Sources historiques
Personne au XXe siècle ne met en doute que Jésus-Christ ait vécu sous le règne de l'empereur Tibère (14-37) et qu'Il ait été crucifié sous Ponce Pilate.
Ces faits sont mentionnés par Tacite (55-120) ainsi que par l'historien latin Suétone (69-141), tous deux contemporains de l'apôtre Jean.
Nous possédons également le témoignage de Pline le jeune (62-120), littérateur romain qui vécut à la même époque. Dans son Apologétique, Tertullien (155-220) mentionne la correspondance échangée entre Tibère et Ponce Pilate. Le Christ a vécu il y a presque vingt siècles et Il a été crucifié sous Ponce Pilate, les historiens l'attestent.
Ce sont surtout les quatre évangélistes qui nous donnent des renseignements détaillés concernant la vie de Jésus-Christ ; il ne faut jamais perdre de vue que les évangiles ont été rédigés par des contemporains du Christ ; il est facile de le prouver. Clément de Rome, dans une épître datant de 96, mentionne la première épître aux Corinthiens composée par l'apôtre Paul vers 57-58. La lettre de Barnabas, écrite avant la fin du premier siècle, puise dans l'évangile de Matthieu et introduit la citation par les mots « comme il est écrit ». L'évangile de Matthieu était donc reconnu comme ayant autorité avant la fin du premier siècle. Dans les lettres d'Ignace (30-107), plusieurs livres du Nouveau Testament sont mentionnés. En l'année 150, une harmonie des quatre évangiles était en vogue et employée dans tout l'empire romain. Lors de fouilles récentes en Egypte, on a retrouvé un fragment de l'évangile de Jean qui, selon les spécialistes, date de l'an 125. Nous pourrions multiplier les exemples.
Il en va tout autrement des écrits de la plupart des auteurs gréco-romains. Platon vécut quatre siècles avant Jésus-Christ, mais le plus ancien manuscrit de ses oeuvres date de l'an 895 ; un intervalle de treize siècles sépare donc la composition de l'oeuvre de Platon et le plus ancien manuscrit que nous en possédions. Il en est de même des écrits d'Hérodote, de Tacite et de la plupart des auteurs gréco-latins. En dépit de cet état de choses, nul ne met en doute l'authenticité des écrits de Platon, d'Hérodote, de Virgile, d'Homère, etc. Nous avons donc toute raison d'accepter l'authenticité des quatre évangiles et des autres livres qui composent le Nouveau Testament, leur origine est bien mieux attestée que celle de toutes les autres oeuvres de cette époque. Les évangiles ont été rédigés par des contemporains de Jésus-Christ.
S'il en est ainsi des classiques, le cas des fondateurs de religions est encore plus caractéristique. Mahomet a vécu au début du Vlle siècle, mais ce que nous savons de lui est entouré de tant de légendes qu'il est souvent difficile de faire la part du réel et de la fiction. C'est Zébéos qui mentionne pour la première fois ce prophète dans ses Chroniques Arméniennes, mais sans donner beaucoup de détails. Cent cinquante ans après l'hégire, Mahomet ben Ishaq écrit la première biographie, à l'intention du calife Mansour, fondateur de Bagdad (754-775), mais le texte complet ne nous est pas parvenu. La plupart de ses biographes puisent leurs renseignements dans l'oeuvre d'Abul-Feda, célèbre savant et écrivain du XIlle siècle
Valeur des Evangiles
Peut-être objecterez-vous que cela ne prouve toujours pas que la Bible soit inspirée, qu'elle soit la Parole de Dieu. Je crois fermement que la Bible est la Parole de Dieu, qu'elle est inspirée de Dieu, et que c'est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu. Toutefois, la question de l'inspiration n'est pas le sujet de cette discussion ; je désire simplement montrer qu'il est aisé de prouver scientifiquement que les évangiles ont été écrits par des contemporains de Jésus-Christ dont deux au moins furent des témoins oculaires. Par conséquent, nous ne pouvons pas nier leur importance historique.
Le problème de l'inspiration et celui de l'authenticité sont différents.
Supposons qu'un homme soit accusé. Il est devant le tribunal et le jury doit rendre son verdict. Quatre témoins compétents relatent ce qu'ils savent : dans l'ensemble leur témoignage est clair et précis. Le jury délibère, décide que l'accusé est coupable, et le juge prononce sa sentence.
Le jury sait pertinemment bien que les témoins ne sont pas infaillibles, il se pourrait même que dans les détails il y ait quelque erreur ou contradiction entre eux. Toutefois, dans l'ensemble leur témoignage est clair et le jury est convaincu de la culpabilité du prévenu. Sans hésitation, le jury prononce le verdict.
Les quatre évangélistes - comme les quatre témoins - rendent témoignage à la personne de Jésus-Christ. Sur la base de leur déclaration, vous - le jury - êtes à même de décider quant à la personne de Jésus-Christ - l'accusé. Les quatre témoins affirment non seulement que Jésus-Christ est innocent, mais qu'Il est le Fils de Dieu et le Fils de l'Homme. Peu importe votre conception des documents évangéliques, il est impossible d'en nier la valeur historique. Les témoins relatent ce qu'ils ont vu et observé concernant la personne de Jésus-Christ, leur témoignage ne peut être mis en doute.
Fiction poétique ?
Quel est donc le portrait de Jésus-Christ brossé par les évangélistes ? Quelle est l'impression produite par Jésus-Christ sur ses contemporains ?
Vous êtes prêt à admettre que les évangiles ont été écrits à l'époque de Jésus-Christ, qu'ils ont une réelle valeur historique, mais vous avez encore une objection. Vous direz peut-être que les témoins ont embelli l'histoire et que Jésus-Christ était un homme ordinaire dont les évangélistes ont idéalisé les traits en ajoutant des détails au portrait du Maître qu'ils aimaient. En un mot, selon vous, le Christ serait la créature de l'imagination des évangélistes.
Ces auteurs étaient-ils donc capables d'une telle fiction ? Matthieu était un collecteur d'impôts, nous ignorons la profession de Marc, Luc était un médecin ; quant à Jean, c'était un simple pêcheur. Trois d'entre eux manquaient donc d'érudition, ils étaient des hommes ordinaires, incapables de créer un tel portrait.
