Nos prisons, écoles de terrorisme ?

 

Dans nos prisons, le Coran est diffusé largement et les détenus sont l'objet d'un prosélytisme à outrance. Faudra-t-il que des chrétiens commettent des délits pour se faire condamner et avoir ainsi "le droit" d'aller porter l'Évangile aux détenus ? Dans notre France, républicaine et laïque, on rencontre en effet de grands obstacles à témoigner de l'Évangile et à diffuser la Bible dans les lieux publics, mais le Coran circule librement !

L'auteur des lignes ci-dessous est actuellement incarcéré pour une affaire de droit commun, l'auteur de ce témoignage, Français d'origine algérienne, a préféré garder l'anonymat pour des raisons de sécurité. Son récit, dont la rédaction du Monde détient une copie intégrale, a été quotidiennement écrit entre 1996 et 1998.

Il relate des scènes puisées dans plusieurs maisons d'arrêt de la région parisienne. Ce témoignage, dont les autorités judiciaires et pénitentiaires ont eu connaissance courant 2000, est parvenu au Monde début octobre. Après avoir été authentifié par la rédaction, il a été jugé suffisamment fondé pour être publié malgré son caractère anonyme. Nous en publions ici des extraits significatifs: Pour plus amples renseignements voir "Le Monde"

Pression sur les détenus les plus faibles, harcèlement pour une pratique rigoriste de l'islam, endoctrinement antisémite et anti-occidental par la circulation de cassettes et de livres interdits : actuellement incarcéré en région parisienne, un homme témoigne, de l'intérieur, du prosélytisme quasi ouvert pratiqué par des détenus qui se réclament d'un islam radical.

Je suis incarcéré depuis fin 1996 pour un délit de droit commun. Dès le début de mon incarcération, je me suis rendu compte que le problème du prosélytisme en prison était bien présent dans la vie de tous les jours. Je décide donc d'écrire sur le sujet. Pour essayer d'expliquer pourquoi, comment et de quelle manière ceux que j'appelle des manipulateurs de conscience agissent pour inciter les jeunes à faire la prière, le ramadan, mais surtout comment ils les conditionnent avec des discours complètement politisés, sur fond de haine.

J'essaierai aussi d'expliquer comment ces extrémistes religieux font du social, de quelle manière ils opèrent sur le terrain, leurs moyens de propagande, mais surtout leurs objectifs principaux et pourquoi cela marche si bien ; comment ils se servent du Coran à des fins subversives, comment cette idéologie xénophobe sur fond d'islam prospère doucement mais sûrement, en profitant du désarroi et de la misère d'une catégorie de détenus bien visée. Bien entendu, je parlerai en fonction de ma propre expérience carcérale, de ce que j'aurai vu et entendu en promenade, au sport, à l'école, et dans la vie de tous les jours. (...)

Il faut savoir qu'une minorité d'extrémistes a réussi à faire montrer du doigt cinq millions de musulmans, de la pire façon qui soit. C'est-à-dire en tuant et en violant, au nom d'un dieu qui me fait plus penser au diable. Cet islam de haine n'est pas cette religion que pratiquent des millions de musulmans respectables. Ces extrémistes ont pour objectif de torpiller l'intégration, l'assimilation qui, quoi qu'on en dise, se font doucement, mais sûrement. Ils veulent se faire passer pour les représentants d'un dieu, les représentants d'une identité perdue, cela en diffusant leurs théories anti-occidentales, antisémites et racistes à des détenus affaiblis socialement et psychologiquement par des conditions que j'essaierai d'expliquer. (...)

En fait, tout a commencé incontestablement en 1992. Il y avait quelques pro-islamistes dans les cours de promenade, des discussions sur le FIS, sur l'islam, mais pas de prosélytisme au sens propre du mot, il n'y avait pas de revues propagandistes, si ce n'est quelques corans qui se prêtaient. (...) En 1993, j'ai été transféré pour finir ma peine. C'est vraiment là que, pour la première fois, je serai amené à côtoyer et à parler avec des extrémistes qui passeront leur temps à essayer de convertir le maximum de détenus, à faire du prosélytisme à outrance.

