«Paroles d'Agur, fils de Jaké. Sentences prononcées par cet homme pour Ithiel, pour Ithiel et pour Ucal. Certes, je suis plus stupide que personne, et je n'ai pas l'intelligence d'un homme; je n'ai pas appris la sagesse, et je ne connais pas la science des saints. Qui est monté aux cieux, et qui en est descendu? Qui a recueilli le vent dans ses mains? Qui a serré les eaux dans son vêtement? Qui a fait paraître les extrémités de la terre? Quel est son nom, et quel est le nom de son fils? Le sais-tu?» (Prov. 30, 1-4; version Segond).
Dans la version de Maredsous, nous lisons:
«Paroles d'Agur, fils de Jaké, de Massa. Paroles de cet homme: Je me suis fatigué pour Dieu, je me suis épuisé pour Dieu, me voilà rendu. Car je suis le plus stupide des hommes, je n'ai pas l'intelligence d'un humain. Je n'ai point appris la sagesse, et ne connais point la science du Saint. Qui est monté aux cieux et en est revenu? Qui a rassemblé le vent dans ses mains? Qui a serré les eaux dans son vêtement? Qui a fixé les extrémités de la terre? Quel est son nom, quel est le nom de son fils, si tu le sais?»
En posant cette question, nous faisons tourner ce problème autour de l'identification du Messie dans l'Ancien Testament. Nous voulons tout d'abord considérer pourquoi cette identification est si importante.
Premièrement, et c'est là un point de vue négatif, parce que l'image du Messie est obscurcie, et dès lors bien triste, par de nombreux chrétiens néo-testamentaires. Paul avait ce saint désir: que les enfants qu'il avait engendrés en Christ soient des lettres qui puissent être lues et connues de tous les hommes. En d'autres termes: que l'on puisse voir immédiatement que cet homme ou cette femme a Jésus dans sa vie. Et il utilise de très fortes expressions pour exprimer cette pensée; par exemple: «Mes enfants, pour qui j'éprouve de nouveau les douleurs de l'enfantement, jusqu'à ce que Christ soit formé en vous» (Gal. 4, 19). «Nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l'Esprit» (2 Cor. 3, 18b). «... prédestinés à être semblables à l'image de son Fils» (Rom. 8, 29). Le grand manquement de l'Assemblée néo-testamentaire consiste en ce qu'elle possède de plus en plus de versions bibliques, mais que dans la vie quotidienne, elle n'est pas elle-même une version du Saint Livre. Quelle profonde détresse! En outre, il se manifeste aujourd'hui une dévaluation dans ces versions et dans les transcriptions de la Bible: la chose essentielle, le précieux sang de Jésus, en est éliminée.
Mais où sont ces hommes et ces femmes, qui doivent être des preuves vivantes de Christ, des lettres de Christ qui peuvent être lues de tous? Je pense que l'Esprit de Dieu nous ramène à la source: l'Ancien Testament, afin que le vrai Messie puisse être identifié.
La seconde raison- je n'ai pas l'intention de consacrer à ce point énormément de temps - je la situe dans le fait que l'image du Seigneur, celle du vrai Messie, a été gravement déformée par notre théologie. Qui peut m'expliquer le sens de cette théologie moderne? Les gens sont de plus en plus éloignés de Jésus, le Fils de Dieu, engendré du Saint-Esprit.
La troisième raison, la plus contraignante, pour identifier le Messie sur base de l'Ancien Testament est Israël lui-même. Le caractère unique de ce peuple s'impose au monde entier. C'est une nation mise à part, et cela dans beaucoup de domaines.
