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Mon enfant, va aujourd'hui travailler à ma vigne.

(St-Matthieu 21 : 28)

« Je suis trop petit ; plus tard quand je serai grand. » - Combien de fois n'avons nous pas entendu cette réponse. Qui sait même si nous ne l'avons pas faite souvent nous-même.

Et cette réponse a l'air d'un argument sérieux auquel il n'y a rien, ou pas grand chose, à répliquer. On dit « C'est vrai, il est encore bien petit » et l'on attend qu'il soit grand plus tard. Seulement ce plus tard n'arrive jamais, non pas que l'enfant ne devienne jamais grand ! Non, Dieu merci, il ne reste pas toujours. tout petit, mais ce qui n'arrive jamais, c'est le « aujourd'hui » décisif, qui serait l'heure de l'action bonne, de l'amendement, l'heure de la conversion.

Ce « Je suis trop petit » n'est pas une raison, ce n'est qu'un prétexte.

J'ai connu un petit garçon qui, à quatre ans, avait déjà trouvé ce faux argument. Quand apprendras-tu à lire ? lui demandait-on. Et très sérieusement il répondait : Je suis trop petit ; quand j'aurai cinq ans !

- Quand il eut cinq ans : Eh bien ! lui dit-on, quand commenceras-tu à apprendre ? Et lui qui ne trouvait rien de changé dans ses goûts de répondre avec assurance : Trop petit, quand j'aurai six ans.

Il est sûr qu'à cinq ans on n'est pas un colosse, mais cela menaçait de durer indéfiniment. Et quand alors ?... Le père coupa court à ces raisonnements en l'envoyant à l'école.

Eh bien ! à tout âge c'est la même chose. Surtout pour l'oeuvre de Dieu parce qu'elle ne s'impose pas à nous comme une nécessité brutale, immédiate. Elle s'offre à notre acceptation, elle fait appel à notre volonté... alors nous ne sommes jamais prêts.

N'attendons pas de n'avoir plus à lui offrir que des restes. A son service mettons, dans notre jeune vie, notre jeune coeur.

Aujourd'hui.


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Tic-tac !...

Petit Pierre s'est couché, d'un air câlin, entre les jambes de son père : « Papa, laisse-moi entendre le tic-tac ! »

Ce petit bruit régulier, comme la respiration de quelque être étrange caché dans sa botte d'or, a le don de le ravir.

Et petit Pierre, d'une de ses mains serre l'extrémité de la chaîne, de l'autre, il approche de son oreille l'objet convoité

Voyez comme il écoute, avec une expression à la fois naïve et profonde, avec un demi-sourire, mystérieux comme la petite voix cadencée qui lui raconte de belles choses.

Plus tard, la montre - la sienne - lui dira, d'un ton beaucoup plus net et très impératif : « Dépêche-toi, c'est l'heure d'aller à l'école » ; ou bien, tirée en cachette à la fin d'une longue matinée de leçons : « Plus que dix minutes, et puis la liberté ! » Elle lui rappellera jour après jour, qu'il y a une heure pour le devoir comme pour le plaisir et que l'exactitude est une grande vertu, et le moyen de faire beaucoup sans jamais être en retard... Pour le moment - il est encore si petit, Pierre écoute,. il écoute encore, jusqu'à ce que, fatigué de son jouet, il le rende à qui de droit, en disant : « Tiens, papa ».

... Depuis quelques heures, montres, pendules et horloges, ont marqué, par leur tic-tac et leurs sonneries, le passage de l'année achevée à une année nouvelle. Tous nous voulons, dans ce premier jour de dimanche de l'année, prêter l'oreille pour entendre ce qu'il a à nous dire, aussi attentivement que petit Pierre écoutait les ,secrets de la montre d'or :

Tic-tac ; c'est le temps qui passe si vite ! Aujourd'hui enfant, l'âge heureux ; bientôt jeune homme ou jeune fille, bientôt la vie avec ses grands dangers et ses grands devoirs. L'on voudrait pouvoir s'arrêter, à la fin d'une journée heureuse, pour la revivre et la savourer lentement. Et le temps nous entraîne plus loin. Souvent l'on voudrait aussi en reprendre une autre, mal employée pour la recommencer : « Je me suis levé mal disposé, j'étais impatient, paresseux, elle a été perdue ! » Et il y en a tant de ces journées, qui nous apparaissent comme des taches, 'dans l'an qui vient de finir... Non, elles ne se recommencent pas, c'est le passé. Mais nous pouvons faire une chose, le remettre à Dieu, ce passé pour qu'Il le pardonne.