Après plusieurs mois, j'ai fait la connaissance du premier "cas" que je vais nommer Y : il porte une barbe, la chéchia (petite calotte), et a toujours un Coran entre les mains. Dans toutes ses discussions, il se réfère à la religion qu'il interprète comme bon lui semble. Il est âgé de trente ans, parle très bien le français. Il est incarcéré pour une affaire de recel. Le deuxième "cas", que je nommerai Z, a cinquante ans, une très forte personnalité. Il est incarcéré pour une affaire d'héroïne. Il vient d'un transfert disciplinaire du centre de détention de Liancourt, où l'administration lui avait reproché de faire du prosélytisme. Il lui était surtout reproché d'avoir été le porte-parole, en réalité le meneur, d'un groupe de détenus qui revendiquait plusieurs choses, dont une salle de prière avec un imam.

Tous les deux n'ont pas mis longtemps à faire connaissance, le terrain de sport est devenu très vite leur lieu de prédilection, c'est là que pullulaient les victimes potentielles. Le terrain de sport était le seul endroit où pouvaient se retrouver tous les détenus de tous les bâtiments, sans qu'il y ait de surveillants près de vous. Y et Z avaient fait certains adeptes dans la prison. Ils avaient une très grande emprise sur certains détenus et avaient réussi plusieurs conversions, dont celles de deux Français de souche qui avaient pris des prénoms orientaux et cela, en quelques mois seulement.

Par la suite, ils ont fini par être repérés par la direction. Le directeur leur avait dit d'arrêter leurs réunions dans les unités de vie, mais aussi sur le terrain de sports. Il leur avait surtout ordonné d'arrêter leur diatribe envers et contre tous.

Y et Z avaient réussi à faire signer quatre-vingts détenus pour une collecte de fonds destinés à acheter des tapis, des corans et le nécessaire pour meubler une salle de prière. Quatre-vingts détenus sur un total de quatre cents, soit 20 %.

Fin 1996, je me retrouve une nouvelle fois incarcéré. J'ai tout de même remarqué qu'il y avait plusieurs barbus incarcérés pour des affaires liées à leur religion malveillante qu'ils veulent imposer. (...) Très vite, j'ai fait la connaissance de plusieurs détenus dont No 2 qui est en cellule avec mon pote S. No 2 a été condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle pour un homicide volontaire. Français d'origine algérienne, il a trente ans et est incarcéré depuis cinq ans. Il a été initié en prison et fait la prière depuis deux ans. Dehors, lui non plus ne croyait en rien. Il m'explique que pendant sa détention, ses frères (c'est ainsi qu'ils s'appellent entre eux) se sont intéressés à lui et ont réussi à lui faire prendre conscience qu'il fallait avoir un autre mode de vie. Que nous, les jeunes issus de l'immigration, n'avions plus aucune identité, que nous étions manipulés par les pays occidentaux, eux-mêmes manipulés par les juifs. Depuis qu'il est en prison, il est devenu antisémite. Il m'a confié qu'avant il avait des potes juifs. ( &)

Mon pote S m'a expliqué à quel point No 2 était xénophobe et antisémite. Comme exemple, il changeait systématiquement la chaîne de télévision dès qu'un juif prenait la parole. Il refusait de regarder l'émission "7/7", présentée par Anne Sinclair, "Envoyé spécial", présentée par Paul Nahon et Bernard Benyamin, sous prétexte qu'ils étaient juifs. Il voyait des juifs partout. Ils étaient la cause de tous les malheurs, de toutes les crises, des guerres dans le monde. Il allait même jusqu'à dire qu'il avait pris dix-huit ans par la faute des jurys qui étaient composés par une majorité de juifs. Tout ce qu'il disait lui avait été appris par ces prêcheurs habités par les intolérances, qui sévissent dans les cours de promenade et qui ont pour objectif de convertir le maximum de personnes.

C'est dans ces discussions-là que l'on sent qu'une manipulation existe bien, car ces discours sont appris par coeur, ils sont propres à la prison. Les prosélytes ont bien compris que cet endroit était porteur pour leurs messages hostiles et leur mission première qu'est la conversion des détenus.