Notre mission vis-à-vis d'Israël est essentiellement celle-ci: le rendre jaloux. Comment? En montrant en nous Jésus comme une réalité. Alors que je m'exprimais en ce sens lors d'un voyage en Israël, un frère vint vers moi et me dit: «Quand je vois comment les Israéliens sont heureux et que je les compare à nous, chrétiens, les Juifs font nettement meilleure figure.» Je dus lui donner raison. Oh, si nous pouvions être des «versions» vivantes du Seigneur Jésus-Christ et que l'on ne puisse voir en nous que Lui! Israël est dévoué comme aucun autre peuple; il apporte son aide au développement de beaucoup de pays, souvent à des musulmans. Pourquoi en est-il ainsi? Parce qu'il a bien des traits de caractère de son grand Frère! Comment se fait-il dès lors qu'il n'ait pas encore, jusqu'à ce jour, pu identifier le Messie dans sa propre Bible, l'Ancien Testament? Il existe en Israël bon nombre d'écoles où les jeunes gens lisent toute la journée le Tanakh, l'Ancien Testament.
Il faut se tenir près du mur des Lamentations pour voir avec quel zèle ils lisent leur Bible, et en chantent des paroles. Et pourtant, ils n'identifient pas le Fils de Dieu. Nombreuses sont les raisons, en partie bien connues, que le Nouveau Testament mentionne. Par exemple: «Une partie d'Israël est tombée dans l'endurcissement, jusqu'à ce que la totalité des païens soit entrée.» (Rom. 11, 25b). Israël est donc encore aveugle, parce que nous, chrétiens des nations, nous engageons trop peu dans notre mission. Si nous sommes trop lents à apporter la Parole de Dieu en Amérique du Sud, en Afrique et dans les coins les plus éloignés de la terre, Israël ne peut pas être sauvé. Plus un homme est rempli de l'Esprit Saint, plus il sera un missionnaire qui mettra tout en oeuvre pour qu'il ne reste pas un seul endroit ici-bas qui n'ait entendu le message de Jésus. La plénitude des païens serait alors plus vite atteinte et tout Israël serait sauvé. C'est pourquoi c'est commettre une erreur que de faire du travail missionnaire parmi les Juifs; c'est mettre la charrue avant les boeufs. C'est avec raison qu'un Israélien a dit à un de ces missionnaires «juifs»: «Que faites-vous ici en Israël? Veillez à ce que le monde entier entende l'Evangile; Israël sera alors sauvé.»
Le très important événement, dans l'histoire du salut, la première et la seconde venue de Jésus, est non seulement annoncé dans le Nouveau Testament, il l'est également déjà dans l'Ancien, et cela par un prophète païen, un sacrificateur du nom de Balaam. «Je le vois, mais non maintenant, je le contemple, mais non de près. Un astre sort de Jacob, un sceptre s'élève d'Israël. Il perce les flancs de Moab, et il abat tous les enfants de Seth. Il se rend maître d'Edom, il se rend maître de Séir, ses ennemis. Israël manifeste sa force» (Nombres 24, 17-18). Deux signes marquent la venue du Messie:
1. Un astre sort de Jacob. Nous le connaissons par le témoignage des rois mages venus de l'orient: «Nous avons vu son étoile en Orient» (Matth. 2, 2).
2. Un sceptre. Balaam a vu la lumière et la dignité royale, la première et la seconde venue de Jésus; sinon, il n'aurait pas dit au début du verset 17: «Je le vois, mais non maintenant.» Je le vois comme homme humilié, non pas maintenant, mais des siècles plus tard. Et alors: «Je le contemple, mais non de près.» On ne voit pas la gloire, on la contemple. C'est la deuxième venue de Jésus. Il est significatif que le passage biblique affirme non pas: «Un astre sort d'Israël», mais bien: «de Jacob». Jacob signifie: «rusé». L'astre sort donc de Jacob inconverti. Mais quand il parle du sceptre de la gloire royale, il ne dit plus Jacob, mais Israël! C'est le nouveau nom de Jacob. Si ce pays s'appelle Israël depuis 1948, nous savons que le moment n'est plus éloigné où Jésus-Christ reviendra en puissance et en gloire.