Tic-tac: c'est la voix mystérieuse de l'avenir. Que nous apportera l'an nouveau ? Dieu le sait. En tout cas : un an de grâce, si nous le voulons, une «bonne année » comme nous vous le souhaitons ? oui, si nous la commençons - et voulons la continuer avec Lui... Et voici toutes sortes de bonnes résolutions : Je serai plus sage, je veux bien travailler, être la joie de mes parents, je veux lutter contre mes vilains défauts ».

Et le tic-tac du temps qui passe nous dît : « Prends garde, il est facile de promettre, plus malaisé de tenir ». Mais il vous répète aussi : « Confiance ! Jésus, le Sauveur de demain comme celui d'hier, peut vous rendre capables, et vous donner un an béni, où, comme lui, vous «croissiez en sagesse, en stature et en grâce devant Dieu et devant les hommes».

E. Bovon.

 


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Les deux fils d'Isaac

(Genèse 25 : 27-34.)

 

Les deux fils d'Isaac et de Rébecca, son épouse, étaient jumeaux. Les jumeaux se ressemblent souvent d'une manière si frappante qu'il faut appartenir à leur famille ou être un ami intime pour les distinguer. Mais on peut observer le contraire ; vous connaissez peut-être des jumeaux dont l'un est le portrait de son père et l'autre celui de sa mère. Esaü, qui naquit le premier, ressemblait-il à son père et Jacob à sa mère, c'est possible... toujours est-il qu'Isaac préférait Esaü et que Rébecca chérissait son petit cadet, son Jacob. Ce fut un tort ; il ne doit pas y avoir de préférences dans une famille, la concurrence y est interdite ! Si des injustices sont commises dans un loyer, les plus terribles conséquences sont à redouter. Car l'injustice provoque l'envie et l'envie la haine et celui qui hait est sur le chemin du crime. Esaü et Jacob se sont détestés. S'ils sont coupables, il convient cependant de noter que leurs parents en ont été les premiers responsables. Mais, ne jugeons pas, n'oublions pas qu'au temps des patriarches, les moeurs étaient encore bien sauvages. La civilisation n'avait pas fait beaucoup de 'progrès et, surtout, Dieu ne s'était qu'incomplètement révélé aux hommes : Jésus n'était pas encore venu, cette magnifique parole n'avait pas encore été prononcée : Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous, les uns les autres, comme je vous ai aimés. (Jean 13 : 34) Un verset à retenir, il devrait être la devise de toute maison qui se respecte.

Mais, laissons-là les parents et occupons-nous des enfants. Les deux frères, quoique jumeaux, étaient donc totalement différents. Esaü était fort comme un ours. La comparaison ne manque pas d'à propos, les récits bibliques rapportent qu'il était velu. Il ne craignait pas le danger et pratiquait avec passion le sport de la chasse. Mais, avec tout cela, il était insouciant et, peut-être, pas très intelligent. Jacob, au contraire, était le plus rusé des compères, Ce garçon chétif, qui aimait le coin du feu, savait à merveille manier l'arme, peu glorieuse, des faibles et des lâches : la dissimulation. Jacob enviait en outre Esaü, il enviait sa force, il enviait surtout son droit d'aînesse. Il guettait le moment favorable où il pourrait obtenir de son aîné un privilège dont Esaü ne faisait pas grand cas. Le roué Jacob feignait de partager le mépris de son frère : un jour qu'Esaü rentrait fatigué, Jacob n'eut-il pas l'audace de lui proposer un plat de lentilles en échange du droit sacré... Esaü, stupidement. accepta.

