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Une vocation.

 

- Eric, je vais faire une course à la Poste. Pendant ce temps, tu pourrais apprendre ta fable. Nous goûterons sur la terrasse dès mon retour.

- Oui, répond une voix à l'accent peu convaincu.

Une fois sa tante partie, maître Eric hausse les épaules en regardant avec un suprême dédain son volume de faibles.

- Peuh ! La Fontaine est un brave homme, j'en conviens très volontiers, mais, voilà, ses faibles, c'est autre chose ! Mon cher bouquin, tu voudras bien reprendre ta place dans la bibliothèque, car, pour le moment, j'ai des affaires plus graves. Et le jeune garçon, ayant relégué le malheureux livre, sort, après lui avoir adressé une grimace d'une rare élégance.

- Aillons rejoindre notre vaisseau, murmure-t-il avec extase. Depuis qu'Eric est en vacances à la campagne, chez sa tante, lai folie de la mer l'a pris tout entier. Dès la première fois qu'il a vu le joli étang de sa tante Wally, le jeune lycéen a pressenti sa vocation future. L'émotion incompréhensible qui l'a étreint à la vue de l'eau bleue et limpide a enfin ouvert ses yeux. « C'est donc bien cela, ma vocation, a-t-il murmuré, je comprends maintenant pourquoi toutes les professions auxquelles mes amis aspirent me laissent froid et indifférent. Tu vois cette eau, « Apollon », et Eric avait montré d'un geste large l'étang au petit minon de sa tante, eh bien ! c'est là-dessus que s'écoulera désormais ma vie. »

Depuis ce jour mémorable, le futur marin venait au moins une fois par heure promener son regard sur l'étang que son imagination agrandissait comme une mer.

Une chose inquiétait pourtant Eric. Sa tante Wally possédait bien un tout petit bateau, mais elle refusait carrément de le prêter à son malheureux neveu. Eric avait d'abord boudé, puis, après un court instant de réflexion, avait jugé préférable de subtiliser la clé du petit hangar que sa tante confiait au jardinier.

Voilà pourquoi, au lieu d'apprendre sa fable, le jeune héros se dirigeait-il allégrement du côté de l'étang. La bienheureuse clé, habilement escamotée, se balançait joyeusement dans sa poche.

- Tiens, Ursule !... Chère Ursule, vous annoncerez à ma tante que je vais accomplir ma destinée.

- Je vous ai préparé une tartine de beurre et de gelée, allez la prendre, répond la vieille cuisinière avec sa grâce habituelle, et nullement impressionnée par l'air solennel de l'enfant, elle continue dignement sa route.

En quelques minutes, Eric eut sort; la petite embarcation, et après le lancement, un peu plus laborieux, par exemple, ce fut le moment de l'embarquement.

Pâle d'émotion, les jambes soudain faibles et tremblantes, le « nouveau Cook » retenant le canot qui s'éloignait peu à peu, avance un pied assuré... et, plouf !...

Le jeune marin ayant mal calculé la distance, l'inévitable catastrophe s'est produite.

- Au secours... sauvez-moi... Ursule... tante Wally... je me meurs... au secours...

- Bon ! bon !

Ce fut Romulus, le gros Terre-Neuve, qui, seul, répondit aux appels déchirants du malheureux navigateur.

D'un effort magnifique, le bon chien parvient à saisir Eric, et noblement, le dépose quelques minutes plus tard sur la terre ferme.

Tante Wally, Ursule, le jardinier, tous accouraient enfin, heureusement alertés par les derniers cris parvenus faiblement à la villa.

Où suis-je ? murmure Eric en ouvrant des yeux vagues, sans intelligence. Ah ! ma tante, soyez sûre que demain matin je saurai ma fable.

- Alors, c'est fini, la marine ?

- Jamais, sursaute le noyé avec une vigueur inattendue. C'est seulement remis à plus tard. Pour le moment, tante Wally, allons goûter et emmenons Romulus. Mon vieux ! le héros, c'est toi !...

- Bon ! bon ! fait le bon chien en exécutant de folles cabrioles.

S. C.


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Les trois souhaits.

 

Je demandai à un étudiant quelles étaient les trois choses qu'il désirait le plus. Il me répondit : « Donnez-moi des livres, la santé et de la tranquillité, c'est tout ce que je demande. »

J'interrogeai un avare, et il me cria : « De l'argent ! de l'argent ! de l'argent !

- Et vous ? dis-je à l'ivrogne. « A boire ! » cria-t-il trois fois. - Et vous ? demandai-je à la multitude. Une rumeur confuse me répondit, dans laquelle je distinguai ces mots : « La fortune, la gloire, le plaisir. »

J'interrogeai alors un pauvre homme, qui était chrétien depuis longtemps. Il me répondit que tous ses désirs étaient contenus en Jésus-Christ. Il parlait sérieusement ; je le priai de s'expliquer. Il me dit :

« Je souhaite ardemment ces trois choses : premièrement, d'être trouvé en Christ ; secondement, d'être comme Christ ; troisièmement, d'être avec Christ. »

« Je considère toutes choses comme une perte en comparaison de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ, mon Seigneur. » (Phil. 3, 8).


