« Je puis comprendre que vous ayez toujours de nouveau à accomplir votre sacrifice. Que Jésus vous donne chaque fois la force de l'accomplir promptement, résolument. C'est le moyen de lui ôter au plus vite son amertume. Oh! que chaque fois Jésus soit près de vous, en vous, pour vous donner une pleine victoire.
Il y a de ces plaies du coeur qui bien souvent saignent et font souffrir. Il y a de ces douleurs intimes, profondes, intenses, que Dieu seul connaît dans toute leur grandeur, que Dieu seul comprend complètement.
Plus le coeur qui les éprouve ressemble au coeur d'Abraham, plus aussi les consolations du Dieu fort pourront y abonder promptement.
« Dieu lui dit encore: « Prends maintenant ton fils, ton unique, celui que tu aimes, savoir Isaac, et va-t'en au pays de Morija, pour l'offrir là en holocauste, sur une des montagnes que je te dirai. »
« Abraham donc, s'étant levé de bon matin, bâta son âne, et prit deux de ses serviteurs avec lui, et Isaac son fils. Et ayant fendu le bois pour l'holocauste, il se mit en chemin et s'en alla au lieu que Dieu lui avait dit. » (Genèse 22: 23.)
Entre ces deux versets, rien. N'est-il pas sublime, ce rien? N'est-ce pas un témoignage d'une haute éloquence, rendu à l'entière obéissance du père des croyants?, Ce silence ne parle-t-il pas de la silencieuse et prompte obéissance du coeur d'Abraham? Ne peut-on pas dire: Entre les deux versets, rien; donc rien non plus entre l'ordre de Dieu et l'obéissance d'Abraham?
Quoi qu'il en soit, heureux ceux qui, mis en présence d'un sacrifice voulu de Dieu, l'accomplissent promptement, résolument, définitivement. Je désire de coeur que le Seigneur Jésus vous donne d'avoir part à ce bonheur. Oh ! que, pour votre paix, son amour vous donne de faire, une fois pour toutes, le sacrifice qu'il peut demander de vous.
Puisse-t-il, lui, l'homme de douleurs, vous manifester sa volonté à cet égard avec une entière clarté, et puis, par cet amour qui sonde toute la profondeur de la douleur que ce sacrifice peut, causer, vous donner de l'accomplir sans hésiter. « Crois seulement, et tu verras la gloire de Dieu. »
Quoi qu'il arrive, que votre sacrifice futur soit unique, offert une fois pour toutes, ou qu'il se partage en plusieurs sacrifices de détail, je fais des voeux ardents pour que chaque fois Jésus vous fortifie, vous encourage, vous console, vous inonde par le Saint-Esprit de sa paix et de sa joie. Dites-lui tout en toute simplicité, comme un ami à son intime ami. Il y a en lui des trésors inépuisables de sainte et tendre sympathie, de patiente et miséricordieuse attention aux confidences mêlées de larmes de ceux qui le suivent dans le chemin de la croix. Pensez souvent à ces paroles : « Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chant de triomphe. » Ps. 126. 5.
R.
Aimer, c'est en même temps tout donner et tout avoir.
VINET.