Etant donné que nous sommes régulièrement confrontés aux plus diverses opinions concernant la crucifixion et la résurrection de Jésus, nous nous proposons d'exprimer notre pensée sur ce thème dans le cadre du «Périscope».
La plupart des questions qui se posent parmi les chrétiens ont été suscitées par cette affirmation avancée par le Seigneur Jésus-Christ:
«Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d'un grand poisson, de même le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre» (Matth. 12, 40). Le problème pour beaucoup est celui-ci: S'agit-il vraiment de trois fois 24 heures, donc en tout 72 heures - dans ce cas, Jésus aurait déjà été crucifié le jeudi, voire même le mercredi? Notons que pour la mort et la résurrection de Christ, les Evangiles présentent des nuances. Une fois seulement, il est fait mention de trois jours et de trois nuits (Matth.12, 40). Par contre, nous trouvons cette expression cinq fois au moins: «le troisième jour» (Matth. 16, 21; 17, 23; 20, 19; Luc 9, 22; 18, 33), et cette autre à trois reprises: «trois jours après» (Marc 8, 31 ; 9, 31 ; 10, 34).
Quelle formule faut-il retenir comme correcte? Celle-ci «trois jours et trois nuits» signifierait littéralement que Jésus serait resté 72 heures dans le tombeau. Mais l'affirmation selon laquelle Il est ressuscité «le troisième jour» pourrait indiquer une période plus courte.
Et ces mots «trois jours après», pris au pied de la lettre, auraient pour sens que le Seigneur Jésus ne serait ressuscité que le quatrième jour. Pour parvenir à une solution valable du problème, il importe de tenir compte, d'une part, du contexte biblique et de l'harmonie des Evangiles, et du cadre judaïque d'autre part.
Les quatre Evangiles sont catégoriques: le dimanche, «le premier jour de la semaine», le tombeau était vide (Matth. 28, 1; Marc 16, 2; Luc 24, 1; Jean 20, 1). Ce «premier jour de la semaine» était célébré par les premiers chrétiens comme étant celui de la résurrection de Jésus, le jour où, tout particulièrement, ils se réunissaient (Actes 29, 7; 1 Cor. 16, 2; Apoc. 1, 10).Ce dimanche est donc le jour de la résurrection du Seigneur.
Mais quand fut-Il crucifié: le vendredi, le jeudi, ou même le mercredi précédent?
Il est important de se souvenir que, dans la pensée juive, «trois jours et trois nuits» ne signifient pas nécessairement 72 heures. Selon leur calcul du temps, contrairement à nous, une nouvelle journée ne commence pas à minuit, mais déjà la veille au coucher du soleil. C'est ainsi qu'il est, par exemple, écrit en Lévitique 23, 32: «Ce sera pour vous un sabbat, un jour de repos, et vous humilierez vos âmes; dès le soir du neuvième jour jusqu'au soir suivant, vous célébrerez votre sabbat.» Sachons également que, dans le judaïsme, toute journée commencée (une partie d'un jour) est considérée comme une journée entière. Ainsi donc, le vendredi a débuté le soir du jeudi (premier cycle jour-nuit), le samedi, c'est-à-dire le sabbat, commença le vendredi soir (deuxième cycle jour-nuit) et le dimanche s'est ouvert le samedi soir (troisième cycle jour-nuit).
Deux passages bibliques du livre d'Esther viennent étayer ce principe selon lequel «trois jours, la nuit et le jour» (Esth. 4, 16) représentent une durée de trois jours (Esth. 5, 1).
Notons que seul Matthieu parle de trois jours et trois nuits, Marc et Luc ne le faisant pas. Pourquoi?
Parce que l'Evangile selon Matthieu a été essentiellement écrit à l'intention des Juifs. Quant à Marc et à Luc, ils se sont surtout adressés à des non-Juifs. Les Israélites n'avaient dès lors aucune difficulté avec l'expression «trois jours et trois nuits» dans l'optique du fait que Jésus est resté dans la tombe du vendredi au dimanche. Pour les non-Juifs, ils sont amenés à une correcte compréhension des choses par les formules «le troisième jour» et «trois jours après». Le problème de bon nombre de chrétiens procède du fait que nous retenons notre calcul du temps «païen», et non pas le juif.