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Naomi et Ruth.

(Ruth 1 : 1-22).

On pense, en relisant le petit livre de Ruth, à cette parole d'un Psaume : « Ceux qui sèment avec larmes, moissonneront avec chante de triomphe>. Comme tant de belles histoires, celle de Ruth, commence mal et finit bien... Voici le résumé de la première partie de cette histoire.

On sait que la vie n'était pas facile en Israël au temps des juges. Fuyant la lamine, un homme de Bethléhem avait dû quitter la terre de Juda pour s'installer plus à l'est, :tu pays de Moab. Cet homme, qui s'appelait Elimelec, était parti avec sa femme Naomi et ses deux fils. Les deux garçons avaient grandi, ils s'étaient mariés à leur tour quand, brusquement, le malheur fondit sur les Israélites exilés. Successivement, le père et les deux fils moururent. Trois veuves restaient : Naomi, âgée déjà, et ses deux belles-filles : Orpa et Ruth. On imagine la douleur des trois femmes...

Naomi, doublement frappée dans ses affections, ne peut - comme ce sentiment est légitime ! - supporter davantage le séjour à l'étranger. Elle décida de, regagner le pays de ses pères pour y finir ses jours. La voici sur le chemin du retour. Ses deux belles-filles l'accompagnent. Le moment est venu de se séparer. Naomi veut congédier Orpa et Ruth qui pleurent à l'idée de la séparation. Admirons Naomi. Elle aurait eu le droit, en vertu des coutumes d'alors, (une épouse appartenait en effet à la famille de son mari), de solliciter le retour des jeunes veuves au pays de Juda. Naomi n'a pas cherché son intérêt ; pas trace d'égoïsme chez elle. Tandis qu'Orpa accepte clé se séparer de sa belle-mère, Ruth refuse net et prononce ces mots (lui expriment la profondeur de son affection et la noblesse de son coeur : Où tu iras j'irai, où tu demeureras, je demeurerai, ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. (Ruth 1 :16).

Comme elle est touchante cette jeune femme qui accepte ainsi de tout quitter pour suivre qui ? - Une toute vieille femme au déclin de ses jours... Songez à tant de bonnes vieilles grand'mères de chez nous qui achèvent leur vie dans l'isolement. C'est tout juste si on ne leur fait pas sentir qu'elles sont de trop ! On a peu d'égards pour elles. On les laisse dans leur coin. C'est vrai que les vieilles gens ne sont pas toujours faciles. Mais, à qui la faute bien souvent ? ~ A leur entourage. Amis lecteurs, y a-t-il chez vous une vieille grand'maman ou une tante âgée. A-t-elle assez travaillé quand elle le pouvait encore ? Combien de grand'mamans se sont voûtées un peu plus en portant leurs petits-enfants, ?

Et voici, plus que Naomi, nous admirons Ruth qui a suivi celle qui était devenue sa mère pour rendre sa vieillesse heureuse et nous savons la faveur offerte aux nobles coeurs :

L'Eternel gardera ton départ et ton arrivée. (Psaume 121 . 8).


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Un bon tour.

 

Antoine et Léon, cousins germains, sont les meilleurs amis du monde. Du même âge, mais de caractères très différents, ils s'en, tendent à merveille pour faire de bonnes parties, voire même pour jouer des farces aux frères et soeurs d'Antoine ; (car Léon, enfant, unique et orphelin, est élevé par les parents d'Antoine).

Pendant les grandes vacances, il y a un léger relâchement de discipline et les peccadilles de nos jeunes amis ne leur attirent pas toujours de sévères punitions ; dernièrement, cependant, ils l'ont échappé belle, car ils avaient dépassé les limites de la plaisanterie.

Cachés dans la penderie, où ils préparaient quelque sottise nouvelle, ils ont entendu, à travers la cloison, une conversation entre M., et Mme Grindet. Cette dernière disait à son mari :

- Oh ! non, elle ne veut pas ; elle paraît tout à fait décidée à partir.

M. Grindet. - Je vais lui dire que je punirai les garçons très. sévèrement ; d'ailleurs, ils le méritent ; ce serait vraiment inadmissible qu'à cause d'une espièglerie nous fussions privés du contour& d'une domestique expérimentée, qui semblait vouloir s'attacher à la maison ! Ils n'ont pas mauvais coeur, au fond.

Mme Grindet. - Eh bien !... justement, c'est ce dont Mélanie se plaint, elle les trouve méchants. Tant que c'étaient de pures plaisanteries, m'a-t-elle dit, elle, le prenait en bonne part ; ils en font un peu à tout le monde et les enfants sont partout des enfants ; mais cette fois-ci, elle a eu un travail supplémentaire fatigant qui l'a mise en retard juste le jour où je lui avais permis d'aller voir sa soeur malade.

