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Aux petits oiseaux, il donne la pâture...

 

Nous autres romands, nous connaissons assez mal notre pays

Comment ! dira l'un, j'ai été à Interlaken !... et moi, j'ai vu le Lion de Lucerne ! - Et moi, j'ai fait une belle course à Chamonix !... Ah! pardon, nous voilà hors de Suisse, Chamonix ne compte pas.

Il est entendu qu'on connaît plus ou moins bien les endroits où court la foule, ce n'est pas de ceux-là dont je viens vous parler. Ils sont du domaine de tout le monde. Les palaces, les autocars, les derniers modèles d'automobiles, auront bientôt achevé de leur ôter tout charme!

Mais la Suisse ne s'arrête pas là, grâce à Dieu ! Elle possède encore des cantons paisibles, où ne se jette pas la foule bruyante et polyglotte des touristes, des vallées verdoyantes dont la population travailleuse et souvent très pauvre ne sait guère ce qui se passe sur les grandes routes à la mode.

Entre ces vallées, je n'en sais point de plus paisible, de plus charmante que le haut pays de Toggenburg. C'est le verger de la Suisse, les vieux poiriers_ les cerisiers, dont le feuillage va bientôt rougir au soleil, les pommiers sous lesquels fleurissent en profusion, marguerites blanches, campanules, oeilletons roses et sauges bleues, revêtent les collines de paix et parlent d'abondance. Les petites vaches, toutes d'un brun grisâtre, vous regardent passer tout en ruminant ; les fermes, ces jolis chalets au toit très pointu, aux nombreuses fenêtres encadrées de blanc, ont toutes la même forme, qui nous paraît un peu curieuse. Le toit pointu n'abrite que le logis du paysan, et au rez-de-chaussée la grande salle basse où résonne le cliquetis régulier du métier à broder, mais au chalet même est adossé un long bâtiment plus bas, qui contient la spacieuse écurie très propre, la grange, le grenier où viendront à l'entrée de l'hiver s'entasser les fruits.

A une demi-heure en chemin de fer de la vieille ville de St-Gall, s'étage sur les contreforts du Sentis le charmant village de Degersheim, un village de brodeurs et de métayers qui semble tout en fleurs tant ses jardinets sont bien cultivés, et chaque pouce terrain utilisé. Iris blancs ou jaunes, mauves ou pourpres, pivoines rutilant au soleil et versant leurs fleurs éclatantes le long des murailles blanches, les lis rouges, roses blanches ou saumonées... c'est à croire que chaque paysanne a fréquenté l'école, d'horticulture d'Estavayer !

Et quelle propreté partout ! Certes les gens du Toggenburg ont une grande leçon à nous enseigner. Entre-t-on dans un chalet, c'est à peine si l'on ose s'aventurer dans la cuisine, de peur de

laisser sur le carrelage poli l'empreinte d'un soulier empoussiéré. L'eau si limpide de la fontaine doit avoir des propriétés spéciales, car nulle part je n'ai vu aux fenêtres des rideaux d'une blancheur aussi éclatante, du linge aussi bien lavé. Et les fillettes qui. vont et viennent dans les rues du village, leur sac d'école ou leur panier au bras, leurs longues tresses brunes ou blondes soigneusement attachées d'un ruban ou roulées sur la tête, sont si avenantes, leurs pieds nus sont si roses et trottent si vite, leur joli salut en dialecte et leur sourire ont tant de cordialité, que la genevoise ou la lausannoise qui passe réprime un soupir en pensant aux têtes tondues ou ébouriffées, aux lèvres trop rouges,. aux hauts talons, et aux jupes... trop courtes des fillettes de chez nous !

Au-dessus du village, sur une pente herbeuse, s'élève, toutes fenêtres ouvertes au couchant, une vieille ferme, abritée du vent du nord par un tilleul séculaire. Le toit s'abaisse hospitalier, des poules picorent devant la porte, dans le champ voisin paît une vache grise. Quelques enfants jouent au soleil, et l'aînée, qui ne paraît pas avoir plus de six ou sept ans, surveille les trois cadets tout en pelant des pommes de terre. Dans le coin le plus abrité. de la muraille, une vieille femme est assise sur un banc vermoulu, son tricot a glissé à terre, elle dort.

