Le combat de l'Eglise pour la Vérité, par la vie, la parole et l'écrit

 

I.- La dette immense de l'Eglise envers la Vérité

Il. - La responsabilité de l'Eglise envers la Vérité attaquée

Ill.- La vocation de l'Eglise envers la vérité révélée

 

«Je t'écris ces choses, avec l'espérance d'aller bientôt vers toi, mais afin que tu saches, si je tarde, comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l'Eglise du Dieu vivant, la colonne et l'appui de la vérité », 1 Ti. 3:14, 15.

Dans le monde profane, et même dans des milieux qui se réclament du christianisme, ceux qui veulent jeter la vérité par terre (cf. Da. 8:12) - les détracteurs de la Vérité Révélée - sont légion.

À la véritable «maison» ou famille née du Père, l'Eglise du Dieu vivant, revient au contraire l'honneur d'être «la colonne et l'appui de la vérité»: une communauté de disciples faisant corps avec elle. Et cela est dans la logique des choses, car l'Eglise est entièrement redevable envers la Vérité: que ce soit «la Vérité incarnée», Jésus-Christ, qui s'est livré lui-même pour elle», Ep. 5:25, ou, la «Vérité écrite», qui nous révèle la personne et l'oeuvre du Fils pour notre salut, oeuvre grandiose accomplie dans l'histoire. Dans nos esprits, ces deux éléments conjoints de la Vérité qui sauve doivent toujours rester étroitement unis. En rédigeant cet article, je ne les sépare jamais, même si je me réfère spécifiquement à la Vérité - ou Parole - écrite.

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I.- La dette immense de l'Eglise envers la Vérité

- Première affirmation:

L'EXISTENCE même de l'Eglise est indissociable de celle de la Vérité révélée, de la proclamation de celle-ci, de l'action journalière de celle-ci sur l'intelligence, la conscience et la volonté des hommes aveuglés par le péché.

- Deuxième affirmation:

LA SANTE SPIRITUELLE de l'Eglise est intimement liée au maintien de la Vérité. L'Eglise reste « intacte » pour autant que la Vérité reçue de Dieu reste « intacte», à l'abri de toute espèce d'altération, conservée dans sa pureté.

C'était le sens du combat de l'apôtre Paul en faveur des églises de Galatie menacées par un enseignement déviant de faux docteurs judaïsants:

«Nous ne leur cédâmes pas un instant et nous résistâmes à leurs exigences, afin que la vérité de l'Evangile fût maintenue parmi vous», Ga. 2:5.

- Troisième affirmation:

L'AVENIR DE L'ÉGLISE est suspendu au maintien de la Vérité, car celle-ci précède l'Eglise, qui est née à la Pentecôte de la prédication apostolique (cf. Ac. 2:14-42), inséparable elle-même de l'ensemble de la Révélation biblique (cf. Il Pi. 3:1-3).

De plus, rien ne se passe de décisif dans le domaine spirituel en dehors de l'action de la Vérité. Elle seule, par l'effet de la lumière divine qu'elle projette sur les choses et qu'elle fait briller dans les coeurs, apporte la délivrance:

«Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira.» Jn. 8:30-33; cf. v. 36.

L'action puissante de la Vérité Révélée est à l'origine de toute vie divine authentique et de toute vraie manifestation spirituelle, car elle brise le carcan de l'erreur et du péché, elle dissipe les ténèbres qui retiennent l'homme dans la mort.

La spiritualité contemporaine parie sur des expériences spéciales pour assurer la croissance et l'épanouissement du chrétien, et elle oublie le rôle-clé de la Vérité Révélée dans tout le processus, depuis l'engendrement de la vie divine jusqu'à la maturité en Christ. On ne peut dissocier l'oeuvre et les opérations du Saint-Esprit de son épée, de son instrument, de son agent, « la Parole de Dieu », cf. Ep. 6:17. Les deux travaillent ensemble, de concert, cf. Es. 59:21 ; (Calvin cite ce texte contre les « illuminés>, de son temps).

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- Exemples du rôle décisif de la Vérité:

LA FOI, indispensable au salut, procède de la connaissance et de l'action de la Vérité, et en est indissociable:

« En lui vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l'Evangile de votre salut, en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis... », Ep. 1 - 13.

«Ainsi la foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole de Christ», Ro. 10:17.

La foi naît d'une information divine infaillible - par l'Ecriture - sur Jésus-Christ, l'objet de la foi.

LA NOUVELLE NAISSANCE, sans laquelle il n'y a pas de « chrétiens» ni d'« églises chrétiennes» au sens biblique, est le fruit de l'action de la Vérité Révélée dans des coeurs préparés par Dieu:

« Il nous a engendrés selon sa volonté, par la parole de vérité, afin que nous soyons en quelque sorte les prémices de ses créatures», Ja. 1 :18. Cf. 1 Pi. 1 :22-25.

LA SANCTIFICATION progressive du chrétien et sa croissance en Christ sont à leur tour dues à l'opération de la Vérité dans le coeur des croyants:

«Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal... Sanctifie-les par ta vérité: ta parole est la vérité», Jn. 17:15 et 17.

Les épîtres de Jean enseignent les chrétiens à «marcher dans la vérité», Il Jn. 4; 111 Jn. 2-4.

Paul, de son côté, en vue de leur croissance en Christ, exhorte les Ephésiens à « professer

la vérité dans l'amour», 4:15, ou plus exactement à «vivre la vérité dans l'amour » (litt. « véritant dans l'amour »... si ce verbe existait dans notre langue!).

