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 La Parole de Dieu et la mortalité de notre âme

 

« Plaisante foy, qui ne croid ce qu'elle croid, que pour n'avoir le courage de le décroire. »

(Montaigne II : 2)

 

Le cimetière. Une petite troupe de gens, les uns terrassés par leur désespoir, les autres qui songent à l'héritage, les uns déchirés par la souffrance, les autres intéressés par la cérémonie, les uns perdus dans une solitude aride, les autres qui se nourrissent de leurs larmes et se consolent avec leur propre douleur, tous avec des coeurs trop petits, aussi seuls que des pierres et plus semblables à des animaux effrayés qui s'enfoncent dans leur trou qu'à des hommes. Là, au milieu, un corps froid, une caisse de bois, un trou dans la terre.

Faut-il parler ? Consoler ?

Est-il une situation plus désespérée ? plus accablante ?

Oui, le plus dur est ici, pour qui ne veut pas que subsiste la moindre illusion, pour qui sait que la mort ne peut être contournée, et que rien au monde ne peut, à qui que ce soit, apporter le moindre soulagement, si ce n'est la Vérité>.; «La Vérité vous affranchira.»

Pourtant c'est ici, devant un cercueil, que l'illusion, de tout temps, s'est donné libre cours, et que l'homme a laissé voir son besoin d'être trompé. «Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement» (La Rochefoucauld). C'est qu'il y a dans la mort une question par trop insupportable. Et plutôt que de crier à Dieu du milieu de la flamme, « du fond de l'abîme », nous préférons faire un détour, contourner cette porte qui fait peur. De cette préférence, de cette peur, sont nées les religions, toutes plus ou moins compagnies d'assurance contre les risques de la mort, foires aux illusions où la panique des hommes fait parfois monter les prix très haut. On connaît leurs diverses solutions. Celle de la religion laïque officielle, qui fait de la mort un sommeil, une fusion dans le grand tout, si bien qu'il devient aussi confortable de mourir que de s'endormir; celle de la religion marxiste ou hitlérienne qui nous commande dès aujourd'hui l'abandon de notre existence entière à quelque énorme idole, dont l'histoire, elle, ne connaîtra point de mort : race, nation ou classe.

 

Mais il est une autre solution humaine bien plus dangereuse et qui doit nous retenir davantage parce qu'elle est devenue pour beaucoup la solution chrétienne et qu'elle tend insidieusement à se confondre avec la Promesse de l'Evangile, nous voulons parler du dogme païen (platonicien ou stoïcien) de l'immortalité de l'âme. Les ravages que ce dogme a faits dans la prédication chrétienne sont incalculables et bouleversants, car il finit par être le fondement de la plupart de nos discours funéraires. Quelle ironie dans le fait que le peuple, qui fut de tous le plus attaché à cette croyance, et qui nous en a laissé les témoignages les plus émouvants, soit le peuple d'Egypte, celui sur lequel la Bible fait peser la malédiction de Dieu ! - alors que la Bible elle-même, sur quoi doit reposer notre prédication, ne contient nulle part la moindre trace d'une croyance à l'immortalité de l'âme !. Pour ceux qui tiennent à prêcher la continuité, a maintenir au travers de la mort les « valeurs spirituelles » et les trésors de la terre, une visite à la Vallée des Rois n'est-elle pas plus édifiante qu'une visite à la vallée de Josaphat ? Et les prêtres d'Isis ne sont-ils pas mieux renseignés sur l'au-delà que Jérémie et Saul de Tarse ? Des lieues par centaines, qui prolongent dans le ventre des montagnes la terre des vivants, ces galeries sans fin dans la pierre où l'image du mort ne cesse de se reproduire, où ses oeuvres indéfiniment se déroulent, les chambres successives où les richesses et les splendeurs s'amassent, quelle réalisation prodigieuse, effrayante, de notre immortalité!On enterrait Pharaon avec tout ce qu'il avait fait, avec tout ce qu'il possédait de meilleur. Et cela donnait plus de peine qu'un de nos éloges funéraires. Toute la puissance du pays se consumait dans cette édification des tombeaux. Pharaon sacrifiait le présent à l'au-delà. Jamais l'effort de l'homme pour se sauver n'a été poussé plus loin, ni la croyance à l'infini de notre existence.