«Le troisième jour» signifie que Jésus a été crucifié le vendredi, qu'Il est resté le samedi dans la tombe et qu'Il est ressuscité le dimanche.
La Bible Elberfeld fait la remarque que voici:
. . .pour la pensée orientale antique, les périodes entamées sont comptées comme entières. Ainsi s'expliquent facilement les trois jours et trois nuits de Matthieu 12, 40 où Jésus est resté dans le tombeau: le vendredi (la dernière partie du jour), le samedi (24 heures) et le dimanche (la première partie du jour) . . . Une journée de vingt-quatre heures, composée du jour et de la nuit, est un nycthémère, une unité. Ce terme montre clairement que pour les gens de l'Antiquité orientale, la journée de vingt-quatre heures, avec son calcul des heures, débute par la tombée de la nuit (Matth. 15, 32;17, 1 ; Actes 28, 7. 12. 14).
Que l'expression «trois jours après» ne pouvait signifier le quatrième jour, cela nous est nettement prouvé par cette déclaration des pharisiens à Pilate: «Seigneur, nous nous souvenons que cet imposteur a dit, quand il vivait encore: Après mis jours je ressusciterai'. Ordonne donc que le sépulcre soit gardé jusqu'au troisième jour afin que ses disciples ne viennent pas dérober le corps, et dire au peuple: Il est ressuscité des morts. Cette dernière imposture serait pire que la première» (Matth. 27, 63-64). «Trois jours après» a le même sens que «le troisième jour».
Pour étayer le fait que Jésus a été crucifié le vendredi, il y a ceci qui est dit au sujet de Joseph d'Arimathée: il s'est dépêché de déposer le corps de Jésus dans le sépulcre, car c'était la veille du sabbat, et que le soir du début du sabbat approchait (Marc 15, 42; Luc 23, 54-56). Souvenons-nous ici une fois encore de Lévitique 23, 32: Marie Madeleine et d'autres femmes regardèrent où Jésus était déposé. Elles se rendirent ensuite à la maison, où, le samedi, elles observèrent le repos du sabbat prescrit. Quand celui-ci s'acheva - vraisemblablement déjà le samedi soir, le dimanche commençant alors -, elles achetèrent des aromates et se rendirent tôt le dimanche matin au sépulcre pour embaumer le Seigneur, mais Il était déjà ressuscité (Marc 15, 47- 16, 1 et suiv.; Luc 23, 54-24, 2). Que signifie ce texte de Jean 19, 31:
«Dans la crainte que les corps ne restent sur la croix pendant le sabbat, car c'était la Préparation, et ce jour de sabbat était un grand jour...»? Oui, il était un grand jour, car il coïncidait, cette année-là, avec la fête de Pâques (Exode 12, 16).
Le jour de la Préparation du sabbat (aussi donc appelé l'avant-sabbat) ne peut être rien d'autre que le vendredi. Cette expression est aussi employée dans la littérature rabbinique pour désigner le vendredi. Le seul cas où le terme «sabbat» peut désigner un autre jour que le samedi est le «grand jour des expiations» (le Yom Kippour); il est alors mentionné d'une manière particulière. S'il n'en est pas ainsi, comme dans les passages bibliques cités concernant la mort et la résurrection de Jésus, il s'agit d'un sabbat qui est effectivement tombé un samedi.
On ne peut être plus clair à ce sujet que Luc 23, 54:
«C'était le jour de la Préparation, et le sabbat allait commencer.» L'étude biblique de la version Elberfeld fait cette remarque: «Le jour de la semaine précédant un sabbat ou une fête est généralement un vendredi.
