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 LE PLONGEUR.

 

C'est dans un petit village du nord de l'Irlande (lue j'ai entendu pour la première fois la comparaison suivante entre le travail du plongeur au fond de l'eau et la vie du chrétien en ce monde.

La plupart des habitants de ce village étaient pêcheurs, ou se trouvaient momentanément occupés à des travaux dans le port ; cette comparaison était donc tout particulièrement appropriée à l'auditoire auquel elle s'adressait.

Le sujet de l'allocution était l'activité du chrétien et sa communion avec Dieu. De même, nous disait le prédicateur, que le plongeur poursuit son travail sous-marin placé momentanément dans un élément qui n'est pas le sien, de même le chrétien, placé sur cette terre pour un temps d'épreuve, n'a droit de cité que dans le ciel; il n'est pas de ce monde : étranger et voyageur ici-bas, il n'attend que l'appel de son maître pour rentrer dans sa vraie patrie.

 

Vous connaissez le costume particulier du plongeur : il est serré dans un vêtement imperméable, et sa tête est enfermée dans un casque muni de deux ouvertures -vitrées qui laissent passer quelque lumière. A ce casque est fixé un long tube flexible, dont l'extrémité aboutit à un bateau qui flotte sans cesse au-dessus du plongeur; dans ce bateau se tient un homme chargé de lui envoyer constamment un courant d'air pur, au moyen d'une pompe à air correspondant au tube. Vous comprenez quel intérêt a le plongeur à ce que ce soit un de ses parents ou de ses amis qui s'acquitte de ce soin; sa vie dépend de l'homme qui est dans le bateau, et la moindre négligence de la part de ce dernier serait fatale.

Cet homme tient aussi dans sa main une corde dont l'autre extrémité est attachée autour du corps du plongeur. La plus légère secousse imprimée à la corde se fait sentir dans la main de celui qui la tient; un coup a sa signification, deux coups veulent dire autre chose, et ainsi de suite; en sorte que des signaux parfaitement intelligibles mettent le plongeur en rapport continuel avec son ami. Parfois il veut plus d'air; ou bien il désire être ramené à la surface; ou bien encore il demande des outils; aussitôt on lui en envoie, et le bloc de rocher qu'il ne pouvait faire mouvoir est facilement déplacé. Ce n'est donc pas la force propre du plongeur qui lui fait accomplir son travail, mais la position qu'il occupe lui permet d'appliquer à ce travail le. secours qui lui est envoyé d'en haut.

Quelle frappante image pour nous, chrétiens: Jésus, notre ami, notre frère, est assis là-haut, nous fournissant constamment le souffle vivifiant de son Esprit sans lequel nos âmes périraient. Un moyen de communication nous rattache directement à lui. Ce moyen, c'est la prière. Il y est si attentif, que le plus faible appel du plus faible d'entre nous est aussitôt senti et compris.

 

Chers amis, êtes-vous fatigués et découragés? Vous sentez-vous embarrassés et comme étouffés au milieu des séductions et des soucis de ce monde? Toujours et partout, dans les épreuves et les dangers, dans les. tentations et les luttes, quelles que soient vos perplexités et vos difficultés, recourez à cette communication; n'oubliez pas qu'elle est tout près de vous, à votre portée, et que votre Dieu Sauveur n'attend que votre appel, plus prêt à vous répondre que vous ne l'êtes vous-mêmes à crier à lui.

 

L'homme qui est dans le bateau s'inquiète si un temps trop prolongé s'écoule sans que le tube de communication lui transmette aucun message du plongeur: il craint pour ce dernier quelque accident, et ne recevant point d'appel de lui, il s'adresse à lui, s'informe si tout va bien, s'il ne court aucun danger, et n'a de repos que lorsqu'il est rassuré sur son compte,

N'en est-il pas encore de même pour nous, chrétiens? Si notre communion avec le Sauveur devient languissante, si nous ne nous attendons plus à lui en toutes choses, si nous cessons de regarder à Lui, ne viendra-t-il pas lui-même frapper à la porte de nos coeurs et de nos consciences, pour nous réveiller à tout prix de ce sommeil dangereux ?

A la profondeur où il se trouve, le plongeur a peu de lanifère ; seulement ce qui lui est indispensable pour accomplir pas après pas son travail, Mais, malgré cette obscurité, il avance sans crainte, sachant que son ami prend soin de lui, le dirige d'en haut et le conduit sûrement. Quoique souvent aussi il ne voie que peu de résultat de ses efforts, il ne perd pas courage, car il sait que son oeuvre, toute modeste qu'elle est, doit servir à en préparer une autre bien plus importante. Quelques, pierres déblayées, et un navire qui s'y serait heurté entrera sans encombre dans le port; quelques blocs placés en un lieu convenable, et le fondement d'une digne est posé, qui arrêtera la mer et l'empêchera de ravager la côte. Ainsi, jour après jour, le plongeur travaille, activement, parfaitement, trouvant sa récompense dans le sentiment du devoir accompli.

 

Ne Sommes-nous pas comme le plongeur, lorsque, suivant notre route en ce monde, nous sommes comme enveloppés de ténèbres, voyant à peine à un pas devant nous, ne comprenant pas le but, ne voyant pas la valeur de l'oeuvre minime qui nous est confiée ? Que l'exemple du plongeur nous Soit une leçon. Pourvu que nous accomplissions fidèlement notre tâche, sous le regard de Dieu, celui qui a fait le plan général sera satisfait, car il sait que ce peu est nécessaire à l'exécution de l'oeuvre entière. Quelle que soit notre position, mettons-nous joyeusement au service de Dieu, le louant de qu'Il nous accorde le glorieux privilège d'être « ouvriers avec lui. » Plus tard nous verrons d'en haut, à la lumière céleste, la raison d'être de notre travail, et nous en comprendrons le but.

Le plongeur est retenu au fond de l'eau par des poids très lourds, nécessaires pour l'y maintenir pendant son travail; ces poids l'empêchent de remonter à la surface, aussi faut-il, le travail achevé, que son ami l'y attire. Au fond de l'eau, il les sentait à peine, mais plus il s'élève, plus ils deviennent lourds et insupportables; aussi avec quelle joie ne s'en défait-il pas, et ne les jette-t-il pas de côté, ainsi que le casque et les vêtements qui l'embarrassent, aussitôt qu'il aperçoit la brillante clarté du soleil! Avec quel bonheur et quelle reconnaissance ne revoit-il pas aussi l'ami dont il sentait naguère la main protectrice!

Encore ici, quelle saisissante image! Placés sur cette terre dans ce que l'Écriture appelle « une chair de péché, » n'en sentons-nous pas toujours plus lourdement le poids à mesure que nous nous rapprochons de notre demeure céleste? Avec quelle joie ne la dépouillerons-nous pu lorsque retentira pour nous cet appel: « Entre dans la joie de ton Seigneur! » Avec quel ravissement ne contemplerons-nous pas aussi, dans sa gloire, l'ami qui nous y introduit; celui qui nous a fourni pendant notre carrière terrestre tout ce qui nous était nécessaire, qui a pris de nous un soin continuel, a dirigé tous nos pas, prêté une oreille attentive à toutes nos prières, et qui nous reçoit enfin dans les demeures éternelles qu'il avait préparées pour nous !

Poursuivons donc courageusement notre tâche, cherchant en haut sagesse, direction, force, salut et vie, et nous souvenant que notre travail n'est pas vain auprès de Dieu. (Traduit de l'anglais.)


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