- Qu'avaient-ils fait ?

- Dévissé presque entièrement les attaches des cordes du grenier, de sorte que, sous le poids du linge mouillé, celles-ci ont cédé et la pauvre Mélanie a dû rincer à nouveau toute une partie de sa lessive, tombée sur le plancher du grenier. On comprend qu'elle ait été de mauvaise humeur !

M. Grindet. - On le serait à moins ; je vais sévir et leur ôter. l'envie de recommencer.

Mme Grindet. - Puis, elle se plaint qu'ils ne prennent aucune précaution de ne pas salir les parquets, entretenus par elle avec tant de soin ; les jours de boue, ils devraient passer par le sous-sol au lieu de traverser le vestibule, mais ils ne tiennent compte de ses recommandations. Et, ce n'est pas tout ! L'autre matin...

Antoine et Léon en avaient assez entendu. Silencieux et tacitement d'accord ils abandonnaient la farce méditée et descendirent

dans la salle à manger, où Mélanie mettait le couvert. Ils l'aidèrent tranquillement ; puis on se mit à table et comme M. Grindet avait à sortir ce soir-là (réunion du conseil municipal) rien ne fut dit aux coupables.

Le lendemain matin à 5 heures, Léon s'éveilla, et fut tout étonné de voir son cousin déjà à moitié habillé.

- Tiens, lui dit-il à voix basse, tu te lèves avec l'aurore ?

- Oui, j'ai mon idée.

- Et moi la mienne ; c'est drôle. Puis il fit sa toilette sans bruit. Une fois prêts, ils descendirent l'escalier tout doucement et se rendirent à la cuisine où, sans s'être donné le mot, ils se précipitèrent vers le petit placard où se trouvaient l'encaustique le net-alu, le noircifer, etc... Ils ne purent s'empêcher d'éclater de rire en constatant que chacun reluquait le seau d'encaustique.

Léon. - Je parie que tu vises le vestibule

Léon répondit d'un clignement d'oeil.

Bientôt, toujours sans bruit, les deux cousins s'escrimèrent à faire reluire le parquet du vestibule, qu'ils avaient si indignement sali la veille. Quand ce fut fini :

- Si on allumait le fourneau ? ce serait une surprise pour Mélanie, proposa Antoine.

Léon. - Mais je ne saurais pas m'y prendre 1

Antoine. - Moi, je l'ai déjà fait ; cherche-moi du petit bois,. remplis d'eau le bain-marie et je me charge du reste.

Mélanie descendit à l'heure' habituelle.

- Mais, qu'est-ce que cela veut dire ? une fée a passé par ici ! pas possible ! le feu allumé, l'eau des bouilloires qui chante, et cette odeur de cire... ah ! voyez-moi ce beau parquet, poli comme: un miroir...

Et soudain surgissent devant elle, Antoine et Léon, tout fiers de: leur oeuvre.

- Mélanie, nous vous demandons bien pardon pour le linge nous ne vous ferons plus de vilain tour ! nous n'avions pas réfléchi au travail que cela vous donnerait.

- Ah ! bien, là ! mes petits, voilà qui est gentil ; puisque vous avez bon coeur, nous resterons bons amis.

- Alors, vous ne partirez pas, Mélanie ?

- Ah ! si vous devenez raisonnables!

- Oui, oui, et vous verrez, au lieu de niches, nous vous ferons, des surprises ! Ce sera encore beaucoup plus amusant !

M. Schneider


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Ruth la glaneuse.

(Ruth 2 :1-23 ; 4: 13-17).

Ruth dans les champs de Booz

 

L'Eternel se montre miséricordieux pour les vivants, comme il le lut pour ceux qui sont morts. (Ruth 2 .20).

Ruth glana dans le champ jusqu'au soir. (Ruth 2 : 17).

C'est au commencement de la moisson des orges. Naomi et Ruth sont arrivées à destination. Pour Naomi, c'est le Bethléhem d'autre. fois, à peine changé ; plusieurs se souviennent fort bien de la veuve Elimélec, ils sympathisent avec elle. Pour Ruth, tout est nouveau, elle ne sait rien du pays et de ses habitants, elle est la Moabite, étrangère. Encore si elle était riche ! L'étranger opulent passe le front haut dans le pays qu'il visite, il y laisse de son argent... Or, .Naomi est pauvre, elle n'a pas trouvé en rentrant un domaine à exploiter. Et d'ailleurs, de quoi est-elle capable ? Elle est tout juste assez forte, semble-t-il, pour vaquer aux soins du pauvre ménage, cependant que Ruth, seule, ira _glaner dans les champs.

