AVENEMENT
Mars
1991 No 24
Henri-Léon
Vaucher
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L'Etat d'Israël a-t-il
toujours raison ? 1991
L'ATTITUDE DE L'ARMEE FACE À
L'INTIFADA, LE REFUS DU GOUVERNEMENT ISRAÉLIEN DE
PARTICIPER A UNE CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LE
PROBLEME PALESTINIEN, LA POLITIQUE D'IMPLANTATION DANS LES
TERRITOIRES: FAUT-IL APPROUVER ISRAEL DANS TOUT CE QU'IL
FAIT ?
L'Etat d'Israël a-t-il toujours
raison ?
Cette question est stupide,
évidemment, et cela pour plusieurs raisons: aucune
instance humaine ne peut prétendre à
l'infaillibilité, et malheur à celui qui met
à la place de Dieu, seul sage et omniscient, un homme
ou une collectivité humaine ou une idéologie,
comme idéal absolu de sa vie et comme directeur
absolu de ses actions.
Tôt ou tard viendra la
déception amère; et posée ainsi, la
question exige une réponse négative.
L'absurdité de la question ressort aussi du fait que
l'Etat d'Israël n'est pas une entité
monolithique mais une mosaïque d'opinions et
d'intérêts différents. Il faudrait
plutôt demander: tel homme d'Etat israélien
a-t-il pris la décision juste, dans tel ou tel
contexte précis?
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Nouvelles d'Israël
03 /
1991
Texte intégral
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Nazis
Le Président de l'Etat
hébreu, Chaïm Herzog, pense qu'Israël ne
devrait plus ouvrir de simulacres de procès contre
les nazis. Dans son discours prononcé à
l'occasion de l'anniversaire de la mort de l'avocat du
ministère public lors du procès Eichmann -
Gideon Hausner - Herzog a déclaré que toute
tentative d'ajouter d'autres procès à celui
d'Eichmann «ne pourrait donner que des résultats
contraires à ceux attendus et ne ferait
qu'égratigner la mémoire de ce que
représente, dans l'histoire de l'Etat juif, le
procès Eichmann avec tous ses aspects.»
Cette déclaration du
Président, considérée un appel à
l'arrêt de la chasse aux criminels nazis, a
provoqué un flot de protestations de la part de
diverses organisations d'anciens détenus des camps de
concentration et de survivants de l'holocauste. Selon eux,
ces propos de Chaïm Herzog nuisent
considérablement aux efforts fournis un peu partout
dans le monde pour traîner devant les tribunaux les
criminels nazis et leurs collaborateurs. «Si l'Etat
hébreu ne prend pas part activement à leur
poursuite et à leur condamnation, comment
pourrons-nous nous plaindre de nations comme la Suède
qui refusent d'accomplir cette tâche? Comment
réagira-t-on en Nouvelle-Zélande où
l'on discute actuellement de l'établissement d'une
Commission d'enquête nationale après qu'il ait
été révélé que de
nombreux meurtriers se cachent dans ce pays?» telles
furent les questions posées. par le responsable d'une
des organisations qui s'occupent intensivement de ce
problème.
Entre-temps, le ministre
israélien de la Justice a communiqué
qu'après de longues réflexions, il a
été décidé de ne créer
aucun département spécial qui serait
chargé de se pencher sur les cas d'extradition de
criminels nazis, étant donné que les
conventions entre Israël et les autres pays - à
l'exception des USA - ne permettent pas une telle
extradition.
Entre-temps encore, la Cour
suprême de justice de l'Etat hébreu a repris
les discussions concernant la demande de révision du
procès de l'Ukrainien John Demanjuk,
déclaré responsable de l'assassinat de
nombreux Juifs au camp de concentration de Maidanek. Son
défenseur vient de rentrer d'Union soviétique
où il aurait trouvé des documents prouvant que
les accusateurs et les témoins se sont trompés
sur l'identité de Demanjuk.