Chose remarquable: la double venue du Messie est exprimée dans le discours de cet autre homme de Dieu qui, à cause de l'Evangile, a été placé directement devant une mort violente: Etienne! Alors qu'il se trouvait devant le sanhédrin, il se mit à parler de Joseph, lequel est un type prophétique du Seigneur Jésus-Christ. Il visita Ses frères pour leur apporter du pain de la maison paternelle. Comment réagirent-ils? Sur le conseil de Juda, ils le vendirent pour vingt pièces d'argent. Le Judas néo-testamentaire a agi la même manière - il vendit Jésus pour trente pièces d'argent! Le monde de jadis aurait péri de faim, s'il n'y avait pas eu un Joseph. Son rejet par ses frères a signifié le salut pour le monde; et quand cette oeuvre du salut fut terminée, Dieu conduisit les frères de nouveau à Joseph. Joseph - Jésus! Etienne dit à ce sujet: «Jacob apprit qu'il y avait du blé en Egypte, et il y envoya nos pères une première fois» (Actes 7, 12). Chose étrange: c'est vingt ans plus tard, alors qu'ils pensaient que Joseph était mort depuis longtemps, que les patriarches se rendirent de Canaan en Egypte. Comme dirigés par un radar, ils arrivèrent, dans ce grand pays de Pharaon, à l'instant même où leur frère se trouvait au palais, dans la salle d'audience! Ils ne le reconnurent même pas quand il se tint devant eux et leur donna du pain. Ils l'auraient reconnu immédiatement si, jadis, ils ne l'avaient pas jalousé et rejeté. Et Etienne de dire dans son discours cette chose si touchante: «Et la seconde fois, Joseph fut reconnu par ses frères» (Actes 7, 13). La chose se produisit au moment même où Juda se trouvait devant lui. Joseph, ayant exigé que Benjamin ne reparte pas avec ses frères, Juda se manifesta. Lorsqu'il proposa de rester à la place de Benjamin, Joseph ne put plus se contenir, et il se fit connaître à ses frères. Jadis, ils l'avaient jalousé et rejeté mais maintenant, vingt années plus tard, ils le reconnaissent, cette fois sans haine, mais avec étonnement, avec des larmes, des supplications et dans la repentance.
Jusqu'à ce jour, le tragique d'Israël est qu'il se situe entre l'astre et le sceptre, c'est-à-dire entre la lumière d'en haut (car il y a sur ce peuple une lumière mystérieuse) et la puissance royale, son invincibilité. Mais la détresse d'Israël est typifiée par le voyage des fils de Jacob pour se rendre vers leur frère. Qu'est-ce qui les a poussés à aller en Egypte? Etait-ce le désir de retrouver Joseph? Non, mais c'était une terrible famine. Ils étaient désespérés. Il ne se rendit auprès d'eux aucun missionnaire chargé de les conduire à Joseph. C'est l'Eternel qui y veilla. Poussés par la faim, ils arrivèrent au bon endroit, avec pour conséquence: «Et la seconde fois, Joseph fut reconnu par ses frères». «Se faire connaître la seconde fois» pour Jésus vis-à-vis d'Israël est tout proche. Qu'est-ce qui incite les Juifs du monde entier à regagner la Palestine? Désirent-ils rencontrer leur «frère», le Seigneur Jésus? Certainement pas! Ils n'ont qu'un désir: apaiser leur faim, leur sentiment de nostalgie, posséder le pays où ils se sentiront en sécurité!
Qui est-Il et quel est Son Fils?
La recherche d'Israël pour trouver son Frère, à la fois Messie et Fils de Dieu, se manifeste déjà puissamment dans l'Ancien Testament. Nous le constatons notamment en Proverbes 30, qui débute par ces mots: «Paroles d'Agur». Agur signifie «le sage». « ... fils de Jaké». Jaké signifie «obéissant». Que dit cet Agur? Il commence par faire une confession bouleversante, à savoir que lui, le sage et l'obéissant, a échoué: «Je me suis fatigué pour Dieu, je me suis épuisé pour Dieu, me voilà rendu. Car je suis le plus stupide des hommes, je n'ai pas l'intelligence d'un humain» (Prov. 30, 1-2). Pourquoi cette profonde humiliation? Quand on en découvre la raison, on ne peut qu'éprouver de la honte si l'on considère en comparaison la grande superficialité des chrétiens d'aujourd'hui! Ecoutons-le encore: «Je n'ai point appris la sagesse, et ne connais point la science du Saint» (v. 3). Autrement dit: Je n'ai aucune connaissance de Dieu et, dès lors, aucune du Messie. C'est la confession qui vient en aide au manque de connaissances personnelles!