Glaner. Un travail qui part de ce principe excellent : que rien ne se perde ! Un travail aussi qui ne manque pas de charme : qu'il est joli le geste de la jeune femme au teint hâlé par les rayons du soleil; gracieusement, elle se penche pour saisir les épis oubliés. Vous connaissez cette invitation d'un chant populaire

Allons ramasser

Les épis laissés

Par les moissonneuses...

 

Mais, pour ceux qui glanent par nécessité, parce qu'il faut «les épis laissés » pour se nourrir, il ne s'agit ni d'un geste gracieux, ni d'une chanson jolie, c'est l'étalage, au grand jour, de son indigence. Et Ruth en est là !

Brave Ruth, Dieu veille sur toi. Il va te faire rencontrer celui Qui te tirera de peine. Tandis que tu accomplis courageusement ton humble travail, un homme t'a remarquée. Cet homme, c'est le riche propriétaire du champ où tu glanes. Un autre t'aurait toisée avec mépris, celui-là t'a considérée avec intérêt. Plus que le charme de ta jeunesse, il a admiré, quand il a su ce que tu avais fait, la beauté de ton caractère...

Cet homme, amis qui lisez ces ligues, vous connaissez son nom, il s'appelle Boaz. Il est bon : avec quelle gentillesse il parle, soit avec ses domestiques, soit avec Ruth. Il est intelligent aussi, il a deviné que Ruth sera la compagne qu'il n'a pas encore trouvée. Ruth va devenir l'épouse respectée du riche Israélite.

Un enfant naquit de cette union, qui fut heureuse : Obed, grand-père paternel du roi David..


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Autrefois.

 

C'est l'automne. Les nuits sont déjà plus fraîches et, le matin, un brouillard léger mais pénétrant enveloppe le village.

Avant l'aube, dans chaque maison une petite lumière brille, à la fenêtre de l'étable ou à celle de la cuisine, car le paysan doit soigner son bétail, traire ses vaches, les conduire à l'abreuvoir alors, que le soleil n'est pas encore à l'horizon. Aujourd'hui, c'est dimanche, et mieux encore, c'est le jour du Jeûne fédéral.

Alors -qu'en temps ordinaire l'animation progresse avec la clarté du jour, que les chevaux sont attelés dans la cour, que les chars, circulent, que la hache, la bêche ou le marteau résonnent chez le maréchal ou chez le charpentier, ce matin, c'est le silence. Devant l'auberge où, d'habitude, les voitures s'arrêtent à cause de la longue montée qu'il faut faire pour atteindre le village, et où un bataillon de poules vient picorer les grains d'avoine qui tombent des mangeoires, il n'y a personne aujourd'hui. Porte et volets sont fermés. C'est le jour du Jeûne.

Mais voici une petite cloche qui sonne une première fois pour « avertir ». Un peu plus tard, les deux cloches de l'église s'ébranlent parce que l'heure du culte est venue. Elles seules rompent le silence et si l'on prête l'oreille, on entend celles des villages voisins qui leur répondent.

Maintenant, de toutes les maisons voici les fidèles qui montent au Temple, les jeunes, les vieillards, se suivent sur le petit chemin qui longe l'ancien cimetière et aboutit au clocher, Tout le village sera là pour écouter le pasteur qui rappellera solennellement la bonté de Dieu et la reconnaissance qui devrait lui être témoignée .par une vie meilleure.

Il ne pense pas que son sermon changera la face du monde, ni que ce jour de fête convertira tous ses auditeurs, mais ne peut-il pas se réjouir ;à la pensée que cette heure de recueillement pour tout son village est une occasion de réfléchir, de se repentir, et pour plusieurs peut-être ! le point de départ d'une étape bénie.

Ce petit tableau du village, au matin du Jeûne, était exact autrefois, il ne correspond plus à rien aujourd'hui.

Hélas ! Il n'y a plus de silence nulle part ; il n'y a plus de recueillement, pas à la campagne le. jour du Jeûne.

Est-ce un progrès ?


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Jeûne fédéral: l'Espoir d'Israël.

(Psaume 130.)

 

Les lecteurs auxquels cette petite feuille est destinée n'ont pas beaucoup d'années derrière eux. S'ils veulent savoir ce qui se passait autrefois, ils sont obligés d'interroger leurs parents ou, mieux encore, leurs grands-parents. Le grand-père auquel ou demandera des explications au sujet du Jeûne fédéral, répondra peut-être, après s'être recueilli pour rassembler ses souvenirs, à peu près ceci : Autrefois, le Jeûne était une belle solennité. On y pensait longtemps à l'avance. La veille, comme aujourd'hui encore, on cuisait au four force « gâteaux aux pruneaux» et n'allez pas croire que c'était de la pure gourmandise. C'était pour permettre à la ménagère d'aller à l'église. Et l'on s'y rendait en effet ; le matin, le service était beaucoup plus long que de coutume ! Revêtus de leurs plus beaux habits noirs de cérémonie, paroissiens et paroissiennes remplissaient le sanctuaire jusqu'à la dernière place. Et puis, on retournait encore au temple l'après-midi ; en général pas le soir, puisque la lumière n'était pas toujours installée dans les lieux de culte... Ah ! oui, quand j'y pense, quelle émouvante solennité c'était, le Jeûne à l'époque de mon enfance ! Et le grand-père de conclure : les temps ont bien changé, c'est triste...

