Nouvelles d'Israël

05 / 1997
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Les guerres de religion

Les revirements politiques tumultueux du mois de mars n'ont pas eu de conséquences sur la vie en Israël. La lutte culturelle entre laïcs et religieux s'y poursuit; elle touche à présent le centre de la laïcité israélienne, à savoir le quartier Ramat-Aviv C, à Tel Aviv.

Ces derniers mois, Ramat-Aviv C est devenu le symbole de la laïcité en raison d'une série télévisée du même nom diffusée par un des émetteurs commerciaux. Les héros de cette série sont de beaux hommes et de belles femmes menant une vie aisée. A cela s'ajoutent des histoires d'amour, des intrigues, des tromperies et autres ingrédients typiques. Les stars de cette série télévisée sont devenues des personnages cultes, tout comme le quartier où se joue cette série.

A présent, la guerre de religion s'étend donc au sanctuaire des laïcs israéliens. La société Afrique-Israël, qui construit dans ce quartier un gigantesque centre commercial a annoncé que le complexe resterait fermé les jours de sabbat. Ce changement d'attitude est survenu après l'achat en masse par le millionnaire ultra-orthodoxe, Lev Leveijov, de parts de la société. Cette nouvelle a fait l'effet d'une bombe au sein des habitants du quartier qui, pour la plupart, sont laïques. Ils estiment qu'il est normal d'ouvrir le centre commercial et le centre de loisirs même les jours de sabbat. Les partenaires de la société Afrique-Israël sont également étonnés de ce changement d'attitude. En effet, la fermeture du centre les jours de sabbat signifie d'énormes pertes financières qui menacent de bouleverser toute la planification budgétaire.

Les opposants, les commerçants et les habitants du quartier ont engagé la lutte contre cette décision et ont menacé de porter plainte et de boycotter tous les magasins et hôtels de la société Afrique-Israël si le centre restait fermé les jours de sabbat. Cette réaction a réveillé la colère des ultra-religieux et a suscité leur révolte. La presse, les parlementaires, les fonctionnaires et les commerçants ultra-orthodoxes sont venus au secours de Lev Leveijov. De leur côté, ils ont menacé d'intenter des actions en justice pour cause de mépris du sabbat. Le respect du repos du sabbat est ancré dans la législation sur le travail et les jours de repos. Ils ont annoncé qu'ils boycotteraient tous les magasins ouverts dans le centre commercial les jours de sabbat. Etant donné que le pouvoir d'achat des ultra-religieux a fortement augmenté ces dernières années, ces menaces ont un certain impact.

Pour l'instant, ce conflit n'est pas encore terminé. Toutefois, il semble déjà évident que - même si ce problème régional est résolu d'une façon ou d'une autre - la lutte culturelle entre les religieux et les laïcs est maintenant effrénée.

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10 / 1997
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La guerre de religion se poursuit

La lutte entre ultra-orthodoxes et laïcs sur le caractère de la société israélienne est entrée dans une nouvelle phase extrême début août. Un arrêt de la Cour suprême a autorisé les membres du mouvement religieux libéral à se porter eux aussi candidats aux élections pour les conseils religieux en Israël.

Cette décision est tombée à la suite d'une protestation du Dr Joyce Gila Brenner et du mouvement religieux libéral à Netanja. Le tribunal a exigé que le comité ministériel pour les conseils religieux confirme immédiatement le Dr Brenner dans ses fonctions de membre du comité religieux à Netanja

Le comité religieux est une instance régionale présente dans toute communauté urbaine. Son rôle principal consiste à s'occuper des services religieux et des bains rituels, des certificats kasher pour les restaurants, de l'enregistrement des mariages, etc. La plupart de ces services concernent des juifs ultra-orthodoxes, qui respectent les préceptes de la Torah en matière de Kashrout et de pureté. Le conseil est subventionné par le gouvernement via le ministère de la Religion. Celui-ci doit approuver toute nomination au sein du conseil religieux.