Quiconque renonce à laisser travailler sa propre imagination stupide, se trouve au début de la sagesse, qui est la connaissance du Seigneur. Je réalise bien que l'on peut étudier des années durant pour obtenir le titre de docteur ou de professeur sans parvenir au seuil même de la sagesse. La meilleure preuve: il arrive que dans nos universités, les professeurs de théologie enseignent les pires âneries. Pourquoi? Parce qu'ils n'ont aucune connaissance! Leur niveau intellectuel est très haut; par contre, au plan spirituel, ils n'ont jamais connu le Seigneur.
Par sa confession, Agur est très proche de Jésus: «Qui est monté aux cieux et en est revenu?» (v. 4a). Et de qui s'agit-il? Le Seigneur Jésus dit en Jean 3, 13: «Personne n'est monté au ciel, si ce n'est celui qui est descendu du ciel, ,le Fils de l'homme qui est dans le ciel.» On remarque qu'Agur, l'obéissant et le sage, s'approche du moment où il pourra identifier le Messie. «Qui a rassemblé le vent dans ses mains?» (v. 4a.) Mais Jésus a dit à Nicodème: «Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit» (Jean 3, 8a). C'est l'action de l'Esprit de Dieu. «Qui a serré les eaux dans son vêtement?» (V. 4b). Là où l'eau manque, il y a sécheresse. Mais là où l'Esprit Saint peut agir et où la Parole perce, il y a vie! «Qui a fixé les extrémités de la terre?» Autrement dit: Qui englobe le monde entier de son amour? Comment s'appelle-t-Il? Et Agur de pénétrer alors presque jusqu'au coeur même de la question: «... quel est le nom de son fils?» Mais voici qu'à cet instant tombe le rideau; et il ne peut que demander, perplexe: «Le sais-tu?» Ne remarquez-vous pas dans l'Ancien Testament cette recherche ardente du Fils, du Messie?
Ne sentez-vous pas comment ces hommes ont regardé désespérément vers Celui qui devait venir, et L'ont attendu? Mais Agur, n'entendant pas ce nom par ce que le temps pour cela n'était pas encore arrivé, retourne au point de départ, à la Parole de Dieu, et dit «Toute parole de Dieu est éprouvée; il est un bouclier pour qui se fie à lui» (v. 5). Les difficultés sont ainsi aplanies; plus tard, nous lisons dans le Nouveau Testament: «Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous,» (Jean 1, 14). Comme il est touchant de constater comme les recherches d'Agur l'ont amené tout près de l'identification du Messie!
Le dépouillement du Messie
Les tensions dans lesquelles Israël se trouve ne sont pas premièrement militaires, politiques ou économiques; non, elles sont en relation avec l'identification du Messie.