D'ailleurs, si les évangiles étaient le fruit de l'imagination des hommes, ils auraient un tout autre caractère. , Nous ne sommes pas sans posséder quelques renseignements sur la tournure qu'aurait prise l'histoire de Jésus, si les premiers chrétiens avaient eu recours à leur propre imagination au lieu de s'en tenir aux faits. Une large collection d'Evangiles apocryphes des deuxième, troisième et quatrième siècles nous est parvenue, par exemple le Protévangile ou Evangile de Jacques, probablement de la fin du deuxième siècle; l'Evangile de Thomas (troisième siècle), de Nicodème (quatrième siècle ?), de Pierre (deuxième siècle) et l'Evangile arabe de l'Enfance. Dans ces curieux ouvrages nous apprenons que Salomé vit sa main se dessécher parce qu'elle ne voulut pas croire à la naissance miraculeuse ; dans l'étable, l'âne et le boeuf s'agenouillèrent devant l'Enfant ; des lions et des léopards l'adorèrent sur le chemin de l'Egypte ; des roses fleurissaient sous ses pas ; toutes les idoles d'Egypte tombèrent de leur piédestal à son entrée dans le pays ; dans son village, à Nazareth, il tua d'un seul coup un garçon qui l'avait bousculé dans la rue ; il transforma douze statuettes d'argile en oiseaux vivants, critiqua l'un de ses maîtres d'école, en fit mourir un autre, terrifia et irrita tout le village ; il sortit de la tombe sous une forme gigantesque qui se dressait jusqu'aux nues. » (Pourquoi croire ?, par A. Rendle Short, Editions des Groupes Bibliques Universitaires de France.)
La différence entre ces récits apocryphes et la simplicité des évangiles est frappante. Le portrait du Christ n'a été ni inventé, ni embelli par les évangélistes, il est fidèle à la réalité.
Jean-Jacques Rousseau, philosophe du XVIII, siècle, enseignait le retour à la nature et la bonté innée du coeur humain, en contradiction avec le message de Jésus-Christ. Voici ce qu'il écrit dans « Emile » : « Je vous avoue aussi que la sainteté de l'Evangile est un argument qui parle à mon coeur, et auquel j'aurais même regret de trouver quelques bonnes réponses. Voyez les livres de philosophes avec toute leur pompe. Qu'ils sont petits, près de celui-là. Se peut-il que celui dont il a fait l'histoire ne soit qu'un homme lui-même ? Est-ce là le ton d'un enthousiaste ou d'un ambitieux sectaire. Quelle douceur, quelle pureté dans ses moeurs Quelle grâce touchante dans ses instructions! Quelle élévation dans ses maximes ! Quelle profonde sagesse dans ses discours ! Quelle présence d'esprit, quelle finesse et quelle justesse dans ses réponses ! Quel empire sur ses passions ! Où est l'homme, où est le sage qui sait agir, souffrir et mourir sans faiblesse, et sans ostentation ? Mon ami, ce n'est pas ainsi qu'on invente. Et les faits de Socrate, dont personne ne doute, sont moins attestés que ceux de Jésus-Christ. jamais des auteurs juifs n'eussent trouvé ni ce don, ni cette morale ; et l'Évangile a des caractères de vérité si grands, si frappants, si parfaitement inimitables que l'inventeur en serait plus étonnant que le héros. »
Notez surtout la dernière phrase de cette citation. Certes, les évangiles ne sont pas le résultat de l'invention des hommes, ce sont des contemporains, des témoins qui nous y racontent ce qu'ils ont entendu et vu concernant le Fils de l'Homme.
« Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la Parole de vie - ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons» (1 Jean 1 : 1-3).
« Ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom » (Jean 20:31).
Influence gréco-romaine dans les Evangiles ?
Le judaïsme de cette époque subissait une influence nouvelle: la civilisation gréco-romaine. Mais le produit de Jésus-Christ n'était certainement pas son siècle avec toutes ses limitations et ses tendances contradictoires. Le tableau que les évangélistes nous en donnent ne correspond en aucun point à la conception gréco-romaine. Ils nous apprennent qu'Il était charpentier (Marc 6 : 3) et que pendant trente ans Il vécut ainsi dans l'ombre.
Aristote (384-322 avant Jésus-Christ), un des grands philosophes grecs, a déclaré : « De ces divers travaux, les plus excellents par l'art sont ceux qui donnent le moins au hasard ; les plus bas, ceux qui salissent le plus le visage et les mains ; les plus serviles, ceux où le corps agit plus que l'esprit les plus ignobles, ceux qui ne demandent aucune sorte de vertu » (Politique, chap. 2).
« Nous appelons ces arts vulgaires qui tendent à déformer le corps, et de même tout emploi qui est payé, car il dégrade la pensée » (ibid.).
Ce même auteur écrivit :
« Il est beau de n'exercer aucun métier mécanique, car un homme libre ne vit pas pour autrui» (Rhétorique, livre 1, chap. 9).
«Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre»
«Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux.»
(Matthieu 5 :39, 44-45-)
« Se venger de ses ennemis, au lieu de composer ; car rendre la pareille est juste.»
« Le magnanime ne peut vivre avec d'autres personnes qu'avec un ami, tant il craint une âme d'esclave, parce que tous les flatteurs sont serviles et tous les humbles flatteurs. »
(Aristote, Rhétorique 1, 9; Ethique IV, 3.)
Cicéron (106-43 avant Jésus-Christ) fit écho à cette déclaration d'Aristote en disant : « Les tâches menues des hommes qui sont payés pour leurs labeurs, plutôt que pour leur intelligence sont également indignes et vulgaires... tous les artisans sont engagés dans une vocation malheureuse, car il n'y a pas de finesses dans l'atelier » (Ciceron, De Officiis, livre I, chap. 42).
Il classe en particulier parmi ces vocations malheureuses, les pêcheurs ainsi que ceux qui vendent le poisson salé. Ces hommes considéraient de tels métiers en dessous de leur dignité ; quel contraste avec le charpentier de Nazareth qui a passé la plus grande partie de sa vie dans l'atelier et qui choisit des pécheurs pour être ses apôtres ! Quelle honte pour la sagesse gréco-romaine que sa mort ignominieuse sur la croix des maudits !
Les évangiles nous dépeignent le Seigneur Jésus ému de compassion à la vue des multitudes souffrantes, et les fréquentes guérisons qu'Il opéra. Par contre, Platon (427-347), l'un des plus grands philosophes de la Grèce antique, en donnant une description de l'état idéal, nous dit:
« ... pour les corps dont l'intérieur est complètement gâté par la maladie, il (Asclépios) n'entreprend pas, par un régime d'épuisements et d'arrosages de détail, d'assurer à un homme une longue et misérable existence, à son corps la possibilité de procréer en d'autres corps une descendance vraisemblablement toute pareille » (République, livre III : 407).
