... Jésus n'a jamais passé la nuit à Jérusalem ?

 

Selon ce qui nous est rapporté dans les Evangiles, Jésus n'a effectivement jamais passé la nuit à Jérusalem, mais bien en dehors de la ville, soit sur le mont des Oliviers soit à Béthanie. Sur le mont des Oliviers,Il préférait le jardin de Gethsémané (Jean 18, 2), et à Béthanie la maison de Lazarre et de ses soeurs Marthe et Marie (Luc 10, 38).

Pourquoi le Seigneur évitait-Il la ville comme lieu de, séjour pour la nuit? Très peu de temps après Sa manifestation publique, Ses guérisons miraculeuses provoquèrent de la contestation chez les pharisiens et les scribes, surtout quand elles se faisaient le jour du sabbat (Marc 3, 6). Cette opposition était tout spécialement marquée chez ceux de Jérusalem (Matth. 15, 1 et suiv.; Luc 5, 17 et suiv.). Déjà en Galilée, Jésus commença à se retirer dans des contrées qui n'étaient pas sous l'autorité d'Hérode Antipas, lequel désirait tellement L'éliminer (Luc 13, 31). Il partit donc dans la région de Tyr et de Sidon, puis dans le district@, contrôlé par Hérode Philippe ainsi que dans les territoires des dix villes situées au nord et à l'est du lac de Génézareth et de la vallée du Jourdain (Marc 7, 3 1; 8, 27).

Curieusement, ce n'était que lors des grandes fêtes que Jésus se rendait à Jérusalem, visitée en ces circonstances par des centaines de milliers de pèlerins. Parmi tous ces gens, Il se sentait relativement en sécurité, d'autant plus qu'il était alors pratiquement impossible de localiser Son lieu de séjour. En outre, il y avait là de nombreuses personnes qui Le suivaient et aimaient l'entendre parler (Luc 19, 47-48). C'est pourquoi les pharisiens et les scribes ne se risquaient pas à mettre les mains sur Lui parmi cette foule. Jésus déclara lors de Son arrestation: «En ce moment, Jésus dit à la foule: Vous êtes venus, comme après un brigand, avec des épées et des bâtons, pour vous emparer de moi. J'étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m'avez pas saisi.(Matth. 26, 55)

Jusqu'à ce que le moment fût venu «de passer de ce monde au Père» (Jean 13, 1), le Seigneur se tint éloigné de ceux qui voulait lui ôter la vie. Comme il changeait souvent de lieux de séjour, ils durent faire appel à un traître: «Or, les principaux sacrificateurs et les pharisiens avaient donné l'ordre que, si quelqu'un savait où il était, il le déclarât, afin qu'on se saisît de lui@, Jean 11, 57). A l'évidence, trouver et arrêter Jésus n'était pas un mince problème; ce qui explique la joie des principaux sacrificateurs, lorsque judas leur proposa sa trahison: ,,Judas Iscariot, l'un des douze, alla vers les principaux sacrificateurs, afin de leur livrer Jésus. Après l'avoir entendu, ils furent dans la joie, et promirent de lui donner de l'argent. Et Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer» (Marc 14, 10-11).

Il est, semble-t-il, contraire à la vérité de prétendre que Jésus et Ses disciples n'avaient pas d'amis dans la ville de Jérusalem disposés à les héberger.

Car quand le Seigneur souhaita trouver un endroit pour prendre la dernière Pâque quelqu'un mit spontanément une chambre haute à Sa disposition (Luc 22, 1112). Il n'en reste pas moins qu'Il préférait loger en dehors de la ville comme les autres pèlerins.

La situation semble cependant avoir changé après la mort de Jésus; en effet, la ville de Jérusalem est alors devenue le lieu de résidence des disciples (Luc 24, 33; Actes 1, 12-13), et ensuite le siège des apôtres et de la première Eglise.

A qui appartenait la maison de Jérusalem, où tout se déroula et qui devint le centre de la nouvelle foi?

Nous ne pouvons ici qu'avancer des suppositions. Peut-être était-ce la demeure de Marie, la mère de Jean-Marc, où Pierre s'était rendu après sa libération miraculeuse par l'ange. Plusieurs s'étaient réunis là pour prier pour le disciple emprisonné (Actes 12, 12). Dans ce rassemblement de maison, il y avait également Barnabas, l'oncle de Jean-Marc (Col. 4, 10), probablement le frère de sa mère. Il devint un des plus zélés évangélistes de la première assemblée.

Ce fut Barnabas, qui prit Saul (plus tard, Paul) - qui, peu de temps auparavant, persécutait encore l'Eglise - malgré de grandes réserves et l'introduisit auprès des apôtres (Actes 9, 26-27). C'est ainsi que naquit une étroite communion d'esprit entre ces deux croyants; aujourd'hui encore, il est difficile de préciser qui, de Paul ou Barnabas, a écrit l'Epître aux Hébreux.

Bon nombre de tournures de phrases font penser au style de Paul, de sorte qu'il pourrait être l'écrivain de cette lettre. Mais ce pourrait bien être aussi Barnabas en raison de son héritage lévitico-sacerdotal et essénien: ,Et Joseph qui, par les apôtres, fut surnommé Barnabas (ce qui, étant interprété, est fils de consolation), lévite, et Chypriote de naissance, ayant une terre, la vendit, et en apporta la valeur, et la mit aux pieds des apôtres» (Actes 4, 36-37; Darby).

Ainsi donc, Jésus comptait, dans la ville de Jérusalem, des amis et des partisans, qui mettaient à la disposition des apôtres tout ce qu'ils possédaient, les aidant ainsi à poser la base de la prédication de l'Evangile. Pourtant, le Seigneur Lui-même n'avait été qu'un étranger à Jérusalem e t sur cette terre, de sorte qu'Il dut déclarer à un de ceux qui voulaient Le suivre:«Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête» ( Math 8, 20)

Fredi Winkler

Nouvelle d'Israël 01 / 1999

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