* * *

C'est triste. On ne peut s'empêcher d'approuver l'ancien auquel nous avons donné la parole ; à moins qu'on ne pense : quand une institution devient inutile, on la supprime ; si le Jeûne fédéral est de moins en moins respecté, pourquoi ne pas laisser tomber cette solennité ?

* * *

Voyons un peu. A la lettre, jeûner signifie ne pas manger. On se prive de nourriture quand on est malade et aussi, - rien ne coupe plus l'appétit que la tristesse, quand on a du chagrin! Or, qui peut se vanter d'avoir fait tout son devoir, au point de n'en éprouver aucun regret ? En ne mangeant pas, les anciens Israélites, dont beaucoup éprouvaient une douleur très sincère, exprimaient ainsi à Dieu leur repentir. Telle fut l'origine d'une cérémonie dont ou n'a retenu que la valeur religieuse, le Jeûne fédéral, journée nationale du repentir, de la reconnaissance pour le pardon accordé par Dieu, journée aussi des saintes décisions. Chacun sans doute est en mesure de dire à Dieu son regret ou sa gratitude pour son propre compte, mais on ne saurait avoir assez de respect pour une manifestation collective comme le Jeûne fédéral.

* * *

Pour nous associer au Jeûne fédéral, nous relirons, lentement, le magnifique Psaume 130 et nous en retiendrons ces deux versets : Israël, mets ton espoir en l'Eternel, car la miséricorde est auprès de lui ! (Ps. 130 : 7.)

J'espère en l'Eternel. (Ps. 130 : 5.)


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Si les animaux pouvaient parler.

 

- Henri, dépêche-toi, nous avons eu des meringues pour le thé et nous t'en avons gardé trois, viens vite.

- Et la bonne petite Lisette se sauve à la cuisine pendant que sort frère dépose son sac et sa casquette au corridor.

Soudain un cri de consternation retentit :

- Oh ! c'est ce vilain matou, ce voleur de Miro qui les a mangées ; vois-tu, le voilà, corrige-le comme il le mérite.

Henri s'empare du pauvre petit chat et avec sa règle plate lui donne des coups tant et si bien que la pauvre bête affolée s'enfuit par la fenêtre et disparaît. Mais dans tout ce vacarme on n'a pas entendu papa arriver, il est pâle et regarde Henri qui tient encore dans sa main l'instrument de supplice.

- Tu devrais avoir honte de frapper un faible animal de la sorte, c'est lâche d'un grand garçon comme toi de te laisser emporter (par la colère. Si ta soeur avait mis ces meringues en lieu sûr et à leur place dans l'armoire, ce pauvre chat n'aurait pu y toucher, il a pu croire qu'elles lui étaient destinées étant bien en vue sur la table ; et, maintenant, va dans ta chambre et réfléchis à ta conduite.

Henri est confus, il regarde sa soeur Lisette avec colère et lui murmure en pleurant :

- C'est ta faute aussi, tu n'avais qu'à les mettre dans l'armoire, il faut toujours être grondé pour toi.

Lisette est bien petite et bien étourdie, mais elle se promet à l'avenir d'avoir plus d'ordre ; elle a pitié du chat, mais aussi pourquoi a-t-il volé ? C'est très mal de voler, elle le sait, mais elle ne peut comprendre qu'un chat n'est pas un enfant et qu'il n'a pas une petite voix qu'on appelle la conscience qui lui dit : c'est bien ou c'est mal. Henri a ouvert son livre d'Histoire Sainte, il apprend sa leçon pour le lendemain, son coeur est gros et il trouve son père injuste. Si sa mère était à la maison, il irait pleurer vers elle, mais elle est absente et il doit garder son chagrin pour lui. Il aime tant les meringues que cette perte ne peut lui être indifférente, cependant il reconnaît qu'il a eu tort et se met devoir d'apprendre sa leçon.

Mais il a mal aux yeux, les larmes lui ont rougi les paupières, les lettres se brouillent. Oh ! quelle drôle de chose, toutes ces lettres dansent et prennent toutes sortes de formes, mais, tiens, ce sont des animaux, oui, tous les animaux de la création et ils causent, et ils gémissent ; mais, parlez donc les uns après les autres, que je comprenne dit Henri et voilà qu'il les écoute, il les connaît presque tous ; tiens voilà le vieux cheval du laitier, qu'est-ce qu'il dit ?