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Nouvelles d'Israël
04
Avril 1991
Texte intégral
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La crise du Golfe - l'holocauste
l'Allemagne
Est-il besoin de préciser que
la mémoire de l'holocauste et le souvenir de ses
exactions sont toujours profondément ancrés
dans le coeur des Israéliens? La crise du Golfe
prouva que non, si l'on en croit les informations sur la
participation de nombreuses entreprises allemandes au
développement des armes de destruction massive qui se
trouvent maintenant dans les mains de Saddam Hussein. Au
début, l'opinion publique israélienne avait du
mal à se faire à l'idée que cette
même Allemagne qui, moins de 50 ans auparavant avait
été responsable du gazage de plusieurs
millions de Juifs, pourrait à nouveau se rendre
coupable de la mort d'Israéliens par le gaz.
La population fut
particulièrement choquée d'apprendre que les
services secrets israéliens «Mossad»
avaient fourni pendant plusieurs années au
gouvernement allemand des informations sur les entreprises
allemandes qui accordaient leur soutien à l'Irak pour
le développement de ses armes. Cependant, il s'est
avéré que Bonn n'a tenu aucun compte de ces
informations des services secrets; au contraire: quelques
entreprises qui traitaient avec l'Irak ont même
reçu l'accord tacite du gouvernement allemand. Toutes
ces nouvelles ont rouvert et approfondi les anciennes plaies
d'Israël. L'indignation du peuple israélien est
venue jusqu'aux oreilles des Allemands.
Après les premières
attaques de missiles, la troisième semaine de
janvier, le ministre des Affaires étrangères
Hans-Dietrich Genscher s'empressa de faire une visite en
Israël en témoignage de sa solidarité. Ce
n'était certes pas une tâche facile. Cette
fois, le protocole diplomatique ne fut pas respecté.
Personne parmi ses hôtes, même pas le ministre
des Affaires étrangères David Levy, ne lui
cacha qu'on le tenait ainsi que son gouvernement, bien
qu'indirectement, en partie responsables de la menace qui
pesait de nouveau sur l'existence des Juifs. Le geste de
bonne volonté allemand - un chèque au maire de
Tel-Aviv et Ramat Gan pour financer les réparations
des maisons détruites par les missiles - rencontra un
flot de critiques parmi la population, les Israéliens
refusant que le tort politique et humain que l'Allemagne
leur faisait subir soit à nouveau
réparé par des dons en argent.
Afin de prêter un secours
effectif et complémentaire - et certainement aussi
pour soulager sa conscience le gouvernement allemand a
décidé d'aider l'Etat hébreu sur le
plan militaire. Peu de jours après la visite de
Genscher, un pont aérien allemand vers Israël a
été établi pour acheminer de
l'équipement médical, mais avant tout,
d'importantes pièces pour les batteries anti-missiles
Patriot, qui représentent actuellement le seule
parade à la menace des missiles Scud. En outre, les
Allemands décidèrent de financer la poursuite
de la construction de sous-marins pour la marine
israélienne. Il y a environ deux mois, le ministre de
la Défense avait renoncé à ce projet
faute de sources de financement. L'aide allemande qui
s'élève à environ un milliard de
deutschmark - le coût de la construction des
sous-marins dans les chantiers navals allemands -
contribuera à augmenter d'une manière
considérable la sécurité d'Israël.
Néanmoins, on ne peut pas vraiment dire que la
population israélienne éprouve de la
reconnaissance envers les Allemands. Le traumatisme est trop
grand et trop profond.
Les psychologues et les organisations
qui s'occupent des victimes de l'holocauste et de la
génération qui lui a succédé
mentionnent des angoisses et des crises chez elles. Les
journaux israéliens rapportent, entre autres, le cas
d'une femme âgée, une survivante de
l'holocauste, qui succomba à une crise cardiaque
après avoir aidé ses petits-enfants à
mettre le masque à gaz. Un autre incident a
attiré l'attention de la presse; il s'agit d'une
habitante de Tel-Aviv, qui avait vécu les terreurs du
camp de concentration d'Auschwitz. Elle s'acheta de la
nourriture pour toute une année, calfeutra son
appartement contre des gaz éventuels et refusa de
quitter son appartement durant deux semaines
«jusqu'à ce que Hitler soit mort».