Une telle insouciance est stupéfiante : le droit d'aînesse n'était

pas seulement un avantage matériel appréciable, c'était aussi, chez les Hébreux, un sur garant de la bienveillance divine... Or, les grâces de Dieu ne se vendent pas ! Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. (Matt. 10 : 8.)

M. A.

 

P. S. - Enfants, ces notes, rédigées très simplement, sont écrites pour vous. En les lisant vous comprendrez mieux le sens des versets à apprendre.


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Le parrain

 

- C'est entendu : si ton fils est premier à la dernière composition de l'année, je me charge des frais d'études pour six années de lycée : il choisira sa carrière et le reste me regarde, si toutefois sa conduite donne pleine satisfaction.

- Oh ! quant à cela, je n'ai aucune crainte ; Raymond est un garçon sérieux ; mais, pour dire vrai, il n'a pas l'esprit prompt ; il étudie consciencieusement, fait des progrès, ce qui n'empêche que d'autres le dépassent ; alors, si tu exiges qu'il soit premier .....

- Absolument ! sinon, je ne m'occupe pas de son avenir. Après tout, il a des bras, il travaillera à la terre; à quoi bon devenir ingénieur ?

- Il a des dispositions... ses maîtres l'encouragent à poursuivre ses études...

- Eh bien ! dis-lui mes conditions ; c'est à prendre ou à laisser, ou je ne m'appelle pas Albert Trasseau, oncle et parrain de Raymond, ton fils.

Quinze jours après cette conversation, eut lieu la composition d'arithmétique dont l'issue devait décider du sort de Raymond. Ce dernier avait un rival en la personne de son meilleur camarade, Guy Darfleur ; bons amis, se disputant partout les, premières places, ils étaient tous deux à la tête de la classe.

Ce matin-là, Guy, apercevant de loin Raymond, se hâta de le rejoindre : « Si je suis premier aujourd'hui, cela me fera six bonnes places ce trimestre-ci, et papa m'emmènera au bord de la mer ; il me promet des excursions, peut-être une traversée... aussi tu peux croire que j'ai pioché ma composition ; et toi ?

- Ne m'en parle pas ! depuis 15 jours, c'est mon cauchemar...

- Quelle idée ! le calcul est pourtant ta partie forte : et tu sais, si je suis premier, tu seras second, avec seulement peut-être 1/4 de point de différence !

- Justement, et c'est ce qui me désole

- Tu fais bien le fier !

- Ah ! tu ne comprends pas.

- Explique-moi, alors : sera-t-on fâché chez toi ?

- Ce n'est pas cela, mais on sera rudement déçu

- Tu es trop orgueilleux...

- Ah ! tu appelles cela de l'orgueil ? et si ton avenir entrait en jeu, que dirais-tu ?

- L'avenir ? tu emploies de bien grands mots ! mon avenir ne dépend pas d'un 20 ou d'un 19 3/4...

- Mais le mien !... et mon parrain ne plaisante pas !

Raymond mit en deux mots son ami au courant de la situation, ce qui rendit Guy tout songeur...

Le professeur a donné le sujet de la composition : deux questions de système métrique, une simplification de fractions, un problème ;'durée : une heure. Or, depuis dix minutes, Guy, la tête entre ses mains, n'a pas écrit une ligne ! Le professeur l'observe avec étonnement. Est-il possible que d'aussi simples questions l'embarrassent, lui ? peut-être est-il souffrant ? ses joues sont très rouges... aurait-il mal à la tête ? A l'autre bout de la salle., Raymond, très pâle, semble tout absorbé par son travail ; il écrit, s'arrête pour réfléchir, les yeux dans le vague, puis écrit encore... C'est un excellent élève, quoique moins brillant que Guy. Ce dernier, aux jours d'inspection, fait bonne contenance, alors que Raymond se laisse vite intimider : mais quelle persévérance, quelle ténacité dans l'effort ! il mérite de réussir, pense le professeur.