 

Avons-nous donc un autre message que celui des Pharaons ? Faisons-nous autre chose, lorsque nous enterrons un honorable «pilier d'Eglise », que de lui construire en quelques phrases une de ces tombes royales ? Nous enterrons les gens avec leur bonté, leur piété, leur coeur d'or, nous les enterrons avec leur richesse, comme si la mort ne l'atteignait point, comme si cette richesse devait leur valoir la vie éternelle, comme si nous attendions le salut d'autre chose que de la pure miséricorde de Dieu, ou même comme si, niant simplement la résurrection, il ne s'agissait pour nous que de la continuation des plus hautes valeurs de notre vie. «Le protestantisme sait que les valeurs spirituelles réalisées dans une âme au cours de la vie ne seront point anéanties par la mort et que le chrétien n'a pas à craindre d'être dépouillé de ces trésors intérieurs dont Jésus proclamait l'excellence. » (Bertrand: Protestantisme, p. 151.)

 

On nous dira: « Pardon, vous confondez grossièrement. Il s'agit là de biens « spirituels ». Vraiment ? Est-ce suffisant pour assurer leur passage dans l'au-delà? Que veut dire spirituel ? Nos pensées, nos sentiments et nos expériences font-elles partie des choses visibles ou des choses invisibles? du ciel ou de la terre ? Y a-t-il en nous quelque chose qui ne soit pas du monde ? Nos pensées sont-elles des pensées divines ? Toute la Bible nous interdit de le croire. « Tu es sur la terre. » « Mes pensées ne sont pas vos pensées. » « Maudit est l'homme qui se confie en l'homme.» «Ce qui est né de la chair est chair.» Pourquoi donc ces distinctions perpétuelles entre « matière» et «esprit », et ces ergotages païens sur les rapports du «corps» et de l'«âme» comme si l'homme n'était pas indissolublement l'un et l'autre? Ceux que le Christ a appelés race de vipères, était-ce leur « corps » ou leur «âme » qu'ils cherchaient à enrichir par l'observation des quelque cinq cents commandements divins ? Mais Luther a bien su que toute division dans la créature humaine, et partant le spiritualisme, n'était le plus souvent prétexte pour l'incrédule qu'à se réfugier dans ses «hauts lieux » pour y narguer, du sein de son pieux orgueil et de sa propre justice, le «monde» et tous les péagers qui courent à leur perte et n'ont pas su se défaire de leur corps. «Le christianisme n'a pas d'autres vrais ennemis et n'en aura jamais d'autres... que ceux qui s'appliquent à vivre dans le repos, la paix, le confort et la sécurité, et non pas sur la croix et dans les tourments, et qui ne diffèrent ainsi en rien, des autres pécheurs grossiers sinon que ceux-là cherchent leur plaisir dans les choses charnelles et eux dans les biens spirituels, dans la sagesse, l'intelligence et la piété » (Luther Com., Ps. 6, 9, 1517). Et Calvin parle, d'une manière non moins antispiritualiste, de «ces deux très mauvaises pestes, à savoir la sécurité contre Sa vengeance et la fausse confiance de nous» (Cat. de 1537).