La décision de la Cour suprême a suscité une intense colère parmi les ultra-orthodoxes. Aux yeux de l'establishment ultra-orthodoxe israélien, les juifs libéraux sont à peine des juifs parce qu'ils ne respectent pas les commandements au sens de l'ancienne tradition juive. Leur participation au conseil religieux est ressentie comme une provocation et non comme une contribution aux activités du conseil. C'est pourquoi le ministre de la Religion faisant fonction, le rabbin Arie Gamliel du parti Shass, a fait savoir qu'en dépit de la décision du tribunal, il n'avait pas l'intention de sanctionner la nomination d'une juive libérale, précisant qu'il donnerait sa démission si on le forçait à signer. Eli Svisa, ministre de l'Intérieur appartenant lui aussi au parti Shass, et qui occupe son poste en alternance avec Zebulon Hammer, ministre de l'Education et membre du parti national-religieux Mafdal, s'est également exprimé dans ce sens.

Une crise était inévitable. Le fait que le ministre responsable et son suppléant refusent de signer la nomination de Joyce Brenner équivalait à une attitude de mépris de la loi; un acte qui les aurait sans aucun doute obligés à quitter leurs fonctions au sein du gouvernement. Mais comme toujours en politique, cette crise s'est résolue grâce à une solution créative: M. Svisa, ministre de la Religion, qui aurait dû céder son mandat fin août à Zebulon Hammer, a quitté ses fonctions plus tôt et remis temporairement son portefeuille au Premier ministre Netanyahou. Ce dernier a signé la nomination, puisque cet acte ne posait pour lui aucun problème religieux. C'est seulement plus tard que le ministère a été remis à M. Hammer, qui, en vertu des accords d'alternance avec le Shass, l'occupera l'an prochain. Pour éviter que de tels dilemmes religieux se reproduisent à l'avenir, les groupes parlementaires religieux ont annoncé qu'ils soumettraient à la Knesset une proposition de loi permettant de contourner les décisions de la Cour suprême. La formulation de ce texte devrait empêcher les juifs libéraux d'être représentés au sein des conseils religieux.

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10 / 1997

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Le 9 du mois d'Av

Ce mois-ci, les «guerres de religion» ne se sont pas limitées au conseil religieux de Netanja. A Jérusalem aussi, la place qui s'étend devant le mur ouest a vu se dérouler de violentes confrontations concernant le droit au pluralisme religieux dans le judaïsme.

Ces incidents se sont déroulés le 9 av, jour de jeûne commémorant la destruction par les flammes du second temple. L'événement marque le début de la diaspora du peuple israélien. En ce jour, la coutume veut que l'on se rende sur la place devant le mur des Lamentations (dernier vestige de l'ancien temple), que l'on y lise le rouleau de la Torah intitulé «Ejcha», que l'on y prie et que l'on y écoute des chants de lamentation.

Depuis de nombreuses années, à cette date, les juifs ultra-orthodoxes s'arrogeaient la place devant le mur. Mais récemment, des juifs libéraux et conservateurs se sont mis à revendiquer leur droit d'aller au mur des Lamentations pour y prier à leur manière.

Cette année, les Juifs conservateurs ont voulu organiser devant le Mur une prière rassemblant hommes et femmes ainsi qu'un séminaire ayant pour thème la haine et l'intolérance, deux causes principales de la destruction du Temple. Les juifs libéraux ont eux aussi voulu faire une prière mixte, dirigée par une récitante.

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09 / 1997

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Le livre Tanaï: des habad-hassidim au bord de l'Euphrate

Bien qu'elle ressemble à de la science-fiction, la chose s'est réellement passée: Un groupe de habad-hassidim, parmi lesquels deux pilotes de réserve de l'armée de l'air israélienne, s'est rendu en avion au bord de l'Euphrate, au centre même de la région des combats entre l'armée turque et des résistants kurdes. Ils désiraient imprimer là précisément l'oeuvre standard des habad-hassidim, le Tanaï.