Entre l'éthique de Jésus-Christ et celle des meilleurs des sages il y a un abîme. Il suffit de juxtaposer quelques paroles pour s'en rendre compte.
Dans son Ethique (IV, 3), Aristote nous décrit l'homme idéal tel qu'il le voit... Quel contraste avec le magnanime de l'Evangile ! Il serait facile de multiplier les citations démontrant l'incompatibilité entre ces deux grandes doctrines. Ce qui frappe surtout dans cette comparaison, c'est le fait que pour ces hommes de culture gréco-latine, l'humilité était la marque d'un esprit faible, d'un esclave, elle était indigne d'un homme fort, alors que pour Jésus-Christ, elle est la marque de la véritable grandeur.
Non, Jésus-Christ n'est pas le produit de l'école gréco-romaine. Que nous nous tournions vers les stoïciens qui étaient indifférents aux circonstances extérieures, ou vers les épicuriens qui vivaient pour le plaisir, en y faisant concourir tous les efforts de l'humanité, nous ne trouvons pas de commun dénominateur avec le Fils de l'Homme qui fut ému de compassion et qui célébra le bonheur des pauvres en esprit.
Il est vrai qu'on trouve des pensées nobles dans la littérature gréco-latine, mais le meilleur produit de cette civilisation est dans son ensemble aussi inférieur à la vie et à l'enseignement de Jésus-Christ que la mort l'est à la vie. L'apôtre Paul a dit : « Les Grecs cherchent la sagesse : nous, nous prêchons Christ crucifié folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés tant juifs que Grecs » (I Corinthiens 1 : 22-24)..
Influence judaïque dans les Evangiles ?
Si le Christ n'a pas puisé son inspiration chez les philosophes païens, il est peut-être un vrai fils d'Israël. Peut-être que tout son enseignement et son caractère sont le résultat de la civilisation judaïque de son époque. Quelque temps avant Jésus-Christ naquit Hillel à Babylone. Comme il était pharisien, il s'en alla vivre à Jérusalem, la ville sainte, où il étudia à l'école des meilleurs professeurs. Il acquit ainsi une très grande érudition et sa parole avait beaucoup d'autorité ; le Talmud nous rapporte quantité de ses sentences, toutes remplies d'une grande sagesse. Il fut le grand-père de Gamaliel qui instruisit l'apôtre Paul dans la foi judaïque.
Hillel avait l'habitude de dire : « Ne fais pas à ton prochain ce que tu ne voudrais pas qu'il te fît; voilà toute la Loi; le reste n'est qu'une application et une conséquence. Va l'apprendre. » Il exprime ici d'une façon négative ce que Jésus a déclaré positivement. Hillel se plaisait à répéter : « Si je ne suis pas pour moi-même, qui sera pour moi ? Et qui suis-je pour songer à moi seul ? Et si pas maintenant, alors quand ? » En disant : « Si je ne suis pas pour moi-même, qui sera pour moi ? » il enseignait la nécessité de la confiance en soi. La phrase : « Et qui suis-je pour songer à moi seul ? » enseigne les devoirs envers la congrégation. Enfin, lorsqu'il dit : « Et si pas maintenant, alors quand ? » il insiste sur l'importance de l'étude biblique.
Hillel interprétait la loi avec largeur, mais on a souvent fait remarquer son interminable controverse concernant l'oeuf pondu un jour de Sabbat. Quel écart entre les meilleurs rabbins de l'époque et le Fils de l'Homme, que de casuistique chez les premiers et de simplicité en Jésus-Christ !
Le pharisien, l'incarnation de l'idéal juif, considérait comme important d'apprendre un métier, de vivre à Jérusalem, et surtout de donner la dîme de tout ce qu'il vendait, achetait et mangeait. Il lui était interdit de se mettre à table avec quelqu'un qui n'appartenait pas à sa secte, il était séparé non seulement des païens, mais même de la masse du peuple. Il était tenu à une stricte séparation de manière à éviter toute souillure, il fallait qu'il maintienne une pureté rituelle. Par contre, Jésus touchait les lépreux, vivait au milieu de la foule, mangeait avec les Publicains, parlait aux Samaritains, etc.
Le Christ a dit : « Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vu » (Matthieu 6 : 1). Dieu condamne l'affectation sous toutes ses formes. Plus loin, Il mentionne en particulier l'aumône, la prière et le jeûne : « Lors donc que tu fais l'aumône, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin d'être glorifié par les hommes. je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense » (Matthieu 6 : 2).
Dans ces trois domaines - l'aumône, la prière et le jeûne - beaucoup de Pharisiens affichaient une attitude recherchée. Leur vie religieuse était devenue mécanique, routinière. Il y avait naturellement quelques nobles exceptions, l'attitude de Nicodème est bien connue. Mais en règle générale, à l'époque de Jésus-Christ, le niveau spirituel du pharisaïsme était bien bas. La subtilité dans l'interprétation de la loi était sans borne. L'Eternel avait commandé : «Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour de repos de l'Eternel ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage. »
Les rabbins avaient « complété » ce commandement en interdisant trente-neuf travaux différents le jour du Sabbat. Il était défendu de labourer, semer, moissonner, faire un noeud, défaire un noeud, écrire deux lettres, construire, déplacer un objet, etc. Il était défendu de sortir avec une jambe artificielle le jour du Sabbat, de sortir avec une fausse dent, de manger ses ongles, de s'arracher un cheveu, etc.
Lorsqu'un homme soulevait un morceau de bois suffisant pour faire cuire un petit oeuf, il violait la loi du Sabbat... Il n'est guère étonnant que Jésus ait été en controverse constante avec des pharisiens, entre autres au sujet de l'observation du Sabbat.
Depuis que des manuscrits provenant d'une secte juive identifiée avec celle des esséniens (ou une branche des esséniens) ont été découverts près de la mer Morte, quelques-uns ont suggéré que le Christ sortait de ce milieu et qu'Il fut profondément influencé dans son enseignement par la doctrine de cette secte. Les esséniens étaient vêtus de lin blanc, ils menaient une vie ascétique loin du monde et étaient soumis à des règles sévères de chasteté, de pureté lévitique, de silence et de travail. Ils observaient le Sabbat plus strictement que les pharisiens encore. Dans l'écrit de Damas, nous lisons : , Que l'on n'aide pas une bête à mettre bas le jour du Sabbat. Et si elle tombe dans une citerne ou dans une fosse, qu'on ne la relève pas le jour du Sabbat. » La première page du Manuel de Discipline enseigne : « Il faut haïr tous les fils des ténèbres, chacun selon sa faute. » Il est bien entendu que les fils des ténèbres étaient tous ceux qui ne faisaient pas partie de la secte... Vraiment, Jésus n'avait pas grand chose de commun avec les esséniens.