Nous devons donc penser que, dans les cérémonies funéraires, toute prédication ressemblant à un éloge du mort, si pieux fût-il, n'est pas un acte différent en substance de celui des Egyptiens creusant leurs tombeaux. Tout éloge mortuaire, de la part d'un pasteur2suppose que nous sommes porteurs d'une âme d'essence divine capable d'accéder aux valeurs éternelles, par sa bonne volonté, ou par la « grâce » de Dieu, ou par leur combinaison - peu importe ici qu'on soit avec Pélage ou Augustin -, capable d'emporter ainsi au travers de la mort ses «trésors amassés sur la terre». Tout éloge mortuaire repose presque nécessairement sur le dogme de l'immortalité de l'âme, et méconnaît la grâce de Dieu qui n'est jamais un «influx » transformant notre nature, un «nouvel Eros» (K. Adam: L'essence du catholicisme) exaltant notre âme, mais uniquement le pardon des péchés, la guérison de la maladie mortelle, la prophétie de l'Esprit Saint sur la vallée des ossements.

 

La Bible, seule au monde, prend au sérieux l'amour de Dieu. Cet amour n'est jamais pour elle un postulat, un attribut de Dieu, une donnée établie et assurée, un droit de l'homme pieux (ce qui signifierait l'immortalité de notre âme)3mais bien une réalité momentanée, un mouvement, une victoire, le don souverain et libre d'une chose qui peut ne pas être donnée, d'une chose qu'en tout cas Dieu seul possède et dont seul Il dispose: la vie éternelle.

Car si notre âme est de nature immortelle, si elle n'est point touchée par la mort, si la mort n'est point son salaire, alors en proclamant la grâce de Dieu, nous faisons à peu près comme ces journaux qui, pendant la guerre, célébraient l'héroïsme des poilus, tout en assurant que les Allemands n'étaient que des lapins. Mais alors, quels sont donc ces héros que des lapins tiennent en échec ? Quel est donc ce Sauveur qui nous sauve d'une mort seulement apparente, qui nous donne ce que nous possédons déjà, ce Sauveur dont, avec un petit peu plus d'assurance, un petit peu plus de ténacité dans nos illusions, nous pourrions si bien nous passer ?

Malgré tout le pathos et toute la tendresse que nous mettons à proclamer la Résurrection du Christ, nous ne la réduisons pas moins, de la sorte, à la simple confirmation d'une pensée qui était montée depuis longtemps au coeur de l'homme, ou si l'on veut, à la victoire de Carnera sur son adversaire de paille. Car ainsi la mort n'est qu'une mort de paille et le feu du jugement un feu de paille et toute la Révélation une mise en scène où l'homme se représente à lui-même tout ce dont il a besoin pour se sauver, pour se rassurer.

 

Ce qu'un vrai chrétien doit alors demander, c'est que l'homme de paille, (le faux adversaire, la fausse mort), rien que pour s'amuser, et renonçant à la récompense promise s'il se laisse battre, jette à terre notre «champion du monde», ce christ-idole, où nous contemplons notre propre immortalité, et qu'aux yeux de la foule la supercherie soit dévoilée.

 

Tout cela est pour faire voir comment la prédication de l'âme immortelle revient à la négation de la divinité du Christ, le fils unique de Dieu, rend vaine la croix du Christ où Dieu s'est abaissé jusque dans notre mort, et fait bon marché de l'amour de Dieu, qui ne consiste pas à développer en nous, au moyen d'un admirable exemple de dévouement, une «étincelle divine»4, mais à nous donner sa propre vie.

Une telle insistance a sa raison d'être, car ce dogme qui contredit tout le message des apôtres n'en est pas moins le fondement de nos discours et de nos pensées funéraires. Combien de fois n'est-on pas sorti d'un enterrement avec le coeur lourd de cette pensée : Si Christ n'avait point existé, si Dieu ne s'était pas révélé, en quoi la substance du discours pastoral eût-elle été changée ? On a même entendu donner comme l'une des preuves de la vie éternelle notre besoin de conservation; ou dire qu'il n'était pas possible que l'intelligence, le sentiment, la mémoire disparaissent...