- Ah ! Les hommes, parlons-en ! Dès qu'on est en âge, ils vous tourmentent, un mors qui vous déchire la bouche, un fouet qui vous meurtrit la peau, grelotter l'hiver dans la neige à attendre le maître qui boit au cabaret et qui reviendra plus méchant qu'avant pour vous battre et oublier qu'on a aussi un estomac qui réclame, être dévoré des taons en été, tirer le char pesant tous les jours et pour récompense être tué quand on est trop vieux pour travailler. Tu trouves cela juste ?

Et moi, s'écria le chien de garde du fermier, tu crois que c'est amusant d'être toujours attaché ; quand on aboie, on nous traite de sale bête, si on ne dit rien, on n'est qu'un fainéant. Quand on y pense, on nous jette un os. Tu trouves cela juste ?

- Que feriez-vous, sans nous, disait une grosse vache brune, nous nourrissons le monde entier et si nous avons la moindre envie de gambader et d'aller dans un pré défendu, comme si nous savions lire les noms des propriétaires sur les champs, voilà, le bâton et les coups de pieds. Tu trouves cela juste ?

Et voilà le petit Miro tout éclopé qui s'avance en miaulant

- Dis donc, vous autres enfants qu'est-ce (que vous diriez si on vous battait de la sorte quand vous prenez ce qui ne vous est pas destiné. Te souviens-tu de la pâte de coings que ta mère cachait dans son armoire et des caramels...

- Oui, oui, c'est bon, on n'en parle plus.

- Alors, moi qui ne peux savoir, moi qui aime aussi les meringues, tu trouves que c'est juste de me battre pareillement ? Et les oiseaux se plaignent des gamins qui détruisent les nids. Si on venait vous prendre à vos parents et démolir votre maison, que diriez-vous ? Ah ! que de maux nous subissons par la méchanceté des hommes et pour cela nous égayons vos Jardins, nous protégeons vos arbres de la vermine, mais on nous guette, on nous emprisonne ou on nous tue. Ah ! vous trouvez cela juste ?

Henri se bouche les oreilles. Que de réclamations ! Tous ont quelque chose à dire, depuis des mouches qui se plaignent que les enfants leur arrachent les ailes, jusqu'aux bêtes des forêts qui ne demandent rien à personne; la forêt est faite pour nous, disent-elles, mais des hommes armés ont un plaisir cruel à nous exterminer, aussi nous avons peur de l'homme et pourtant quel mal faisons-nous, pauvres lièvres, tout au plus mangeons-nous quelques choux, vous en mangez bien vous, et nous, écureuils joyeux, lapins sauvages, on nous traque. Est-ce juste ?

Henri n'entend plus qu'un grand brouhaha de voix ; il a peur, il lui semble que tous ces animaux vont se venger sur lui du mal que leur font les hommes, alors il crie de toute sa force en les repoussant et en se jetant à genoux

- Pardon ! Pardon !

Ce cri sorti de sa gorge le réveille, il est tremblant, les coudes sur la table, son livre d'histoire sainte ouvert à la parabole du Bon Samaritain, alors, il comprend qu'il a rêvé et se promet de se souvenir de ce rêve.

On frappe à sa porte, Lisette passe sa tête bouclée et appelle son frère pour aller souper.

- Tu sais, le Miro est revenu, mais il est tout triste.

Henri prend sa petite soeur par la main :

- Je vais lui demander pardon.

Lisette rit. Comment peut-on demander pardon à un chat ?

Assis devant s'a tasse de café au lait Henri mange de bon appétit, soudain il sent le petit chat se frotter contre sa jambe.

Je vois que tu me pardonnes ma méchanceté, pense-t-il, et il va verser dans l'écuelle de fer-blanc une bonne ration :de lait que l'animal se met à laper avec un ronron de contentement.

Ah ! pense Henri, si les animaux pouvaient parler, nous recevrions souvent de bonnes leçons.

Mme B.-C.


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Enfance de Samuel

(I Sam. 3: 1-21.)

Samuel et Héli

Souviens-toi de ton Créateur pendant les jours de ta jeunesse. (Ecclésiaste 12 : 13.)

Le cantique bien connu des enfants dit vrai : «Nul enfant n'est trop petit... » Rappelons ici l'histoire de ce petit garçon de l'ancienne alliance auquel Dieu consentit à parler.

Il s'appelait Samuel, un très beau nom hébreu qui signifie exaucé par Dieu. Sa mère, la pleure Amie, était bien triste de ne pas avoir d'enfants. Avec ferveur, elle supplia l'Eternel qui entendit sa prière. Pour exprimer sa reconnaissance à Celui qui avait exaucé son voeu, la mère décida que le nouveau-né serait « consacré à l'Eternel ». Les parents, Anne et Elkana, son mari, mirent leur fils au service d'Héli, sacrificateur au sanctuaire de Silo.

