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  3. Sa prédication

 

A l'occasion de la mort (le Rappard, nombreux sont les amis qui ont exprimé leur reconnaissance d'avoir été amenés à la foi par sa prédication. Quel était le secret de sa puissance?

Rappard n'était pas spécialement ce qu'on appelle un prédicateur de repentance.

L'idéal de la prédication, à ses yeux, était de proclamer, d'exposer et d'appliquer la Parole de Dieu. Il voulait laisser agir cette Parole comme un marteau qui brise la pierre, comme une épée à deux tranchants qui partage âme et esprit, comme un juge des sentiments et des pensées du coeur, mais aussi comme un baume pour les coeurs meurtris et les consciences frappées, comme une semence de régénération, comme une voix parlant de grâce et de pardon, comme une puissance de renouvellement pour le coeur.

Ce qui rendait ses prédications si efficaces, c'était surtout, au témoignage de beaucoup de ses auditeurs, la plénitude de conviction que respirait tout son être, non moins que ses paroles. Il était vraiment un témoin, que ce soit dit à la gloire de Dieu, annonçant ce qu'il avait entendu des oreilles de son esprit, ce qu'il avait vu des yeux de la foi et ce que les mains de sa foi avaient touché concernant la parole de vie (I Jean 1, 1-3)

Dans les premières années de son ministère, il avait déployé une certaine éloquence entraînante et il y trouvait quelque plaisir. Plus tard, il devint toujours plus simple. Le plus souvent ses pensées se concentraient autour d'une vérité biblique, dont il faisait plusieurs jours de suite sa nourriture, dont il parlait à tout propos et qu'il cherchait à faire pénétrer dans les coeurs. Après quoi ce sujet faisait place à un autre. Il vivait de la Parole de Dieu. Aussi était-il toujours prêt à parler quand on le lui demandait.

Il admirait la virtuosité de certains orateurs de la chaire, qui d'un texte savent extraire un sermon à la tractation régulière et à la belle ordonnance; mais le procédé ne s'harmonisait pas avec ses sentiments intimes. Il préférait le genre homilétique et l'étude fouillée d'un Beck, ou la façon lumineuse dont Spurgeon savait mettre en relief l'une après l'autre les pensées renfermées dans un texte. L'essentiel, à ses yeux, était de graver au fond des coeurs et des mémoires une parole de Dieu lui-même. Il disait à ses élèves :

Si vous avez vous-mêmes de la peine à arriver au bout de votre étude biblique, veillez bien à ce qu'au moins votre texte fasse impression sur vos auditeurs ; c'est bien 'plus important que tout ce que vous pourrez en dire vous-mêmes.

Groupons encore ici quelques-unes de ses recommandations :

Un évangéliste doit être rempli de l'Évangile. Pour que la proclamation du message de joie soit efficace, il faut que le messager y ait lui-même trouvé sa joie. Ce qui remplit d'une joyeuse assurance le prédicateur, c'est le grand amour de Dieu pour les hommes, c'est sa volonté de les sauver tous, c'est sa puissance pour apaiser la soif profonde du coeur.

Il disait un jour, à propos de la préparation des prédications :

Il y a quatre choses indispensables

1° Etre rempli du Saint-Esprit

2° Demander avec foi le fruit ;

3° Laisser agir sur son propre coeur et sa conscience la parole qu'on se propose d'annoncer;

4° Disposer ses pensées avec clarté et avec soin.

 

Il insistait pour que la voix rendît toujours un son distinct, et pour que le chemin du salut fût indiqué dans chaque prédication.

La nature humaine ne saurait s'améliorer : elle est tombée sous le coup d'une condamnation à mort. Mais Jésus entre en scène, et quiconque s'unit à Lui avec repentance et avec foi devient réellement participant de sa justice et reçoit le pardon de ses péchés, la paix et la force. Au coeur qui l'accueille il donne gratuitement une vie nouvelle. C'est la nouvelle naissance, la naissance divine (Jean I, 12, 13 ; 3, 3, 5), sans laquelle l'homme ne peut entrer dans le Royaume des cieux. Alors se trouve réalisée la parole magnifique : Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature; les choses anciennes sont passées voici, toutes choses sont devenues nouvelles. (II Cor. 5, 17.)

La plupart de ses anciens élèves pourraient attester quel prix il attachait à cette parole.