N'est-ce pas le contraire de la foi, qu'une foi qui se fonde sur la peur de mourir ?5D'ailleurs quel contresens! Car enfin, besoin de conservation égale besoin de continuation. Mais ce qui continue notre vie, c'est justement le temps, et plus nous la continuerons et plus cela fera de temps, et nous pourrons la continuer pendant des milliers de siècles, cela ne fera jamais que du temps et n'atteindra pas l'éternité, pas plus qu'en allongeant une ligne on ne composera un volume. Mais il y a là plus qu'un contresens, il y a une équivoque. Car enfin cette perpétuité de siècles, cette extension indéfinie de notre existence, cette chute de notre pensée dans l'abîme sans fond des âges, où jamais elle ne trouvera son commencement ni sa fin, n'est-ce pas ce que la Bible appelle la Géhenne, le feu qui ne s'éteint point, le ver qui ne meurt pas, les ténèbres du dehors ? Partout où nous sommes sans fin, où nous sommes « comme Dieu», là n'est pas le paradis mais l'enfer. Notre rêve d'immortalité, c'est le rêve de l'enfer, le fruit du désespoir. Tout prolongement indéfini de notre être signifie la destruction de notre être. « Continuer à vivre, c'est continuer à mourir » (H. Vogel : Gottes Hoffnung am Sarge). Car l'immortalité sans Dieu, l'immortalité dont nous posséderions le germe en nous-mêmes, c'est la mort éternelle, l'état dont saint Paul dit qu'il est notre « prédilection » et que le péché en est <4 l'aiguillon ».

Mais c'est là un autre langage, le langage de ceux qui croient en Dieu et connaissent ainsi les limites de leur être. Ce qui fait de nous des créatures de Dieu, c'est que nous sommes limités par Dieu, c'est que nous trouvons en lui notre commencement et notre fin. Personne, disions-nous, n'a jamais pu regarder la mort en face. Baudelaire a essayé, et je pense qu'on ne peut aller plus avant qu'il n'a été dans Une charogne. Mais qu'est-ce là, après tout, qu'une complaisance poétique, une délectation de ce qui fait à tous notre affection cachée ? «Ceux qui me haïssent aiment la mort» (Prov. 8, 36). Non, même cette contemplation de la «charogne» se produit à distance et ne nous atteint pas vraiment. Nous n'atteignons jamais par nous-mêmes que les manifestations de la mort et non la mort elle-même. Un cadavre et toutes nos pensées sur un cadavre ne nous renseignent absolument pas. Nous ne pouvons regarder la mort en face pour cette simple raison que regarder la mort en face c'est mourir, c'est pénétrer au coeur du désespoir dont on ne revient pas.

Il y a quelques hommes pourtant, seuls dans toute l'histoire du monde, qui ont été obligés de regarder la mort en face : ce sont les prophètes et les apôtres.

Parce qu'ils n'ont pas vu un cadavre ordinaire, mais celui du Fils de Dieu dans le plus bas fond de la terre. Et ils ont alors compris ce que nul ne savait et ne saura jamais sans les écouter; ils ont compris que la mort n'est pas un passage, ni un sommeil, mais une réalité infernale, le salaire du péché, la malédiction de Dieu. La mort n'est pas quelque domaine auquel nous puissions rendre visite. Elle n'est ni une pensée, ni un objet, rien que l'on puisse saisir ou concevoir. Elle n'est pas un attribut de l'homme pécheur, elle est son prédicat. «Vous êtes morts.* Elle est l'état de l'homme sous le jugement de Dieu, l'état de l'homme qui veut être «comme Dieu» (Genèse 3), qui veut avoir la vie en lui-même, être son créateur, et au milieu duquel, au lieu de l'arbre de la vie planté par Dieu, il n'y a que l'abîme. L'état de l'homme obligé de vivre ainsi sans vie et de mourir ainsi sans mort, c'est l'état de l'homme séparé de Dieu, c'est l'état de l'homme pécheur. La Bible l'appelle perdition, ténèbres, sépulcre ou géhenne. Mais de tout cela, les prophètes et les apôtres n'ont rien su avant le jour de Pâques. Sans la Résurrection, ils n'auraient vu sur la croix rien de plus que Baudelaire. Pâques est une réflexion sur le Vendredi-Saint, la lumière de Dieu qui luit dans les ténèbres. Par le pardon des péchés, nous connaissons pour la première fois le péché et la mort. Pâques précède le Vendredi-Saint. Tout ce que nous avons dit jusqu'ici est donc absolument secondaire, et nous amène à conclure très nettement : le chrétien est un homme qui ne croit pas à l'immortalité de l'âme. Il croit que Dieu l'a créé corps et âme; que Dieu l'a condamné à mort corps et âme, parce que Dieu en Jésus-Christ, par pure grâce, le ressuscite corps et âme. Rien dans la Bible ne nous autorise à croire autre chose. Ou alors Jésus-Christ ne serait-il pas mort tout à fait, et ne serait-il pas revenu à la vie tout à fait ? Croire en Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, c'est croire à la mortalité de notre âme, et attendre de Lui seul la délivrance dont notre âme n'a pas moins besoin que notre corps, notre entièrement nouvelle naissance. «Si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus-Christ d'entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rom. 8, 11).

