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Pentecôte ou...

LA LIBERTÉ DE L'HOMME

 

« Crois-tu cela?» (Jean 11)

« Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. » (2 Cor. 3)

« Que votre oui soit oui ! » (Matth. 5) « L'Esprit de Vérité. » (Jean 14)

 

Le Père a tout décidé dans son éternité.

Le Fils a tout accompli à Jérusalem il y a 2000 ans. Il a été crucifié sous Ponce Pilate. Le troisième jour, il est ressuscité des morts.

Mais nous, où sommes-nous ? A quelle distance de cette décision et de cet accomplissement ? Mais nous, tout ce que le Père a décidé et tout ce que le Fils a accompli, qu'est-ce que cela peut nous faire ? Et que pouvons-nous en faire ? Ces choses prodigieuses, nous ne demandons pas mieux que de les croire ! Peut-être même croyons-nous les croire.

Pouvons-nous donc décider nous-mêmes ce que nous allons faire du Père et du Fils ? Pouvons-nous être certains de la vérité de tout cela ? Sinon c'est comme si nous n'avions rien entendu. C'est même plus désolant que si nous n'avions rien entendu. Mieux vaut le silence qu'une nouvelle inouïe dont nous ne pouvons savoir si elle est vraie, qui ne nous libère donc pas de notre incertitude, et qui ne nous console pas de notre douleur. A quoi a servi que le Fils ait accompli tant de choses pour que cela nous touche si peu, pour que nous demeurions là, devant elles, à dire : « Je voudrais croire ! » - sans pouvoir faire ce pas décisif qui nous relierait à elles pour jamais.

Il s'est passé tant d'années depuis ces événements! Pourtant ce ne sont pas les siècles qui nous séparent de Jésus-Christ. Il y a de telles distances jusqu'à cette Palestine ! Pourtant ce ne sont pas les kilomètres qui nous séparent de Jésus-Christ. Nous aurions pu le croiser sur les routes de Galilée et rentrer chez nous le soir aussi indifférents, aussi perplexes, aussi insouciants que peut-être nous le sommes en rentrant chez nous ce soir. Non, ce ne sont point les milliers d'années, ni les milliers de kilomètres qui nous séparent de Jésus-Christ, ni une différence de race ou de mentalité. Ce ne sont point l'histoire ni la géographie qui nous le feront rejoindre. Ce qui s'est passé pour nous à Jérusalem, il y a 2000 ans, ce qui s'est passé pour tous les hommes en Jésus-Christ, qu'est-ce qui nous en sépare ? Cette bonne nouvelle, qu'est-ce qui nous empêche de l'entendre ? Cette lumière, qu'est-ce qui nous empêche de la voir ? Ce qui nous sépare de Jésus-Christ, ce qui nous empêche de croire en lui, c'est la nécessité, une effroyable et mystérieuse nécessité. Votre incrédulité, vous ne l'avez pas choisie, vous le savez bien. Et vous l'avouez quand vous dites : «Je ne peux pas croire ». Vous ne pouvez pas croire en effet. Ni moi, ni vous, ni aucun homme sur la terre ne peut croire. L'incrédulité n'est pas de notre part une libre décision, c'est une puissance obscure qui nous tient. C'est une fatalité aux mains de laquelle nous sommes tombés. C'est une puissance qui nous oblige à ne pas croire. Nous sommes contraints, nous sommes déterminés, nous sommes occupés par la puissance des ténèbres. Nous nous jugeons maîtres de notre incrédulité, mais, en fait, elle est notre maîtresse, puisque nous ne pouvons en aucune façon nous défaire d'elle. Nous nous débattons, sans doute. Nos chaînes ont assez de jeu pour nous donner l'illusion que nous allons pouvoir les secouer. Nous essayons de croire, nous faisons pas mal de mouvements, nous nous tournons de côté et d'autre. Nous prenons le parti de rejeter délibérément pour toutes sortes de raisons critiques ou sentimentales le message entendu. Ou bien nous prenons le parti de nous y intéresser et de l'accepter; mais nous ne sommes pas plus avancés et ce n'est pas un parti vraiment pris; ce n'est jamais un but atteint, une certitude acquise, un mouvement décisif et libérateur. Tous les remous que cause en nous le message de Jésus-Christ, tous les mouvements positifs ou négatifs qu'il peut susciter dans notre coeur, c'est la liberté que nous avons dans nos chaînes, c'est le jeu que nous laisse la puissance qui nous enchaîne. Un jeu juste suffisant pour nous tranquilliser, car enfin nous sommes libres, libres jusqu'à un certain point, jusqu'à ce point justement d'où il faudrait s'élancer dans la certitude, jusqu'à ce point à partir duquel nous serions vraiment libres, nous serions à Jésus-Christ enfin, nous serions sauvés enfin.