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Il. - La responsabilité de l'Eglise envers la Vérité attaquée

Disons-le tout net: une attitude d'indifférence, de passivité, de non-engagement, de lâcheté, devant les assauts répétés contre la Vérité Révélée - assauts du dehors ou du dedans, cf. Ac. 20:29, 30 - est tout à la fois coupable et suicidaire:

- COUPABLE:

L'Eglise n'a pas le droit de rester neutre - et elle pèche si elle le fait - quand la Vérité dont elle dépend à tous égards est sous le feu des attaques de celui qui la hait du tréfonds de son être:

« Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et père du mensonge, » Jn. 8:44.

Que ce soit sur le plan philosophique ou théologique, le glorieux Evangile de notre Seigneur Jésus-Christ et de notre salut éternel a été, dès l'âge apostolique, sous les batteries du plus féroce ennemi de la vérité. Il suffit de mentionner l'hérésie légaliste (Galates), gnostique (Colossiens et épîtres de Jean), la négation de la résurrection corporelle (I Corinthiens), l'exploitation perverse de la doctrine de la grâce (Il Pierre et Jude). Et cet assaut n'a rien perdu de sa vigueur tout au long de l'histoire de l'Eglise, prenant tour à tour comme cible la Trinité, la Personne de Christ (arianisme), le salut par la grâce seule et la foi seule (romanisme), la divine et pleine inspiration de la Bible (rationalisme), l'oeuvre du Saint-Esprit (mysticisme charismatique), la véritable unité de l'Eglise (oecuménisme), l'unité de la foi (pluralisme), le caractère unique et exclusif de la révélation judéo-chrétienne (syncrétisme).

A chaque fois, même si certains ont pactisé avec l'ennemi, il s'est trouvé de fidèles soldats de Jésus-Christ pour repousser ces assauts et maintenir la Vérité dans sa pureté.

Que dirions-nous d'une attitude de passivité de la part d'enfants dont les parents sont attaqués? Nous la jugerions lâche, coupable. Mais n'est-ce pas beaucoup plus grave encore de rester passifs quand la Vérité est attaquée? A nos parents, nous devons la vie. A la Vérité Révélée, la vie éternelle (cf. Jn. 5:24; 1 Jn. 5: 13).

- SUICIDAIRE:

Assister passivement aux entreprises de «démolition» de la Vérité Révélée (vouées d'ailleurs à l'échec final puisque « la parole du Seigneur demeure éternellement », 1 Pi. 1 :24 , 25), c'est se faire les complices des démolisseurs. Mais c'est aussi préparer notre propre ruine et notre enterrement!

J'en veux pour preuve la tolérance vis-à-vis de la critique de la Bible dans le Protestantisme abâtardi. Cette attitude démissionnaire, veule, explique l'état d'anémie, de stérilité, de mort, de ce mouvement autrefois viril, vigoureux et fécond. Le Protestantisme infidèle, par sa lâcheté a creusé sa propre tombe. Quelle affreuse tragédie!

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Ill.- La vocation de l'Eglise envers la vérité révélée

Dans le plan de Dieu, l'Eglise est appelée à être « la colonne » et « l'appui » de la Vérité, son soutien, son rempart. Il s'agit d'un militantisme spirituel, d'un engagement sur la place publique. Comme les arcs-boutants d'une cathédrale, l'Eglise fait corps, cause commune - contre l'adversaire et les adversaires - avec la Vérité unique pour laquelle il n'y a aucun substitut. C'est pourquoi Jude nous presse, au nom de « notre salut commun », de « combattre pour la foi - l'ensemble de la doctrine chrétienne - qui a été transmise aux saints une fois pour toutes », v. 3. C'est en effet une question de vie ou de mort, car si ce dépôt de vérité salvatrice n'est pas préservé à tout prix, c'en est fait de l'Eglise, du Peuple de Dieu. La préservation de l'un assure la préservation de l'autre.

a) PAR LA VIE

Alors que certains professent connaître Dieu et cependant le renient par leurs oeuvres (cf. Tit. 1 :16), l'Eglise a pour vocation, par son témoignage conséquent face au monde, d'attester, de confirmer et de corroborer la Vérité qui l'a engendrée, d'être « le sel de la terre » et « la lumière du monde », Mt. 5:13-16.

La Vérité est «écrite» sur elle (Il Co. 3:1-3), inscrite, incarnée en elle. Traduire visiblement la Vérité dans nos actes quotidiens est un impératif prioritaire qui implique un combat de tous les instants.

b) PAR LA PAROLE -prédication, enseignement, témoignage - ET L'ECRIT

(didactique, apologétique, polémique), l'Eglise cherche à maintenir, face à la pression des fausses doctrines, des déviations, l'intégrité et l'intégralité des doctrines de la foi.

A diverses reprises, les deux épîtres à Timothée nous parlent de combat et de souffrance: 1 Ti. 1 :18; 6:12-14; Il Ti. 1 :8, 9, 12; 2-3, 8-10; 3:10-12; 4:7.

On peut bien sûr se dérober au combat et aux souffrances, mais toujours au prix de l'infidélité envers Celui qui, pour notre salut, « s'est rendu obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix,» Ph. 2:8.

En terminant j'aimerais citer de mémoire une réflexion sévère et incisive d'un illustre Président des Etats-Unis d'Amérique:

« Celui qui n'est pas prêt à souffrir pour la liberté, n'est pas digne de la liberté. »

A combien plus forte raison ces propos s'appliquent-ils à tous ceux qui ne sont pas prêts à souffrir pour la Vérité.

Paul-André Dubois

La Bonne Nouvelle No 2 / 2001

© La Bonne Nouvelle

Ce message a été donné par notre frère P.-A. Dubois lors de la rencontre des collaboratrices et collaborateurs de «Là Bonne Nouvelle», le 21 octobre 2000 à Bienne (Voir la B. N. 1/2001, pp 110 à 112).