 

Maintenant, si toute possibilité humaine nous est retirée, que dire ? Nous nous sommes bornés jusqu'ici à des corrections. Il le fallait. Il faut d'abord savoir qu'au bord d'une tombe il n'y a rien à dire, et qu'il n'existe aucune consolation humaine, - il faut d'abord savoir cela, avant d'ouvrir la bouche. « Le propre de la foi c'est de contempler en la parole de Dieu les choses qui sont cachées et éloignées de nos sens* (Calvin: Comm. Héb. 11, 4). «Regarde l'image divine du Christ qui, à cause de toi, est descendu en enfer et fut abandonné de Dieu comme un homme qui est éternellement damné, quand il dit sur la croix : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? Vois dans cette image ton enfer englouti et ton incertaine élection rendue certaine... Cherche-toi en Christ seulement et non en toi, ainsi tu te trouveras en lui éternellement » (Luther: Sermons).

 

En la Parole de Dieu, en Christ, est le secours, et non pas en nous, non pas en notre âme, dont il n'est pas la moindre parcelle, pas la moindre étincelle qui ne succombe à la mort. Nous n'avons rien en nous pour vaincre là mort, mais Dieu a vaincu la mort. Sa Parole, la voix du Fils de l'Homme, vient à nous au travers de la pierre et de la nuit, en un atome de temps (Cor. 15, 52), en un instant qui ne peut être divisé. Tout le péché et toute la mort qui sont en nous, toute la décomposition et l'infernal désir qui nous travaillent, sont dévorés et engloutis. Il n'en reste rien. Nous sommes jugés. «Le premier ciel et la première terre avaient disparu et la mer n'était plus.» Nous passons de la mort à la vie. Au milieu de notre être il y a de nouveau l'arbre de la vie, la Parole de l'Eternel qui nous commence et qui nous finit, et non plus cette âme sans commencement ni fin, née de la promesse du serpent. L'enfant ouvre les yeux et s'étonne. Il voit dans le même instant celui qui est, qui était et qui vient, et dont les yeux sont comme une flamme de feu (Apoc. 2, 18). Le soleil ne l'éclaire plus, mais la face de Dieu est sa lumière éternelle (Esaïe 60, 19).

 

C'est le salut, c'est le contenu de l'espérance, ce qu'il faut annoncer devant un cercueil, ce qui n'est poux nous rien de plus qu'une promesse et que nous attendons tous. «Mon âme attend le Seigneur plus que les sentinelles n'attendent le matin, oui plus que les sentinelles n'attendent le matin» (Ps. 135).

Il n'est pas d'autre fondement à donner à notre message. Ne parlons de la vie du mort que dans la mesure où elle peut nous aider à comprendre ce message. N'annonçons pas la vie que la mort enlève, mais la Vie qui enlève la mort.