Ce fait remarquable s'est produit il y a environ un an, mais il ne fut rendu public qu'à la parution des deux premières éditions de 120 pages. Un des livres fut imprimé sur une des rives de l'Euphrate, et l'autre dans le petit village de Haran, mentionné dans la Genèse. Haran est situé à l'est de la Turquie à proximité de la frontière syrienne.

Le livre Tanaï, considéré comme saint par les habad-hassidim, fut écrit il y a 200 ans par le fondateur du mouvement hassidim, le rabbin Schnéour Zalman Meladi. Il est stipulé dans la préface qu'il apporte des réponses à toutes les questions concernant la nature profonde du juif et sa mission dans le monde.

Depuis que le livre a été rédigé, il a été imprimé en de nombreuses éditions en différents endroits du monde. Les disciples du rabbi ont dressé une liste exacte des lieux où cette oeuvre a été imprimée; elle figure sur la première feuille de chacun des livres Tanaï. Après la traversée du canal de Suez par les troupes israéliennes lors de la guerre du Yom Kippour, cette coutume habad s'est encore davantage répandue. Le rabbi de Loubavitch a ordonné à ses adeptes de traverser le canal de Suez pour imprimer le livre en Afrique également. Depuis, le rabbin a donné des directives pour que cet écrit paraisse partout où il y a de la vie juive ou un lien avec le monde judaïque.

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12 / 1997
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Perte de lait

Un célèbre dicton israélien dit «qu'il ne faut pas pleurer sur le lait répandu». Pourtant, ce fut le cas de nombreux agriculteurs israéliens lors de la fête juive du Nouvel An en octobre dernier. Des fermiers, des exploitants de laiteries, des producteurs de fromage, des commerçants et toutes les professions ayant trait à la production de lait, ont déploré les quantités de lait de vache qui ont été détruites. Cette destruction avait été ordonnée par le grand-rabbinat qui avait justifié sa décision par le commandement exhortant au respect du repos les jours fériés. Le traitement du lait brut en grandes quantités ces jours de fête constituait donc une désobéissance. Etant donné que cette année, les deux jours fériés du Nouvel An étaient directement suivis par le sabbat, il y eut trois journées d'affilée durant lesquelles il était interdit de travailler. Le lait tiré des vaches durant ces trois jours et demi - du mercredi après-midi jusqu'à la fin du sabbat - ne pouvait normalement pas être acheminé vers les laiteries avant la fin du sabbat. Cependant, les prescriptions du bureau d'hygiène n'autorisent plus le traitement du lait tiré depuis plus de 48 heures. Les propriétaires de vaches n'ont donc pas eu d'autre solution que de jeter ce lait.

La plupart des agriculteurs ont dû s'exécuter. Ils ne l'ont pas fait par «excès de piété» mais c'est au contraire pour des motifs purement économiques qu'ils ont respecté les exigences de la population religieuse en Israël (celle-ci représente une part considérable des consommateurs israéliens), en particulier en matière de consommation d'aliments. Pour de nombreux Israéliens, il est important que les aliments qu'ils consomment soient «kasher», et il n'est pas question de manger des aliments ne portant pas le cachet «kasher» du rabbinat. Or, ce cachet n'est donné qu'aux firmes qui respectent les instructions de la loi juive, la Halakha, et ce, selon les interprétations données par le rabbinat. C'est la raison pour laquelle les producteurs de lait souhaitant conserver à l'avenir ce précieux cachet ont jeté toutes les quantités de lait produites durant ces jours de fête.

Au total, ce sont 2,5 millions de litres de lait qui ont été détruits durant ces trois jours. Une quantité égale de lait a pu être sauvée de la destruction grâce à une convention spéciale passée entre le plus gros producteur israélien de lait, Tnuva, et le grand-rabbinat. Durant les jours fériés, Tnuva a engagé des travailleurs non-juifs qui ont assuré le transport et le traitement du lait. Ce lait a été transformé en poudre et sera vendu en Europe non muni du cachet «kasher». Le reste du lait entré dans les laiteries le soir du sabbat a été traité comme d'habitude et vendu aux consommateurs israéliens les jours suivants.