Trois jours plus tard, le directeur vient rendre compte de la composition d'arithmétique. Sur 32 élèves présents, Guy Darfleur ne vient qu'au quinzième rang, avec la note 8 sur 20, tandis que Raymond Trasseau est premier avec 20 ! Stupéfaction générale ! Guy si loin des premières places !... que lui est-il donc arrivé ! On ose à peine féliciter Raymond qui, au sortir de la classe, court d'une traite chez lui, annoncer la bonne nouvelle.

Son parrain a tenu parole : à la rentrée suivante, Raymond est entré au lycée, où il a tout de suite pris un bon rang.

Et l'ami Guy ?... Il a eu des vacances assez ternes : point de voyage en Bretagne, ni ailleurs... et son père n'a jamais compris qu'il eût raté une composition si facile et remis une copie a moitié blanche. « Il avait mal à la tête ! ... » explique maman.

Entre-nous je la soupçonne d'avoir deviné le secret de son fils.

Il lui avait parlé des conditions posées par le parrain de Raymond ; il avait ensuite manifesté tant de joie du succès de celui-ci que maman avait compris pourquoi Guy, s'ingéniant à trouver le moyen de laisser la première place à Raymond, avait perdu de vue son propre problème... L'heure s'était écoulée, Guy avait oublié sa composition , une solution pourtant était trouvée : il s'était librement dévoué pour son ami, et personne n'en saurait rien. Oui, maman a deviné juste, et elle s'est réjouie et a béni Dieu de ce que son cher enfant eût appris à s'oublier lui-même pour son prochain.

Tous les parrains, heureusement, n'ont pas les exigences abusives de Monsieur Albert Trasseau ! Et notre Maître, à nous, nous offre le bonheur à une seule condition : « Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux. »

M. Schneider.


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Isaac bénit Jacob.

(Genèse 27 : 1-45.)

 

Les lèvres fausses sont en horreur à l'Eternel. (Prov. 12: 22) Vous n'userez ni de mensonge ni de tromperie les uns envers les autres. (Lév. 19 : 11.)

Un défaut est comme une mauvaise plante : quand on n'y prend pas garde, il pousse avec une effrayante rapidité, sans qu'il soit nécessaire de se donner la peine de la cultiver ! Ainsi en est-il du mensonge.

Jacob a porté préjudice à Esaü en lui ravissant son droit d'aînesse. Jacob a pu se vanter d'être fort habile ; cette habileté n'a certes pas grandi, moralement parlant, le favori de Rébecca. Jacob a donc manqué de loyauté et de franchise, il a, en somme, menti à Esaü. Le fourbe ne s'arrêtera pas sur ce mauvais chemin. Après avoir exploité son frère avec une rouerie d'usurier répugnant, il trompera, de la plus odieuse façon, son vieux père Isaac. N'excusons pas le misérable Jacob, ne disons pas que sa mère l'a mal conseillé. Jacob n'était plus un enfant! Il est des cas d'ailleurs où l'obéissance à Dieu prime tout, même celle qui est dûe aux pères et aux mères. Si, pour notre épreuve, nos parents nous ordonnaient de commettre une infamie, nous aurions le devoir, pénible mais impérieux, de refuser énergiquement !

Résumons notre récit. Isaac a appelé Esaü. « Va dans les champs, lui a dit le vieillard, et tue-moi du gibier. Apprête-moi un mets appétissant selon mon goût ; apporte-le-moi, afin que je le mange et que mon âme te bénisse avant que je meure. » Esaü est parti. Il n'y a pas un instant à perdre, Jacob et Rébecca se hâtent... Le père veut du gibier, un chevreau fera, l'affaire, Isaac aura la fantaisie qu'il désire. Mais voilà ! Si par hasard Isaac touche Jacob, la supercherie sera découverte... Qu'à cela ne tienne, s'il est facile de truquer un mets, pourquoi ne grimerait-on pas un personnage ? Le vieillard, qui n'y voit Plus, s'y laissera prendre et, pour peu que Jacob sache jouer son rôle, la peau douce de ses mains habilement recouvertes de chevrau passera bien pour celles d'Esaü : les mains du père, si tremblantes sont inaptes à saisir... Après tout, les infirmités ont épargné le seul odorat : que Jacob revête seulement les habits de son aîné et l'illusion sera complète ! Avec un sang-froid de criminel, Jacob va jouer son rôle, il aura même l'audace de répondre à son père qui s'étonne de la rapidité avec laquelle son désir a été exaucé : « L'Eternel ton Dieu m'a envoyé du gibier... » L'hypocrite s'agenouille, il reçoit la bénédiction paternelle. Et sur ces entrefaites, Esaü, l'habile chasseur, rentre... Bientôt des cris de rage éclatent, Esaü sait tout, il veut tuer son frère. Et Jacob doit s'engager sur la route de l'exil, son abominable mensonge reçoit un châtiment mérité.