Pourquoi donc, contrairement au païen, le Juif éprouve-t-il tant de difficultés à identifier le Messie? Parce que quelque chose se trouve entre l'astre et le sceptre. Qu'est-ce? En Matthieu 2, l'astre et le sceptre étaient proches l'un de l'autre. Les scribes et les pharisiens étaient la lumière du peuple, car ils avaient la Parole, et la connaissaient pratiquement par coeur. Le roi Hérode avait le sceptre. Mais voici soudain venir des étrangers qui, peut-être, possédaient à peine la langue; mais ils témoignèrent avoir vu l'astre. Ils demandèrent: «Où est le roi qui vient de naître?» La réponse aurait dû être simple: «Bethléhem» (Michée 5, 1). Le point sensible se situait là: Bethléhem, cette petite ville misérable?! Est-ce là que devait naître le Seigneur, là plutôt qu'à Jérusalem, la ville royale? «Bethléhem», il ne fallait quand même pas prendre cette petite bourgade au sérieux?! Le roi Hérode ordonna à tous les responsables religieux de se rendre auprès de lui, afin d'obtenir des informations théologiques; et il les reçut: «A Bethléhem en Judée; car voici ce qui a été écrit par le prophète (Michée 5, 1): Et toi, Bethléhem, terre de Juda, tu n'es certes pas la moindre entre les principales villes de Juda, car de toi sortira un chef qui paîtra Israël, mon peuple. Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s'enquit soigneusement auprès d'eux depuis combien de temps l'étoile brillait. » (Matth. 2, 4-7).
Chose renversante: ils savaient exactement où le Roi des rois devait naître! Ils étaient au courant de l'apparition d'une étoile, mais ils refusaient d'accepter le point de départ. Bethléhem? Non! Les connaissances bibliques théologiques ne sauvent pas si l'on refuse de suivre le chemin indiqué par l'Ecriture. Cette seule voie qui mène à la gloire passe par Bethléhem, par le dépouillement. Est-ce clair? A Jérusalem, hélas, l'astre et le sceptre, la religion et le pouvoir politique étaient déjà fortement entremêlés, comme les églises de notre temps. L'astre et le sceptre étaient là, mais la pièce intermédiaire - le dépouillement des responsables et du monde religieux - faisait défaut. Transposé dans notre temps: c'est exactement ce qui se constate aujourd'hui dans la chrétienté. Certes, on veut bien de l'astre et du sceptre, le Messie, mais la plupart refusent de suivre le chemin du dépouillement, d'être crucifiés avec Christ. Cette parole s'appliquerait-elle à vous?
Jusqu'à ce jour, Israël accepte l'étoile de David et le sceptre royal. Mais qu'est-ce qu'un Messie sans royaume? En fait, la vision de Balaam de l'étoile et du sceptre est incomplète, parce qu'il y manque Golgotha. Là où Golgotha fait défaut, où le dépouillement manque, le péché apparaît; et ce fut en effet Balaam qui induisit Israël au péché. Il fut celui qui amena l'oecuménisme entre Israël et les païens. Il a bien sûr parlé de l'étoile et du sceptre, mais il a tu l'essentiel. Il était prophète, et en même temps, prêtre en offrant des sacrifices. Il est troublant que la ligne sacerdotale soit toujours quelque part souillée à travers toute l'ancienne Alliance. Ce fut déjà le cas chez le premier souverain sacrificateur, car ce fut lui, Aaron, qui fit le veau d'or. Pensons aussi à cet autre grand sacrificateur Eli, qui, par le mauvais exemple qu'il donna avec ses fils, porta tout le peuple à pécher.
Quelle en fut la conséquence? L'arche de l'Alliance, cet objet le plus sacré, fut ôté d'Israël. En lisant les prophètes, on obtient une claire vision des choses. Car il n'est pas seulement question de l'astre et du sceptre, mais aussi de l'élément intermédiaire: le dépouillement! je pense là à un des plus grands prophètes de l'Ancien Testament, qui identifia le mieux le Messie pour nous, à savoir Esaïe: «Le peuple qui marchait dans les ténèbres voit une grande lumière ... » (Esaïe 9, 1). Mais au milieu de son livre il parle du Serviteur souffrant, du Messie mourant. Ainsi est présenté le principe de la substitution.
