LA PAROLE DE DIEU ET SON PRIX INFINI.

 

L'Église chrétienne évangélique vient à nous avec un témoignage central, unique : c'est que Dieu nous offre, par sa parole, le salut gratuit, parfait, suffisant, éternel, en Jésus-Christ notre Seigneur. Elle nous dit: Crois en lui, et tu en feras l'expérience.

L'âme avide de vérité et de pardon qui accepte la bonne nouvelle du salut et reçoit le don de Dieu, éprouve la réalité et la puissance d'une vie nouvelle; et quel que soit le moyen qui lui a transmis le message du salut, prédication, écrit, individu ou société, le croyant l'aime, le respecte et lui témoigne une confiance des plus légitimes.

Mais lorsqu'il remonte à la source première de la lumière, il est ramené à la Bible; il s'aperçoit bientôt que plus la prédication orale a été appuyée sur l'Écriture, plus elle a été efficace et puissante; l'épée est d'autant plus pénétrante, la semence d'autant plus vivace et capable de se propager, le marteau d'autant plus propre à briser le marbre de l'indifférence et de l'incrédulité, que la prédication est plus fermement appuyée sur le témoignage écrit de la Bible; aussi ne saurait-il séparer le témoignage intérieur de l'autorité extérieure de l'Écriture; c'est un même témoignage de l'Esprit, une même puissance de pardon et de vie qui le rapproche du Christ, le Sauveur. Mais est-il sûr de ne pas se tromper en répétant avec le psalmiste : « Ton témoignage est assuré (1) » ? Ne pourrait-il pas s'être mêlé quelque erreur à la vérité, quelque alliage à l'or pur ? Car enfin nous n'en sommes plus aux temps heureux où la parole de Dieu était prêchée par la bouche infaillible du Fils de Dieu. Ne craignons rien.

A moins d'admettre que la révélation de Dieu n'ait été nécessaire que pour un temps, ou que le Dieu qui aime tous les hommes d'un égal amour, ait voulu privilégier une seule génération, nous pouvons être sûrs que la révélation, divinement accordée, a aussi été divinement garantie, et que non-seulement la parole qui nous la conserve ne l'a pas faussée, mais qu'elle ne lui a rien fait perdre de sa vertu primitive, de sa réalité spirituelle, - et c'est là ce qu'en effet la parole de Dieu dit d'elle même et ce que l'expérience de chaque jour confirme « La parole de Dieu est vivante et efficace, et plus pénétrante qu'aucune épée à deux tranchants; » et de fait, la même foi qui affirme que Dieu a parlé aux hommes, déclare aussi que la révélation de Dieu nous a été transmise d'une manière sûre, et la foi qui se défend de tout doute touchant la divinité du salut, se met aussi en garde contre tout ce qui ébranlerait sa confiance à l'Écriture;

Mais comment Dieu a-t-il garanti sa parole? Dès que les hommes ont voulu déterminer arbitrairement les limites et les conditions de cette garantie, ils sont tombés dans l'erreur.. Le « Consensus » ayant eu à répondre à Louis Cappel, qui avait cherché à découvrir l'origine des points-voyelles hébraïques, se crut en droit d'exprimer la doctrine soi-disant orthodoxe dans les termes suivants : « Le code hébreu est inspiré tant dans les consonnes que dans les voyelles, dans les points-voyelles et dans la valeur des points-voyelles. »

Des grammairiens devaient aller plus loin; Hollazius écrivait : « Le style de l'Écriture sainte n'est défiguré par aucune faute de grammaire, par aucun barbarisme, par aucun solécisme, » et Gisbert Voëtius, se posant la question, si les auteurs sacrés avaient besoin d'études ordinaires, de recherche ou de méditation, répond : « Je le nie, l'Esprit leur inspirait et leur dictait immédiatement ce qu'ils devaient écrire. » - D'autre part, des, docteurs modernes ont cru qu'ils pouvaient affirmer que l'inspiration ne concernait que les idées et non les mots, comme s'il était possible de faire cette distinction. Quelques autres (dans le nombre M. Guizot) ont restreint l'inspiration aux sujets religieux et en ont exclu ce qui appartient à l'histoire ou aux autres connaissances humaines. Un pareil triage nous semble également impossible; car où tracer la ligne de démarcation? - Faudra-t-il donc adorer le code? garder les fautes d'écriture comme le font les rabbins? Tout au contraire, Dieu a laissé à des hommes le soin d'écrire sa parole, et il a donné aux hommes la tâche de l'étudier; il ne veut nullement nous dispenser de la peine de la recherche, et. demande au contraire que nous puissions tous dire avec David : « J'ai recherché avec soin ta parole! »

Si nous voulons l'absolu, nous tombons dans des excès contredits par les faits. Dieu veut que notre confiance en sa parole soit un effet de notre confiance en lui, et ce qu'il nous affirme, c'est que sa parole contient le témoignage de l'Esprit, qu'elle est Esprit et vie, une semence incorruptible qui laisse les générations, les systèmes, les erreurs disparaître ou se corrompre, sans jamais perdre sa puissance spirituelle. C'est là ce qu'ont affirmé les auteurs sacrés eux-mêmes, et après eux tous les fidèles de l'Ancien et du Nouveau Testament.