Prenons garde, amis lecteurs, nous ne pouvons rien contre la vérité. Pour le menteur, il n'y a pas de paix possible, il 'y a pas de joie possible. Encore une fois, «les lèvres fausses sont en horreur à l'Eternel ».


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Le beau cahier de Simone.

Simone a sept ans, elle va à l'école et aime beaucoup à étudier ses petites leçons. Aujourd'hui, elle arrive enchantée de son école et déclare avec orgueil à sa maman :

- Maintenant je suis avec les grandes, la maîtresse m'a donné un beau cahier et je puis écrire avec une plume, tu verras comme ce sera bien.

Maman sourit, elle connaît sa petite fille qui manque absolument de persévérance, les petits ouvrages commencés avec entrain et délaissés dans un coin sont là pour le prouver. Que de napperons ou un joli canard ou une fleur brodée en rouge n'ont que la moitié de leurs contours tracés par l'aiguille de la fillette, que de chiffons à poussière, de lavettes, de bas de poupées dont les mailles écoulées et les aiguilles jetées ici ou là témoignent du manque d'application de Simone. Cependant maman espère encore que cette fois cela ira mieux, Simone est plus raisonnable que l'année dernière et à l'école on est stimulé par les camarades. aussi, elle s'écrie toute joyeuse.

- En effet, ce cahier est superbe, tu sais que tu dois éviter toute tache et toute rature puisque c'est un cahier de copie que tu auras durant tout le temps que tu passeras à l'école. Tu dois faire une page d'écriture pour demain, mets-toi là, bien au jour, prends une bonne plume et un encrier pas trop plein, fais bien attention à ton modèle, ne pèse pas trop, comme tu en as l'habitude.

- Oui, oui, maman, tu verras, papa qui se moque toujours de moi sera bien étonné.

Voilà la première ligne terminée, les o des mots « orange » et « pomme » ont l'air d'une tête d'enfant dont une joue serait enflée, mais à part cela il n'y a ni tache ni rature et maman se déclare satisfaite, la seconde ligne est trop penchée mais la fluxion des o a presque disparu. Enfin, Simone, très fière de son travail trouve que pour être la plus jeune des grandes, elle a très convenablement écrit et quand elle termine la dernière ligne elle se hâte un peu trop, papa va arriver de son bureau et elle sera heureuse de lui montrer son ouvrage.

Le temps passe et de temps en temps Simone ouvre son beau cahier mais elle n'en est plus enchantée, la troisième page a une tache, à la quatrième elle a voulu en effacer une et a fait un trou, la maîtresse a grondé. Simone en colère a jeté son beau cahier qui a maintenant des coins froissés. Un jour que sa mère lui fait observer qu'elle ne s'applique plus du tout pour sa copie de composition, elle s'écrie d'un ton chagrin.

- Je n'ai plus de goût pour ce cahier il y a des pages si laides que cela gâte tout et c'est défendu de les enlever, aussi, a quoi bon m'appliquer!

Maman est triste je crois même qu'une larme brille dans ses bons yeux, elle se penche vers sa fillette, passe sa main dans les légers cheveux bruns et bien doucement.

- Simone, ma chérie, tu me fais beaucoup de peine, il faut absolument te corriger de ton insouciance, vois-tu plus tard tu comprendras comme c'est nécessaire d'éviter les premières fautes. Dieu, en nous donnant la vie et l'Evangile comme modèle, offre à chacun de nous un cahier blanc à remplir. Si dès le début nous y mettons des fautes et des taches, après nous n'avons plus le courage et lia volonté de bien faire et nous disons comme toi : « A quoi bon, les premières pages sont si vilaines, nous ne pouvons plus corriger ! Il faut faire un effort et racheter par notre application les erreurs premières.

