C'est ce que déclare André Gounelle, professeur de théologie à l'Institut Protestant de Théologie de Montpellier1. Il dit, entre autres:
«Bien sûr, Dieu espérait que Jésus serait écouté et suivi, qu'à sa voix les humains se convertiraient, changeraient de vie, et qu'avec lui le Royaume ferait son entrée et s'installerait dans notre monde. Cette attente a été déçue... » A. Gounelle voit dans le supplice d'un innocent à la place d'un coupable (expiation substitutive) une énorme et scandaleuse injustice. Il dit encore: « Dieu n'a pas voulu, ni même prévu la Croix. Le soir du Vendredi saint, Dieu est un vaincu... La croix contredit la thèse (non biblique) de la toute-puissance de Dieu. Elle montre que les événements arrivent contre sa volonté et qu'il lui arrive d'être mis en échec par ses créatures... »
Il n'exige rien, ni rançon, ni réparation, ni sacrifices expiatoires, ni offrande propitiatoire, ni punition substitutive». Le Nouveau Testament dit-il encore, parle le langage de ceux à qui il s'adressait à l'époque. Il s'agirait donc plutôt d'un langage métaphorique ou symbolique à ne pas prendre à la lettre. Il faudrait par conséquent utiliser un langage correspondant à la manière de penser, de s'exprimer et de vivre aujourd'hui. Les termes dans lesquels l'Evangile a été annoncé dès le début et pendant près de 20 siècles ne seraient-ils plus aptes à transmettre la Bonne Nouvelle à nos contemporains? L'apôtre Paul taisant mention de l'Évangile qu'il avait annoncé aux Corinthiens et par lequel ils étaient sauvés ajoute : «... si vous le retenez dans les termes où je vous l'ai annoncé, autrement vous auriez cru en vain » (1 Cor-15 : 2). Il est vrai que la prédication de la Croix n'est plus au goût du jour, mais le fut-elle jamais? Elle est une «folie pour ceux qui périssent, mais pour ceux qui sont sauvés, elle est une puissance de Dieu » (1 Cor. 1 : 18), et l'apôtre dit par ailleurs : « Nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens. » (l Cor. 1 : 23)
Que dit l'Écriture?
Comment un théologien ose-t-il affirmer que Dieu pardonne sans poser de condition, sans rien exiger, ni rançon, ni sacrifice expiatoire, ni punition substitutive... quand la Bible dit exactement le contraire ? Il est en effet écrit : « Sans effusion de sang il n'y a pas de pardon » (Héb. 9 :22), « Si vous ne vous repentez, vous périrez tous également » (Luc 13 : 3), « Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés » (Actes 1 0 : 43), malheureusement « tous n'ont pas la foi » (2 Thess. 3 : 2). C'est donc tromper les âmes que de prétendre que Dieu pardonne sans poser de condition. Déjà sous l'Ancienne Alliance la mort expiatoire du Christ était annoncée. Le prophète Esaïe, par exemple, l'a tait en des termes non équivoques en parlant de celui qui a été blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités, mené comme un agneau à la boucherie, livrant sa vie en sacrifice pour le péché:
« Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. » (Esaïe 53 : 5-10) Jésus lui-même a tait savoir à ses disciples qu'il fallait qu'il soit mis à mort (Mat. 16 : 21), que c'était pour cela qu'il était venu jusqu'à cette heure (Jean 12 : 23-27), afin de donner sa vie comme la rançon pour beaucoup (Mat. 20 : 28). L'apôtre Pierre confirme publiquement que Jésus a été livré selon le «dessein arrêté et la prescience de Dieu », (Actes 2 : 23) et que nous avons été rachetés par le sang précieux de Christ, prédestinés avant la fondation du monde (1 Pierre 1: 19). L'apôtre Paul déclare que Dieu a destiné son Fils à être, par son sang, victime propitiatoire pour ceux qui croiraient (Rom. 3:25). C'est en Christ que nous avons la rédemption (Eph. 1: 7) et la paix par son sang (Col 1 : 20). L'apôtre Jean écrit aussi :
« Le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jean 1: 7), parce que Dieu l'a envoyé comme victime expiatoire pour nos péchés (1 Jean 4 : 10). Dans l'Apocalypse Christ apparaît comme l'Agneau immolé qui a racheté par son sang des hommes de toute tribu, de toute langue, etc. (Apoc. 5 : 9), dont les robes ont été lavées et blanchies dans ce sang (Apoc. 7 : 14), par lequel ils ont aussi vaincu Satan (Apoc. 12 : 1 1). Mais selon le système théologique aberrant du Process toutes ces déclarations seraient donc à considérer comme des images ayant correspondu aux coutumes, aux manières de vivre et de penser des gens de l'époque, mais n'étant plus comprises de nos jours.
Conclusion
La théologie du Process, à laquelle semble souscrire le théologien André Gounelle, est une véritable apostasie, c'est-à-dire un abandon, ou un reniement de la foi fondée sur la Parole de Dieu. Lorsque la Toute-Puissance, la souveraineté de Dieu et la valeur expiatoire du sang de Christ sont rejetées on se trouve face à un autre évangile. L'apôtre disait : « Non pas qu'il y ait un autre évangile, mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent altérer l'évangile de Christ» et il ajoute: «Si nous-mêmes, ou un ange du ciel, annonçait un évangile s'écartant de celui que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème ! (Cal. 1 : 7-8) Non, la mort de Jésus ne fut pas un échec pour Dieu, mais l'accomplissement de ce qu'il avait annoncé d'avance par la bouche de ses prophètes, à savoir que son Christ souffrirait beaucoup, qu'il serait mis à mort, mais qu'il ressusciterait le troisième jour (Actes 3 : 18 ; Mat. 16 : 21), et tout cela pour que « quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle » (Jean 3 : 16). C'est cela la Bonne Nouvelle.
Jean Hoffmann
1 Dans « Le Ralliement Protestant » de septembre 1997. Mensuel du Consistoire Réformé de Mulhouse.
2 Mouvement théologique américain contemporain.
La Bonne Nouvelle 4/98
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