La fillette lève un regard intelligent vers la promeneuse qui s'approche. « Tu es toute seule au chalet, petite Vreneli ? - Non, il y a les petits, Hans, Fritz et Marieli... il y a aussi la grand' mère, mais elle dort presque tout le temps... et il y en a encore six autres, mais ils sont à l'école, et l'aînée, Annchen, à la fabrique, et la mère est là-bas dans le grand hôtel, où elle travaille. »

« Et ton père, petite Vreneli, il est sans doute aux champs ? » Vreneli a baissé la tête, ses yeux se remplissent de larmes : « Le père est mort, l'année dernière, il coupait du bois dans la forêt, un sapin est tombé sur lui. La mère est seule à présent, il faut qu'elle travaille. »

Petits amis des Ecoles du dimanche, ce n'est pas là une histoire inventée pour vous amuser un moment. Je connais la vieille, ferme et le grand tilleul, j'ai vu les yeux de Vreneli se lever sur les miens taudis que ses petites mains brunes pelaient rapidement les pommes de terre. Surtout j'ai vu travailler la vaillante mère. Restée veuve à trente-cinq ans, un nouveau-né dans les bras, le dixième, une aînée de quinze ans qui va à la fabrique et dont le maigre salaire semble infiniment précieux, la courageuse saint-galloise ne s'est pas laissée abattre.

Dès que les étrangers arrivent avec les hirondelles, dans la petite vallée, elle va travailler comme lessiveuse dans les hôtels du village. A l'entrée de l'hiver dernier, elle a recueilli chez elle la mère de son mari, que le chagrin a affaiblie et troublée au point qu'elle n'est plus qu'une lourde charge pour sa belle-fille, un enfant de plus à nourrir et à soigner.

En faut-il du courage, du savoir-faire, et surtout de l'amour maternel pour accomplir ce miracle! Nourrir -dix enfants et l'aïeule, les vêtir, proprement quoique si pauvrement, tenir en ordre la maison déjà bien délabrée, cultiver avec la seule aide des enfants les deux champs de seigle et de pommes de terre qui représentent la nourriture de l'hiver, soigner la vache et les poules, et aller encore gagner le pain des petits en faisant la lessive dans les hôtels.

Notre patrie est fière à bon droit de ses citoyens qui, pour elle, dépensent sans compter leurs forces et leurs talents, elle est fière de ses savants, fière de sa jeunesse studieuse qui remplit ses écoles, l'est-elle aussi parfois des nobles femmes qui travaillent, ignorées de tous, et qui accomplissent des prodiges pour élever à elles toutes seules les enfants que le père leur à laissés ? Annchen et Vreneli, Hans et Fritz, et les six autres n'ont pas la vie douce ou facile. Il leur est arrivé plus d'une fois, sans doute, de se coucher sans autre souper qu'une croûte de pain et un peu d'eau fraîche, leurs vêtements sont si bien usés, et si rapiécés que leurs petits corps maigres n'en sont guère réchauffés.

L'hiver dernier, alors que le thermomètre là-bas est tombé à 35 degrés de froid, la pauvre mère a cru un matin que les deux cadets étaient gelés, et toute la famille a dû aller dormir à l'écurie, tout près de la vache.

Petits amis, si chaudement vêtus, si bien nourris, si bien chauffés, pensez parfois à tant de familles de notre pays, surtout de nos montagnes où des enfants comme vous savent ce que c'est que d'avoir froid et faim, mais où le courage reste debout quand même.

En quittant la vaillante montagnarde, je l'engageai à demander avant l'hiver un secours à la commune. Elle secoua doucement la tête : « Non, dit-elle, je n'ai encore rien demandé aux hommes. Dieu a aidé jour après jour, Il aidera encore... »

Pour aujourd'hui, comptons sur Lui, Il nous garde, Il nous aime. Quant à demain, - Sa bonne main, Y pourvoira de même.

H. M.


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David vagabond.

(I. Sam. 22 : 1-5 ; 24 et 26).

 

Traqué par le haineux Saül, David allait mener désormais une ,existence aventureuse. Cette période de la vie du futur roi d'Israël est racontée tout au long dans le premier livre de Samuel. Nous nous contenterons d'en signaler deux épisodes. N'oublions pas de rappeler .auparavant que le populaire héros israélite, bien que mis à ban du royaume, vit se grouper autour de lui toute une troupe de francs-tireurs dévoués, ce qui montre qu'elles étaient les qualités de meneur d'hommes de David. Les deux épisodes résumés ci-dessous illustrent deux conseils qui sont à retenir : Si ton ennemi a faim, donne-lui à ,manger ; s'il a soif, donne-lui à boire. (Proverbes 25 : 21). Ne rendez à personne pour le mal. (Romains 12 : 17).