Plus les premières pages de ton cahier sont mal écrites plus tu auras de mérite à bien écrire les dernières et ainsi tu pourras voir toi-même les progrès réalisés.

Simone a compris, elle a promis à sa mère de s'appliquer désormais de tout son coeur de sorte qu'en parcourant son « beau cahier » et en voyant les dernières pages si bien écrites on oublie les ratures des premières.

Enfants qui lisez ces lignes, si dans les premières pages du livre de votre vie il y a ides taches et des fautes, ne vous découragez pas, persévérez à corriger vos défauts et avec l'aide de Dieu, lorsque le cahier de votre vie sera terminé, les dernières pages en seront si belles que les erreurs des premières seront effacées.

Mme B-C.

 

Une question?

Quelle est la première des vertus chrétiennes ? demandait-on un jour à Saint Augustin.

- L'humilité - et la seconde ? - L'humilité. - Et la troisième ? - L'humilité.


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Jacob à Béthel.

(Genèse 28 : 10-22.)

 

Eternel, tu sais quand je marche et quand je me couche, et tu pénètres toutes mes voies. (Ps. 139 : 3.)

Il serait à souhaiter que les éditeurs d'écriteaux bibliques répandent largement ce beau verset. Il faudra retenir cette magnifique parole qui nous atteste que nous ne sommes pas seuls, mais que Dieu est avec nous toujours ; non pas seulement quand nous prions ou pendant un culte, mais à chaque instant de notre vie : Eternel garde-moi d'oublier que toujours, oui toujours, tu es avec moi...

Jacob, dont on nous a rappelé, il y a huit jours, le départ de la maison paternelle s'imaginait avoir laissé là-bas « le Dieu de son père » ; Jacob allait, un des premiers, faire l'expérience bénie de la sainte présence du Dieu qui veut suivre pas à pas ses enfants. Ou, plutôt, l'Eternel allait se révéler à Jacob d'une manière saisissante et lui donner une preuve de son immense amour. Arrivé à Luz, un endroit désolé, le fugitif eut un songe. Il vit une échelle au sommet de laquelle se tenait le Tout Puissant. Sous quelle forme apparut-il à Jacob, nous l'ignorons, le récit biblique ne le dit pas. Nous n'avons pas, du reste, à nous poser cette question. Il est sans importance de savoir comment étaient l'échelle, et les anges, et Celui qui fit entendre sa voix, puisque tout cela fut une expérience que Jacob fut seul à faire. En effet à supposer que le pèlerin ait eu un compagnon de route, celui-ci n'aurait rien vu et rien entendu. L'important est que Jacob ait eu, en se réveillant la certitude personnelle que Dieu l'avait visité. Il aurait pu prononcer la parole de foi qu'on trouve au livre de Job. «Mes oreilles avaient entendu parler de toi, mais maintenant mon oeil t'a vu.» Le Seigneur Jésus dira plus tard : « Je ne suis jamais seul, le Père est avec moi, » montrant ainsi que le sentiment de la présence de Dieu n'est pas quelque chose d'exceptionnel... Nous sommes ici-bas pour faire l'expérience bénie de la présence permanente de Dieu 1

Le frère d'Esaü n'en était pas encore là. Il s'est réveillé et son premier cri a été : Certainement l'Eternel est dans ce lieu, et moi, je ne le savais pas. (Gen. 28 : 16.) Cri d'effroi ! sans doute, Jacob vivait à une époque où l'on se faisait de Dieu la plus redoutable idée, mais Jacob était trop poursuivi par le souvenir de sa faute pour ne pas être profondément troublé. Prenons-en bonne note : le sentiment de la présence de Dieu cause à l'homme de l'effroi ou du bonheur. De l'effroi, quand on n'a pas la conscience tranquille ; du bonheur au contraire quand l'intime satisfaction du devoir accompli remplit notre coeur.

