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 UN MOIS APRES.

 

ÉTUDE BIBLIQUE.

Lire Aggée II.

La prédication du prophète avait porté ses fruits.

 

1. On ne s'était pas arrêté aux paroles du messager, on ne s'était pas contenté de les critiquer ou de les admirer; on n'avait pas dit : Voilà de belles paroles; ou voilà des paroles bien pauvres ; des paroles sonores, énergiques, profondes, édifiantes; ou des paroles rudes, banales, sans pensée et sans vertu. Rien de tout cela, par la simple raison qu'on avait entendu autre chose que ces paroles ; on avait entendu, en elles, « la voix de l'Éternel, » la voix de Dieu. (1 : 12.)

 

2. On ne peut entendre la voix de Dieu sans être ébranlé. Il y eut une impression vive: les sentiments furent remués. « Le peuple fut saisi de crainte devant l'Éternel. » Ils éprouvèrent sans doute la honte et reconnurent le péché de n'avoir songé qu'à leurs demeures et à leurs aises, tandis que la maison de leur Dieu était en ruines. Cette impression fut telle que le prophète dut les rassurer aussitôt, et leur dire, de la part de l'Éternel : « Je suis au milieu de vous. » (1 : 13.)

 

3. Aisément, hélas! l'émotion se suffit à elle-même, s'épuise sans rien produire, surtout quand les envoyés de Dieu se sont hâtés de faire entendre,"après la répréhension et la menace, le message de consolation et de grâce. Il n'en fut pas ainsi pour les auditeurs d'Aggée. Comme c'était l'Éternel lui-même qu'ils avaient entendu, « l'Éternel réveilla leur esprit, » et ce réveil-là aboutit à l'action. « Ils vinrent » et, après une longue négligence justifiée naturellement par des excuses (1 : 2), « ils se mirent à l'oeuvre dans la maison de l'Éternel des armées, leur Dieu. » (1 : 14.)

C'était le vingt-quatrième jour du sixième mois, la seconde année du roi Darius (1 : 15). Un peu moins d'un mois après - « le vingt et unième jour du septième mois » (2: 1), la Parole de l'Éternel fut adressée de nouveau par le prophète à ceux qui s'étaient mis ainsi à l'oeuvre, pour les encourager au travail.

Que s'était-il donc passé? Se relâchaient-ils déjà? Nous ne le savons. Peut-être étaient-ils seulement en danger de se relâcher. Au premier jour, sous l'impulsion de la parole sainte, du zèle, de la foi, qui avaient enflammé les coeurs, tout était facile. Petit à petit, l'élan cède; les difficultés apparaissent plus grandes; elles se renouvellent sans cesse, et on se lasse. Les compagnons d'oeuvre ont faibli peut-être; plusieurs ont cessé et se sont retirés ; le fardeau retombe, plus considérable, sur ceux qui ont persévéré plus longtemps. D'ailleurs, une telle construction n'avance pas vite. Au premier instant, tout est nouveau : on ne faisait rien, maintenant on est à l'oeuvre. Une fois à l'oeuvre, pas grand changement d'un jour à l'autre; au bout de trois semaines les progrès sont encore peu sensibles.

Quand donc arrivera-t-on, si jamais on arrive? Enfin, quelle est la valeur de l'ouvrage? Quelques-uns, se rappelant ce qu'ils avaient vu dans leur enfance de la gloire du temple de Salomon (s'il en survivait encore de cette génération), ou ce que leur en avaient raconté des témoins disparus, devaient trouver bien misérables les résultats actuels. « Quel est, » ainsi débute le prophète, « quel est parmi vous le survivant qui ait vu cette maison dans sa gloire première? Et comment la voyez-vous maintenant? Telle qu'elle est, ne paraît-elle pas comme rien à vos yeux? » Il est fort possible qu'on ne se dispensât pas auprès des travailleurs - ce sont souvent les oisifs qui se montrent prodigues de ce genre d'encouragements - d'insister sur. cette remarque faite du ton d'une plainte mécontente ou d'une critique railleuse. Eh! que faites-vous là! La belle oeuvre, vraiment! Ah 1 si vous aviez vu le temple de jadis! Vous prétendez le relever, le remplacer : pauvres gens! A côté de ce qu'il était, ce que vous faites est comme rien.

Ainsi, par diverses raisons, dont nous venons de mentionner en dernier lieu les principales, après avoir commencé avec un enthousiasme sincère, tout au moins avec une ferme décision, on pouvait être tenté ou de renoncer au travail ou de ne le poursuivre qu'avec mollesse. Or, c'est peu de chose qu'un travail d'où sont bannis le courage, l'entrain et l'énergie. Aussi le prophète revient-il à la charge.

Il ne se dissimule pas à lui-même, ni ne cherche à voiler aux yeux des autres, l'état vrai des choses, la réelle petitesse des commencements ; mais, comme son contemporain Zacharie (1), il ne veut pas qu'on se décourage, il ne veut pas qu'on s'arrête : « Maintenant fortifie-toi, Zorobabel, dit l'Eternel. Fortifie-toi, Josué, fils de Jotsadak, grand prêtre! Fortifie-toi, peuple entier du pays, dit l'Eternel, et travaillez! » (v . 4.)