David séjournait sur les hauteurs d'En-Guédi, dans le voisinage immédiat de la Mer Morte, quand une circonstance imprévue le mit en présence de Saül. David s'était réfugié, avec un certain nombre de compagnons, dans une caverne profonde. Saül y pénétra tout seul, sans se douter que des humains étaient là, tout près, dissimulés dans l'ombre. Pour David, c'était une occasion unique de se débarrasser de son persécuteur. Il n'en fit rien ! S'étant approché de Saül, il se contenta de lui couper le pan de son manteau, puis, ayant suivi le roi, il lui adressa quelques paroles pleines de modestie et de bonté : « Puisque j'ai le pan de ton manteau et que je ne t'ai pas tué, dit-il. sache qu'il n'y a en moi de méchanceté ni révolte... » Saül, ému jusqu'aux larmes de tant de noblesse de caractère, pressentant qu'une glorieuse destinée attendait son rival et redoutant que ses enfants lie doivent expier un jour ses fautes, les recommanda à la mansuétude de David. Hélas, une réconciliation ne suivit pas cette rencontre.

David devait donner une nouvelle preuve de ses bonnes intentions quelque temps plus tard. Ce ne lut pas le hasard qui le servit, mais son extraordinaire courage. Ayant pénétré de nuit dans le campement de Saül, il s'empara d'une cruche et de la lance du roi. David était accompagné d'un neveu qu'il eut grand'peine à empêcher de mettre à mort le monarque endormi. Les deux hardis compagnons s'étant éloignés du camp, David appela dans la nuit le chef de l'armée royale, Abner, et lui reprocha, non sans ironie, de ne pas veiller :sur son maître. Saül ayant reconnu la voix de David, un touchant entretien s'engagea entre les deux hommes : David disant sa souffrance d'exilé innocent et Saül reconnaissant ses torts et appelant la bénédiction divine sur celui qui, bientôt allait être son illustre successeur sur le trône d'Israël...


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Mort de Saül et de Jonathan.

(I Samuel 31; II Samuel 1).

 

L'ami aime en tout temps et, dans le malheur, il se montre un frère. (Prov. 17: 17).

La haine de Saül contre David n'avait pas désarmé, aussi ce dernier dut-il se réfugier en terre philistine. Le malheureux Saül avait été bien mal inspiré en se privant de la collaboration d'un' officier de valeur de David ! Poursuivi par leurs ennemis philistins, les Israélites prirent la fuite ; la région montagneuse de Guilboa où ils se trouvaient accentuait les difficultés des fugitifs. Ce fut une sanglante déroute. Les trois fils du roi, au nombre desquels il faut mentionner l'ami très cher de David, Jonathan, périrent. Quant au roi Saül, il chercha la mort ; on ne sait pas au juste s'il se jeta lui-même sur son épée bu s'il faut accorder de la confiance au récit d'un jeune Amalécite établi en Israël et qui, après la mort du roi, vint dans un but évidemment intéressé, se vanter auprès de David qu'il avait, à .la propre demande du roi, donné la mort à Saül. Quoiqu'il en soit, le messager pensait apporter une bonne nouvelle ; sa surprise dut être grande de voir. que l'annonce de la mort de Jonathan et de Saül affligeait profondément David. Que la fin tragique de celui dont l'amitié lui était si précieuse ait rempli d'amertume le coeur de David, il n'y a là rien que de très naturel ! Mais, qu'il ait pleuré aussi celui qui l'avait traité avec une cruelle injustice, voilà, n'est-ce pas, -une preuve nouvelle de la grandeur d'âme de l'homme auquel, bientôt, la royauté d'Israël allait être confiée.

Suivant la coutume d'alors, David a déchiré ses vêtements, il a versé des larmes sincères, puis, - on sait qu'il était musicien et poète de talent, - il a composé une émouvante complainte qui sera en honneur au pays de Juda. Apprise par les enfants, cette complainte, sorte de chant populaire qui portait le nom de l'élégie de l'aire était conservée dans un recueil « Le Livre du Juste » ; cet ouvrage n'a pas été conservé. Un coup d'oeil jeté sur les vers de David montre combien il y avait peu de place pour le ressentiment dans le coeur du poète - la valeur de Saül y est chantée comme celle de Jonathan. Mais surtout, l'amitié y est célébrée en termes très beaux : « Jonathan, s'écrie le poète, Jonathan mon frère, mon coeur se serre à cause de toi, tu faisais mes délices... »

L'attitude touchante de David nous rappelle que nous n'aurons pas toujours ceux que nous aimons. Combien de disparus diraient, s'ils pouvaient revenir et voir les belles fleurs dont on orne leur tombe : Pourquoi ne m'avez vous pas témoigné un peu plus d'affection quand j'étais encore avec vous ?...


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Voici Noël !