Le Messie en tant que substitut
«Cependant, ce sont nos souffrances qu'il a portées, c'est de nos douleurs qu'il s'est chargé et nous l'avons considéré comme puni, frappé de Dieu, et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris» (Esaïe 53, 4-5). Ici parait clairement, dans ces paroles du prophète, l'élément sacerdotal; le Messie est identifié avec une netteté sans pareille. Quelle est donc la différence entre le prêtre et le prophète? Le prêtre était le représentant du peuple devant Dieu, le prophète celui de Dieu devant le peuple. Là se situait le noeud du problème de la détresse. Les prêtres, c'est-à-dire les sacrificateurs de l'Ancien Testament, ainsi que le souverain sacrificateur, étaient des hommes comme nous. «Sacrificateur» signifie «celui qui rapproche». Ils avaient la mission de ramener à Dieu le peuple qui s'était éloigné de Lui par le péché, et de rendre Dieu propice par le sang de l'expiation (Lév. 16, 9). Les sacrificateurs apportaient des sacrifices, mais il s'agissait toujours de sang étranger; eux-mêmes restaient des pécheurs. Mais notre Grand Souverain Sacrificateur s'est alors présenté pour remédier à cette profonde détresse; il est en effet écrit de Lui: «Il (Christ) est entré une fois pour toutes dans le lieu très saint, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang, ayant obtenu une rédemption éternelle» (Hébr. 9, 12). En d'autres termes: le vrai Souverain Sacrificateur pour vous et pour moi est à la fois prêtre et agneau du sacrifice. Parce que représentants de Dieu, les prophètes étaient en relation étroite avec le Dieu vivant. Ils disaient «Ainsi parle l'Eternel», et ils rapportaient Ses pensées profondes. Et pourtant, malgré les écrits du Tanakh «Ancien Testament), Israël ne peut toujours pas, jusqu'à ce jour, identifier le Messie. Quelle en est la raison?
Parce que le voile de Moïse est encore sur leurs yeux. Ils veulent être justifiés par les oeuvres de la loi. Il existe même une explication judaïque d'Esaïe 53: le «serviteur» est tout le peuple d'Israël. Cela est partiellement valable, puisque Jésus se laisse plusieurs fois identifier à Israël; ainsi, par exemple, en Esaïe 41, 9, Il est appelé le «serviteur de l'Eternel»: «Toi, que j'ai pris aux extrémités de la terre, et que j'ai appelé d'une contrée lointaine, à qui j'ai dit: Tu es mon serviteur, je te choisis, et ne te rejette point!» Et nous lisons en Esaïe 53, 3: «Méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance, semblable à celui dont on détourne le visage, nous l'avons dédaigné, nous n'avons fait de lui aucun cas». Et les Juifs de dire: «Il s'agit de nous.» Pas tout à fait sans raison, car le peuple messianique a été tellement méprisé qu'ainsi, par exemple, durant la période nazie on craignait de recevoir un Juif à la maison, et qu'on pouvait lire sur la façade de certains restaurants: «Ouvert aux seuls Aryens! Interdit aux Juifs! » Ce dont les Juifs ne tiennent pas compte, c'est de la formidable oeuvre de substitution accomplie par Jésus-Christ: «Cependant, ce sont nos souffrances qu'il a portées, c'est de nos douleurs qu'il s'est chargé et nous l'avons considéré comme puni, ,frappé de Dieu, et humilié» (Esaïe 53,4). Qu'ils négligent ce point essentiel jusqu'à ce jour, nous en sommes en partie responsables. Un Juif m'a dit un jour: «Monsieur Malgo, entre Christ et le peuple juif, il y a l'Eglise chrétienne.» Comme il avait raison: en effet, que d'atrocités commises à l'égard d'Israël au nom du christianisme!