 

L'Écriture sainte nous montre elle-même la variété inépuisable de ses applications par des comparaisons diverses d'un sens profond et riche. S'agit-il de sa valeur : elle est semblable à l'or fin (1b); elle est affinée, purifiée par tous les feux de la persécution ou de la critique comme l'argent le plus pur (2). S'agit-il de ses bienfaits: c'est du lait pour les enfants (3), de la viande solide pour les, hommes faits (4), une nourriture qui fait croître l'homme spirituel (5), un pain vivifiant pour tous (6), distribué par de sages dispensateurs (7). S'agit-il de sa puissance contre le mal : c'est un marteau qui brise la pierre (8), un feu qui brûle les épines (9), qui réchauffe et purifie (10); une arme défensive (11) et offensive (12) ; une épée à deux tranchants (13), frappant l'ennemi du dehors (14) et celui du dedans (15); tirée en ligne droite, comme tout ce qui est conséquent, juste, vrai, logique; tranchante pour séparer l'homme de son péché, aiguë pour pénétrer dans son coeur; tenant à distance, même quand elle ne frappe pas (16), et tuant le méchant par son témoignage et son juste jugement (17). S'agit-il de son influence : c'est une lumière qui éclaire l'intérieur (18) et l'extérieur (19); qui dissipe les ténèbres en les jugeant, qui nous montre la vraie forme des choses, du bien comme du mal, de Dieu comme du monde, faisant que les yeux voient (20), rendant lumineux tout ce qu'elle éclaire(21); c'est un miroir qui reflète les profondeurs du coeur de l'homme (22), aussi bien que les profondeurs du ciel (23). S'agit-il de sa croissance : elle est une semence (24) incorruptible (25); c'est un grain dur et concentré, vanné et épuré (26) facile à conserver dans la mémoire (27) comme dans un grenier, mais qui ne germe et ne mûrit que dans le terrain convenable (28) et d'après les périodes régulières de toute croissance (29). S'agit-il de sa douceur et de son charme : elle est comparée au miel (1c), à une rosée ou à une pluie fécondante (2c).

« Regarde l'abeille, » disait saint Cyrille de Jérusalem, « comme elle visite les fleurs de toute espèce pour recueillir son miel; afin que toi tu parcoures de même les Écritures saintes, que tu embrasses le salut, et que, rassasié, tu puisses dire : Seigneur, que tes commandements sont doux, oui, plus doux que le miel (3c)! »

Aussi, voyez combien les croyants de tous les temps ont apprécié et aimé la Parole de Dieu! Les justes la méditent jour et nuit (4c) . Moïse exigeait que les rois en fissent une double copie, dès le début de leur règne, pour en porter toujours un exemplaire avec eux (5c). Il. disait aux lévites : « Prenez ce livre de la Loi et mettez-le à côté de l'Arche de l'Alliance de l'Éternel votre Dieu, et il sera là pour témoin contre toi (6c) ; » et au peuple : « Mettez donc dans votre coeur et dam votre entendement ces paroles que je vous dis, et liez-les pour signes sur vos mains, et qu'elles soient pour fronteaux entre vos yeux! Et enseignez-les à vos enfants, vous en entretenant, soit que tu te tiennes dans ta maison, soit que tu voyages, soit que tu te couches, soit que tu te lèves. Tu les écriras aussi sur les poteaux, de ta maison et sur tes portes (7c). »

Quelle place n'occupe-t-elle pas dans la vie des Juifs fidèles ! Le psaume 119 tout entier n'est qu'une riche et longue variation sur ce thème : « Oh! combien j'aime ta loi! » Samuel lui rend son empire dans la nation israélite, David la glorifie dans ses Psaumes, Salomon l'explique dans ses Proverbes, Ezéchias la fait recueillir par ses ministres, et Esaïe s'écrie : « A la loi et au témoignage ! Si vous ne parlez pas selon le témoignage, il n'y aura point de matin pour vous (8c). » Josias, découvrant qu'il n'a pas accompli les commandements de la loi, déchire ses vêtements (9c) et réforme le peuple et le culte. C'est elle que lisent et méditent les Jérémie, les Daniel, les Zacharie, les Siméon. Mathathias mourant fait venir ses fils et leur dit : « Soyez zélateurs de la loi, et donnez vos âmes pour l'alliance de vos pères ; » puis il leur cite comme modèles Joseph, Phinées, Josué, Caleb, Élie, etc. (10c) La mère israélite dont parle le deuxième livre des Maccabées, assistant au martyre de ses sept fils, leur criait : « Ce n'est pas moi qui vous ai donné l'esprit et la vie, ni qui ai assemblé tous vos membres. Mais le Créateur du monde, qui a formé la nature de l'homme, vous rendra de nouveau l'esprit et la vie... parce que vous ne tenez pas compte de vous-mêmes, à cause des lois de Dieu. ». Soutenu par les conseils de son héroïque mère , le plus jeune des sept fils se livra aux bourreaux en leur disant : « Qu'attendez-vous ?je donne mon âme et mon corps, comme l'ont fait mes frères, pour les lois de nos pères. Que la colère du Tout-Puissant, qui a été justement répandue sur notre nation, finisse par moi et par mes frères! »