 

Noël approche, la fête belle entre toutes, celle qui nous rappelle la naissance d'un petit enfant, dont l'histoire est si touchante, qu'on l'entend chaque année raconter avec un nouveau plaisir, auprès du bel arbre étincelant.

Vous aurez certainement tous, ce jour-là que les jours suivants, l'occasion de recevoir un cadeau, si modeste soit-il, qui vous rappellera le joli bébé de Bethléem, né dans une crèche d'écurie, sur la paille, et dont la maman n'avait ni langes ni brassière pour le couvrir. Vous êtes des enfants heureux, presque tous, bénis par le Bon Dieu, qui vous a donné un chaud foyer et la tendre affection de vos parents pour vous entourer. N'oubliez pas de les remercier chaque soir en pensée, et de les récompenser de leurs soucis et de leurs peines par beaucoup de prévenances et d'attentions. C'est si joli de vous voir sourire et de vivre avec des enfants qui savent rendre gentiment mille petits services ! Vos complaisances seront le meilleur et le plus doux présent que vous pourrez faire aux vôtres.

Peut-être avez-vous préparé pour votre chère maman une surprise, qui lui fera venir les larmes aux yeux. Peut-être n'aurez-vous, (mais j'en doute, car il n'y a point parmi vous d'égoïste) songé qu'à vous-mêmes. Ce qui ne serait point du tout suivre l'exemple de Jésus, qui donna tout pour nous, même sa vie.

A propos de Noël et d'égoïsme, je veux vous raconter une histoire vraie, et pas très longue. Nous étions dix frères et soeurs, cinq filles et cinq 1 arçons, et nous habitions à Lausanne une vieille maison cachée dans la verdure, qui existe encore. Chez nous, il était coutume de mettre, le soir de Noël, les souliers dans la cheminée. Vous pensez bien qu'on n'y trouvait pas grand'chose : dans les familles de dix enfants, les cadeaux ne sont jamais bien riches, cependant la moindre bagatelle nous comblait de joie. Je me souviens d'avoir trouvé un jour dans ma pantoufle un petit bébé de sucre rose enveloppé -d'un maillot ; je ne voulus jamais y goûter; je le conservai précieusement jusqu'à ce qu'il tombât en miettes.

Ce soir-là, comme d'habitude, les sandales, les petites babouches rouges, les gros souliers d'école, et jusqu'aux mignons chaussons de laine du Benjamin poupon, s'alignèrent devant l'âtre. Vous vous figurez la file que représentaient ces dix chaussures alignées, toutes différentes. Quelle imposante suite !

Mais, quelle ne fut pas la stupéfaction de notre maman lorsque, arrivant avec ses modestes oboles devant les souliers de ses enfants, elle y trouva... la grosse paire de bottes de papa, celles qu'il endossait pour aller travailler dans la boue des tunnels et des routes en construction (car il était ingénieur). Monstrueuses, énormes, ces bottes dépassaient les petits souliers comme des éléphants au milieu d'insectes ; elles ouvraient toutes grandes leurs bouches avides, leurs gros canaux des canons comme si elles avaient voulu tout engloutir !

C'était mon frère Louis, qui avait eu la lumineuse idée de cette innovation en sa faveur.

Maman sourit, posa quelque chose dans chacun des neuf autres souliers modestes et discrets, puis s'en alla. Le lendemain, le petit Louis fouilla jusqu'au fond des bottes... de sept-lieues, les secoua, interrogea leurs abîmes. Mais il n'y trouva qu'un billet de papier rose qui contenait ces mots, écrits en caractères inconnus sachons nous contenter de peu ! »


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Etre de son temps.

 

Notre temps qui a ses vices, possède malgré tout une qualité que nous oublions trop ; il est nôtre.

Regretter le passé, lorsqu'il s'agit des hommes et non des choses. ,c'est plus qu'un travers de l'esprit, c'est un appauvrissement de la vie ; cela nous empêche de nous mettre résolument au travail.

J'ai connu des gens qui, les yeux obstinément fixés en arrière, dépensaient à regretter le passé les forces que leur demandaient le travail du présent et la préparation de l'avenir. Jeunes, ils regrettaient les naïfs plaisirs de l'enfance ; hommes faits, ils regrettaient l'ardeur de la jeunesse ; vieillards, ils regrettaient l'énergie de la virilité ; aucun âge ne les avait trouvés de son temps, chacun, en revanche, les avait vus découragés, c'est-à-dire inutiles et paresseux.

Entre le passé qui nous échappe et l'avenir que nous ignorons,

il y a le présent, où sont nos devoirs.

A. de Gasparin.


Proverbe persan

La politesse est une monnaie destinée à enrichir celui qui la dépense.