 

C'est le drame que nous vivons tous insensiblement, quand il semble qu'à certains moments de notre vie la vérité se soit approchée de nous et qu'une chose immense, décisive, ait été sur le point de survenir, et puis que, bien des années plus tard, on se retrouve installé dans la vie, bourgeois pour qui demeure une primauté, celle de sa situation. Chacun de nous dans vingt-cinq ans, par exemple, peut se retrouver au même point que maintenant, dans les mêmes liens, dans la même absence de joie et d'espérance, mais en ayant pris son parti. Rien n'aura bougé, seulement ce qu'on avait ressenti un jour comme une chaîne sera devenu une coquille capitonnée. L'argent, la famille, le prestige, la religion, auront rendu viable, précieuse même notre cellule. Que se sera-t-il donc passé en fin de compte ? Seulement ceci, qu'un jour de notre jeunesse inquiète, un jour dont le souvenir est bien enseveli, un jour dont nous sourirons avec condescendance, nous avions tiré sur notre chaîne...

 

Que me sert de pouvoir circuler dans la contrée de mon incertitude, que me sert de pouvoir tourner dans ma cellule, et piétiner dans mes chaînes, si je ne puis en sortir, si tout au bout de mes efforts et de mes incursions, je suis repris et gardé quand même par cette nécessité horrible (et douce puisqu'elle est de ne pas bouger), par cette puissance des ténèbres, par cette impossibilité de faire le dernier pas, le seul qui compte, de dire ce oui! à Jésus-Christ, le premier et le dernier mot de mon existence d'homme, qui fasse de moi un nouveau-né pour l'éternité. Oh ! je puis bien prononcer ce oui, je puis approuver cent fois tout ce qui a été dit, mon oui n'est pas oui, ce n'est pas vraiment moi qui le dis. Je demeure à côté de mon oui, en retrait de ma propre parole, j'échappe à ma propre réponse. Je ne suis pas moi tout entier dans ce oui. Je peux dire oui cent fois, ce sont mes lèvres qui le disent, ce n'est pas moi. Mon coeur reste éloigné. Mon oui n'est pas vrai, ma foi n'est pas vraie, parce que je reste en arrière avec un non, si petit soit-il, avec un refus, avec une incertitude cachée, qui m'enchaîne, qui me retient hors de ce oui que je prononce, hors de ce oui qui est ma vie.

 

« Celui qui croit en moi, dit Jésus, ne mourra jamais, » « Crois-tu cela? » Oui, oui, oui! m'écrié-je... Non, ce n'est pas moi qui le dis ! C'est comme une parole que je pousse en avant et que je n'accompagne pas. Et Jésus-Christ ne s'y laisse pas prendre. Car il ne veut pas mes lèvres, il me veut moi, et si je ne suis pas moi dans ma parole, c'est comme si je ne disais rien. Si je ne suis pas moi dans ma réponse, c'est comme si je ne répondais pas, c'est pire que si je ne répondais pas, car je joue la comédie, je prends le rôle d'un croyant que je ne suis pas, que je ne peux pas être. Tous mes efforts n'aboutissent qu'à placer entre Jésus-Christ et moi un mensonge, du moment que je ne vais pas à Lui, du moment que mon oui n'est pas oui.

Nous ne sommes pas libres de dire oui en vérité à Jésus-Christ. Car en nous demeure l'homme qui dit non ! le pécheur qui refuse, et tous nos oui ne font que masquer ce non très profond où continuent à se réfugier et à prospérer notre orgueil, notre égoïsme, notre lâcheté, notre paresse, notre convoitise.

 

Si après avoir donné son Fils, après Noël, Vendredi-Saint, Pâques et l'Ascension, Dieu s'en était tenu là, Dieu nous avait laissés à nous-mêmes, s'il avait comme on dit respecté notre liberté, il n'aurait respecté que notre esclavage, il nous aurait, en fait, laissés à la puissance des ténèbres, laissés mourir en dehors du Royaume de son Fils, sans oreilles pour entendre, sans yeux pour voir, sans langue pour répondre.