Le magnifique temple de Jérusalem n'était pas encore construit, il y avait, ici et là, des endroits qu'on vénérait spécialement Parce qu'un autel y était dressé, où l'on offrait des holocaustes. Le sanctuaire de Silo était d'autant plus important que, là, l'arche de l'alliance et les tables de la Loi étaient déposées.

Il ne faut pas s'imaginer que ce qui se passait à Silo était digne de ce saint lieu. Héli était âgé, il n'y voyait presque plus, ses fils, qu'il laissait faire, volaient indignement les offrandes apportées par les fidèles pour être offertes en sacrifice. Le jeune Samuel était loin d'avoir les bons exemples qu'il aurait dû recevoir. Il fut sûrement scandalisé, découragé. Peut-être -essaya-t-il, timidement, de protester contre les coupables actions des deux fils du sacrificateur, qui, sûrement, se moquaient de tant de naïveté ! Samuel tint ferme et c'est alors que Dieu parla au pieux enfant. Une nuit, les lumières du chandelier à sept branches qui devaient briller du soir au matin n'ôtaient pas encore éteintes, Samuel s'entendit appeler par son nom, il crut que c'était Héli : une, deux, trois fois, il se rendit auprès du vieillard qui comprit enfin que la voix était celle de l'Eternel. L'Eternel appela : « Samuel, Samuel ! » et Samuel répondit : « Parle, ton serviteur écoute ! » (I Sam. 3 : 10.) Et l'Eternel révéla à Samuel le sort tragique qui allait bientôt être celui d'Héli et de ses fils, dont le prochain « Messager » entretiendra ses lecteurs. Samuel grandit, nous dit la Bible, et l'Eternel était avec lui.

Malgré les mauvais conseils. et les mauvais exemples, malgré les moqueries aussi, rester brave et fidèle... un bien, bel exemple et toujours actuel, que nous donne le petit domestique du sanctuaire de Silo, que l'Eternel Dieu daigna appeler à son service. Aujourd'hui encore, Dieu a besoin d'aide...


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Tango.

 

- Dans le fossé ?

- Non, sur le tertre, de l'autre côté ; il gémissait piteusement je l'ai ramassé et je croyais qu'il allait mourir dans mes bras.

- Certes, il n'est pas brillant, mais peut-être qu'avec des soins on le tirera de là ! Il ne porte aucune trace de blessure ; voyons s'il a faim, et puis nous le coucherons sur une couverture devant le fourneau ; quand il ira mieux, on lui fera sa toilette.

- Oh ! maman, tu veux bien le garder ?...

- Pour commencer, oui ; nous n'allons pas le laisser souffrir sans rien faire pour le soulager. Quant à le garder... hem... cela coûte, de nourrir une bête... et puis il faut savoir si son maître ne te réclamera pas...

- C'est peut-être un chien abandonné, qu'on avait mis là tout exprès pour s'en débarrasser ?

- Nous verrons.

Pierre entrait dans la cuisine toutes les dix minutes, pour s'assurer que son protégé vivait encore, et bientôt il le trouva endormi.

- S'il dort, il sera sauvé ! proclama-t-il sentencieusement.

- Qu'en sais-tu ? questionna Mme Picron.

- Mais c'est ce qu'a dit le docteur, après l'accident de la fermière ! tu ne te rappelles pas ?

- Ah ! bon, fit Mme Picron en riant, mais ce n'est pas la même chose. La fermière avait eu le délire et était très agitée ; un bon sommeil prouvait qu'elle se calmait.

N'importe ; tu verras que mon chien sera guéri à son réveil.

Tu dis « mon chien », mais sais-tu qu'il faut tâcher de retrouver son maître ? va à la mairie et raconte au garde-champêtre ce qui est arrivé ; il connaît tout le monde par ici et aux environs et il donnera un bon conseil.

- Oh ! pourquoi ne veux-tu pas que je le garde, maman ?

- Ce ne serait pas honnête, mon petit. D'ailleurs, je te le répète, nous sommes si pauvres que je ne saurais pas comment nourrir une bouche de plus. Ah ! si ton brave et digne père vivait encore...

Pierre ne répliqua plus et docile, s'en alla au village, faire son rapport au garde-champêtre.

Une semaine s'écoula; nul ne vint réclamer Tango qui, lavé, brossé, suivait Pierre partout dans la maison, mais pas dehors ; si

de force on l'emmenait dans la cour, il se mettait à trembler, se blottissant le long du mur, comme saisi d'une peur intense.

- Pour moi, disait alors Mme Picron, c'est un chien qui aura été maltraité, quelque part sur les chemins on voit qu'il est habitué à vivre dans les chambres plutôt que dehors.'

