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 POUR TOUT DE BON(1).

 

« Le royaume de Dieu ne consiste pas en paroles, mais en force. » (1 Cor. 4: 20.)

En temps de paix, les soldats font l'exercice à feu, mais aucun coup ne doit porter; on produit du bruit, de la fumée, et voilà tout. Mais quand il y a déclaration de guerre, tout change de caractère: on aiguise les sabres, on distribue des cartouches à balles ; il ne s'agit plus d'un simulacre de bataille, il s'agit de rencontrer l'ennemi et de le vaincre.

Nous devrions considérer le réveil comme une entrée en campagne, et nous demander si nous sommes prêts; quel est l'ennemi que nous avons à combattre, quelle est sa force. Pouvons-nous nous mesurer avec lui? nos armes sont-elles en état? et avons-nous assez de munitions pour prolonger le combat jusqu'au bout? Il vaut la peine d'étudier cette question à la lumière de la révélation.

Parlons d'abord de l'ennemi à combattre : j'entends souvent dans les réunions parler de l'incrédulité, du matérialisme, de la superstition. Je ne retrouve pas bien la pensée évangélique dans ces préoccupations de notre temps; d'après Christ, l'ennemi n'est pas une tendance philosophique, une idée, mais il est quelqu'un.

.Je ne multiplierai pas les citations. Je rappellerai seulement cette exclamation du Sauveur, lorsque les soixante et dix disciples revinrent (2) et lui racontèrent que les démons même leur étaient assujettis en son nom: « Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair. » Cet ennemi personnel règne encore, et fait son oeuvre dans les enfants de rébellion (3) ; saint Paul se sentait en face de lui: « Ce n'est pas contre la chair et le sang que nous avons à combattre, mais c'est contre les principautés, contre les puissances, contre les princes des ténèbres, contre les esprits malins qui sont dans les airs (4). »

 

Avons-nous conscience de la nature de l'ennemi, de son règne, comme Christ et Paul l'avaient? Comment entrerons-nous « dans ,la maison du fort » pour piller son bien, si d'abord nous ne le lions (5) ? J'en demande pardon à mes frères, mais il me semble que si nous nous rendions bien compte de l'importance de ce règne à détruire, nous rechercherions plus sérieusement l'armure, spirituelle qui nous est nécessaire pour le surmonter.

Ce qu'on nomme le réveil religieux n'est encore que la fanfare d'appel. Si les soldats se rassemblent, il faudra les conduire au feu, et après le bruit des clairons on devra entendre le fusil et le canon, et on devra remarquer comment peu à peu les traits enflammés de l'ennemi sont éteints; car « le royaume des cieux ne consiste pas en paroles, mais en force. »

Le royaume des cieux ne consiste pas en paroles; il faut donc une grande sobriété je ne sépare guère sobriété et réalité.

Jésus-Christ redoutait aussi la surabondance des paroles ; il recommande d'éviter dans la prière les vaines redites; toute redite, si elle ne repose pas sur une réalité, éteint l'esprit qu'elle veut allumer. Je me permets d'en parler, parce que cette sobriété nous manque quelquefois.

En assistant aux réunions de prières, je me suis naturellement rappelé les prières de l'Église primitive, et j'ai constaté que. nous ne prions plus comme les premiers chrétiens : « Étends ta main, afin qu'il se fasse des guérisons, des miracles et des merveilles par le nom de ton saint Fils Jésus (6). » Quelle est la raison vraie de cette réserve? Nous est-elle inspirée parle Seigneur ?

J'aurais encore bien des différences à signaler entre notre condition religieuse et ce que je lis dans la Bible. L'Éternel a marché au milieu d'Israël dans la colonne; plus tard, il y avait des prophètes, puis des manifestations d'anges; après l'ascension du Sauveur, est venue la Pentecôte comme un vent qui souffle avec impétuosité, et le, Seigneur est apparu aux apôtres Paul et Jean. Depuis dix-neuf siècles, il n'y a plus rien eu de semblable.

En constatant ces différences, quel est mon but? C'est de nous recommander la modestie. Dépouillons-nous de toute illusion, vivons de réalités eu nous fortifiant dans la communion avec le Seigneur et sa Parole. Si quelque don nous manque, il pourra nous le donner, mais nous ne demanderons et nous n'obtiendrons que lorsque notre pauvreté nous sera sensible.

Je n'ai pas fini. J'ai parlé de la différence entre nos prières et la prière apostolique : je me permettrai de mettre en regard notre prédication et la Parole de Dieu.

Notre prédication est souvent éloquente et savante; cependant, à l 'issue d'un culte, il serait quelquefois difficile de préciser ce qui est resté dans les âmes. Ainsi les cultes se succèdent, et l'Église de Christ reste le petit troupeau.

Elle doit pourtant faire la conquête du monde, et « la Parole de Dieu est vivante et efficace, et plus pénétrante qu'une épée à deux tranchants ; elle atteint jusqu'au fond de l'âme et de l'esprit, des jointures et des moelles, et elle juge des pensées et des intentions du coeur. »

C'est ainsi que la parole de Pierre saisit à la fois cinq mille âmes, et les obligea à demander: « Hommes frères, que ferons-nous? »

Notre parole n'a plus ces effets; elle fend les airs, mais elle ne pénètre pas jusqu'au fond de l'âme et de l'esprit. Elle aurait besoin d'être aiguisée.

Je termine par un point capital. Ce qui fait la séparation entre l'homme et Dieu, c'est le péché aussi le premier acte pour amener un rapprochement, c'est le pardon des péchés.

Christ disait avec autorité au pécheur : « Tes péchés te sont pardonnés, » et il a donné la même autorité à ses disciples, leur disant: « Je vous donne les clefs du royaume; ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. »

Je crains bien que ces clefs du royaume ne soient actuellement oubliées dans quelque coin. Sans doute, on parle beaucoup du pardon des péchés, mais lier et délier, qui est-ce qui y pense?...

Que de questions de toute importance soulevées!

0 mes amis! regardons-y de près, et avant d'entrer en campagne, examinons nos munitions et assurons-nous que nos cartouches sont à balles.

DIETERLEN.


Table des matières


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1) Nous avons le privilège d'offrir à nos lecteurs un article inédit (et nous espérons que ce ne sera pas le dernier) de cet homme de Dieu que pleurent nos Eglises, que pleurent surtout les petites et les pauvres, et qui plus d'une fois nous avait prêté le concours de sa plume, - M. Christophe Dieterlen. On retrouvera dans ces pages si familières et si profondes cet inimitable accent de réalité qui faisait sa force. Il soulève sans les résoudre bien des questions capitales, peu familières sans, doute à la plupart d'entre nous, et qui nous porteront à la réflexion, à l'étude de la Bible à la prière.

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2) Luc 10 : 18.

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3) Ephés. 2 : 2.

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4) Ephés. 6 -.12.

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5) Matth. 12. 29.

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6) Actes 4. 30.