Et maintenant nous pressentons ce qui va se passer Dieu va nous obliger à croire. Il va faire je ne sais quoi pour nous contraindre. Déjà l'esclave respire et se réjouit. Une fois de plus il aura ce qu'il demande. Car si nous ne parvenons pas à croire, nous demandons qu'on nous y force. L'esclave que nous sommes ne peut faire et dire quoi que ce soit sinon contraint. Cet homme n'existe que contraint. C'est un esclave-né. Or, comme il convoite la vie éternelle et le Royaume de Dieu, comme il ne demande pas mieux que de <4 ne pas voir la mort», il supplie qu'on le force, autrement dit, il demande des preuves. «Démontrez-moi que Jésus est bien ce que vous dites.» « Les Juifs demandent des miracles et les Grecs la sagesse », notait saint Paul. L'esclave demande des miracles, c'est-à-dire des démonstrations sensationnelles, ou la sagesse, c'est-à-dire des démonstrations rationnelles. A cette condition il croira - oui, certes - mais il demeurera esclave dans sa foi. Il ne sera point sorti de sa servitude. Il n'aura point prononcé une parole libre, il n'aura pas fait un geste d'amour. Si la condition était remplie, si l'on nous apportait des preuves, si Dieu nous accordait maintenant des démonstrations surnaturelles ou naturelles, s'il nous contraignait comme nous le demandons, alors ce ne serait point le triomphe de Dieu, mais bien le triomphe de notre esclavage, alors Jésus-Christ serait le roi des esclaves, alors notre réponse à son appel serait le dernier mot de notre servitude et non pas le premier mot de notre liberté. Le Démon peut bien s'amuser à nous forcer de croire, mais non pas Dieu. Dieu n'entend pas sauver notre esclavage, mais le détruire. Il s'agit donc que rien ne passe dans notre réponse à Jésus-Christ, de cet homme qui veut être forcé, qui ne peut rien risquer et se range forcément aux côtés du plus fort. Il s'agit avant tout que notre oui à Jésus-Christ ne soit pas déterminé, ne soit pas contraint comme notre non. Il s'agit que notre oui soit libre pour qu'il soit vrai et pour que nous soyons sauvés.

 

Mais comment cela se peut-il ? Comment l'esclave sera-t-il sauvé puisqu'il ne peut pas croire et que si on le force à croire il n'en demeure pas moins esclave ? Qu'est-ce que Dieu pourra donc faire, qu'est-ce qu'il pourra imaginer encore pour que nous répondions en toute liberté et en toute vérité oui ! à Jésus-Christ.

Nous touchons ici à un profond et merveilleux mystère, dont il est plus difficile de parler que de Jésus-Christ et qu'il faut aborder avec une déférence infinie. Car nous sommes, de même qu'en face de Jésus, une fois de plus ici devant le mystère de Dieu, de Dieu en personne, de Dieu le Saint-Esprit. Car lorsque la Bible parle du Saint-Esprit, elle ne parle pas d'une action de Dieu, d'un don de Dieu, d'un bienfait de Dieu, d'un miracle de Dieu. Elle parle de Dieu lui-même, de Dieu en personne. De Dieu dans toute son éternité, dans toute sa souveraineté, dans toute sa liberté. L'Esprit créateur, l'Esprit qui souffle où il veut, l'Esprit tout-puissant nous est donné. Non pas le Fils, mais l'Esprit, l'Esprit du Père et du Fils. Et cela veut dire que Dieu, et non pas je ne sais quelle force divine, et non pas je ne sais quelle émanation religieuse, mais Dieu en personne vient en noua dans notre captivité, dans notre existence présente, hie et nunc, prononcer souverainement, prononcer librement, prononcer véritablement le « oui » impossible à dire, le oui qui nous livre à Jésus-Christ. Il ne nous force pas à le dire, il le dit, il croit. « Le Saint-Esprit n'est pas un sceptique », écrivait Luther à Erasme.

 

Mais, disons-nous, en quoi sommes-nous plus avancés qu'auparavant ? Ce n'est donc pas nous qui croyons. C'est une puissance étrangère à nous qui nous oblige à croire. Ma foi n'est donc pas plus vraie ni plus libre que tout à l'heure. Logiquement nous en concluons cela. Mais nous témoignons ainsi que nous ne savons pas ce qu'est la puissance du Saint-Esprit. Nous sommes tellement esclaves qu'il nous est impossible de seulement concevoir que la liberté soit possible, tellement soumis à la puissance du mensonge et de l'illusion que nous n'avons aucune idée de ce que peut être la puissance de la vérité.