Avant de continuer sa route, Jacob donna au lieu où il se trouvait le nom de Maison de Dieu, en hébreu Béthel, et y éleva un modeste monument. Telle fut l'origine d'un sanctuaire, célèbre dans les annales israélites, sanctuaire malheureusement profané plus tard par des prêtres sans scrupules. Ces abus furent vigoureusement condamnés par les prophètes, en particulier par le courageux Amos.


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Booker Washington

le libérateur des nègres aux Etats-Unis.

 

1. Les horreurs de l'esclavage. - Les colons européens de l'Amérique centrale ayant trop de peine à cultiver la canne à sucre, le coton, le tabac à cause de la chaleur, eurent l'idée de faire venir d'Afrique des nègres, plus vigoureux. Ce fut l'origine de l'esclavage. Il commença au XVe siècle et dura jusqu'à la fin du XIXe, pendant quatre cents ans. Chasse eux nègres en Afrique, transport dans des vaisseaux négriers, vente sur les marchés en Amérique, traitement inique de ces malheureux, tout rendit l'esclavage odieux aux consciences honnêtes, et un livre fameux, La Case de l'oncle Tom, les souleva en décrivant l'égoïsme des planteurs.

Enfin,. un président des Etats-Unis, Lincoln, fit la guerre, une guerre juste, aux états qui voulaient conserver l'esclavage, et en 1865, cinq millions d'esclaves furent affranchis dans ce seul pays.

La grosse question qui se posa alors fuit celle-ci : que vont devenir tous ces esclaves ? Les planteurs tremblaient, craignant qu'ils ne se vengeassent, mais ce ne fut pas le cas. D'autres maux menaçaient les anciens esclaves : l'ignorance de la vie, la hâte de dépenser en articles de luxe ridicule le premier argent gagné, l'orgueil du plus mince bagage d'instruction ; il suffisait qu'un nègre sût un peu lire pour qu'il ne voulût plus se livrer aux travaux manuels.

Pour qu'ils fussent dignes de la liberté, il fallait les faire passer par une réforme complète, et en particulier qu'on leur apprît à respecter, à aimer le travail libre, après le travail formé. Ce fut l'oeuvre patiente et considérable d'un philanthrope américain, le général Armstrong et d'un jeune nègre, Booker Washington.

2. Un enfant affranchi. - Un petit garçon, à la tête crépue, âgé probablement de cinq ans (un esclave sait-il son âge ?), était en 1865 sur la place publique avec sa mère qui écoutait la proclamation de l'affranchissement. Des larmes couvrent le visage de cette femme au 'coeur profond. Ses prières sont exaucées! Elle rentre dans sa case avec son' petit Booker, et elle s'assied par terre..., Maintenant,, se dit-elle, que faire ? Où aller ? Ce n'est pas le tout d'être libre ; il faut pouvoir porter la liberté, et en être digne !

Elle fait cent kilomètres avec son petit homme jusqu'à des mines pour y gagner son pain. Quelle désillusion ! Est-ce là la liberté ? ce travail, ces hommes grossiers, ce salaire misérable ? ! Elle comprend qu'il faut instruire son enfant. Elle lui achète un abécédaire. C'était le premier pas sur la route de la vraie liberté.

Pus tard, il entra à Hampton, dans une école supérieure, pour nègres, où il put gagner son entretien par son travail. La directrice le fit balayer avant de l'admettre. Ce fut l'examen auquel il mit le plus de soin de toute sa vie, mais il le passa, et fut admis ! Il apprit la propreté, la promptitude, l'honnêteté. Les dons de ses amis, de sa mère, qui lui facilitèrent cet apprentissage n'avaient pas été perdus. Cette bonne mère mourut avant la sortie de son fils de l'école, mais des millions de nègres peuvent lui être reconnaissants de ce qu'elle lui a appris « J'ai l'intime conviction, écrira-t-il plus tard, que ce n'est pas la couleur de la peau qui fait la valeur de l'homme, indépendamment de sa valeur personnelle. »

Booker Washington savait que cette école de Hampton avait été fondée par des chrétiens, en particulier par le général Armstrong et que l'Evangile était la meilleure éducation de son peuple.