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David, roi d'Israël.

(II Sam. 5 - 1-10 ; 6 : 1-5).

 

Après avoir vu David dans la peine, nous allons maintenant assister à son triomphe. Triomphe peu banal et digne d'être évoqué parce que c'est celui d'un homme pieux. Or, la piété est utile à tout, car elle a les promesses de la vie présente et celles de la vie à venir. (I Tim. 4 : 8).

Deux faits sont relatés dans les passages du second livre de Samuel indiqués ci-dessus. Le premier fragment biblique rappelle la prise de Jérusalem par les troupes de David. Celui-ci a reçu l'investiture royale à Hébron, toutes les tribus ont reconnu pour souverain le fils d'Isaï. Après avoir Passé quelques années à Hébron, le roi comprit qu'il était nécessaire de donner une capitale à son royaume. Une ville était tout indiquée par sa situation géographique : Jérusalem. Cette cité, bâtie sur deux collines escarpées était facilement défendable, preuve en soit que les Jébusiens qui l'habitaient s'y étaient maintenus alors que les Israélites avaient conquis le reste du pays. Il appartenait à David d'ajouter à la liste déjà longue de ses exploits la prise d'une ville farouchement jalouse de sa liberté. Cette conquête allait être pour David l'occasion d'affermir sa puissance il était désormais le monarque respecté de son peuple.

Mais Jérusalem devait être mieux qu'une capitale politique, le pieux roi allait en faire la cité religieuse qui resplendit d'un si vif éclat en y installant l'arche de Dieu, gage de la présence de l'Eternel au milieu de son peuple. Le second fragment biblique nous raconte comment le coffre sacré lut emmené de la maison du Lévite Abinadab où il avait été déposé jadis, après avoir été rendu par les Philistins sacrilèges. En présence d'une foule énorme, au son d'une impressionnante musique. l'arche sainte fut solennellement transportée à Jérusalem...

Plus encore que son génie politique, la valeur religieuse du roi d'Israël vaut la peine d'être admirée S'il y a eu, dans la carrière de cet homme, qui vivait à une époque encore barbare, bien des heures sombres, il faut lui être reconnaissant d'avoir compris que la prospérité d'une nation dépend de son obéissance à l'Eternel et de sa fidélité à le servir. Si grand qu'on soit, on a besoin de l'appui de Dieu, on a besoin d'être inspiré par Lui. Un apôtre disait que t la piété est utile à tout » ; elle est utile à tous, aux petits comme aux grands.


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Histoire de trois petites bougies.

 

Elles étaient toutes les trois sur la même branche, la branche d'un beau sapin de Noël, au milieu d'un grand salon. Il était tout fier de répandre une si brillante clarté et d'entendre les cris de joie d'une quantité de bambins en robes blanches ; c'était une belle fête que cette veille de Noël dans la riche demeure et les trois petites bougies tirent ensemble cette même réflexion :

- Je pense que, dans le ciel c'est exactement comme ici.

Elles n'étaient pas tout à fait semblables ces trois bougies. L'une était une simple bougie blanche, sans dessin d'aucune sorte, elle brillait d'un éclat très doux et toute modeste se cachait à l'ombre d'une branche verte; l'autre était une bougie jaune, elle était £annelée et se tenait très droite pour bien se faire voir de tous ; la troisième qui se trouvait tout au. bout de la branche était une charmante bougie rose à petits dessins contournés, elle brillait aussi d'un vif éclat, sans vaciller et était très contente de son sort.

- Comme vous devez être malheureuse d'être une simple bougie blanche, dit la rose en se penchant vers sa voisine, je vous plains, pouvez-vous seulement voir ce qui se passe autour de vous ? Tous ces gens sont aimables et charmants... Quelles belles toilettes ! Ces dames ont l'air de splendides poupées, et sûrement ma lumière les rend encore plus jolies, je suis sûre qu'elles m'admirent beaucoup.

- Moins que moi, fit la bougie jaune, voyez ma flamme ! Elle monte, monte comme un feu d'artifice ; je veux que l'on me voie de tous les côtés, en effet, je ne me contenterai pas d'être une simple bougie blanche. Si ces chants, je suis certaine qu'ils s'adressent à moi, c'est pour louer mon éclat que tout ce monde entoure l'arbre qui, réellement, serait bien laid sans notre lumière. La bougie blanche écoutait ces deux bavardes sans rien dire ; sa petite flamme brûlait doucement et faisait valoir les fruits dorés qui se balançaient près d'elle.

En brûlant ainsi, je durerai plus longtemps, pensait-elle, et je ferai plaisir à ceux qui m'entourent. Quel bonheur ! Je vois là-bas un bébé qui me sourit et me tend ses petites mains.

