincts, finit
par devenir un agent inconscient de ce mal
implacable contre lequel la conscience collective
de l'humanité ne cesse de protester.
Il se passe de nos jours des
atrocités consacrées par les lois et
les usages et qui ne sont que la conséquence
effrayante et fatale de ce fait qu'aucune
barrière n'est opposée aux instincts
les plus vils de l'homme.
Que l'on continue ainsi, et alors nous
n'aurons vu que le commencement de ces horreurs. On
dirait que, prévoyant l'aurore, les
puissances du mal se réunissent pour tenter
un dernier et gigantesque effort afin de faire de
cette terre que Dieu aime un enfer. Et il y a des
hommes qui, tout en recevant les rayons du soleil
de justice en plein visage, choisissent les
ténèbres, qui « appellent
le mal bien et le bien mal » !
Les messagers de l'aurore n'apportent
pas une proclamation de paix, ils font un appel
à la révolte, à une sainte
révolte contre le matérialisme
érigé de nos jours en système
- ce matérialisme qui se glisse dans
l'intelligence des hommes et à leur insu
détruit leur foi et prépare le
terrain pour la sensualité.
Voici l'heure de la bataille !
L'indifférence dans une pareille lutte
serait la mort. Ne pas combattre, c'est être
blessé. Se dérober à l'action,
c'est s'avouer vaincu. Dans les guerres entre les
hommes on peut faire grâce et laisser la vie
sauve, mais il n'y a pas de merci pour les
questions de principes. Nous sommes des
insurgés qui marchent sous la
bannière de la Loi de Dieu.
« En avant donc, même au
risque d'être mis en pièces par ces hommes au
coeur changeant qui un jour accompliront
eux-mêmes nos desseins
(2). »
N'oublions pas que Dieu peut changer les
coeurs, et, tout en serrant nos rangs, que la
charité pour nos ennemis soit notre
règle, même envers ceux dont la haine
est la plus amère.
Nous ne voulons pas faire la guerre aux
hommes, mais aux faux principes qui ont
trompé, dévoyé et
attiré la malédiction sur la
société. Plus de dogmes menteurs,
plus de ténébreux principes, Plus
d'institutions mauvaises ! Que l'amour tente
la victoire là où toutes les autres
forces ont échoué ; et alors,
par la grâce de Dieu, nous verrons des
milliers de déserteurs quitter les lignes de
l'ennemi et venir à nous en disant :
« Nous irons avec vous, car nous avons
entendu que Dieu est avec vous. » Nous
verrons les cohortes ennemies s'évanouir
comme un brouillard aux premiers feux du matin et
nous trouverons des frères dans nos ennemis
de la veille ! Alors nous pourrons dire que
« les montagnes produisent la paix pour
le peuple et les coteaux la
justice ».
Cette terre qui gémit et qui
pleure sera délivrée de son
esclavage. La verge de l'oppresseur sera brisée.
L'intelligence de
l'homme ne s'appliquera plus, sous prétexte
de civilisation, à forger des fers pour
enchaîner une partie de l'humanité. La
lumière du jour pénétrera
jusque dans ces lieux sombres où habite le
mal.
Ces milliers et milliers de filles des
hommes, esclaves de la cruauté et de la
luxure, se lèveront dans tous les pays
à la voix du Sauveur.
Alors plus de vertus creuses ni de
crimes élégants. Personne ne pourra
chercher son plaisir au détriment d'un
autre, ni acheter des jouissances au prix du sang
et des larmes de son semblable. Le royaume du
Rédempteur se lèvera dans toute sa
majesté, il s'étendra jusqu'aux
extrêmes limites de la nature ; partout
où le péché a répandu
son poison il répandra ses
bénédictions. L'oeuvre du Sauveur
sera accomplie.
Veni, domine Jesu !
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