Les Anges témoins actifs des relations entre Dieu et les hommes

 

Qui sont ces « anges » qui semblent avoir été créés par Dieu avant l'homme, et dont certains, entrés en rébellion, seraient devenus « les mauvais anges » ? En hébreu comme en grec leur nom signifie « messager ». Il désigne une fonction plutôt qu'une nature. Nulle part l'écriture ne nous renseigne avec précision sur celle de ces esprits du monde invisible. Nulle part elle non plus ne fait même mention de leur création.

 

On rencontre pourtant les « anges » tout au long du texte sacré.

Tantôt ils constituent une cour divine : dans les Psaumes, dans les Prophètes, dans l'Apocalypse, ils chantent éternellement les louanges de Dieu; tantôt ils sont les envoyés du Ciel auprès des hommes : la Vulgate traduira souvent le terme grec angelas par le latin « nuncius », « legatus » : envoyé.

Cela commence avec les chérubins que, Yahvé, au chapitre 3 de la Genèse, poste devant le jardin d'Eden dont l'homme vient d'être chassé. Ces chérubins de l'Ancien Testament, il est vrai, apparaissent assez éloignés de la représentation classique des « anges » , et plus encore de ces « amours joufflus » de la statuaire pieuse du 18e siècle, qui ont usurpé ce nom prestigieux. S'il fallait donner une pâture à l'imagination des anciens pour concrétiser des êtres spirituels, on les verrait volontiers, proches de ces génies fantastiques, ni hommes, ni fauves, qui ornaient les temples assyriens ou qui, en Egypte, les ailes déployées, la face tournée l'un vers l'autre, protégeaient le chargement sacré de la barque du dieu. Ces images-là ne sont peut-être pas étrangères à celles des chérubins, des « keroubim » ailés qui sur l'ordre de Moïse formeront le « trône de Yahvé » au-dessus de l'arche d'alliance.

Une fois de plus, les Hébreux ont pu être tributaires des traditions et des expressions ambiantes. Mais pour Israël ces chérubins ou ces anges, loin d'être considérés comme des demi-dieux, ne sont eux-mêmes que des serviteurs du seul vrai Dieu.

Ce n'est que tardivement, d'ailleurs, que les « chérubins » seront assimilés aux anges et qu'une hiérarchie, reprise par la tradition chrétienne, leur donnera une place précise : on les verra alors, avec les Séraphins, dont le nom signifie « brûlants » parce que Dieu se reflète en eux et qu'il se manifeste souvent par le feu et la flamme, ajoutés à ces « Archanges, Trônes, Vertus, Dominations, Puissances et Principautés », aux noms bien abstraits, venus eux aussi de la tradition juive. Tous ces « dignitaires » du monde invisible forment avec les anges les « neuf choeurs » cités pour la première fois au IVe siècle par saint Ambroise.

Image de Dieu parfois, messager souvent Sans titres, ni distinctions, les « anges », interviennent dès la Genèse comme des messagers, ou même comme représentants de Yahvé. Bien souvent, de deux récits, le plus primitif fera agir Dieu lui-même; le récit juxtaposé mais plus récent attribue volontiers la même intervention à « l'ange de Yahvé ».

Ces anges-là, pour traiter avec l'humanité, prennent facilement forme humaine : ainsi des trois « hommes » que reçoit Abraham, pareils sans doute à ces deux « hommes » en vêtement éblouissant qu'apercevra Madeleine devant le tombeau vide du Christ, au matin de la Résurrection. Et ce n'est pas le moins curieux, que cette permanence, cette immuabilité de l'aspect des anges à travers toute l'histoire biblique, alors qu'ailleurs la pédagogie divine se plaît toujours à révéler progressivement les données qu'elle livre.

Ces « célestes » n'ont pas d'ailes, encore que l'iconographie chrétienne leur en ait souvent prêté : Jacob dans l'Ancien Testament les verra s'élever au ciel par une échelle. Ils n'ont pas de sexe : la précision la plus précieuse sur leur nature est celle que donne le Christ dans l'Evangile de Matthieu (chap. 22), lorsqu'à propos de la résurrection générale à la fin des temps, il explique : « On n'épousera pas et on ne sera pas épousé, mais on sera comme des anges dans les cieux. »

Multiples sont leurs activités. Ils aident et protègent les hommes; ils intercèdent pour eux: ils expliquent aux prophètes le sens de leur vision.