- Maintenant, j'en ai assez de brûler pour ces gens, dit la rose. je veux éteindre ma flamme et ils seront très ennuyés.

La petite bougie ne voulut plus brûler, deux ou trois fois, on l'approcha de sa voisine pour la rallumer, elle s'entêta et on la laissa.

- Moi, dit la bougie jaune, je veux au contraire que l'on me voie bien, je veux éclipser toutes mes compagnes, aucune ne me vaut certainement. Et elle lança sa flamme si fort, si fort, qu'au

bout d'une heure il ne restait presque plus rien d'elle, à la fin de la soirée la branche où elle était posée était couverte de larmes de cire et la petite bougie était morte.

- Bougie blanche, dit la rose à sa compagne, ne vous cachez donc pas, penchez-vous de mon côté que l'on vous voie, quant à moi, j'en ai assez de briller pour les autres, voilà cette sotte de jaune qui a voulu tellement se faire admirer qu'elle est tout à fait consumée, peut-on être si stupide 1

- Oh ! ma soeur, pourquoi éteindre votre flamme, fit la petite blanche, toutes nos humbles clartés font une immense lumière et la lumière, c'est si beau !

- Non, fit la rose, personne n'a besoin de ma flamme, malgré ma beauté, je n'ai reçu aucun compliment.

- Je ne cherche pas l'admiration, je ne suis qu'une bougie blanche faite pour éclairer, et je veux faire mon devoir.

- Moi, j'écoute mon plaisir et puisque cela me plaît de ne point briller, je me reposerai et je resterai neuve et jolie.

,Enfin tout se tait dans le grand salon, les bougies sont éteintes les unes après les autres, une bonne odeur de résine se répand partout et dans la belle demeure chacun s'endort en songeant à cette lumineuse soirée de Noël.

C'est une sombre matinée de décembre, le jour de Noël même le grand salon a disparu; tout est froid et triste, où sommes-nous Je vous en prie, bougie blanche, ma chère soeur, renseignez-moi, je suis toute couverte par ces aiguilles de sapin.

- Où nous sommes ? Ah ! ma chère, devinez donc ? Nous sommes toutes deux dans la caisse à ordures. En balayant, ce matin, nous avons été emportées avec des débris de toutes sortes ; quel malheur ! Qu'allons-nous devenir ?

-Mais, ma chère, ma robe rose va être toute salie par ces vilaines choses qui me touchent et voyez. si ce n'est pas abominable, voilà un homme barbu qui avance un crochet et qui va peut-être nous enlever.

En effet, un chiffonnier tout heureux de l'aubaine, choisissait parmi les débris des bouts de fil de fer et de papier doré.

- Ah, quelle chance ! voilà deux jolies bougies qui sont encore presque entières. Pour les gosses ! ils auront aussi leur sapin, c'est Noël pour tout le monde, pas seulement pour les riches, n'est-ce pas ?

Nos deux bougies disparaissent dans la poche de la blouse crasseuse du bonhomme, la petite blanche était frissonnante et gênée, mais malgré tout heureuse d'être loin de cette poussière qui la souillait.

- Dire que nous allons chez cet horrible homme ! dites, ma soeur blanche, êtes-vous toujours contente de briller pour faire plaisir? Quant à moi, je ne veux pas briller pour des gens sales et pauvres.

- Mais, ma chère, c'est justement ceux-là qui ont le plus besoin de joie, nous verrons ce qu'il fera de nous, ce chiffonnier qui n'a pas du tout l'air méchant.

La bougie rose parlait plus gentiment que la veille à sa compagne, elle se serrait contre elle, tant il est vrai que le malheur rapproche les coeurs et que c'est alors que l'on reconnaît les vrais amis.

- Eh bien ! que dites-vous de cet intérieur, dit dédaigneusement la bougie rose. Eclairer un pareil taudis, mais, voyez donc, ma chère, c'est une pauvre mansarde, on y sent le moisi et en fait de tapisserie, il y a dans les coins des toiles d'araignée; et le vent qui glisse entre les planches mal jointes et puis, est-ce un arbre de Noël, ce petit bout de sapin avec deux ou trois branches ficelées? Non, non, c'est à mourir de honte d'être là, je ne brillerai pas.

- Ne parlez pas ainsi, ma chère, dit la blanche, au contraire, nous allons toutes deux les réjouir; avez-vous vu la joie de ce pauvre homme et de sa femme en arrangeant ces quelques brins de sapin pour en faire un arbre de Noël, moi, cela m'a émue et ces trois pommes et cette orange, c'est mille fois plus touchant que l'arbre de hier ; il y avait des jouets si splendides que ce n'était plus un arbre, mais un bazar.