Il vit dans leur intervention un puissant argument en faveur du christianisme. « Je ne saurais, dit-il, exprimer toute mon admiration pour les ministres des Eglises... Même si je n'avais pas d'autres raisons de croire à l'efficacité de la vie chrétienne, ce qui s'est fait par l'Eglise pour relever la race nègre suffirait pour faire de moi un chrétien ».

3. Un affranchi qui' relève ses frères. - A peine sorti de Hampton, il retourne au milieu de ses anciens camarades, pour leur rendre ce que l'on a fait pour lui ; il les relève par le travail, des apprentissages, la piété. Il médite chaque jour sa Bible avant de se mettre à l'oeuvre et y trouve sa force.

Enfin, en 1881, - il avait vingt-deux ans, - il fut chargé par l'ami des nègres, le général Armstrong, de fonder dans l'Alabama, une école semblable à Hampton. Il accepta et commença en agrandissant un poulailler et une écurie pour y donner ses premières leçons ! Petit à 'petit, après ces humbles débuts, on vit s'élever l'Institut de Tuskegee, dans lequel on peut recevoir, sauf erreur, 2000 élèves, qui apprennent le travail manuel et reçoivent l'instruction nécessaire pour former des artisans, des instituteurs, des évangélistes, des pasteurs.

Chaque jour, après les leçons, Booker prenait la hache ou la pioche avec tout son monde et défrichait du terrain, si bien qu'on put ensemencer de beaux champs.

Le payement de la propriété ne fut pas facile, mais on y arriva par le concours de tous. Booker engagea sa montre ; une vieille

négresse apporta six oeufs ; un nègre fit don d'un beau porc. Comme bête de trait, on n'eut d'abord qu'un cheval aveugle. Vingt ans plus tard, l'institut avait deux cents têtes de gros bétail, des centaines de pores, des chèvres, des moutons.

Tuskegee forme des élèves pour tous les travaux ; tous, instituteurs et pasteurs comme les autres, pratiquent des activités manuelles : briqueterie, charronnage, menuiserie, etc. Les jeunes filles s'occupent également de l'agriculture, du jardin, des fleurs, des abeilles, de la volaille, de la laiterie.

Dans tous les Etats-Unis, dans toute l'Afrique, en connaît Tuskegee et Booker Washington que l'on a appelé le Moïse des nègres parce qu'il les a fait sortir de la paresse, du déshonneur, et les a conduits à la liberté par l'économie, l'honnêteté et la foi en Dieu. Le Droit, disait-il, de gagner, un dollar dans une fabrique vaut mieux que le droit d'en dépenser un au théâtre.

Pour accomplir cette tâche immense, il a fallu à Booker une énergie peu commune. Ce n'était pas facile de plier ses élèves nègres à la discipline du travail et à leur faire accepter la devise si dure du général Armstrong : Rien pour rien.

Tant de travaux ont conquis à l'ancien enfant esclave la vive reconnaissance de son peuple et le respect des blancs. En 1898, le président des Etats-Unis, Mac Kinley, se rendit à Tuskegee avec sa femme et les membres de son cabinet. En 1901, un autre président, Roosevelt pria Booker de venir à la Maison Blanche et le retint à dîner. Tous les journaux du monde relatèrent cet événement qui paraissait inouï et qui nous semble si naturel, si équitable.

Il est mort prématurément à 56 ans, épuisé par un labeur surhumain, mais son nom restera comme celui d'un homme de bien, d'un homme de Dieu.

Citons encore en terminant ces belles paroles de notre héros

« Je me garderai de ravaler mon âme au point de haïr un homme,quelle que soit sa couleur. Je crois pouvoir dire que tout sentiment d'animosité a disparu de mon coeur pour tout le mal que le blanc du Sud a fait aux miens. J'éprouve, à l'heure actuelle autant de plaisir à rendre service à un blanc qu'à un homme de ma race. Je plains profondément ceux qui ont pris l'habitude d'entretenir des préjugés de race.

G. S.

 

Verset à apprendre :

Allez et instruisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. (Mat. 28 - 19.)