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12 / 1997
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Le port de la perruque interdit pour les femmes juives?

Une interprétation stricte de la loi religieuse juive interdit à une femme mariée de montrer sa chevelure. Les motifs sont nombreux et détaillés. Néanmoins, cette obligation s'explique principalement par le fait que la beauté d'une femme - sa beauté spirituelle et physique - est réservée au cadre familial. En dehors de ce cadre, une femme devrait rester pudique et ne pas se faire trop remarquer. Ses vêtements et son attitude ne doivent pas attirer les hommes étrangers.

Des courants ultra-orthodoxes tels que Neturei Karta Jérusalem) ont interprété la Halakha d'une manière extrêmement stricte. Les femmes mariées de ce rabbinat doivent avoir les cheveux coupés ras et porter sur la tête un foulard noir bien ajusté - le Shavis - cachant toute féminité. Bien sûr, il y a aussi des interprétations moins sévères, où les femmes ne doivent pas avoir la chevelure rasée mais néanmoins couverte d'un foulard ou d'un grand chapeau. D'autres portent des perruques de cheveux artificiels qui cachent totalement la chevelure naturelle tout en montrant une magnifique coiffure.

Cette solution est très répandue chez les femmes ultra-religieuses modernes. En effet, la perruque leur permet de respecter le commandement qui leur interdit de montrer leur vraie chevelure en public, tout en gardant une certaine esthétique et en se pliant aux besoins et aux exigences du monde moderne, où les femmes occupent une place équivalente à celle des hommes. Lorsqu'on se promène à Bnei Brak ou dans les quartiers ultra-orthodoxes de New York, on est d'ailleurs frappé par le nombre important de magasins où l'on adapte ou coiffe des perruques.

Les interprètes de la loi juive ne sont d'ailleurs pas tous d'accord à ce sujet. Nombre d'entre eux voient dans le port de la perruque une échappatoire permettant de contourner le véritable sens de ce commandement, à savoir la pudicité d'une femme. Certains rabbins ultra-orthodoxes ont donc lancé récemment une campagne publique contre le port de la perruque. L'impact public de cette action fut relativement faible, car elle était dirigée par des rabbins particulièrement extrémistes. Mais tout a changé lorsque le chef du mouvement Shass, le Rabbin Ovadia Joseph, s'est rallié à cette cause.

Lors de son sermon hebdomadaire, suivi par plusieurs milliers d'adeptes exaltés via satellite, il a décrété que les femmes ne pouvaient plus porter de perruques. ,Toute femme portant une perruque brûlera en enfer», a-t-il menacé. Dans son sermon, le rabbin a cité plusieurs fois la Halakha. Il s'est également offusqué du fait que certains élèves d'écoles talmudiques se promenaient dans la rue avec des femmes dont la tête n'était pas couverte. Il a fallu un certain temps avant qu'il comprenne qu'il s'agissait de femmes portant une perruque. Il a ensuite ajouté qu'une telle femme (portant une perruque), risquait non seulement l'enfer éternel, mais que, même de son vivant, elle devait s'attendre à beaucoup de malheur. «Une femme qui entre dans une synagogue avec une perruque sera bannie et il en sera de même pour son mari.»

Commentaire:

Quelle erreur tragique! Car où cela figure-t-il dans la Bible? Il n'est écrit nulle part que les femmes doivent avoir les cheveux rasés et encore moins qu'elles doivent porter une perruque. Nous devons donc prier pour Israël afin que le peuple retrouve le chemin de la Bible et l'accepte comme seule et unique autorité. Car la majorité des nombreux commandements supplémentaires apportés au fil des siècles par les rabbins ne viennent pas de Dieu. C'était déjà le cas du temps du Seigneur Jésus; Il condamnait férocement cette pratique (cf. Marc 7,613; Matthieu, 23). CM

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