«Jésus de Nazareth, roi des Juifs!»

 

Telle était l'accusation figurant sur l'écriteau qu'on avait cloué au-dessus de la tête de Jésus-Christ crucifié. A ce propos, Ludwig Schneider, de Jérusalem, écrit:

Le texte sur la croix était écrit en hébreu, en grec et en latin, pour que tout le monde le comprenne.

Les Juifs de l'époque se disaient: «Le grec ne nous intéresse pas!».

Et le latin n'était que pour les Romains, pour la dixième légion qui occupait Jérusalem. Les Juifs, eux, ne lisaient que le texte hébreu:

Jeschua Hanozri Wumelech Hajehudim. Jeschua Hanozri = Jésus le Nazaréen, Wumelech = et roi, Hajehudim = des Juifs. A l'époque - tout comme de nos jours - les scribes prenaient toujours l'initiale de chaque mot pour en former une autre phrase.

C'était du reste une des grandes difficultés des travaux de traduction bibliques. Les Juifs voyaient donc tout à coup apparaître sur la croix les initiales des mots Jeschua Hanozri Wumelech Hajehudim. Ils ne voyaient pas les caractères

I.N.R.I., que Rosegger interprète comme «ln Nirwana Ruh lch» se repose dans le nirvana), mais les initiales hébraïques de l'ineffable nom de Dieu. Ce très saint nom, que les Juifs ne pouvaient prendre sur les lèvres et qu'ils remplaçaient par «Haschem» ou par «Adonaï», figurait en effet sur la croix de honte: J H W H.

 

Flavius Josèphe, qui vivait au temps de la destruction du Temple, écrit que près de deux millions de Juifs des différentes tribus, venus de tous les coins d'Israël, montaient chaque année à Jérusalem pour y célébrer la Pâque et immoler leur agneau pascal dans le Temple.

Flavius, un des meilleurs chroniqueurs de l'époque, donne une merveilleuse description de ces événements. Les familles viennent de Béthanie, de la Maison des pauvres, là où vivait aussi Lazare, pour célébrer la fête. Chaque famille apporte son agneau pascal.

C'est le plus bel agneau de leur troupeau, un jeune animal, sain et sans défauts, qu'ils protègent avec soin contre les dangers du voyage.

Ils viennent de Bethléhem, ils passent en pèlerins devant les sources de David et le tombeau de Rachel. Ils montent à Jérusalem, chacun avec son agneau pascal. Ils viennent du nord et passent devant le tombeau du prophète Samuel. Ils viennent de toutes les régions d'Israël, et chaque famille apporte son agneau pascal. Tous ces gens se rassemblent à Jérusalem, et tous ont leur agneau. Pourquoi? Pâques signifie: «L'ange exterminateur est passé au-dessus de moi».

A l'époque où les enfants d'Israël vivaient comme esclaves en Egypte, ils ont immolé l'agneau pascal et mis le sang sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte de leurs maisons, pour que l'ange destructeur passe outre. Ils ont sans doute tremblé au fond de leurs maisons et n'ont cessé de demander: «Père, as-tu mis le sang sur la porte, ne l'as-tu pas oublié?» Ils avaient peur que l'ange destructeur ne pénètre soudain chez eux. Ils entendaient comment les cris montaient puis étaient étouffés dans le voisinage.

Pâques - l'ange destructeur est passé au-dessus de nous! Ainsi, les pères de famille conduisaient leurs proches chaque année à Jérusalem, avec leur agneau pascal, car ils savaient que cet agneau allait mourir pour leurs péchés. Avant de conduire l'agneau au Temple, ils lui mettaient au cou un écriteau portant le nom de la famille. Puis l'animal était introduit dans le Temple pour y être immolé.

 

Lorsqu'on sait cela, on se souvient de Jean le Baptiste, au Jourdain. Près de lui se trouvaient des riches et des pauvres, des sceptiques et des enthousiastes, des orthodoxes et des réformateurs, des curieux et des sincères, des suivistes et des gens sérieux.

Tout à coup, Jean ne s'intéressa plus à la foule. Il regarda au-dessus de leurs têtes et dit «Voyez, l'agneau de Dieu arrive» - «Voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde» (Jean 1, 29). Ainsi, Dieu, qui est le père du monde entier, a écrit son nom sur la croix, le nom que nul Juif n'ose prendre sur les lèvres, car cet agneau «Voici l'agneau de Dieu!» - versa Son sang pour le monde entier.

«Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle» (Jean 3, 16).

N.L.

Appel de Minuit Avril 1998

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