Toutefois, pour stimuler leur courage, il ne se borne pas à y faire appel. Il fait mieux. Pour avoir du courage, il faut avoir de l'espérance, et il faut avoir de la force. Il le sait, et il leur annonce, pour la maison de l'Éternel, un avenir glorieux (v. 6 à 9), et, immédiatement, la présence au milieu d'eux de l'Eternel, fidèle à son alliance, et de son Esprit : « ... Travaillez! car je suis avec vous, dit l'Éternel des armées; je reste fidèle à l'alliance que j'ai faite avec vous quand vous sortîtes de l'Egypte, et mon Esprit est au milieu de vous, ne craignez pas! » (v. 4 et 5.)

L'application est facile; nous n'avons pas besoin de la développer longuement.

Plusieurs, en ces derniers temps, ont écouté l'appel de Dieu qui les pressait de se réveiller et de vivre justement. Dans les réunions convoquées pour cet objet, ils n'ont pas entendu seulement la parole des serviteurs de Dieu venus du nord ou du midi; ils ont entendu la voix de Dieu. (Voy. 1 : 12.) Ils en ont été touchés; ils ont senti que leur vie ne répondait pas à la vocation que d'En-Haut ils avaient reçue. (l : 13.) Ils ne se sont pas contentés de sentiments, ils en sont venus à l'acte, acte intérieur et extérieur, de consécration à Dieu. (1 : 14.)

Et maintenant, qu'en est-il? Des obstacles, tout semblables à ceux que nous énumérions tout à l'heure, ne se sont-ils pas rencontrés sur leur chemin? - Réaction de la paresse charnelle qui nous fait chercher instinctivement le repos dans l'abandon à la pente naturelle du caractère et des sentiments, au lieu de le trouver sans cesse en Jésus-Christ; - désertion ou affaissement de quelques compagnons de route; - nécessité de renouveler sans cesse une lutte qu'on avait peut-être eu le tort de croire terminée du premier coup, s'imaginant, parce qu'on peut toujours vaincre par la force de Dieu, qu'on avait vaincu une fois pour toutes; - lenteur des progrès, hélas 1 ne devons-nous pas parler aussi des reculs et des chutes? - imperfections enfin de l'oeuvre entreprise, fautes et erreurs qui "ont pu l'accompagner, remarques décourageantes de ceux qui critiquent, qui se plaignent, et qui disent : « Qu'est-ce que cela? Qu'est-ce que cela comparé aux temps anciens, aux réveils d'autrefois, ou aux réveils d'ailleurs? N'est-ce pas comme rien à nos yeux?

Il peut donc y en avoir plusieurs que quelques semaines ou quelques mois ont ramené au point de départ, ou, sinon, considérablement entravés. Rendons grâces à Dieu de, ce que, sachant de quoi nous sommes faits (Ps. 103 : 14), il ne se contente pas de nous voir répondre à son appel et nous mettre à l'oeuvre, mais persiste à nous faire reprendre, avertir, exciter au travail (2). Que ni nos propres défaillances, ni les illusions où nous avons pu tomber, ni aucune cause de trouble autour de nous, ne nous fassent lâcher pied! Il ne faut pas nous laisser abattre. Il faut persévérer jusqu'au terme, plus humbles et plus vigilants, vigilants dans la prière, vigilants dans le travail.

« Travaillez, car je suis avec vous, dit l'Éternel, » lisons-nous dans le prophète. .(2 : 4.) Saint Paul nous parle de même : « Travaillez... car c'est Dieu qui produit en vous la volonté et l'exécution. » C'est Dieu, et non l'apôtre;, par conséquent, que l'apôtre soit présent, ou qu'il soit absent, ses lecteurs doivent poursuivre vaillamment leur marche en avant. Dieu, lui, n'est pas absent (3). Entendons aussi ce message. A Dieu nous devons regarder; sur lui nous pouvons compter.

La foi du peuple israélite s'appuyait sans cesse de nouveau sur la grande délivrance nationale, sur l'alliance conclue après la sortie d'Egypte, sur l'Eternel, fidèle à cette alliance (v. 5). Notre foi s'appuiera-t-elle moins sur la Rédemption qui est en Jésus-Christ, sur la nouvelle alliance scellée en son sang, sur le Père dont saint Paul nous dit : « Il est fidèle, le Dieu par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils Jésus-Christ, notre Seigneur (4)? »

Ou bien son Esprit n'est-il plus au milieu de nous , après la Pentecôte, comme Aggée affirmait qu'il était, en son temps, au milieu du peuple? (v. 5 in fine; cf. Zach. 4 : 6.) Cet Esprit, selon l'expression appliquée par saint Paul au Fils de Dieu, n'est pas oui ou non (5), tantôt voulant, tantôt ne voulant pas. C'est une lumière constante, une énergie continue. Si nous voulons être sincères et sérieux, et faire ce que Dieu veut, offrons-nous à lui, et nous pourrons alors, quoi qu'il en soit des circonstances, des expériences des autres et de nos expériences propres, être remplis de courage, étant remplis de son Esprit.

L. M.


Table des matières


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1) Zach. 4: 10.

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2) Cf. Eph. 4 : 11 et suiv. Les divers ministères sont donnés à l'Église, pour le perfectionnement des saints, pour l'édification du corps de Christ, jusqu'à ce que le but, la perfection, soit atteint.

Aussi est-ce une utile exhortation que celle de l'Ép. aux Hébreux (chap. 10 : 24)

« Ayons l'oeil les uns sur les autres, pour nous exciter à la charité et aux bonnes oeuvres. »

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3) Phil. 2 : 12, 13. -

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4) 1 Cor. 1: 9.

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5) 2 Cor. 1: 19.