- Vous êtes toujours contente de tout, et n'aimez pas ce qui est beau, grommela la rose. Qui sait quels affreux enfants nous allons voir, tandis que hier !...

Soudain la porte s'ouvrit et trois enfants, deux garçons et une toute petite fille firent irruption dans la chambre, ils restaient là bouche bée et le père et la mère rouges de plaisir se tenaient derrière eux.

- Ça, c'est un vrai arbre, comme là l'église, dit l'un et avec des bougies de toutes les couleurs.

- Ah ! c'est un compliment pour moi, fit la bougie rose, tiens au fait, cela fait du bien de voir ces pauvres gosses être heureux d'un misérable arbre comme celui-ci, ma soeur blanche, je veux briller avec vous.

- Quel plaisir, voyez soeur rose, comme ils sont mignons et comme ils nous regardent avec des yeux pleins de joie et ils joignent les mains tant ils nous admirent, tandis que ceux de hier soir ne faisaient pas même attention à nous.

- Chantez, petits, cette fois c'en est un, hein ? vous aurez ce soir un vrai Noël, mais il faut des chants, comme à l'église.

- Moi j'en sais un que j'ai appris à l'école, je veux le dire.

- Attends, dit le second des garçons, je le dirai avec toi.

La maman toute fière les prend devant-elle et leur met les mains derrière le dos. Maintenant commencez.

Beau sapin, sois mon modèle, Tu brilles sans le savoir Chaque bougie étincelle Comme une étoile au grand ciel noir.

Ils s'arrêtent, interdits, ils ne savent pas plus loin, n'importe, ils recommenceront plusieurs fois.

Les deux petites bougies sont tout heureuses.

- Comme une étoile, ma soeur blanche, vous avez entendu, comme une étoile

Oui, j'ai entendu, ma soeur rose, les étoiles, c'est si beau et si loin, non, on ne peut nous comparer à une étoile, c'est trop beau !

- Chantez encore pendant qu'il y a de la lumière parce que ce sera bientôt fini.

C'est le papa qui encourage les petits, car il n'y a pas des centaines de bougies comme dans le grand salon, il y en a seulement deux, mais elles brillent, elles brillent de toutes leurs forces et là mansarde est petite, mais elle est si éclairée et il y a tant de joie que les bougies ne se souviennent plus du grand salon, mais seulement que leur lumière a apporté la joie et que leur courte existence aura été utile, elle n'auront pas, comme leur soeur jaune, brillé seulement par vanité, mais pour donner du bonheur.

Alors comme les yeux des petits se fermaient parce qu'il était tard, on les emporta pour dormir et les pauvres gens se dirent en regardant le petit arbre où deux bougies commençaient à fumer avant de s'éteindre :

Quel beau Noël ! Comme ils ont été contents !

Quel beau Noël ! Quel bonheur qu'ils aient été si contents, soupira la bougie blanche, et, elle expira.

- Quel beau Noël, et que je suis heureuse ! et la bougie rose expira.

Petits enfants, petites lumières, donnez à tous ceux qui vous entourent un peu de clarté et vous serez heureux comme les deux petites bougies de Noël !

Mme B.-C.


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Noël: le don de Dieu.

L'adoration des bergers

Le récit de la naissance de Jésus va nous être raconté dans peu de jours. On nous redira qu'au moment où l'empire païen de Rome était au faite de sa puissance, un petit enfant est né à Bethléhem dans une étable et qu'il a été déposé dans une crèche ; on nous rappellera l'apparition des anges aux bergers, la bonne nouvelle annoncée à ces humbles : « Gloire à Dieu... paix sur la terre.. » Avec les bergers, nous irons auprès de la crèche. Puissions-nous nous en retourner aussi « glorifiant et louant Dieu». Car Noël doit nous laisser au coeur un souvenir plus beau que celui d'un sapin brillamment illuminé : les petits cadeaux du 25 décembre sont bien peu de chose en comparaison du don que Noël évoque et qu'on ne saurait mieux souligner qu'on rappelant une parole du Maître, la plus souvent citée parce qu'elle résume l'Evangile Voici cette parole qui doit nous être aussi familière que notre nom, notre origine ou notre date de naissance :

 

Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. (Jean 8 :16).

 

En moins de trente mots ce verset exprime la « seule chose nécessaire » qu'il suffit de savoir ! Puisqu'il s'agit de rappeler le don de Dieu, posons-nous, sans quitter des yeux la magnifique parole inscrite ci-dessus, trois questions.