Des sentiments fortement
anti-allemands se manifestèrent également la
première semaine de février, lorsqu'une
délégation du Bundestag conduite par le
professeur Rita Süssmuth arriva en Israël.
Après une rencontre très mouvementée
avec les délégués de la Knesset - ces
derniers lançant de lourdes accusations contre les
invités allemands - Madame Süssmuth exprima
l'espoir que les Israéliens ne verraient pas dans
chaque Allemand le diable en personne. La
délégation allemande s'engagea à faire
tout son possible, une fois de retour, pour que les
personnes et les entreprises qui ont donné la
possibilité à Saddam Hussein de menacer
l'existence d'Israël soient punies.
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AVENEMENT
Avril 1991 No 25
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Golfe: la guerre et après...
1991
APRES LA GUERRE, LA PAIX. PAS TOUT
À FAIT. APRES LA VICTOIRE DE LA COALITION ANTI-SADDAM
HUSSEIN DANS SA CROISADE POUR LA DÉFENSE DU DROIT
INTERNATIONAL, NOUS VOICI DANS L'APRES-GUERRE.
CE CONFLIT QUI, UN MOMENT, A FAIT
TREMBLER LE MONDE ET DONT LES REMOUS SONT LOIN D'ETRE
TERMINÉS, SUGGERE QUELQUES RÉFLEXIONS.
Tout d'abord, le règne des
dictateurs n'a qu'un temps et se termine toujours mal.
['histoire nous l'enseigne. Violence et cruauté
animent ces êtres prétentieux et arrogants,
ivres de puissance, dont l'orgueil n'a d'égal que
l'inconscience. Saddam Hussein, outre l'assouvissement de
ses ambitions territoriales, a menacé Israël de
destruction. Or, qui touche au Peuple Elu et à la
Terre promise «touche à la prunelle de son
oeil!». On est saisi par l'actualité des
jugements annoncés par Jérémie,
voilà 2600 ans, sur Babylone dont l'Irak moderne est
et entend demeurer le fier continuateur: «Ainsi parle
l'Eternel: Voici, je fais lever contre Babylone et contre
les habitants de la Chaldée un vent destructeur (la
«Tempête du désert» vient
effectivement d'y souffler). J'envoie contre Babylone des
vanneurs qui la vanneront, qui videront son pays. Ils
fondront de toutes parts au jour du malheur . . . Les
guerriers de Babylone sont pris, leurs arcs sont
brisés. Car l'Eternel est un Dieu qui rend à
chacun selon ses oeuvres, qui paie à chacun son
salaire» (Jérémie 51. 1, 2 et 56).
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AVENEMENT
Avril 1991 No 25
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Israël, le prix de la paix
1991
POUR LA PREMIERE FOIS DE SON HISTOIRE,
ISRAEL N'A PAS RÉPLIQUÉ AUX ATTAQUES DONT IL
FAISAIT L'OBJET, PENDANT LA GUERRE DU GOLFE. CETTE RETENUE
EST APPAREMMENT MAL RÉCOMPENSÉE. LES
AMÉRICAINS SEMBLENT, AU CONTRAIRE, RÉCLAMER
AUX ISRAÉLIENS DE NOUVEAUX GESTES EN
RÉCOMPENSE DE LEUR VICTOIRE DANS LE GOLFE. LE PREMIER
MINISTRE ITZHAK SHAMIR EST RESTÉ FERME LORS DE LA
VISITE DU CHEF DE LA DIPLOMATIE AMÉRICAINE, JAMES
BAKER, LES 11 ET 12 MARS. LA «GUERRE DES COUTEAUX»
LUI DONNE RAISON: EN UN MOIS, DE LA FIN DE LA GUERRE DU
GOLFE À LA FIN MARS, 16 PERSONNES ONT
ÉTÉ POIGNARDÉES DANS LA RUE. SIX
D'ENTRE ELLES ONT PERDU LA VIE.