Outre le sacrificateur et le prophète, il s'est trouvé dans l'Ancien Testament un roi qui, à plusieurs reprises et de merveilleuse façon, a identifié comme seul vrai Roi le Messie. Il s'agissait du roi David. Quelle formidable plénitude dans ses Psaumes! Il parle du sceptre royal: «... le sceptre de ton règne est un sceptre d'équité» (Psaume 45, 7); et également de l'étoile: «... par ta lumière nous voyons la lumière» (Psaume 36, 10). Moïse, le prophète, le serviteur de l'Eternel, a aussi écrit un psaume où il voit la dernière conséquence de la lumière: «Tu mets devant toi nos iniquités, et à la lumière de ta face nos fautes cachées» (Psaume 90, 8). Nous retrouvons là ce point: le dépouillement. Ce voile est sur les yeux d'Israël, mais aussi sur ceux de bien des chrétiens, car la lumière doit avoir pour effet que le péché non reconnu, la nature mauvaise, doit être amené à la lumière, jugé, ôté, crucifié. Je suis persuadé que tout Israël est d'accord avec la prophétie de Balaam: «Un astre sort de Jacob, un sceptre s'élève d'Israël», mais son coeur est resté dur, car il n'est pas né de nouveau. Pourquoi? Parce qu'il n'a pas tiré la dernière conséquence de la lumière et qu'il ne le veut pas jusqu'à ce jour!
Et quelle est la cause d'une telle attitude?
Parce qu'il n'y a pas encore eu de réveil parmi nous, parce que nous, chrétiens, nous nous mouvons entre la lumière et le sceptre. Qu'est Jésus pour vous effectivement? S'Il était une réalité dans votre vie, vous pourriez rendre ce témoignage: «Je suis de la même disposition intérieure que Jésus» (Cf Phil. 2, 5). Mais au lieu de cela, vous entrez régulièrement en conflit avec vos collègues, vos voisins, vos supérieurs. Tous vous ont fait du tort; vous êtes le seul à avoir raison. Chacun pense à soi! Mais entre la lumière et le sceptre, nous voyons le Roi, le Messie, non seulement souffrant, mais comme au Psaume 22, mourant aussi. Quelle peinture saisissante jusque dans ses moindres détails: «Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné, et t'éloignes-tu sans me secourir, sans écouter mes plaintes? » (Psaume 22, 2). Et quelle terrible solitude que celle du Messie sur la croix de Golgotha! Les versets 7 à 9 expriment comment Il a été abandonné des hommes, mais aussi de Ses disciples: «Et moi, je suis un ver et non un homme, l'opprobre des hommes et le méprisé du peuple. Tous ceux qui me voient se moquent de moi, ils ouvrent la bouche, secouent la tête: Recommande-toi à l'Eternel! l'Eternel le sauvera, il le délivrera, puisqu'il l'aime!» Les versets 12-14 nous parlent du terrible combat que le Messie a dû livrer aux puissances des ténèbres et à Satan:: «Ne t'éloigne pas de moi quand la détresse est proche, quand personne ne vient à mon secours! De nombreux taureaux sont autour de moi, des taureaux de Basan m'environnent. Ils ouvrent contre moi leur gueule, semblables au lion qui déchire et rugit.»
Ce combat fut livré pour produire en public les puissances des ténèbres et les vaincre, ainsi que Paul l'écrit dans son Epître aux Colossiens. Mais le psalmiste va plus loin: «Je suis comme de l'eau qui s'écoule, et tous mes os se séparent; mon coeur est comme de la cire, il se fond dans mes entrailles» (v. 15). Autrement dit: Je suis encerclé par la puissance de l'enfer. Le verset 17 précise que le combat contre cette puissance s'est livré durant les heures où Jésus était cloué sur la croix, et non pas auparavant. «Car des chiens m'environnent, une bande de scélérats rôdent autour de moi, ils ont percé mes mains et mes pieds.» Il dépeint là toute la puissance des ténèbres représentée par des chiens et des scélérats, la puissance de la rébellion qui l'a entouré tandis qu'il avait les pieds et les mains cloués sur le bois du Calvaire.
Alors que les chrétiens d'aujourd'hui ne prennent plus la Bible au sérieux et méprisent la révélation directe du Seigneur Jésus, Paul dit en Philippiens 3, 18: «Car il en est plusieurs qui marchent en ennemis de la croix de Christ, je vous en ai souvent parlé, et j'en parle maintenant encore en pleurant.» Parce que les païens, par tout leur comportement, leur vie quotidienne, leur rejet du Seigneur, sont devenus des ennemis de la croix de Christ, le Seigneur se tourne de nouveau vers Son peuple de l'ancienne Alliance.
