FAIBLESSE ET FORCE.

 

Le chrétien ne peut trouver de véritable bonheur que dans la vie dont vivait saint Paul lui-même, et qu'il nous décrit en ces mots: « Je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi ; et si je vis encore dans ce corps mortel, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé, et qui s'est donné lui-même pour moi. »

Quant à cette foi dont il est question ici, il en est deux sortes que notre Sauveur désigne sous des noms différents : l'une est la grande foi, l'autre est la petite foi, et nous ne sommes véritablement heureux, notre vie chrétienne n'est telle qu'elle doit être, que si nous possédons cette grande foi.

Rappelons-nous l'histoire du centenier qui priait Jésus de venir guérir son serviteur. « J'irai, » dit Jésus. - « Non, » dit le centenier, « mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri. » Et Jésus, se retournant, dit à ceux qui le suivaient: « Je n'ai pas trouvé une si grande foi, non pas même en Israël. » Et cette grande foi qui réjouissait tant le Maître, d'où provenait-elle? Évidemment de ce que le centenier oubliait la puissance de la maladie pour ne voir que la puissance de Christ.

Vous aussi de même, chers frères, en ce qui concerne la réalisation des promesses de Dieu, fixez sur Christ toutes vos pensées ; si vous vous arrêtez à considérer les obstacles, vous n'avez qu'une petite foi, et vous défaillirez sûrement.

Quand je suis faible dit Paul, c'est alors que je suis fort. » Ces paroles semblent se contredire; mais il n'y a là qu'une contradiction apparente que comprennent bientôt ceux qui ont fait la même expérience. Paul se trouvait-il dans des circonstances où il sentait que la tâche était au-dessus de ses forces? Sans attendre, davantage, il allait droit à Christ qui le revêtait de sa puissante, et il recevait aussitôt tout ce qui lui était nécessaire pour toute bonne oeuvre.

 

« Comment se fait-il, disait un jour une dame à sa servante, que tout vous soit facile, et qu'il n'y ait jamais, dans vos devoirs journaliers, rien qui vous cause de l'ennui? - Dès que j'ai un souci ou une difficulté, répondit la servante, je vais droit à Christ, je lui remets mon fardeau, et je l'échange contre une bénédiction. - Mais, reprit sa maîtresse, supposons que vous ayez une très-grande affliction, comment la supporteriez-vous ? - Voyez, Madame, je ne fais point de suppositions; Christ n'en fait jamais. Jusqu'ici il m'a toujours délivrée, et cela me suffit pour être sans inquiétude quant à l'avenir. » Faisons de même, mes frères; aussitôt que nous sentons notre faiblesse, allons droit à Christ, afin qu'il l'échange contre sa force toute-puissante. Rien ne lui est plus facile; mais, pour cela, ne perdons pas un instant; gardons-nous bien d'attendre que notre faiblesse ait paralysé en nous jusqu'au désir de la surmonter. Il n'est rien au monde de plus faible que le croyant; mais il n'est rien non plus de plus puissant que le croyant, quand il s'est saisi, par la foi, de la puissance de son Dieu.

A. MAHAN.

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« ... Nous avons une âme à nourrir, à restaurer. Elle a souffert durant tant d'années de notre incurie, de la grossière nourriture que nous lui fournissions, elle a été malade si longtemps de la terrible lèpre du péché, qu'il n'y a pas lieu de s'étonner si elle n'est encore que convalescente. Mais Dieu soit loué! elle se fortifie chaque jour. Il lui fallait l'air de la liberté chrétienne, l'exercice d'une vie noblement occupée, le régime de la loi d'amour.

 

Quelle grâce que Dieu nous ait ôté les interdits qui commandaient en maîtres chez elle, qu'il ait écrasé nos Dagons contre lesquels notre conscience protestait, mais en vain. Il fallait l'ordre de Jésus, l'opération de l'Esprit-Saint, le miroir de la Parole. - Je sais que ce Livre de Dieu vous est devenu cher comme à nous. - Qui l'aurait cru? des trésors de grâce, de joie, de paix, de lumière y sont enfouis, et aidés de notre conseiller, au lieu de piétiner comme avant sur ce sol si riche, nous avons commencé à creuser. Quelles richesses sont déjà venues éblouir nos yeux! Que sera-ce dans la suite? Ah! si nous sommes fidèles dans la prière, si nous sommes sincères devant Dieu, ne lui cachant rien, vivant en paix avec notre conscience devenue pourtant plus délicate et plus sévère ; si surtout nous sommes exacts à donner à notre âme la manne céleste qu'elle réclame (autrefois fade et maintenant savoureuse), Dieu, notre tendre Père, nous réserve des joies inénarrables. Nous lisons toujours plusieurs chapitres chaque jour. Quand nous fermons la Bible, notre foi a toujours gagné en force et notre âme en sagesse. C'est notre carte sur l'océan du monde que nous traversons. Plus nous étudierons notre carte, plus facilement nous éviterons les récifs, les pièges, les embûches, les tentations du malin qui nous épie.

J'ai la conviction que toutes nos infidélités, nos incertitudes, nos tiédeurs, chutes, fautes de quelque genre que ce soit, viennent de ce que la Bible ne nous est pas assez familière, car vraiment elle répond à toutes les questions de croyance et de conduite. Son contenu est merveilleux, incomparable; ses effets sont admirables, étonnants. Pourquoi faut-il que des chrétiens (du nombre desquels nous étions autrefois) négligent ce divin volume? Ah ! qu'il nous devienne de plus en plus cher! Désirons avec ardeur, comme des enfants nouvellement nés, le lait spirituel et pur, afin que nous croissions par lui... »

 

(Extrait d'une lettre.)

 


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