 

1. Qui est-ce qui a donné ? - Dieu Le Tout-Puissant, l'Eternel, le Père. Il souffrait trop de voir les hommes malheureux. Il a eu pitié. Il a donné parce qu'il aimait Regardez l'admirable verset : aucun mot ne vous « explique » Dieu. C'est que nous n'avons pas besoin de savoir autre chose que Dieu est amour...

2. Qui a été donné ? - Son Fils. Avec le mot de Fils, il y a ce terme précis - unique. Dieu n'a pas offert plusieurs moyens de délivrance. Il y en a un seul. Il s'appelle Jésus, c'est l'Enfant de Noël. Comme le disait déjà l'apôtre Pierre aux principaux de Jérusalem - « Il n'y a de salut en aucun autre »...

 

3. A qui a-t-il été donné ? - A quiconque. C'est-à-dire à tous, sans distinction. Aux favorisés comme à ceux qui n'ont rien. Aux civilisés de l'Europe comme aux malheureux païens d'Afrique ou d'Asie : à tous... Mais aussi à chacun, à toi en particulier, ami lecteur. Deux puissances se font la guerre autour de nous : le bien et le mal, la vie et la mort Quand on croit en Jésus, quand on le sert et quand on l'aime, il vaut la peine d'être ici-bas

« Jésus est notre ami suprême ! ...


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Fin d'année.

(Psaume 145).

 

Merci à toi, ami lecteur, de lire ces lignes ! En cette fin de décembre où l'on est si bousculé, où tant de personnes, grandes et petites, pensent exclusivement aux cadeaux à recevoir, aux bons repas à prendre ou aux réjouissances à organiser, c'est gentil, c'est méritoire d'accorder quelques instants d'attention au tout petit journal qui, pour la dernière fois en 1929, tombe sous tes yeux...

On sait ce qui arrive à la fin de l'année scolaire. C'est une période sérieuse, on repasse fiévreusement les leçons apprises au cours des mois écoulés, on attend avec anxiété le moment de comparaître devant les examinateurs bienveillants, mais justes. Or, c'est devant Dieu que nous avons à nous présenter maintenant ; Dieu, discrètement, frappe à la porte du coeur de chacun de ses enfants pour demander : As-tu fait des progrès ? Es-tu devenu meilleur ?

Voulons-nous que cet examen de conscience se fasse dans de bonnes conditions ? Relisons le Psaume 145. Voilà un beau cantique, une touchante prière, qui exprime la grandeur du Tout-Puissant, sa sagesse et, surtout, sa bonté. Dans ce Psaume, deux versets pourront plus particulièrement retenir notre attention. Le premier : L'Eternel soutient toits ceux qui chancellent et redresse tous ceux qui sont courbés (Ps. 145 :14) sera un message bienfaisant pour les malheureux qui regardent en arrière avec tristesse. Ils ne sont pas satisfaits d'eux-mêmes, ils ne sont pas arrivés au bout de la tâche qu'ils espéraient achever; ils portent toujours le pesant fardeau de leurs soucis : ce caractère qu'ils pensaient améliorer est toujours aussi mauvais ; Ou encore, on souffre parce qu'il y a ce cher malade pour lequel la guérison n'est pas venue ; ou c'est le coeur qui est serré parce que, à la maison, une place est vide désormais. L'Eternel soutient ceux qui souffrent, demande quelqu'un, mais pourquoi Dieu me semble-t-il si éloigné ? Relisons notre Psaume et arrêtons-nous à ces mots : L'Eternel est près de tous ceux qui l'invoquent, qui l'invoquent avec sincérité. (Ps. 145 :18) Dans le danger, en sait appeler les autres au secours, c'est Dieu qu'il faut savoir appeler au secours ! Il faut prier... Au moment, où la rédaction de ces « résumés » va être confiée à quelqu'un d'autre, laisse, ami lecteur, l'auteur de ces lignes prendre congé de toi en transcrivant cette prière d'un vaillant, le pasteur Mamboury, chapelain de l'hôpital de St-Loup : « Tu réclames de moi une vie héroïque et je n'ai pas ce qui fait le héros. Mais tu peux me le donner. Je te le demande ; exauce-moi Donne-moi d'abord de pouvoir rester maître de moi, de ma langue, de mes gestes, de mes pensées ! qu'aujourd'hui s'accomplisse au moins un progrès. Je le désire, je le veux. Amen. »

 

L'heure au clocher.

Les coups de la cloche sonore

Comptent les pas du temps qui fuit.

Tandis qu'elle résonne encore,

Ecoute bien ce qu'elle dit :

Réjouis-toi ! voici l'aurore

Sois vigilant ! voici la nuit.