L'union organique, par la foi, avec le Seigneur Jésus, le second Adam, disait-il, est de la plus haute importance; l'éducation du vieil homme est, à elle seule, sans valeur pour l'éternité.

Rappard savait surtout montrer avec clarté comment le Sauveur riche en grâce se penche vers le pécheur, va le chercher dans les bas-fonds de sa misère, et commence en son âme l'oeuvre de salut et de renouvellement dès qu'elle s'ouvre à Lui.

Si, disait-il, je voulais résumer en deux mots ce que l'homme a à faire pour son salut d'abord, puis pour ses progrès dans la vie nouvelle, ces mots seraient : « Ne point résister. » C'est Dieu qui fait l'oeuvre. Il conduira sûrement à la pleine lumière quiconque cède sans résistance à l'attrait du Père et à la voix de l'Esprit.

Il s'agit de bâtir sur le fondement posé en Christ. C'est la pensée dominante de toutes les épîtres de l'apôtre Paul. D'abord les faits solidement établis de la rédemption par le sang de l'Agneau, puis les fruits de cette rédemption : la marche dans la sainteté, dans l'humilité et l'amour, la vie de victoire sur le péché, le monde et le diable. Il importe d'annoncer tout le conseil de Dieu, et non pas certains points particuliers.

Christ pour nous et Christ en nous ; venir à Jésus et demeurer en Lui ; être rachetés et dirigés, disciplinés et consolés par l'Esprit saint et sanctifiant, voilà les trésors qui deviennent nôtres quand nous nous attachons de coeur à Christ.

La bienheureuse espérance du retour glorieux de notre Seigneur et Sauveur occupait une place prépondérante dans le coeur et dans la prédication de Rappard. Il en parlait souvent, s'en tenant strictement aux termes de l'Écriture sainte. Ici encore, ce qui faisait impression, c'était sa joyeuse conviction. Ce qui lui importait, ce n'étaient pas les problèmes spéculatifs posés par cette doctrine, c'étaient les fruits pratiques qui en découlent. « Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui-même est pur. »

Avec son grand sens pratique, il entrait toujours avec chaleur et sympathie dans les difficultés matérielles de ses auditeurs, dans leurs ennuis, leurs maladies, leurs soucis pour montrer comment ces contrariétés doivent contraindre les hommes à se tourner vers Dieu, qui peut non seulement en faire jaillir pour eux une bénédiction intérieure, mais aussi les secourir extérieurement en se manifestant comme le Dieu vivant.

Quel est l'équipement spirituel du serviteur de Jésus-Christ ?

Pour servir effectivement le Seigneur, disait-il, il faut lui être consacré, il faut avoir rompu de façon décisive avec tout péché et toute habitude coupable, il faut se tenir dans cette joie parfaite promise par Jésus aux siens, il faut marcher dans la lumière, de manière à expérimenter sans cesse la vertu purifiante du sang de Jésus : Ainsi seulement le Saint-Esprit peut régner sur nous et agir en nous sans conteste, et

CE N'EST QUE CE QU'IL PRODUIT EN NOUS ET PAR NOUS QUI SERT A QUELQUE CHOSE DANS LE ROYAUME DE DIEU.

Et ailleurs :

Un serviteur de Dieu tout simple, qui a vraiment à coeur le salut de ses semblables, portera bien plus de fruits que l'orateur le plus doué auquel manquera cet équipement-là.

Ailleurs encore :

Dans l'oeuvre du Seigneur, il s'agit de faire complète abstraction de soi-même, de sa force propre et de ses capacités, pour s'appuyer uniquement sur le Seigneur et sur sa Parole. N'attendons pas de nous sentir spirituellement armés. Nous savons que l'Esprit de la Pentecôte est encore là. Notre Seigneur Jésus a dit : Il vous est avantageux que je m'en aille; car si je ne m'en vais pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous; mais si je m'en vais, je vous l'enverrai. Vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous.

Il est avec nous, cela nous suffit. Si le Seigneur nous envoie, allons de l'avant avec foi, détournant nos regards de nous-mêmes, les tenant fixés sur le Roi dont nous exécutons les ordres. Sommes-nous pauvres, faibles, misérables, Il est puissant, Lui., suffisamment, et nous ferons la bienheureuse expérience de l'apôtre : « Quand je suis faible, c'est alors que je suis fort. »


Table des matières

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