Comme je l'ai déjà dit, leur cible préférée est le jeune d'origine maghrébine, mais ils ne négligent ni les Noirs ni les Européens ; à un moment donné, tous les détenus sont approchés par leur discours. No 3 aussi passe une grande partie de la journée à lire le Coran avec bien d'autres livres écrits par de soit-disant grands théologiens, il me propose de m'en prêter, traduits en français, pour commencer à les lire et à apprendre le sujet. Il m'a été expliqué que ces livres sont rentrés spécialement en prison pour ceux qui, comme moi, ne comprennent pas l'arabe, ils sont même traduits dans plusieurs langues. Il y a aussi beaucoup de textes tapés à la machine à écrire ou à l'ordinateur, qui sont des appels à la guerre sainte, des appels à combattre les forces du mal, c'est-à-dire les impies, les juifs et l'Occident. (...) Il faut savoir que ces lectures, en plus des cassettes interdites, sont un outil de propagande très efficace. Un jour, je me suis fait prêter une de ces cassettes, et une fois en cellule, je l'ai écoutée : elle débute par des prêches enflammés entrecoupés par des coups de kalachnikovs.

En ce qui concerne les livres, ce sont les visiteurs qui les déposent le plus simplement du monde, et cela en toute impunité. Pour les cassettes, elles suivent le même parcours que les autres choses interdites. (...) De ce que j'ai pu voir, les bouquins de propagande tournent de bâtiment en bâtiment, soit par le sport, soit par l'infirmerie, par l'école. Les cassettes sont dupliquées et distribuées dans ces mêmes endroits. (...)

Le ramadan approchant, No 3 et quelques-uns de ses frères demandent à tout le monde si nous voulons le faire. Pour ceux qui ne veulent pas le faire, ils leur imposent des arguments jusqu'à ce que ces derniers disent accepter. (...) Il faut savoir qu'une pression existe réellement pour inciter les jeunes à faire le ramadan. Une grande majorité de détenus disent faire le ramadan pour être tranquilles, mais aussi pour ne pas être considérés comme parias.

Ils sont plusieurs milliers à subir la loi instaurée par ces ultras, beaucoup voudraient manger de belles côtes de porc, mais la pression est telle qu'une grande majorité n'ose pas le faire, afin d'éviter un conflit avec certains qui sont prêts à en arriver aux mains. La réalité carcérale est telle que le détenu est obligé de composer avec son entourage immédiat, l'administration pénitentiaire n'étant présente que ponctuellement. (...)

Le lendemain matin du dernier jour du ramadan, tous ceux qui ont fait le jeûne se font la bise en promenade, chacun dépose sur la table du café, du thé, des gâteaux et diverses boissons. Sur la trentaine de détenus, une vingtaine s'est réunie autour de la table où No 4 récite des versets de mémoire, accompagné d'un prêche enflammé. Tout le monde est regroupé autour de lui, les mains tendues devant en signe d'allégeance. C'était la première fois que j'assistais à une scène pareille, cela a duré vingt minutes, ils ont fini en criant plusieurs fois ensemble "Allah Akhbar". Par la suite, ils ont invité tous les détenus présents à venir boire le café sans aucune distinction de race pour expliquer le pourquoi de cette cérémonie. Cela s'est passé devant les surveillants de garde, sans aucune crainte. Je suis franchement dégoûté de constater que ces pollueurs de la pensée peuvent agir avec autant d'aisance, sans rencontrer les foudres de l'administration pénitentiaire. Il y a quelque chose qui m'échappe. (...) En leur laissant le terrain, ils deviennent légitimes aux yeux des autres détenus. Pourquoi ne pas leur mettre une salle à disposition, mais avec un représentant officiel, choisi par une administration, et ainsi contenir cette dérive qui, malheureusement, s'accroît d'année en année ? (...)

Les trois critères qui permettent de reconnaître les plus fondamentaux d'entre eux, ceux qui oeuvrent le plus à radicaliser les plus fragiles, sont les suivants : pour commencer, ils ne mangent pas de viande car elle n'est pas tuée selon leur rite ; ils ne regardent pas la télévision car elle est administrée par les juifs ; ils gardent une barbe pour être plus près de leur prophète. (...)