Entre la puissance des ténèbres et la puissance du Saint-Esprit, nous établissons une sorte de concurrence, une sorte d'équivalence, comme s'il s'agissait de savoir laquelle des deux l'emportera et nous soumettra. On peut dire que la dernière victoire du Malin est de nous faire croire que le Saint-Esprit s'y prend pour nous donner la foi comme il s'y prend, lui, pour nous garder dans l'incrédulité. La puissance des ténèbres m'assure que la puissance du Saint-Esprit est à sa propre image et qu'elle ne pourra, pas plus qu'elle, faire de ma réponse une réponse libre et vraie. Mais quand nous sommes sous la puissance de l'Esprit, quand nous croyons au Saint-Esprit, quand nous confessons la divinité du Saint-Esprit, nous ne sommes plus victimes de ces raisonnements, car nous savons pour l'avoir éprouvé que l'Esprit de Dieu n'est pas une puissance d'asservissement, mais une puissance de liberté, non pas une puissance de mensonge, mais la puissance même de la vérité, qu'il n'est pas la plus puissante des nécessités qui nous asservissent, mais le destructeur de toute nécessité, mais l'inverse de la nécessité tellement que sous cette puissance, il ne suffit pas de dire que je reste libre (puisque je ,ne l'avais jamais été), mais que je deviens libre, je nais à la liberté, et que dans un émerveillement sans pareil, je prononce la première parole libre (non déterminée) de ma vie. Oui, c'est ainsi parce que le Saint-Esprit est Dieu lui-même, source unique et créateur éternel de toute liberté et de toute vérité, et lorsqu'il prononce en moi, et pour moi le oui libre et sincère que je ne pouvais dire à Jésus-Christ, lorsqu'il me donne cette réponse, alors enfin, c'est moi qui crois et qui crois vraiment, et qui crois sincèrement. Non plus le faux moi, l'esclave qui est abandonné et noyé dans l'eau du baptême, et qui ne peut respirer une seule minute dans la liberté de l'Esprit, mais le vrai moi, l'homme nouveau, l'homme libre, né du Saint-Esprit. «Si un homme ne naît d'eau et d'Esprit il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. » «Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. » « Quand l'Esprit de vérité sera venu, il vous conduira dans toute la vérité.»

 

Quand donc le Saint-Esprit croit en moi, c'est vraiment moi qui crois, et je suis pleinement libre de croire, et je crois véritablement. je crois sans être contraint par aucune démonstration, sans être poussé par ma convoitise, ni par mon égoïsme. Je crois parce que c'est vrai que Jésus est mon Seigneur, et que je n'ai plus aucune force contre la vérité. C'est ainsi que votre liberté d'homme, votre vérité d'homme, votre personnalité, n'existent nulle part ailleurs que dans ce oui, dans cet incroyable et souverain petit oui, que Dieu lui-même prononce en nous et qui dissipe la puissance des ténèbres, fait tomber nos chaînes et laisse Jésus-Christ prendre possession de notre vie. «Bénissez le Père qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a fait passer dans le Royaume du Fils de son amour » (Colossiens 1).

 

Recevoir la puissance du Saint-Esprit, c'est répondre en pleine liberté, en pleine responsabilité: «Je crois! » à la question: «Crois-tu cela ?» Et c'est entrer au moment même dans la vie éternelle, dans la vérité de Celui qui nous dit : « Celui qui écoute ma parole ne verra jamais la mort». Le Saint-Esprit n'a rien à nous donner qu'une oreille attentive. Il n'a point d'oeuvre particulière à accomplir. Il ne fait que nous transmettre l'oeuvre accomplie et suffisante de Jésus-Christ. Il ne fait que nous révéler la divinité de Jésus-Christ; il ne fait que nous expliquer le témoignage que l'Ecriture rend à Jésus-Christ. Il n'ajoute rien à la Parole, que notre foi, rien à la splendeur de Dieu, que notre regard émerveillé. Il n'a pas besoin de faire davantage: nous n'avons pas besoin d'autre chose que de Jésus. Nous sommes sauves par la foi, sauvés par ce oui, répondu au Sauveur. Il suffit donc qu'il ouvre nos oreilles, pour que le Christ règne; mais il faut qu'il le fasse sans cesse. Nous ne pouvons vivre une minute en liberté et en vérité, autrement dit nous ne pouvons servir et aimer sans qu'il nous tienne ouverts à sa Parole, sans qu'il. nous fasse demeurer dans sa Parole. Notre vie chrétienne ne réside que dans la Parole qu'il nous fait entendre. Sans lui, nous resterions le même esclave, le même incrédule. Nous le savons bien maintenant. Nous connaissons l'antagonisme de la chair et de l'Esprit, de la nature humaine et de la puissance de Dieu. Nous savons que la foi «ne nous pousse pas comme la barbe» (Kierkegaard) mais qu'elle est le grand miracle dont nous demeurons incapables. Nous savons que notre liberté est le secret de la puissance de Dieu dans notre radicale impuissance. C'est justement quand nous possédons la grande certitude que nous ne pouvons plus en être les fanfarons; nous ne pouvons plus dire: « je crois! » qu'avec crainte et tremblement, en ajoutant : « Viens au secours de mon incrédulité! » Et cela parce que nous ne croyons pas au Père et au Fils seulement, comme si nous étions, nous, la troisième personne de la Trinité, comme si nous étions, nous, les juges de la vérité du Père et du Fils, comme si nous pouvions nous convaincre nous-mêmes, mais parce que nous croyons au Saint-Esprit, c'est-à-dire à celui qui nous a convaincus et qui nous a donné la foi.

