APRES LA PENTECOTE.

 

« Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi par l'Esprit. »

(Gal. 5. 25.)

 

C'est par le Saint-Esprit de Dieu, et par Lui seulement, que nous avons reçu la vie divine, lorsque ne croyant point encore au nom de Jésus, nous étions morts dans nos péchés. Oui, nous étions morts quant à Dieu, et absolument incapables, par conséquent, de l'aimer et de nous acquitter envers lui d'aucun acte d'obéissance sincère; en sorte que si maintenant, par la foi en Jésus, nous sommes passés de la mort à la vie, c'est un don de la grâce de Dieu, et nous n'avons obtenu cette immense bénédiction que par la puissance souveraine et victorieuse du Saint-Esprit, comme le même apôtre le déclare plus abondamment dans son épître aux Ephésiens ch. I, v. 15-20 et Il, v. 1-6. Telle est la vérité que saint Paul pose en principe quand il affirme aux Galates que nous vivons par l'Esprit; d'où il tire cette conséquence pratique : marchons aussi par l'Esprit.

 

Remarquons-le bien, l'apôtre ne nous recommande pas seulement ici, comme aux Romains (VIII, 1, 4) de marcher selon l'Esprit, ou en 'd'autres termes, dans la sanctification, qui est la voie du Saint-Esprit; mais il veut que, comme c'est par la puissance de l'Esprit de vie que nous avons été renouvelés en Jésus-Christ,, nous sachions bien aussi que nous ne pouvons marcher dans cette voie nouvelle d'obéissance et de sainteté que par la grâce et la force de ce même Esprit qui nous a été donné et dont l'opération nous est constamment et jusqu'à la fin indispensable. Voilà ce que l'auteur sacré nous rappelle dans toute la portion de ce chapitre qui va du v. 16 au v. 25.

 

Marchez par l'Esprit et vous n'accomplirez pas les désirs de la chair. Pourquoi? Parce que si d'une part la chair, qui désire le contraire de l'Esprit, résiste à la volonté de Dieu, l'Esprit désire et veut le contraire de la chair, et que Lui et Lui seul peut surmonter celle-ci et nous détourner de la pratique de ces choses que nous désirons naturellement, et que nous ferions, si nous étions livrés à nous-mêmes.

Que si vous êtes conduits par l'Esprit, vous n'êtes pas sous la loi; et cela par une raison bien simple, que nous explique amplement le même, apôtre dans le ch. VII de son épître aux Romains (v. 1-6), à savoir que c'est dans la communion de Jésus-Christ, sous la grâce et non sous l'empire de la loi, que nous sommes conduits par l'Esprit de Dieu, et que, en Christ, nous sommes morts à la loi et ressuscités avec Jésus pour lui appartenir à lui seul.

Dans les v. 19-24, saint Paul développe sa pensée en montrant quelles sont les oeuvres de la chair, d'une part, et quel est le fruit de l'Esprit, de l'autre. Les premières ne peuvent être que des péchés, des dérèglements et des abominations de toutes sortes, selon l'énumération qu'en fait l'apôtre et comme il est aisé de s'en convaincre, en voyant ce qui se passe dans le monde. Pourquoi? Parce que l'affection de la chair étant inimitié contre Dieu, ceux qui sont en la chair ne peuvent plaire à Dieu, L'action de l'Esprit, au contraire, ne peut consiste qu'en fruits de charité, de joie et de sanctification ; et cela parce que ceux qui sont au Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises.

 

Quelle conclusion faut-il tirer de ces principes en ce qui concerne notre sanctification, objet de l'exhortation de l'apôtre? Parce que c'est l'Esprit qui sanctifie, la foi nous dispenserait-elle de la prière, de la vigilance et de tout effort personnel? Loin de nous une telle pensée ! Le passage même que nous méditons la condamne par ce seul mot qu'il adresse aux croyants : Marchez; comme aussi, dans l'épître aux Philippiens, si l'écrivain rappelle cette vérité capitale que c'est Dieu qui produit avec efficace dans les fidèles le vouloir et le faire, selon sa bienveillance, il ne le fait que pour les encourager à travailler à leur propre salut avec crainte et tremblement. (Phil. Il, 13.) Si nous croyons véritablement en Jésus-Christ, notre volonté est renouvelée et nous avons certainement à coeur de marcher comme il a marché lui-même; ce qui ne saurait se concilier avec la négligence et une sécurité charnelle. Toutefois, cela même ne suffit aucunement; et si nous ne voulons pas en vain veiller, prier et lutter contre nos ennemis spirituels, il faut que nous sachions bien que toute notre force est en Christ et que son Esprit seul peut nous donner la victoire. Hors de moi, nous a dit Jésus, vous ne pouvez rien produire. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits. (Jean XV.)

Et saint Jean : La victoire par laquelle le monde est vaincu, c'est notre foi. (1 Jean V, 4.) Donc, c'est en demeurant dans la communion du Seigneur Jésus; c'est en attendant et en recevant de jour en jour, par la foi en lui, toute grâce et toute force de sa plénitude par le Saint-Esprit, que nous devons veiller, prier et combattre pour avancer vers le but de notre vocation céleste, et c'est ainsi seulement que nous ne courrons pas en vain.

A. HENRIQUET.

 


C'est une chose bien remarquable que l'effet que produit la lecture de la Bible, et surtout du Nouveau Testament, quand les yeux de l'intelligence commencent à s'ouvrir. On trouve dans ce livre toute la nourriture dont notre âme a besoin, c'est à dire qu'on y trouve tout ce qui répond à cette soif d'émotions qui nous dévore, et cependant tout nous y lie à la vie présente, aux petits devoirs qu'elle impose, et qui sont si souvent froissants et désabusants; de telle sorte que notre âme, tout en nageant dans l'atmosphère la plus élevée, sait cependant se plier (et avec charme) aux choses les plus basses et les plus communes. - Il y a là quelque chose de tout différent de ce qu'inspire l'amour du bien ou du bien purement humain c'est une réflexion qui m'a bien frappé depuis quelque temps., Après, la lecture de bons romans, de ceux de Madame de Staël, par exemple, on se sent prêt à toute espèce de grands sacrifices, l'âme est exaltée et heureuse par conséquent; mais, qu'elle est peu propre à la vie! On sacrifierait alors son bonheur pour des êtres chéris, mais on ne saurait se plier un moment à leurs caprices, à supporter leurs faiblesses, taudis que l'Évangile met l'âme dans un état de bonheur doux et calme qui nous fait trouver Dieu en tout, et rend - tout important à nos yeux.

Juillet 1827.


Après avoir gémi durant des années sous le poids d'inclinations que l'on déteste et d'habitudes que l'on déplore, après s'être dit mille fois: Je ne fais point ce que je veux; je fais au contraire ce que je hais; quand je veux faire 'le bien, le mal est attaché à moi: misérable! qui me délivrera de ce corps de mort? quelle impression, éprouve-t-on, mes frères, quand on se sent peu à peu ou tout à coup transporté dans une sphère toute nouvelle, où pour parler avec saint Paul: « On fait ce que l'on veut, » quelle impression, je vous le demande, si ce n'est celle de la liberté? Ne sent-on pas qu'on se retrouve soi-même, qu'on à brisé pour jamais ses fers? Eh bien! voilà de que l'Esprit de Dieu vous offre dans mon texte - la liberté! la liberté glorieuse des enfants de Dieu ! la liberté par l'obéissance ! la liberté dans l'amour !

VINET.


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