Selon la conception de l'époque, la journée commençait par le coucher du soleil, donc par la première veille de la nuit.» Dans son livre «Jérusalem - obstacle à la paix du monde», Roger Liebi a écrit: «Comme nous le savons rétrospectivement, Jésus-Christ a été mis à mort par crucifixion comme un malfaiteur cinq jours après Son entrée à Jérusalem, le 15 Nisan. »
...est, selon moi, celle-ci: Il est écrit en Jean 12, 1 que Jésus s'est rendu à Béthanie six jours avant Pâques. C'était donc le soir du vendredi et le samedi de la semaine précédente. Il y a participé à un souper. Le lendemain, le dimanche (Jean 12, 12), vit Son entrée triomphale à Jérusalem (le dimanche des Rameaux) et la purification du Temple. Il passa encore la nuit suivante à Béthanie (Matth. 21, 17). Le lundi (Matth. 21, 18 et suiv.), Il maudit le figuier stérile. Le mardi, Il prononça un discours sur le mont des Oliviers. Le mercredi, deux jours avant Pâques (Marc 1 4, 1 -3 ), Jésus, qui se trouvait à Béthanie, fut oint par Marie «pour Sa sépulture». Le jeudi, premier jour de la fête des pains sans levain, alors que l'agneau pascal était immolé (Marc 14, 12), Il célébra la Pâque et la Cène avec Ses disciples. Il alla ensuite au jardin de Gethsémané, où Il fut arrêté. Le vendredi, fête de la Pâque, eurent lieu Ses différents interrogatoires, Sa crucifixion, Sa mort et Sa mise au tombeau. Le samedi (le sabbat), Jésus le passa dans le sépulcre, le royaume des morts; et Il ressuscita le dimanche.
Voici encore quelques remarques pour une meilleure compréhension de la fête de Pâques, de celle des pains sans levain et des derniers jours de Jésus avant Sa crucifixion:
Marc 14, 1: L'histoire des souffrances du Seigneur s'ouvre par une nouvelle date. De telles données de temps lient les événements suivants les uns aux autres et les articulent ensemble. La chronologie des faits de la Passion se complique du fait que deux systèmes de calcul du temps étaient alors utilisés. . .
La fête de Pâques, qui n'était célébrée qu'à Jérusalem (cf. Deut.16, 5-6), avait lieu chaque année les 14 et 15 du mois de Nisan (mars-avril; probablement le jeudi et le vendredi de la semaine sainte) (cf. Exode 12, 1 -4). Quant aux préparatifs du repas de Pâques - le sommet de la fête - il fallait la mise à mort de l'agneau pascal, qui se situait, d'après la chronologie judaïque, à la fin du 14 Nisan, donc le jeudi après-midi. Le repas lui-même était donc pris au début du 15 Nisan, c'est-à-dire entre le coucher du soleil et le coup de minuit du jeudi soir.
Immédiatement après, du 15 au 2 1 Nisan (y compris), il y avait la fête des pains sans levain, en souvenir de la sortie d'Egypte (cf. Exode 12, 1 5-20).
Ces deux fêtes juives étaient étroitement liées l'une à l'autre, et, par la vox populi, elles étaient souvent appelées «la fête de Pâques juive» (une fête de huit jours, du 14 au 2 1 Nisan [y compris]; cf. Marc 14, 2; Jean 2, 13.23; 6, 4; 1 1, 55).C'est ainsi que le 14 Nisan, le jour de la Préparation, est généralement appelé «le premier jour de la fête des pains sans levain» (cf. Marc 14, 12; Josephus, Ant. 2. 15. 1).
L'expression "deux jours encore" signifie littéralement «deux jours après». Dans le calcul du temps des Juifs, «deux jours après»a pour sens «après-demain». Du 15 Nisan (vendredi), deux .jours en arrière ramèneraient donc au 13 Nisan (mercredi); et «deux jours après», ce serait donc «après mercredi et jeudi».
(tiré de «Le Nouveau Testament, expliqué et commenté» par John F. Walvoord et Roy B. Zuck)
De notre point de vue, la pensée traditionnelle selon laquelle Jésus est mort le vendredi après-midi et est ressuscité le dimanche matin correspond mieux aux déclarations bibliques. N.L.
Appel de Minuit Avril 1998