 

Maintenant, le vent de la Pentecôte a soufflé le Saint-Esprit a ouvert la porte et le Roi de gloire est entré. Par la puissance du Saint-Esprit, la souveraineté de Jésus-Christ, qui est encore cachée et qui le demeurera jusqu'au jour du jugement, s'exerce déjà secrètement et puissamment sur notre vie. Le Seigneur est ressuscité. Il est élevé par-dessus tous les maîtres de ce monde. Tout lui appartient. Tout lui est destiné. Nous sommes libres dans la mesure exacte où Jésus-Christ est souverain. Il y a coïncidence totale et non point contradiction entre ces deux réalités. Notre liberté ne diminue pas la souveraineté de Jésus-Christ, mais au contraire la moindre diminution de la souveraineté du seul Seigneur est une fissure par laquelle la puissance des ténèbres envahit aussitôt notre vie et l'asservit entièrement. Tout notre esclavage se réfugie dans les coins qui échappent à l'autorité de la Parole de Dieu. L'Esprit du Seigneur règne absolument sur des hommes absolument libres - incroyablement libres - aussi libres justement que Dieu lui-même est libre. Sinon l'Esprit malin règne sur des esclaves, aussi esclaves qu'il est à jamais l'esclave de son mensonge. Entre ces deux Esprits, entre ces deux Seigneurs, entre ces deux Pères, le Père de Jésus-Christ et le Père du mensonge, il n'est pas l'ombre d'une connivence possible et il faut que nous choisissions. La croix l'a démontré pour jamais - Dieu rejette, Dieu extermine entièrement, impitoyablement tout ce qui est au pouvoir de la puissance des ténèbres. La croix c'est l'extermination sacrée du mensonge par la vérité, de l'iniquité par la justice. C'est l'étendard dressé d'une guerre sans merci faite au Prince de ce monde et d'une victoire éternelle remportée sur lui.

 

Par la croix, la domination du monde a passé des mains du Malin dans celles de Jésus-Christ. Sur la croix, tout ce qui s'oppose à la volonté de Dieu a été anéanti. C'est pourquoi l'Esprit du Seigneur « nous réclame avec jalousie », dit l'apôtre Jacques. Il ne nous laisse plus envisager quoi que ce soit en dehors de cette royauté qu'il nous a révélée et de cette liberté que nous avons en elle. Il nous réclame tous, il réclame le monde entier pour Jésus-Christ. Tout ce que nous sommes, et tout ce que nous avons, et tout ce que nous faisons. Rien ne vaut quoi que ce soit, sinon ainsi réclamé par lui et promis par lui au Royaume à venir. En nous révélant la divinité de Jésus, le Saint-Esprit nous révèle non seulement le sens de notre vie personnelle, mais le sens de toute l'histoire humaine. Il nous fait saisir la raison d'être et la situation de tout ce que nous appelons culture et valeurs spirituelles, de l'ordre, de la justice, de la beauté - comme reflet de la gloire à venir et signe du jour où le Christ reviendra prendre possession de son héritage et régner sur une Terre nouvelle. La liberté de répondre oui à Jésus-Christ, c'est la liberté de lui offrir en sacrifice vivant, et comme un commentaire de cette réponse, tout ce que nous sommes appelés à faire dans le monde présent.


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