Le tribunal de Christ et la grâce

 

QUESTION. J'ai lu dans un article de Norbert Lieth: «Les vrais croyants nés de nouveau peuvent tomber dans le péché, abandonner le premier amour et se mettre à aimer le monde. Tout cela rend nécessaire, après l'enlèvement, la séance du tribunal de Christ ... et il faudra en répondre devant ce tribunal.» D'une certaine manière, je ressens cela comme une menace renouvelée et une obligation de se contrôler d'une façon presque légaliste, car il faudra aussi répondre d'avoir attristé le Saint-Esprit. Je voudrais d'abord demander ce qu'il en est du pardon des péchés. Cela ne signifie naturellement pas que nous pouvons pécher en nous appuyant sur la grâce. Veuve et donc - malheureusement - seule dans une église libre, j'ai dû traverser bien des épreuves. Il se fait aussi que je m'adresse de nombreux reproches, même si mon mari m'a pardonné en effet, je ne me suis pas toujours comportée comme j'aurais dû le faire envers lui. Tout cela m'accable beaucoup dans l'optique du tribunal de Christ. Pour vous, prédicateur de la Parole de Dieu et collaborateur dans une oeuvre missionnaire, entouré de frères et de soeurs vous soutenant et remplis de l'Esprit Saint, comme il sera facile d'être récompensé audit tribunal de Christ; mais quant aux autres qui ont des occupations professionnelles terrestres...

 

Réponse: Commençons par la fin de votre lettre: la plupart des gens de notre oeuvre ont exercé une profession dans le monde avant que Dieu les appelle à Son service. Et dans une oeuvre missionnaire également, les épreuves et les tentations sont là bien présentes, même si elles sont d'un autre ordre que dans le monde. Mais chaque enfant de Dieu a des leçons à apprendre, qu'il travaille dans la société ou dans le royaume de Dieu. Car nous tous avons besoin d'être corrigés et formés pour que nous mûrissions spirituellement et croissions à la mesure du but que le Seigneur a fixé pour notre vie. A mon sens, cette comparaison que vous faites montre quel est votre réel besoin: vous n'avez pas encore très bien compris que le Dieu vivant, devenu votre Père par et en Jésus-Christ, vous aime infiniment et nourrit pour vous des pensées de paix et non de souffrance (Jér. 29, 11). De même, je crois que vous n'avez pas fort bien saisi ce qu'est vraiment la grâce: une faveur imméritée! Elle fait que tous vos péchés, que vous avez confessés dans la repentance, sont effacés par le sang de Jésus. Ils sont si radicalement ôtés que Dieu - contrairement à vous-même et à d'autres personnes - n'y pense plus du tout (Jér. 31, 34)! N'avez-vous jamais laissé opérer en vous cette parole de Michée 7, 19? Il y est écrit: «Il aura encore compassion de nous, il mettra sous ses pieds nos iniquités; tu jetteras au fond de la mer tous leurs péchés.» Ou celle-ci des Lamentations de Jérémie (chap. 3, 22): «Les bontés de l'Eternel ne sont pas épuisées, ses compassions ne sont pas à leur terme.» Tous, nous méritions la mort à cause de nos péchés, mais Dieu a envoyé Son Fils pour notre rédemption. C'est la grâce, la pure grâce! Et c'est encore la même pure grâce qu'Il nous aime toujours, qu'Il use de tant de patience envers nous et qu'Il continue à nous former (et cela parce qu'Il nous aime). S'Il devait tenir compte de toutes nos défaillances dans notre marche avec Jésus, il est évident que c'en serait fini de nous depuis longtemps. Mais Son amour et Sa grâce sont tellement grands qu'Il ne nous abandonne pas. Au contraire, Il veut achever l'oeuvre qu'Il a commencée en nous. Paul a écrit aux Philippiens: «Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne oeuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus Christ» (Phil. 1, 6). Dieu Lui-même est la garantie que nous ne serons point confus au jour de Jésus-Christ: «Il vous affermira aussi jusqu'à la fin, pour que vous soyez irréprochables au jour de notre Seigneur Jésus Christ» (1 Cor. 1. 8). Et Pierre de nous recommander: «C'est pourquoi, ceignez les reins de votre entendement, soyez sobres, et ayez une entière espérance dans la grâce qui vous sera apportée, lorsque Jésus Christ apparaîtra» (1 Pi. 1, 13). Et ailleurs, du même apôtre: «Le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés en Jésus Christ à sa gloire éternelle, après que vous aurez souffert un peu de temps, vous perfectionnera lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables» (1 Pi. 5, 10).

 

Vous l'avez écrit vous-même: Nous ne pouvons pas pécher en nous appuyant sur la grâce. Comment le ferions-nous, alors que nous devons tout à notre Seigneur?! Considérez quelle pauvre petite idée vous avez eue jusqu'à présent de notre grand Dieu! L'amour divin attend de l'amour en retour; il n'impose pas de «contrainte en vue d'un self-contrôle presque légaliste». Celui qui aime donne! C'est ce que Dieu a fait en mesure surabondante; et c'est ce que, librement, nous pouvons faire à Son égard! L'apôtre Jean l'a merveilleusement exprimé: «Et nous, nous avons connu l'amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour - et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. Tel il est, tels nous sommes aussi dans ce monde: c'est en cela que l'amour est parfait en nous, afin que nous ayons de l'assurance au jour du jugement. La crainte n'est pas dans l'amour, mais l'amour parfait bannit la crainte; car la crainte suppose un châtiment, et celui qui craint n'est pas parfait dans l'amour Pour nous, nous l'aimons, parce qu'il nous a aimés le premier» (1 Jean 4, 1619). Oh, puissiez-vous aller votre chemin, joyeuse et vous appuyant sur la grâce de Jésus-Christ!

EX

Appel de Minuit 10 / 1999

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