Jésus-Christ n'est certainement pas le produit de la pensée religieuse juive, Il enseigne et vit dans un tout autre esprit, dans une tout autre atmosphère. Il ne dépend pas d'un âge ou d'une civilisation, qu'elle soit judaïque ou gréco-latine: Il est le Fils de l'Homme, le Fils de Dieu.
La sainteté de Jésus-Christ
Pascal pose cette question dans ses « Pensées » « Qui a appris aux évangélistes les qualités d'une âme parfaitement héroïque, pour la peindre si parfaitement en Jésus-Christ ? » La conception d'un homme saint, d'un homme sans péché, n'existait pas dans la nation d'Israël au temps de Jésus-Christ, pas plus que chez les Grecs et les Romains. Cette conception d'un être sans défaut était inédite pour le juif. Pourtant, c'est bien une impression de parfaite sainteté que Jésus-Christ a produite sur ses contemporains.
Nous avons déjà établi que les Evangiles, comme le. reste du Nouveau Testament d'ailleurs, ne peuvent avoir été écrits que dans le cours du premier siècle, et par des hommes qui ont côtoyé Jésus-Christ et dont quelques-uns Le connurent intimement. Quel est donc leur témoignage à son sujet ?
L'apôtre Pierre dit : « Christ a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces, lui qui n'a point commis de péché et dans la bouche duquel il ne s'est point trouvé de fraude ; lui qui, injurié, ne rendait point d'injures, maltraité, ne faisait point de menaces, mais s'en remettait à celui qui juge justement » (I Pierre 2 : 21-23).
L'apôtre Jean, autre témoin oculaire du ministère de Jésus-Christ, nous donne son impression du Fils de l'Homme en ces termes : « Vous le savez, Jésus a paru pour ôter les péchés, et il n'y a point en lui de péché » (I Jean 3 : 5).
Dans l'épître aux Hébreux nous lisons: « Nous n'avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses ; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché» (Hébreux 4 : 15). Et plus loin dans la même épître encore « Il nous convenait, en effet, d'avoir un souverain sacrificateur comme lui, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs » (Hébreux 7 : 26).
L'apôtre Paul rend le même témoignage: « Celui qui n'a point connu le péché, il (le Père) l'a fait devenir péché pour nous » (Il Corinthiens 5 : 21).
On pourrait objecter que ces divers témoignages émanent d'amis de Jésus-Christ; mais nous avons déjà souligné le fait qu'il leur aurait été impossible de composer une pareille figure, et nous n'avons aucune raison qui nous permette de mettre leur témoignage en doute. D'autre part, nous possédons également l'avis de ceux qui furent indifférents ou même opposés à Jésus-Christ. Pilate, qui à plusieurs reprises tenta de libérer le Christ, confessa : « Je ne trouve en lui aucun crime » (Jean 19 : 4). La femme de Pilate l'appelle « ce juste » (Matthieu 27 :19), et emploie son influence en sa faveur. Le centenier romain qui avait sans doute assisté à des centaines d'exécutions, s'exclama devant la croix du Seigneur Jésus : « Assurément, cet homme était Fils de Dieu » (Matthieu 27 :54). Même le malfaiteur crucifié à côté de Jésus-Christ fut contraint de dire : « Nous recevons ce qu'ont mérité nos crimes ; mais celui-ci n'a rien fait de mal » (Luc 23 : 41). Et judas, le traître, dut admettre : « J'ai péché en livrant le sang innocent » (Matthieu 27 : 4).
Quel contraste avec Mahomet, dont la vie est une suite d'intrigues et de vengeances ! Les fragments qui nous sont parvenus de sa biographie par Mahomet ben Ishaq ne sont pas toujours à son avantage. Et le Coran lui-même ne nous en donne pas exactement la même figure que ses apôtres modernes, tels ces versets dans lesquels le prophète fait parler le ciel pour qu'il justifie ses égarements (22 : 51, 24 : 11, 33 : 4, 66 : 1...)
« Que dis-tu de toi-même ? »
Le témoignage que le Christ se rend à Lui-même est plus important encore que ceux que nous venons de mentionner. En effet, dans l'évangile selon saint Jean, Il lance le défi : « Qui de vous me convaincra de péché ? » (Jean 8 : 46.)
La parfaite sainteté de Christ est démontrée dans ce passage, non par le silence des Juifs, qui pouvaient fort bien ignorer les péchés de leur interlocuteur, mais par l'assurance avec laquelle Jésus leur pose cette question. Sans la conscience immédiate que Christ avait de la parfaite pureté de sa vie - à supposer qu'Il ne fût qu'un homme plus saint que les autres - un sentiment moral aussi délicat que celui qui impliquerait néanmoins un tel état, n'aurait pu laisser passer inaperçue la moindre tache, soit dans sa vie, soit dans son coeur ; et quelle hypocrisie n'eût-il pas fallu, dans ce cas, pour adresser à d'autres une question dans le but de la leur faire résoudre autrement qu'il n'y répondait Lui-même dans son for intérieur ! En d'autres termes :
« Donner une preuve fausse dont Il espère que nul ne pourra démontrer le peu de solidité ! » (Commentaire de Godet in loco.)
Jésus-Christ pouvait lancer ce défi aux pharisiens en toute sincérité parce qu'Il était sans péché. Cette vérité est d'ailleurs confirmée de bien des manières dans la Parole de Dieu. Les confirmations indirectes sont les plus intéressantes parce que toute spéculation de la part des écrivains est exclue. Jésus a dit : « Voici donc comment vous devez prier : ... pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ; ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin » (Matthieu 6).
Il ne dit pas : voici comment nous devons prier, mais Il s'exclut Lui-même à dessein, parce que, sans péché, Il n'a pas besoin de demander le pardon de Dieu. Il déclare encore : « Si donc, méchants comme vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants... » (Matthieu 7 : 11) ; remarquez qu'Il ne dit pas : méchants comme nous sommes, Il maintient toujours la distinction. Nombreux sont les passages auxquels nous pourrions faire appel.
Le Fils de l'Homme pouvait dire:
« Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son oeuvre » (Jean 4 : 34).
« Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père ; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement, car le Père aime le Fils » (Jean 5 :19).
«Je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté d? celui qui m'a envoyé» (Jean 6 : 38).
« Je fais toujours ce qui lui est agréable » (Jean 8 : 29).