Saddam Hussein s'appelait «la
mère de toutes les batailles». Et sous la menace
de sa gigantesque armée, il réveilla le monde
de sa torpeur. La guerre froide entre l'Est et l'Ouest
venait juste de s'achever avec la chute du Mur de Berlin,
quand le tyran babylonien fit sursauter tout le monde en
engageant sa danse de mort. En réalité, vue de
plus près, cette crise du Golfe n'était qu'une
affaire interne aux Arabes comme il y en eut tant entre
Musulmans.
Le fait que les Américains se
soient mis fraternellement et rapidement du
côté du Koweït, bien que les Etats-Unis
n'importent que 3% de leur pétrole de ce pays,
étonna plus d'un spécialiste du Proche-Orient,
et pas seulement les experts israéliens.
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Nouvelles d'Israël
04
Avril 1991
Texte intégral
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Malgré les missiles, les
nouveaux immigrés continuent à affluer en
Eretz Israël
La guerre dans le Golfe Persique et
les attaques de missiles contre Israël ont
effacé des gros titres des journaux la question de
l'immigration. Toutefois, chaque jour, plusieurs centaines
d'immigrés frappent à la porte d'Israël -
pour la plupart des Juifs soviétiques et
éthiopiens. A l'aéroport, ils sont accueillis
avec des bouquets de fleurs ... et des masques à gaz.
Chacun reçoit des instructions
détaillées sur l'utilisation de leur
équipement de protection. Pour les petits enfants et
les nourrissons il y a respectivement des masques à
gaz spéciaux et des tentes en plastique
étanches. Au cours du mois de janvier, environ 15'000
immigrés sont arrivés en Israël, parmi
eux plusieurs centaines d'Ethiopiens. Initialement, on
attendait environ 40'000 nouveaux arrivants, mais beaucoup
semblent préférer attendre qu'on n'ait plus
besoin de masques à gaz en Israël.
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Nouvelles d'Israël
04
Avril 1991
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Les missiles: Tous parlent d'un
miracle!
Durant le premier mois de la guerre du
Golfe, 33 missiles ont été lancés sur
Israël. Certains sont tombés sur des
régions inhabitées, d'autres ont
été interceptés par des missiles
anti-missiles Patriot. Quelques-uns ont cependant atteint le
centre du pays et frappé des régions à
population dense.
Selon des sources officielles, les
pertes humaines ont été étonnamment
limitées. Seul un citoyen a été
tué directement par un de ces engins, trois autres
ont succombé à des crises cardiaques suite
à une de ces attaques. Plusieurs centaines de
personnes ont été blessées - des
blessures légères dans la plupart des cas. Et
tout cela malgré le fait que, pendant les attaques,
la majorité des citoyens n'étaient pas dans un
bunker en béton conçu pour une attaque avec
des armes conventionnelles, mais dans des pièces
rendues étanches pour parer aux risques d'une attaque
aux armes chimiques.
Personne ne peut expliquer d'une
manière rationnelle pourquoi les pertes en vies
humaines furent relativement limitées; tous parlent
d'un miracle. Par contre, les dégâts
matériels causés par les missiles sont
énormes et dépassent les prévisions des
experts. Voici un état détaillé des
événements qui se sont déroulés
en Israël pendant les quatre premières semaines
de la guerre des missiles:
Première
semaine:
Première attaque: Vendredi 18
janvier, 2.00 heures du matin. Huit missiles ont
été lancés sur Israël. 12
personnes ont été blessées plus ou
moins gravement. Un des missiles est tombé sur un
immeuble à deux étages à la
périphérie de Tel-Aviv, deux autres ont
frappé une usine. Un troisième est
tombé sur un bâtiment à
Haïfa.
Semaines
suivantes...
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