« Ceux-ci ont vaincu par la parole à laquelle ils rendaient témoignage, et ils n'ont point aimé leur vie, mais l'ont exposée à là. mort (1d). »

G. APPIA.


... Dieu veut nous rendre saints, et Dieu nous commande d'être saints; cette sainteté, qu'il veut d'une volonté souveraine, il la donne et il la demande; ou pour dire la même chose en d'autres termes, il la veut avec nous et contre nous; il la veut avec ceux qui la veulent et contre ceux qui ne la veulent pas. Nous nous adressons aux premiers et nous leur disons: Réjouissez-vous et rendez grâces: Dieu veut ce que vous voulez ; il l'a voulu avant vous; il l'a voulu de tout temps; il le voudra toujours; il le veut d'une volonté aussi énergique que la vôtre l'est peu; il le veut avec plus d'ardeur qu'une mère ne veut le bonheur de son enfant, ou qu'elle ne demande la vie de son premier-né lorsqu'elle voit qu'il s'en va mourir.

Si vous voulez être sanctifiés, c'est lui-même qui vous a mis au coeur cette volonté il en est le premier auteur comme il sera en vous la force pour l'exécution; il n'est pas moins le chef et le consommateur de votre sanctification, qu'il est le chef et le consommateur de votre foi. Ayez donc bon courage; vous ne travaillez pas seuls, mais avec le Seigneur du ciel et de la terre qui vous a fait promettre que son Esprit vous conduirait tout doucement, comme on conduit une bête qui descend dans la plaine (2d), et qui a bien voulu vous assurer que, dans toutes vos détresses, il serait lui-même en détresse (3d). Ineffable sympathie ! condescendance prodigieuse ! promesse immense ! Mais nous avons un gage, et ce gage, le voici: « Dieu, qui n'a point épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il point toutes choses avec lui ! » Toutes choses, ainsi l'esprit de prière; toutes choses, ainsi la sagesse; toutes choses, ainsi l'amour; toutes choses, ainsi la sanctification. Lisez donc avec joie, baisez avec reconnaissance cette parole que tant d'autres lisent avec effroi: « C'est ici la volonté de Dieu, savoir votre sanctification. »

VINET.


Table des matières


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- 1) ps. 19 : 8.

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- 1b) Ps. 19: Il.

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- 2) Ps.12: 7.

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- 3) 1 Pierre 2: 2.

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- 4) Hébr. 5 - 12-14; Ézéch. 3: 3.

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- 5) Tim. 3 : 16, 17.

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- 6) Deut. 8 : 3; Jean 6 : 48, 51.

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- 7) Luc 12.42

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- 8) Jér. 23: 29.

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- 9) Jér. 5: 14.

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- 10) Jér. 23 : 29.

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- 11) 2 Sam. 22: 31.

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- 12) Actes 18 : 28.

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- 13) Hébr. 4 : 12.

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- 14) Matth. 4 : 10.

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- 15) Hébr. 4: 12.

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- 16) Jos. 5. 13 ; Ps. 45: 4.

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- 17) Apoc. 19 : 15; 1 : 16; 2 : 16.

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- 18) 2 Pierre 1: 19.

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- 19) Ps. 119 . 105.

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- 20) Ps. 19 . 9.

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- 21) Ephés. 5: 13.

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- 22) Hébr. 4 : 13; Jacq. 1: 23; 2 Pierre 1: 19.

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- 23) 1 Cor. 2 : 10.

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- 24) Luc 8: 11.

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- 25) 1 Pierre 1: 23.

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- 26) Jér. 23: 28; Ps. 12: 7.

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- 27) Ecclés. 12:13.

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- 28) Matth. 13: 3-8.

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- 29) Marc 4: 27.

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-1c) Ps. 119: lés.

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- 2c) Es. 55: 10, il.

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- 3c) Catéchèse 9.

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- 4c) Ps. 1: 2.

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- 5c) Deut. 17: 18.

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- 6c) Dent. 31 : 26.

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- 7c) Deut. 11: 18-20.

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- 8c) Es. 8: 20.

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- 9c) 2 Rois 22: 11.

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- 10c) Premier livre des Maccabées.

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- 1d) Apoc. 12: 11.

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- 2d) Es. 63. 14.

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- 3d) Es. 63: 9.