Il serait facile de multiplier les témoignages que Jésus rend de Lui-même. S'Il exige une transformation morale et spirituelle de tous les hommes en déclarant avec autorité « Il faut que vous naissiez de nouveau », il n'est jamais question de cette transformation en ce qui Le concerne. jamais il n'est parlé de la nouvelle naissance de Jésus-Christ, jamais Il n'eut à se repentir, et Il est le seul homme qui ait pu dire : « Le prince de ce monde vient, il n'a rien en moi » (Jean 14 : 30).
Lors de Son baptême, Jean-Baptiste reconnut en Lui l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde (Jean 1 : 29), et confessa : « C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi, et tu viens à moi ! » (Matthieu 3 :14.)
Le Christ développa devant ses disciples qu'Il donnait sa vie pour la rançon de plusieurs, qu'Il versait son sang pour sceller une nouvelle alliance entre Dieu et les hommes ; il eut été impossible de proférer de telles paroles si Lui-même avait eu besoin du pardon de Dieu. Aurait-Il pu offrir le repos aux fatigués et chargés (Matthieu 11 : 28) s'Il avait été Lui-même oppressé par le fardeau de son péché ? Aurait-Il pu chercher et trouver les perdus s'Il avait été Lui-même un des leurs ? N'aurait-Il pas dû dans ce cas s'appliquer à Lui-même la parabole de l'aveugle conduisant un autre aveugle ?...
Vraiment, Il était l'Agneau expiatoire pur et sans tache que la Loi pouvait agréer.
Le Christ affectionnait particulièrement le titre de Fils de l'Homme ; cette expression montre bien qu'Il n'appartient pas à un cercle particulier ou à une race définie, mais qu'Il est l'homme par excellence, l'homme idéal. 11 est vrai qu'Il est né en Palestine, il y a environ vingt siècles, et qu'Il était d'origine juive ; mais Il est l'incarnation de tout ce qui est noble, bon et élevé dans l'humanité. Il n'est pas limité par son époque ou les barrières nationales ; son attitude vis-à-vis de son prochain nous en fournit la preuve. L'Israélite de son époque était strictement séparé de tous les païens qui étaient considérés comme impurs ; ils étaient même séparés des Samaritains. Les pharisiens -- environ 6000 au temps de Jésus-Christ - se séparaient de la masse du peuple. Jésus-Christ s'éleva contre cette discrimination, Il ne favorisait aucune classe d'individus. Lorsqu'un docteur de la loi Lui posa la question : « Qui est mon prochain ? », Il souleva un problème qui était réel, une question qui réclamait une solution urgente. Il raconta l'histoire d'un homme qui, descendant de Jérusalem à Jéricho, fut assailli par des brigands et dépouillé. Un sacrificateur et un lévite passèrent insensibles devant lui tandis qu'un Samaritain, ému de compassion, s'approcha de lui, banda ses plaies et en prit soin. A cette époque où le Samaritain était haï, Jésus-Christ le donne en exemple. Rappelons-nous la surprise des disciples le jour où ils virent leur Maître parler à une femme samaritaine, et même Jean, l'apôtre de l'amour, dit une fois avec Jacques : « Seigneur, veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et consume ces Samaritains ? » (Luc 9 : 54.)
Malgré les injonctions précises du Christ, c'est avec beaucoup d'hésitation que l'Evangile fut proclamé aux Samaritains et aux païens ; Jésus, qui n'était pas victime de ces préjugés, leur avait dit : « Allez par tout le monde' et prêchez la bonne nouvelle à toute la création... vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. » Mais les disciples furent lents à exécuter cet ordre du Maître, et il fallut que l'apôtre Pierre reçût une vision spéciale pour qu'il comprenne que l'homme n'a pas le droit de tenir pour souillé ce que Dieu déclare pur. Cette vision nous est rapportée dans le chapitre 10 du livre des Actes des Apôtres.
A ceux des juifs qui revendiquaient leurs privilèges, Jésus montra que le fait d'avoir Abraham pour père, d'être circoncis, ou d'observer le Sabbat ne les sauvait pas automatiquement. Il faut pour cela une décision personnelle, peu importe à quelle nation on appartienne. En parlant du Saint-Esprit, le Seigneur dit qu'Il convaincra le monde, le monde entier ; et au sujet de la mort qu'Il devait souffrir, Il dit : « Quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12 : 32). Sa vision englobait toute l'humanité sans exception.
Les Grecs, comme les Juifs, étaient imbus de la supériorité de leur race. Ils appelaient avec dédain « barbare » tout homme qui ignorait la langue, la culture, la philosophie et la civilisation helléniques. Jésus-Christ, Lui, ne fit aucune différence entre juifs et Grecs, barbares ou Scythes, riches ou pauvres, pharisiens ou publicains. Il s'est entretenu avec les grands et les petits, avec Nicodème et la femme samaritaine, avec des docteurs de la Loi et des pêcheurs... Il a dit : « Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi » (Jean 6 : 37). L'Evangile nous rapporte que des Grecs désirèrent Le voir, qu'Il s'entretint longuement avec la Samaritaine, soupa avec Zachée ; tous étaient les bienvenus.
Les pharisiens, eux, guettaient, épluchaient chaque mouvement de Jésus-Christ, ils avaient soudoyé Judas pour l'épier et Le leur livrer. Malgré leurs efforts, ils ne trouvèrent jamais d'accusation contre Lui et furent forcés d'en forger une. Quel témoignage éclatant à la sainteté de Jésus-Christ.
Le caractère de Jésus-Christ
« Caractère » est un mot d'origine grecque dont la racine signifie « empreinte », « ce qui est gravé ». Le caractère est la marque distinctive de ce qui est propre à une personne ; c'est une empreinte qui est le résultat de nos contacts avec le monde, que nous ne pouvons côtoyer sans subir son action et exercer notre réaction.
Les évangiles nous montrent dans quelle pauvreté Jésus vécut, une pauvreté telle qu'Il n'avait même pas où reposer sa tête (Luc 9 : 58) ; cette pauvreté ne L'a pas aigri, mais Il l'a acceptée comme une partie de son ministère.
Il dut faire face également à la popularité. Les foules qui mangèrent les pains multipliés voulurent L'enlever pour Le faire roi... Jésus qui était venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour nous, se retira pour éviter le geste de leur enthousiasme.
Le Fils de l'Homme vécut dans un milieu qui respirait l'étroitesse, le patriotisme à outrance. Cela ne L'empêcha pas de montrer un jour un Samaritain en exemple. Il a vécu au milieu de tous sans faire de différences, montrant que la seule chose qui détermine le jugement de Dieu, c'est notre relation avec Lui-même.