Le triomphe du Messie
Il est merveilleux que l'Ancien Testament ne parle pas seulement de la conception du Messie, de Sa naissance, de Ses souffrances et de Sa mort, mais il nous dit aussi ce qui s'est passé après Sa mort et comment Il est ressuscité: «Je me suis toujours proposé l'Eternel devant moi; parce qu'il est à ma droite je ne serai pas ébranlé. C'est pourquoi mon coeur se réjouit, et mon âme s'égaie; même ma chair reposera en assurance. Car tu n'abandonneras pas mon âme au shéol, tu ne permettras pas que ton saint voit la corruption. Tu me feras connaître le chemin de la vie; ta face est un rassasiement de joie, et il y a des plaisirs à ta droite pour toujours» (Psaume 16, 8-11; version Darby). Jésus est donc entré dans le royaume des morts, mais Il se réjouissait et s'attachait à l'Eternel, car Il savait que Son corps ne verrait pas la corruption. Il est ressuscité en puissance et en gloire! Il vit! Croyez-vous cela? Et ensuite, le triomphe final: le Seigneur Jésus, le Messie, est assis à la droite de la Majesté dans les hauts cieux! Nous lisons, par exemple, en Ephésiens 120: «... Christ, en le ressuscitant des morts, et en le faisant asseoir à sa droite dans les lieux célestes.» Il est écrit à quatre reprises dans l'Epître aux Hébreux qu'Il est assis à la droite de Dieu.
Pour combien de temps?
L'Ancien Testament répond aussi à cette question: «Parole de l'Eternel à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied. L'Eternel étendra de Sion le sceptre de ta puissance: Domine au milieu de tes ennemis» (Psaume 110, 1-2). Ces mots «jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied» ne signifient rien d'autre que ceci: jusqu'à ce que le dernier des païens, qui est encore tenu injustement par la puissance de l'Ennemi, devienne Ta propriété, comme salaire de Tes souffrances. Alors l'Eternel étendra de Sion le sceptre de Son royaume; et la prophétie du Psaume 110, 3, relative à Israël, s'accomplira: «Ton peuple est plein d'ardeur, quand tu rassembles ton armée; avec des ornements sacrés, du sein de l'aurore ta jeunesse vient à toi comme une rosée. » En d'autres termes: Quand la victoire de Jésus, remportée à Golgotha, aura saisi tous les païens qui doivent l'être, le peuple d'Israël sacrifiera volontairement à son Messie avec des ornements sacrés. Une chose merveilleuse se produira alors: tout Israël identifiera en même temps Jésus comme le Messie, ainsi qu'il est écrit en Zacharie 12, 10: «... et ils tourneront les regards vers moi, celui qu'ils ont percé. » Quel en est le sens pour nous? Que jusqu'à ce jour, Israël reste aveugle et incapable d'identifier le Messie; et nous en sommes responsables. Car jusqu'à maintenant, notre ancienne nature à dominé, cette nature impure et orgueilleuse dirigée par le désir maladif de se faire valoir. Ne devez-vous pas reconnaître avec Agur: « ... je suis le plus stupide des hommes, je n'ai pas l'intelligence d'un humain ... je ne connais point la science du Saint ... quel est son nom, quel est le nom de son fils, si tu le sais?» Mais si vous vous êtes mis sous la puissance purificatrice et rédemptrice de Jésus, vous pouvez rendre ce témoignage: «Oui, je sais quel est Son nom: Jésus-Christ, le Messie d'Israël et le Sauveur du monde. Il est mon Libérateur et mon Rédempteur!» Si vous marchez effectivement dans la lumière, on pourra, à travers vous, identifier Jésus.
Wim Malgo
Nouvelles d'Israël 12 / 1993