Credo

 

Je crois à la résurrection,

Je crois au Saint-Esprit,

Je crois à la vie éternelle.

 


Lorsque, pour la première fois, on a élevé une chenille, qu,on a suivi son développement et qu'un matin de printemps on aperçoit une ouverture béante à l'extrémité du cocon, et qu'après l'avoir bien examiné, on constate qu'il est vraiment vide, involontairement on sonne à une pierre roulée, à des linges pliés, et l'on dit : Je crois à la résurrection des morts !

Quand on observe de près l'évolution d'un papillon, de l'oeuf à la métamorphose, on s'aperçoit qu'il est au bénéfice d'une énergie vitale, dont il ne se rend pas compte, mais qui, d'étape en étape, de perfectionnement en, perfectionnement, le conduit à la gloire. Et alors, songeant à cette autre énergie qui, dans l'univers, nous cherche, nous travaille, pour nous élever d'étape en étape, et nous introduire dans la gloire, on s'écrie : Je crois au Saint-Esprit

 

Il y a dans le Valais, entre deux chaînes de montagnes, un col de 3000 mètres environ, exposé à tous les vents, qui le balayent parfois avec violence. Plus de végétation, plus trace de vie apparente là-haut. Et pourtant, c'est là que vit un des plus rares papillons de la Suisse, le Cervini, var. hnatecki

Un certain matin d'été, je me rendis à ce col désirant faire la connaissance de cette rareté, et voir surtout, par moi-même, comment, à un endroit si inhospitalier, pouvait exister une si frêle créature. Je fus bien vite renseigné. Les grosses pierres qui recouvrent le sol sont des plaques schisteuses, très minces, qui se chauffent rapidement au soleil et entretiennent ainsi, sous elles, une douce chaleur. La chenille du Cervini vit et prospère sous cet abri naturel ; elle y creuse des galeries qui lui permettent d'aller grignoter sur les bords de la plaque la fraîche petite végétation qui y croît encore. Et, tandis que soufflent vents et tempêtes, qu'il neige et qu'il gèle, elle grandit, opère ses cinq mues, se chrysalide, et finit par se transformer en un petit bombyx tout à fait distingué. J'en découvris un exemplaire que je conserve dans ma collection.

Je compris alors que ceux de mes semblables qui passent par les grandes bourrasques et dont les conditions d'existence sont particulièrement difficiles, parce qu'elles sont faites d'oppositions parfois formidables, peuvent devenir, eux aussi, et peut-être mieux que les autres, des créatures célestes d'une rare distinction.

En redescendant les pentes de cette montagne, je me dis - Je crois à la vie éternelle !


Table des matières

Précédent:Semailles et moisson


ACCUEIL