Ce qui exerce également une influence sur notre caractère, c'est notre milieu familial ; or, Jésus a reconnu la sainteté de ce milieu bien qu'Il n'en ait pas été l'esclave. Il prédit les divisions qui pourraient être suscitées au sein d'une famille par la conversion de l'un de ses membres (Matthieu 10 : 35) ; sans doute faut-il parfois choisir entre les liens familiaux et ceux de Jésus-Christ ; la direction qu'il faut prendre n'est point difficile à discerner pour celui qui aime son Sauveur par-dessus tout.
Mais ce qui modèle notre caractère, ce n'est pas seulement nos contacts avec la vie dans les circonstances heureuses ou malheureuses qu'elle nous apporte ; notre conception de la mort et notre attitude devant elle laissent une empreinte profonde sur nous. Dans sa mort même, Jésus remporta une victoire complète et définitive sur la reine des épouvantements. Après avoir assisté à ses souffrances indicibles, à sa lente et cruelle agonie et à sa mort, le centenier romain qui devait être accoutumé à l'horreur d'une crucifixion, déclara : « Assurément, cet homme était Fils de Dieu ! » (Matthieu 27 : 54.)
Jésus-Christ, par sa mort, a brisé la puissance de notre adversaire le diable. Il a délivré ceux qui, par crainte de la mort, étaient retenus toute leur vie dans la servitude. Il a pu faire face à ces circonstances uniques et son caractère en est sorti victorieux. Il a fait face à la souffrance, à la Pauvreté, à toutes les circonstances de la vie et à la mort la plus cruelle, et son caractère s'est manifesté resplendissant. Toute sa vie n'a pu L'aigrir, Il n'est pas devenu amer, ironique, sarcastique, ni même indifférent ou mélancolique, mais toujours Il a manifesté cette même douceur, cette même patience, cette même tendresse qui Lui étaient propres.
Quel caractère sublime, c'est le caractère du Fils de l'Homme, le Christ incomparable. Il est unique, car Il est le Fils de Dieu et le Fils de l'Homme.
Les miracles de Jésus-Christ
Admettre la sainteté de Jésus-Christ, c'est être contraint de dire : « Mon Seigneur et mon Dieu. » La plus grande manifestation du surnaturel, ce n'est pas le miracle, mais bien la sainteté. Jésus-Christ fait tout d'abord appel à ses paroles (Jean 14 : 11), ce premier témoignage est destiné aux coeurs préparés ; l'autre signe, ses oeuvres, est pour les coeurs moins bien disposés. Ainsi, après avoir parlé de la sainteté de Jésus-Christ, nous sommes tout naturellement amenés à considérer ses oeuvres, et surtout ses miracles. Il n'est guère étonnant qu'Il ait produit des oeuvres éclatantes, il faut s'y attendre après avoir contemplé le caractère du Fils de l'Homme tel qu'il nous est dépeint dans les Evangiles.
En dehors de la Bible, nous possédons quelques témoignages importants au sujet des miracles de Jésus-Christ. Celsus, philosophe païen qui vécut au Il' siècle après Jésus-Christ, nous en parle. Il en est également question dans les traditions juives consignées dans le Talmud. Selon cette source, Jésus-Christ aurait appris le secret de la magie en Egypte ; une accusation semblable se trouve d'ailleurs dans l'évangile de Matthieu, où nous lisons : « Cet homme ne chasse les démons que par Béelzébul, prince des démons » (Matthieu 12 : 24).
Les pharisiens, contraints d'admettre le caractère surnaturel de ses oeuvres, refusent de leur reconnaître une origine divine, et les attribuent à la puissance de Satan. Partout où l'Evangile fut proclamé, la puissance des démons fut brisée, et il n'y avait aucun doute possible que la puissance que le Seigneur Jésus utilisait était vraiment d'origine divine : « Si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même, comment donc son royaume subsistera-t-il ? » (Matthieu 11 : 26). Lorsque Paul proclama l'Evangile à Ephèse, « plusieurs de ceux qui avaient cru venaient confesser et déclarer ce qu'ils avaient fait. Et un certain nombre de ceux qui avaient exercé les arts magiques, ayant apporté leurs livres, les brûlèrent devant tout le monde » (Actes 19 -. 18-19). Là où la lumière de l'Evangile luit, les ténèbres de la magie sont forcées de s'enfuir.
Un autre témoignage quant aux miracles de Jésus-Christ est d'autant plus important qu'il est indirect et involontaire. Lorsque Jésus fut crucifié, les sacrificateurs, les scribes et les anciens du peuple se moquaient de Lui en disant « Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même ! » (Matthieu 27 : 42.) Les adversaires de Jésus-Christ eux-mêmes admettaient donc qu'Il avait sauvé les autres. Pierre faisait appel à des faits bien connus lorsqu'il proclamait sans crainte d'être contredit : « Vous savez ce qui est arrivé dans toute la Judée, après avoir commencé en Galilée, à la suite du baptême que Jean a prêché ; vous savez comment Dieu a oint du Saint-Esprit et de force Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l'empire du diable, car Dieu était avec lui. Nous sommes témoins de ce qu'il a fait dans le pays des juifs et à Jérusalem » (Actes 10 : 37-39). des choses
L'apôtre Paul également évoquait bien connues lorsqu'il disait à Agrippa : « Le roi est instruit de ces choses, et je lui en parle librement ; car je suis persuadé qu'il n'en ignore aucune, puisque ce n'est pas en cachette qu'elles se sont passées » (Actes 26 : 26).
C'est au grand jour que Jésus-Christ a accompli ses miracles, au vu et au su de tout le monde, c'est pourquoi ils sont suffisamment attestés pour ne pas faire l'objet d'une discussion. Autant vaudrait éliminer les batailles de la vie de Napoléon que les miracles de celle de Jésus-Christ... Il ne resterait pas grand-chose. Ils font partie intégrante du ministère de Jésus-Christ, ils ont d'ailleurs un but très précis.
A plusieurs reprises dans les Ecritures, les miracles sont appelés des signes; cela signifie qu'ils sont non seulement des manifestations de puissance, mais aussi une révélation de l'amour de Dieu. Jean-Jacques Rousseau a déclaré : « On voit dans les Évangiles que les miracles de Jésus étaient tous utiles, mais ils étaient sans éclat, sans apprêt, sans pompe, ils étaient simples comme ses discours, comme sa vie, comme toute sa conduite. »
On pourrait peut-être objecter que l'on a toujours attribué des miracles aux fondateurs de religions ' Ne dit-on pas que Confucius, Bouddha, Mahomet, Moïse en ont tous accompli ? Nous ne possédons aucun témoignage précis et contemporain des miracles de Confucius, Bouddha et Mahomet; ce n'est que deux ou trois siècles après leur mort qu'il leur en fut attribué. Dans le Coran (Sourate 13), Mahomet déclare qu'il était envoyé pour prêcher et non pas pour accomplir des miracles ; et il confesse à plusieurs reprises qu'il n'en a jamais fait un seul! Pourtant, aujourd'hui les Musulmans lui en attribuent... Faut-il croire Mahomet lui-même, ou ce qu'en ont dit ceux qui ont vécu deux ou trois siècles plus tard ?