Pierre avait commencé par donner une portion de son dîner à son protégé, puis il avait imaginé d'offrir ses services à l'épicier, pour porter les commandes au château; justement, le père Tavard se trouvait sans commis. ;Il accepta la proposition de Pierre qui se mit à sa disposition tous les jours, de 4 à 5 heures, au sortir de l'école. De cette façon, Pierre put gagner quelque argent et pourvoir à la subsistance de son chien, sans grever le maigre budget ,familial. A la fin du mois, le père Tavard, ayant engagé un nouveau commis, annonça à l'ami Pierre qu'il n'aurait plus besoin de ses services. L'enfant devint pâle et balbutia :

- Oh ! comment faire alors, pour nourrir Tango et il détourna la tête afin que l'épicier ne le vît pas pleurer.

- Tango ? qui est-ce ?

Pierre raconta l'aventure du chien trouvé.

- Eh bien, petit, puisque tu as «charge de famille », c'est différent. Je trouverai du travail à te confier, trois fois par semaine, et les autres jours tu viendras chercher des restes pour faire la soupe de ton Tango

Ainsi fut fait, et Tango devint un fidèle camarade pour son jeune maître, en même temps qu'un bon gardien de la maison, en l'absence de la mère Picron.

D'où venait-il ? on ne le sut jamais. Ce que je puis affirmer, c'est que sa venue mit un rayon de lumière au foyer Picron. Il fut l'humble instrument dont Dieu se servit pour développer chez maître Pierre, l'esprit d'initiative et la persévérance dans l'effort, en même temps que pour l'initier à la. sainte joie procurée par tout travail désintéressé.

Plus tard, Pierre pouvait dire à ses enfants : « J'ai travaillé avec joie pour nourrir mon chien, afin qu'il ne fût pas à charge à ma mère et j'ai mieux compris alors combien celle-ci avait droit à mon respect et à ma reconnaissance, pour son dévouement et sa sollicitude envers moi. Je l'ai plus saintement aimée quand j'ai réalisé combien elle se privait pour moi. »

Tâchez d'arriver à la même conclusion, amis lecteurs, même si vous n'avez pas adopté de Tango !

M. Schneider.


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Héli et ses enfants.

(I Sam. 4 : 1-18.)

 

Nous sommes tous membres les uns des autres. Si un membre souffre tous les membres souffrent avec lui. (Rom. 12 : 5 ; 1 Cor. 12 : 26.)

Voilà une pensée de l'Apôtre Paul dont il n'est pas difficile de prouver la profonde vérité. Il suffit de penser à la famille. Quand un enfant est gravement malade, les parents, les frères et les soeurs perdent leur gaîté et souvent le sommeil ; quand un membre de la famille se conduit mal, le déshonneur, hélas, atteint tous ses proches.

Héli, le sacrificateur de Silo, était un brave homme. Il était sincèrement attaché à l'Eternel, mais aimait ses aises et se montrait d'une déplorable faiblesse avec ses enfants, qui étaient de mauvais, sujets. Il leur faisait de douces remontrances, dont ils se moquaient. Les malheureux devaient en être cruellement punis ! Quelques mots suffisent au chroniqueur biblique pour exprimer avec force la faute des deux fils du sacrificateur : Ils n'écoutèrent point la voix de leur père. (1 Sam. 2 25.) La bénédiction divine ne saurait reposer sur de mauvais fils

Il faut rappeler les dramatiques événements, annoncés déjà sommairement par le petit Samuel, auquel Dieu avait parlé, et qui amenèrent le châtiment des fils d'Héli et la mort de leur vieux père.

Les Philistins. - dont le nom de Palestine est dérivé, ils occupaient en effet le pays de Canaan, - furent souvent en guerre avec les Israélites. A la fin de l'époque des juges, au temps d'Héli précisément, ils attaquèrent les Hébreux avec un tel acharnement qu'ils leur infligèrent une sanglante défaite. Fort abattus, les Israélites usèrent d'un grand moyen, qui avait réussi au peuple dans le passé : un souvenir comme celui de la prise de Jéricho par exemple ne devait pas être oublié ! Ils firent donc amener de Silo l'arche de l'alliance, persuadés que l'Eternel leur accorderait la victoire. L'enthousiasme était si grand au camp israélite que les Philistins, un moment découragés en entendant les cris de joie qui leur parvenaient, se ressaisirent et combattirent avec l'énergie du désespoir. Les Hébreux subirent une nouvelle défaite, plus écrasante encore que la première ; ce fut un carnage épouvantable, les deux fils d'Héli périrent, et, pour comble de malheur, l'arche vénérable, qui avait accompagné jadis les pères dans leurs périgrinations à travers le désert, l'arche, gage de la présence de Dieu au milieu de son peuple, abandonnée dans la déroute générale, fut prise et emmenée par les Philistins victorieux dans le temple de Dagon, leur idole.

Et pendant ce temps, à Silo, le vieil Héli attendait, le coeur rempli d'angoisse. Il devait mourir de saisissement en apprenant la fatale nouvelle.