Dans la cour de promenade, j'ai remarqué deux barbus, un signe ostentatoire d'appartenance à cette secte des fous furieux. Un des deux barbus que j'appellerai A est au même étage que moi, c'est un clandestin qui parle très bien le français. L'autre, B, est un Français de souche converti à un islam extrême. B me parle de sa vie : il est issu d'une famille modeste, il a fait des études pour être architecte, à cette époque, il se met à fréquenter des étudiants qui sont proches du FIS et qui, petit à petit, lui enseignent les préceptes d'un islam radical. Il m'a dit avoir trouvé des réponses à des questions qu'il se posait. Il finit par se convertir, en ayant l'envie d'aider le peuple musulman opprimé dans le monde entier. Quand il me raconte tout cela, je reste bouche bée. Il est en train de me "tuer", ce fou, il est Français de souche, il a un bon métier, il était beau gosse (car avec sa barbe il ne l'est plus), et il est là devant moi à me parler de la guerre sainte, des maquis, de son combat, alors que moi qui suis d'origine algérienne, je n'arrive pas à le comprendre, c'est une scène surréaliste. ( &)

Un autre jour, je me suis retrouvé avec C. Au parloir, il était entouré de détenus auquels il expliquait qu'il ne fallait plus boire de Coca-Cola, ni manger de bonbons, du fait que ces aliments contenaient tous de la gélatine fabriquée à base d'os d'animaux dont fait partie le porc. Il promet de bientôt distribuer une liste complète qu'il doit recevoir sous peu, en attendant, il demande de faire circuler l'information. J'étais en compagnie d'un copain qui finit par me dire : "Si on les écoute ceux-là, on n'a plus rien droit de faire." Emporté par son élan, il commence à me donner un enseignement de cette guerre qu'il faut continuer et il finit par me donner un cours sur le maniement des explosifs, plus exactement :

Comment transformer un détonateur à mèche en détonateur électrique !

Comment faire une mine artisanale avec de simples cartouches de fusil !

Comment faire un système de mise à feu avec une pince à linge !

Comment en faire un autre avec un réveil à piles !

Comment se servir d'une cigarette pour faire une mise à feu lente !

Comment faire exploser une bouteille de gaz avec un réchaud, ils appellent cette méthode FLNC. (...)

Vu de l'extérieur, rien n'est vraiment apparent. D'où ce sentiment d'inertie de l'administration, qui ne peut pas se douter à quel point ces radicaux sont actifs, avec des moyens de propagande assez considérables. Ces désaxés pensent à long terme. Le travail de fond qu'ils accomplissent, en essayant de radicaliser les plus jeunes, ne portera ses fruits que dans plusieurs années. Ces nouvelles forces et ces nouveaux combattants dont ils parlent sont une allusion à peine voilée aux jeunes qu'ils essayent d'enrôler comme ils l'ont été eux-mêmes, par le biais d'associations culturelles, sportives, voire caritatives.

Depuis les années 1994-1995, le prosélytisme est en constante croissance dans les prisons. Ce fléau ne rencontre aucune résistance. Il faut vite trouver des solutions pour pouvoir les contrecarrer. L'administration pénitentiaire doit arrêter de fermer les yeux. Si rien n'est fait, les cours de promenade vont devenir le berceau de la future djihad, une succursale où les prêches les plus enflammés sont actuellement enseignés. Le contexte même de la prison les aide énormément. Tel que la misère sociale, la dureté de la prison, l'abandon de certains par leurs proches, ce qui fait que les détenus deviennent beaucoup plus réceptifs aux thèses provocantes de ces fous furieux. (...)

Les islamistes ont très bien compris qu'il ne fallait surtout pas faire de différence dans les délits, de façon à pouvoir recruter tous les mécontents et ce, le plus largement possible. (...)

Il y a bientôt deux ans que j'écris sur le sujet. J'aurai pu rajouter beaucoup d'autres anecdotes, mais j'ai voulu faire un condensé pour essayer d'expliquer la situation actuelle. Je précise qu'à aucun moment je n'ai voulu donner un cliché de l'islam en général. Ce que j'ai fait, c'est de dénoncer une secte très active dans les prisons, se revendiquant d'une religion qui n'a rien en commun avec l'islam.

Je termine par faire le voeu que, dans un avenir proche, il n'existera plus d'extrémistes quels qu'ils soient et où qu'ils soient.

Voir l'article paru dans "Le Monde" du 31.10.01 (transmis par achel)

(Le Monde/Divers) ajouté le 23/11/2001

Trouvé sur http://voxdei2.free.fr/infos Point Final - Informations chrétiennes et eschatologiques au quotidien.