On pourrait dire la même chose de Confucius ainsi que de Bouddha, mais les miracles de Jésus-Christ, eux, sont attestés de telle sorte qu'aucun doute ne puisse subsister. A l'encontre des miracles qui sont attribués à ces fondateurs de religions, ceux de Jésus-Christ ont un but moral . ils sont une révélation de l'amour de Dieu et non pas la démonstration d'une puissance fantastique.
Il est vrai qu'à l'époque de Jésus-Christ, le sens critique n'était pas très développé. En présence d'un homme extraordinaire, il fallait, semble-t-il, le revêtir des insignes de la majesté divine et lui attribuer des miracles. Mais, si ce fut le cas, pourquoi n'a-t-on pas attribué des miracles à Jean-Baptiste ? Il possédait la faveur du peuple, lui, son austérité l'avait rendu célèbre ! Pourtant, dans les évangiles, nous ne voyons pas que Jean-Baptiste ait accompli un seul miracle, et cela tout simplement parce qu'il n'en a point accompli du tout. De même, si les évangiles en attribuent à Jésus-Christ, c'est précisément pour la même raison, parce qu'Il en a vraiment accompli. D'autre part, les quatre siècles qui précédèrent la naissance de Jésus-Christ furent singulièrement dépourvus de manifestations divines. Le ministère de Jésus-Christ fut comme une éruption volcanique qui ne fait pas partie du cours ordinaire des choses.
Un jour qu'Il s'était heurté au fanatisme formaliste des pharisiens, le Seigneur Jésus leur expliqua que « le Sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le Sabbat » (Marc 2 : 27). Dans une certaine mesure, on pourrait dire la même chose du monde : Le monde a été créé pour l'homme, et non l'homme pour le monde. Si l'homme tombe dans la déchéance spirituelle, Dieu peut employer le monde et ses lois pour le restaurer, même Si pour cela le miracle est nécessaire. Il est capital pour l'homme d'obtenir la guérison morale et la plénitude de la vie spirituelle, et la création est subordonnée à cette bénédiction suprême.
Le miracle n'est d'ailleurs pas nécessairement contraire aux lois de la nature; cette loi, telle que les hommes l'ont exprimée, est simplement suspendue momentanément, une loi supérieure étant entrée en action.
La loi morale est de loin supérieure à la loi physique. Si, par exemple, je désire lever mon bras, je le fais sans aucune hésitation. La loi de la gravitation existe toujours, mon bras est attiré vers la terre, mais la loi de ma volonté est supérieure à la loi physique. Ce n'est pas que la loi de la gravitation n'existe plus, mais une autre qui lui est supérieure est entrée en jeu, celle de ma volonté.
En cas de conflit, la loi inférieure doit céder à la supérieure ; il en est de même en ce qui concerne le miracle. Les lois de la nature ont été ordonnées par Dieu, mais elles ne limitent pas la liberté de la volonté divine. Dieu peut faire intervenir une loi supérieure - la loi suprême de sa volonté. S'il est nécessaire pour le salut de l'homme que Jésus-Christ exerce la puissance divine, le miracle s'accomplit. La déchéance de l'homme a nécessité l'intervention surnaturelle, divine, et Dieu, dans son amour, s'est manifesté dans la personne de Jésus-Christ. Les miracles sont donc des signes qui nous révèlent l'amour de Dieu. Il n'est donc guère surprenant que le ministère de Jésus-Christ soit caractérisé par le surnaturel, le contraire seul serait étonnant.
De la valeur du miracle
Il faut juger de la valeur du miracle par la prédication qui l'accompagne. Le fait même que Dieu se révèle à l'homme prouve que ce dernier est capable de recevoir et de reconnaître la vérité. C'est donc tout d'abord à la conscience morale de l'homme que Jésus-Christ s'adresse. Remarquez le lien étroit qui unit les paroles aux oeuvres, la prédication au miracle, dans le passage suivant : « Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; et le Père qui demeure en moi, c'est lui qui fait les oeuvres. Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi ; croyez du moins à cause de ces oeuvres » (Jean 14 : 10-11).
Les oeuvres sont donc subordonnées à la parole, à la prédication de Jésus-Christ. Moïse avait d'ailleurs donné un critère semblable lorsqu'il dit au peuple d'Israël : « S'il s'élève au milieu de toi un prophète ou un songeur qui t'annonce un signe ou un prodige, et qu'il y ait accomplissement du signe ou du prodige dont il t'a parlé en disant : Allons après d'autres dieux - des dieux que tu ne connais point - et servons-les ! tu n'écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce songeur » (Deutéronome 13 : 1-3).
En un mot, tu jugeras de la valeur du miracle par la parole qui l'accompagne, c'est la doctrine qui permet de discerner la puissance qui a accompli le miracle. Moïse nous exhorte à ne tenir aucun compte du prodige si la doctrine prêchée entraîne à l'idolâtrie : ce serait là une contre-façon diabolique du miracle. Il en est de même dans le Nouveau Testament, lorsque Jean dit au Christ : « Maître, nous avons vu un homme qui chasse des démons en ton nom ; et nous l'en avons empêché, parce qu'il ne nous suit pas. » Jésus lui répondit : « Ne l'en empêchez pas ; car il n'est personne qui, faisant un miracle en mon nom, puisse aussitôt après parler mal de moi » (Marc 9 : 38-40).
Si quelqu'un se déclare ouvertement contre Jésus-Christ, il ne peut pas accomplir un miracle par la puissance divine.
L'appel de Dieu s'adresse toujours à la conscience de l'homme. Jésus invita ses auditeurs à écouter ses paroles, sinon à croire à cause de ses oeuvres : « Si je n'étais pas venu et que je ne leur eusse point parlé, ils n'auraient pas de péché ; mais maintenant ils n'ont aucune excuse de leur péché... Si je n'avais pas fait parmi eux des oeuvres que nul autre n'a faites, ils n'auraient pas de péché... » (Jean 15 : 22-24).
