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 UNE RÉPONSE. (1)

 

Paris, le 14 janvier 1876.

 

... Quant à votre question douloureuse, je ne veux pas vous faire attendre la réponse, bien qu'elle ne soit pas telle que nos coeurs la souhaiteraient. Ce qui vous a été dit au sujet de notre frère M. Pearsall Smith n'est malheureusement pas « une pure calomnie, » mais l'exagération d'un fait véritable, qui, depuis l'été dernier, est pour moi un grand chagrin et une grande leçon. J'ai été ou rapport on en correspondance, à ce sujet, soit avec M. Smith lui-même soit avec un de ceux qui le condamnent le plus sévèrement, soit enfin avec quelques-uns de ses meilleurs amis, directement renseignés sur les faits qu'on lui reproche.

 

Voici, aussi brièvement que possible, les points essentiels

1. M. Smith avait adopté depuis un certain temps, paraît-il, et même enseigné (à l'insu des frères associés à son oeuvre), certaines idées reçues d'un de ses compatriotes, et éminemment dangereuses, Je ne suis pas en mesure de vous dire avec précision en quoi consistaient ces idées, qui avec une intention de spiritualité côtoyaient la sensualité, et que M. Smith considère aujourd'hui (c'est lui-même que je cite), comme « le résultat d'une influence de Satan, déguisé en ange de lumière. »

 

2 . Après les réunions de Brighton, au lieu de prendre un temps de repos et de recueillement indispensables, M. Smith se remit à la tâche, rédigeant le compte-rendu, révisant le recueil de cantiques, préparant des réunions nouvelles. Ses amis s'inquiétaient de sa visible surexcitation, accompagnée parfois de perte de mémoire, et même de symptômes qui faisaient craindre le retour de sa maladie cérébrale. C'est dans ces conditions que pendant un entretien religieux il se comporta de telle manière que son interlocutrice en fut fort scandalisée et crut devoir s'en ouvrir à des amis chrétiens.

 

3. Une enquête fut faite, par des hommes dévoués à l'oeuvre de Dieu et attachés à M. Smith (MM. Blackwood, Morgan, Varley, lord Radstock, et autres - huit en tout). Ils l'amenèrent à reconnaître et à déplorer l'aberration à laquelle il s'était laissé entraîner, et l'engagèrent formellement à suspendre toute activité publique en Angleterre. D'autre part ils furent unanimes à constater L'absence, dans ses enseignements ou sa conduite, de toute intention immorale, et à reconnaître que l'état de sa santé, ébranlée encore par ce coup terrible, réclamait impérieusement un repos immédiat. Il ne parut pas nécessaire de mettre le public dans la confidence de la double raison du départ de M. Smith.

 

4. Après quelques semaines, des rumeurs fâcheuses commencèrent à circuler et finirent par arriver jusqu'aux journaux sous la forme que vous pouvez imaginer. Le comité d'enquête fut alors obligé « dans les intérêts de la vérité et pour rendre justice à la personne accusée, » de rétablir les faits par une déclaration résumant ce que je viens de vous dire. Il s'en est suivi de vives controverses et des attaques passionnées contre M. Smith, ses amis, et le mouvement dont il a été le principal initiateur.

La première et poignante émotion passée, l'on ARRIVERA, je CROIS, à juger avec plus de justice et de charité soit M. Smith, soit ses amis, soit surtout ce mouvement béni pour tant d'âmes et qu'il s'agit maintenant de compléter, d'équilibrer, en donnant toute leur valeur à toutes les déclarations bibliques. « Consacrez-vous à Dieu, » « confiez-vous au Sauveur, » « n'attendez rien que de son Esprit, » sont des préceptes de suprême importance, dont il ne faut pas séparer ceux-ci (nous l'avons dit souvent, mais il faut le répéter plus que jamais) : « Veillez et priez, » « combattez le bon combat de la foi. » Une intention droite ne suffit pas pour nous faire marcher droit: c'est sur la Parole de Dieu que nos pas doivent être affermis. (Ps. 119 : 138.) - En somme, la vérité et la sainteté profiteront de cette humiliation salutaire. Nous baissons la tête et ne voulons plus louer que le Sauveur.

 

La santé de M. Smith se remet. Il prend part à des réunions d'évangélisation. Prions pour lui et pour sa compagne en ces jours d'épreuve. Ce n'est pas le moment «oublier tout le bien que Dieu nous a fait par eux et peut nous faire encore.

(Extrait d'une lettre.) TH. MONOD.

 

« VEILLEZ ET PRIEZ 1 AFIN QUE VOUS N'ENTRIEZ PAS EN TENTATION; L'ESPRIT EST DE PROMPTE VOLONTÉ, MAIS LA CHAIR EST FAIBLE. » - Matth. 26:-41.

Le gérant:

J. BONHOURE.


Table des matières


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1 Ce n'est pas sans avoir pleine conscience de la gravité de cette démarche que nous nous décidons à rendre publique notre réponse à une question que plusieurs personnes nous ont adressée et à laquelle beaucoup d'autres, nous le savons, s'attendent à nous voir répondre. Nous aurions pu trouver des raisons plausibles pour garder le silence ; mais, tout considéré, les origines de notre journal, le bien de nos lecteurs, l'amitié même que nous portons à M. Smith, le souci de la gloire de Dieu nous obligent à parier.