Un ange apparaît à Agar fugitive et lui parle; des anges prédisent à Abraham la naissance d'Isaac; un ange empêche le grand Patriarche d'immoler son fils.

C'est encore un ange qui arrête l'ânesse de Balaam, un ange qui combat aux côtés de Josué, un ange qui annonce la mission de Gédéon ou la naissance de Samson. Un ange enfin, Raphaël, reçoit un rôle important dans l'édifiante histoire de Tobie.

Avec Raphaël, justement, voici le premier ange à qui l'Ecriture donne un nom : il signifie « Dieu guérit ».

L'archange Michel affrontera le démon; son nom est : « qui est comme Dieu » et voilà qui rappelle que bien souvent l'ange n'est rien autre que Dieu agissant, l'archange Gabriel apparaît à Daniel, et plus tard à Zacharie, père de Jean-Baptiste, avant d'apporter à Marie la bonne nouvelle; son nom signifie : « Dieu s'est montré fort ».

Si l'apparition des anges dans le Nouveau Testament est plus rare, leur existence n'est pas contestée : ce sont des anges qui annoncent la naissance du Messie aux bergers de Bethléem, et sa résurrection aux disciples; un ange qui réconforte Jésus au désert après la tentation, un autre, à Gethsémani.

Non seulement les auteurs du Nouveau Testament se réfèrent aux scènes de l'Ancien où les anges apparaissent : la visite chez Abraham et chez Loth, est citée dans l'Epître aux Hébreux;l'apparition de l'ange devant Moïse, dans les Actes des Apôtres; mais leur intervention est montrée bien réelle et particulièrement efficace : c'est un ange qui vient délivrer Simon Pierre dans sa prison, un ange qui suggère à Philippe de monter vers Gaza, un ange qui annonce à Corneille, le centurion, que Dieu a écouté sa prière.

Cependant, pour saint Paul, la tâche des anges n'est plus ce qu'elle fut dans l'ancienne Loi : le Christ est lui-même le médiateur de la nouvelle Alliance, et les anges lui sont soumis. Mais il s'accorde avec les évangélistes pour affirmer que lors des derniers temps les anges seront présents pour annoncer le retour du Fils de l'homme dans sa gloire. Selon le texte de l'Apocalypse, Dieu sera escorté de ses anges, ceux-ci se tiendront devant sa face et exécuteront ses ordres.

La liturgie de l'Eglise catholique ne cesse d'associer les anges au sacrifice de la Messe. Le texte romain fait explicitement mention du « saint ange » qui porte au Ciel les offrandes. Aujourd'hui encore, tout le peuple chrétien chante avec le choeur des anges, avant la consécration : « Saint, trois fois Saint est l'Eternel, Dieu des armées célestes », et ajoute, comme le firent les anges dans la nuit de la nativité « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. »

Protecteurs et gardiens Quant à l'image de l'ange gardien, reprise elle aussi de la tradition judaïque, elle était chère à saint Thomas pour qui le monde physique tout entier était confié par Dieu à la garde de ses anges : et chacun peut se référer à ces « anges accompagnateurs » qui déjà, dans l'Ancien Testament, se faisaient les protecteurs du jeune Tobie, de Daniel dans la cage aux lions, ou, comme l'archange Michel, du peuple juif en son ensemble (Daniel, chap. 12, vers. 1). Jésus enfin, parle explicitement des anges, de ces « petits », de ces humbles, « qui se tiennent en présence du Père ».

De même, quand l'Eglise romaine bénit le pont jeté sur une rivière,l'auto, l'avion, la voiture, la maison du malade, le foyer des nouveaux époux, elle délègue auprès de ceux qui utiliseront ce pont, ce véhicule, celle maison, un ange qui les protégera. Et si la présence de cet ange n'est pas un « article de foi », aucune limite n'est précisée à celle possibilité d'une députation céleste auprès des humains...

Dieu seul sait de science comment agit sa Providence.

En ce temps-là, la Bible N° 13 pages II-III.

© En ce temps-là, la Bible