A vrai dire, la parole et le miracle ont la même fonction, ils placent l'homme devant la révélation de Dieu. La parole révèle le caractère de Dieu, le miracle Son amour rédempteur. C'est parce que le miracle est un signe qu'il ne peut jamais être futile, extravagant ou une simple démonstration de puissance. Il est d'un ordre bien supérieur, c'est une expression spontanée de l'amour de Jésus-Christ.
En présence d'un miracle, il importe de décider S'il est divin ou diabolique, vrai ou faux, authentique ou contre-façon. Quelle est la parole qui l'accompagne ? Quand j'écoute la parole de Jésus-Christ, je dois accepter l'origine divine du miracle parce que cette parole a déjà démontré qu'Il est le Fils de l'Homme et le Fils de Dieu. Quand on envisage son divin caractère, on ne s'étonne plus que sa vie soit caractérisée par le miracle.
N'oublions pas que les faits de la vie de Jésus-Christ nous sont rapportés par plusieurs témoins dont l'honnêteté et la loyauté ne peuvent être mises en doute. Ils ont quitté leur famille, leur foyer, ont été mis au ban de la société, haïs par leur propre nation, et malgré tout, ont maintenu leur témoignage à Jésus-Christ, attestant qu'Il est le Fils de Dieu, qu'Il a produit des miracles, qu'Il est mort sur la croix et ressuscité, et qu'il faut croire en Lui pour être sauvé. Ils ont scellé ce témoignage par le don de leur vie. Ils n'avaient ni la capacité ni l'imagination pour créer un tel personnage, ni la malhonnêteté de lui attribuer des miracles qu'Il n'aurait jamais accomplis. La fraude était exclue, il est facile de constater si un homme est mort ou vivant, lépreux ou pur, paralytique ou en pleine jouissance de ses membres ; il est aisé de vérifier ces choses.
Loin d'être vagues, les descriptions que nous donnent les évangélistes sont bien détaillées. Il est intéressant de constater les variantes qu'il peut y avoir dans ces détails, puisque après tout chaque évangéliste a écrit d'un autre point de vue. Si quatre personnes ont été témoins d'un accident de voiture, leurs rapports diffèrent dans les détails, mais se complètent dans l'ensemble. Il en est de même des quatre évangiles ; leurs auteurs ne se sont pas concertés pour répéter servilement ce qu'ils ont observé. Ces variantes de détails garantissent l'authenticité des événements et nous permettent de connaître avec beaucoup plus d'exactitude la vie et l'oeuvre de notre Sauveur.
Il est important de remarquer la minutie des descriptions qui nous sont fournies par les évangélistes. Que ce soit l'endroit précis où un miracle a été accompli (Béthanie par exemple), que le nom de la personne qui a bénéficié de l'intervention du Seigneur nous soit révélé (Lazare ... ), ou que l'évangéliste nous fasse connaître le nombre d'hommes qui ont été nourris par les pains multipliés, tous ces détails sont de précieuses indications qui ne nous sont pas données en vain.
Conclusion
Nous avons brièvement considéré l'évidence des miracles de Jésus-Christ. Mais la plus grande manifestation du surnaturel, ce n'est certes pas le miraculeux, mais la parfaite sainteté du Fils de l'Homme. Que d'une telle vie procèdent de telles oeuvres, c'est parfaitement normal, et les paroles et les actes de Jésus-Christ forment un tout harmonieux. jamais homme n'a parlé comme cet homme, et la foule avait toute raison d'être frappée par sa doctrine, car Il enseignait comme ayant autorité.
Ne voulez-vous pas écouter ses paroles qui garderont leur valeur et leur puissance jusque dans l'éternité :
« Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle » (Jean 3 :16).
« Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19 : 10).
« Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos » (Matthieu 11 : 28).
«Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi » (Jean 6 : 37).
« En vérité, en vérité je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5 : 24).
Dans quelle relation êtes-vous vis-à-vis de Jésus-Christ ?
Le connaissez-vous personnellement ?
A-t-il transformé votre vie ?
Il a donné sa vie sur la Croix du Calvaire pour la rançon de nos péchés, et nous avons la rédemption par son Sang. Cette merveilleuse rédemption, c'est par la grâce que nous pouvons nous l'approprier, la saisissant par le moyen de la foi. Ce salut ne vient pas de nous, mais il est un don de Dieu. L'avez-vous accepté?
Durant le procès de Jésus, Pilate posa la question . « Que ferai-je donc de Jésus qu'on appelle Christ ? » Cette même question, il faut que vous y répondiez pour vous-même aujourd'hui, en cette heure décisive où votre vie peut prendre une toute nouvelle direction. La foule répondit : «Qu'il soit crucifié...» et un brigand sur une croix voisine accepta la grâce rédemptrice. Il fut sauvé pour l'éternité !
« J'efface tes transgressions comme un nuage, Et tes péchés comme une nuée ; Reviens à moi, car je t'ai racheté. » (Esaïe 44 : 22.)
« J'ai appris à adorer Jésus-Christ comme mon Sauveur et mon Dieu. Cela mis en sûreté, je trouve en même temps en Jésus-Christ mon frère, mon semblable, mon ami, celui qui est avec moi, près de moi, et selon cette belle expression du Psaume 84, « mon soleil et mon bouclier ».
Mon soleil, c'est ma protection de loin; mon bouclier, c'est ma protection de près. Entre ce soleil de la divinité et moi, il y a tant de choses, un chemin si immense (dont je laisse à l'homme de calculer la durée matérielle, quoiqu'on n'en puisse jamais calculer la longueur spirituelle), que j'ai besoin du Seigneur près de moi, comme d'un bouclier qui m'enveloppe de toutes parts, - dont le coeur presse mon coeur, dont les bras me tiennent constamment environné, et auquel je puisse dire, et dire si je veux à l'oreille et. sans que personne au monde ne l'entende: je suis à toi et tu es à moi ; je sais qui tu es, mon Dieu et mon frère ; et tu sais qui je suis, ton enfant et ton serviteur, qui, malgré toutes ses infirmités, croit en toi, qui ne gémit que de croire si peu, et qui aspire à croire jusqu'à te glorifier dans les plus amères épreuves ! - Jésus-Christ donc est mon frère. Ah ! Quelle grâce que d'avoir Dieu pour frère, et d'avoir un frère pour Dieu! Je ne pourrai jamais seulement essayer de dire tout ce qu'il y a de combinaison profonde, tendre et mystérieuse dans cette union de Dieu avec l'homme : voilà ce qu'est Jésus-Christ pour moi. »
(Adolphe Monod 1856.)