Ce n'est pas la mort qui nous délivre, mais la mort de la mort, la résurrection. Ce n'est pas la mort qui nous réunit à Christ, mais Son retour.

On ne s'envole pas vers «des demeures éternelles » on attend que vienne l'époux.

On ne chante pas: Paradis-is, Paradis-is, qu'ils sont savoureux tes fruits!» (Eve le sait déjà trop bien !) Mais plutôt: Qui me délivrera de ce corps de mort ?

On ne dit pas non plus avec la cantate de Bach: «Viens, douce mort», mais: Viens, Seigneur Jésus!

Ne jamais faire un pacte avec la mort, ne jamais s'endormir. Ne pas faire du «dernier ennemi qui sera vaincu » un complice de notre salut. L'oeuvre de Dieu c'est de tuer la mort et tout ce qui participe de la mort.

En plein milieu d'une cérémonie où la mort règne en maîtresse, que la mort a causée et qu'elle détermine entièrement, il faut oser affirmer que nous ne sommes pas sur la terre pour enterrer les morts (surtout pas les pasteurs), mais pour annoncer le Royaume de Dieu (Lue 9, 59). Celui qui croit et vit en Christ ne mourra jamais, parce qu'il est déjà mort et que le Prince de ce monde n'a plus rien en lui. Celui qui croit en Christ, c'est l'homme délivré de sa propre immortalité, c'est-à-dire de sa mort éternelle et de la colère à venir, non point par sa propre mort, mais par la mort de Jésus-Christ. C'est celui qui, n'ayant plus aucune vie en lui-même, pour la première fois «espère en Dieu » et « met sa confiance en l'Eternel ». Cet homme-là, qui sait maintenant que la chair et le sang n'hériteront pas le Royaume de Dieu, et que la corruption n'hérite point l'incorruptibilité (1 Cor. 15, 50), sait en même temps que son corps mortel revêtira l'immortalité (15, 54), que pas un seul de ses cheveux n'échappera à la puissance de Dieu, que pas le plus petit animal ne sera délaissé par la rédemption éternelle, et que s'il se tait, les pierres crieront la gloire de Dieu (Gen. 9, 12-16; Matth. 10, 30; Luc 19, 40).

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1 Cela est trop évident pour demander des preuves. Et d'ailleurs la seule affirmation de Paul à Timothée « Dieu seul possède l'immortalité» enlève toute possibilité de discussion. Si d'aucuns n'étaient pas convaincus qu'ils relisent: Gen. 3; job 14, 1-12; Ps. 30, 10; Jean 3, 5; 11- 14; 1 Cor. 15, 10; 1 Jean 5,12, etc., etc.

Calvin dira: « C'est une invention païenne qui sent plus la théologie des Egyptiens qu'elle ne convient à la philosophie chrétienne ».

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2 Nous ne dirons rien contre l'éloge mortuaire lui-même qui est parfaitement légitime. Nous disons simplement que ce n'est pas l'affaire d'un ministre de la Parole.

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3 «Dieu pardonnera, c'est son métier » Voltaire

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4 D'où vient donc la mode et l'attrait de cette Etincelle ? Ne serait-elle pas une cousine germaine d'Astarté, ou une petite-fille de la Reine du Ciel ? Mich. 5, 13; Jér. 7, 18

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5 Le prophète Esaïe se montre sans aucun ménagement envers de tels hommes - «Je reprendrai le droit pour règle et la justice pour niveau. La grêle emportera le refuge du mensonge et les eaux submergeront votre abri. Alors votre alliance avec la mort sera anéantie et votre pacte avec le sépulcre ne pourra subsister. Quand passera le fléau dévastateur, vous serez foulés aux pieds... et la terreur seule vous servira d'instruction. Le lit sera trop court pour s'y étendre, et la couverture sera trop étroite pour s'en envelopper. » 28: 17-20


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